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mercredi 7 février 2018

Nucléaire: la Criirad dénonce des "anomalies" dans la surveillance des aliments

Nucléaire: la Criirad dénonce des "anomalies" dans la surveillance des aliments

 


 La Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité (Criirad) a pointé mercredi des "anomalies préoccupantes" dans la surveillance de la contamination des denrées d'origine animale produites en France.
   
  Dans un courrier adressé à la Direction Générale de l'Alimentation (DGAL), l'association créée à Valence au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl, juge "bien trop élevés" les seuils utilisés pour décider des suites à donner en cas de détection de produits radioactifs artificiels dans les aliments.
   
 Ces seuils, qui reviennent selon elle à accorder "un permis de polluer" aux installations nucléaires, figurent dans une instruction technique de la DGAL, adressée le 16 janvier aux Directions départementales de la protection des populations (DDPP) et aux Directions régionales de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt. "Mais le problème remonte au moins à 2015", estime la Criirad.

lundi 5 février 2018

La centrâle de Tri-Cas-Craint !

Un petit ajout perso:

LE livret ici: http://du-goudron-et-des-plumes.fr/

Nucléaire : le livre qui met à mal la sûreté des centrales françaises


EXCLUSIF - Le JDD publie en avant-première des extraits de Nucléaire, danger immédiat, un livre d'enquête qui conteste le dogme de la sûreté et de la rentabilité des centrales françaises. Au premier rang des préoccupations : l'état alarmant de plusieurs cuves, qui renferment le cœur des réacteurs.



"Ça y est, nous y sommes. Aux quarante ans. D'ici à 2028, 48 réacteurs [sur 58 en service en France] - ceux du palier de 900 MW et une partie des réacteurs de 1.300 MW - vont atteindre cet âge canonique. Depuis le milieu des années 2000, en raison de ses difficultés financières qui l'empêchent d'investir dans de nouveaux moyens de production, EDF demande, réclame, impose même, que l'ensemble de ses centrales nucléaires soient autorisées à fonctionner au-delà des quarante ans, et prolongées de vingt ans.


[…] [Parmi les éléments qui vont] déterminer la prolongation ou l'arrêt des cuves : ont-elles des malfaçons, d'origine ou apparues avec le temps, qui compromettent la sûreté? C'est l'un des plus grands secrets de l'industrie nucléaire en France. [...] Selon EDF, 10 cuves en exploitation ont des fissures qui datent de leur fabrication.

Un séisme à Tricastin pouvait aller vers "un accident de type Fukushima"


[...] Tricastin, avec son réacteur 1, est la pire centrale du pays. Ce réacteur cumule tous les problèmes : défauts sous revêtement, absence de marge à la rupture, et dépassement des prévisions de fragilisation à quarante ans! Sans oublier le risque d'inondation catastrophique en cas de séisme, comme l'a relevé en septembre 2017 l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui a arrêté d'office le fonctionnement des quatre réacteurs de la centrale en attendant qu'EDF fasse, enfin, les travaux de renforcement de la digue du canal de Donzère-Mondragon. La centrale est en contrebas du canal, à 6 m en dessous du plan d'eau. Pierre-Franck Chevet, le président de l'ASN, nous a confié 'qu'en cas de séisme fort on pourrait aller vers une situation, avec quatre réacteurs simultanés en fusion, qui ressemble potentiellement à un accident de type Fukushima. EDF a trouvé l'arrêt immédiat de la centrale pour réaliser ces travaux injustifié, moi je le trouve justifié.'"

Nucléaire, danger immédiat. Thierry Gadault et Hugues Demeude, Flammarion, 286 p., 21 euros. À paraître mercredi 7 février.



Nucléaire : un séisme près de la centrale du Tricastin pourrait causer "un accident de type Fukushima", selon les auteurs d'une enquête


"Le Journal du dimanche" publie des extraits du livre de Thierry Gadault et Hugues Demeude, "Nucléaire, danger immédiat".

La France est-elle menacée par son parc nucléaire ? Oui, selon Thierry Gadault et Hugues Demeude, les auteurs du livre Nucléaire, danger immédiat. Le Journal du dimanche, daté du 4 février, a publié des extraits de cet ouvrage qui tire la sonnette d'alarme.


Pour les deux enquêteurs, la centrale du Tricastin (Drôme), "avec son réacteur 1, est la pire centrale du pays". "Ce réacteur cumule tous les problèmes : défauts sous revêtement, absence de marge à la rupture et dépassement des prévisions de fragilisation à quarante ans", énumèrent-ils.

Une centrale à 6 mètres en dessous du plan d'eau


Ils affirment également que le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) leur a dit "'qu'en cas de séisme fort, on pourrait aller vers une situation, avec quatre réacteurs simultanés en fusion, qui ressemble potentiellement à un accident de type Fukushima (Japon)"


Un risque que n'ignore pas EDF. Fin septembre, l'opérateur a mis provisoirement à l'arrêt les quatre réacteurs de la centrale nucléaire du Tricastin. Cette opération, qui a duré deux mois, a lieu "le temps de renforcer une courte portion de la digue située au nord de la centrale, en bordure du canal de Donzère-Mondragon". Objectif : être en mesure de faire face à un éventuel risque sismique. En effet, "la centrale est en contrebas du canal, à 6 m en dessous du plan d'eau", rappellent Thierry Gadault et Hugues Demeude.


CIGéo PAPERS: la poubelle de Bure !

CIGéo Papers, pourquoi cette expression ?
A vous de juger les "fuites" qui suivent.
Nous venons d'apprendre d'une source sûre, que des salariés de l'ANDRA remettent en cause la faisabilité de CIGéo.
Ils déclarent que les modèles mathématiques qu'on leur demande de produire ne peuvent pas démontrer que CIGéo n'aura pas d'impact sur l'homme et l'environnement sur une durée de 100 000 ans, voir 1 million d’années.
Ils avouent que la démonstration de sûreté n'est pas une démonstration mathématique mais un agencement cohérent de savoirs, un « faisceau d'arguments » donnant une représentation rassurante de l'évolution du stockage.
Le document que nous nous sommes procuré est authentique. On pourrait même le qualifier de certifié.
Le présent communiqué liste point par point les écrits et les dires de plusieurs équipes de salariés de l'ANDRA qui travaillent sur le projet CIgéo.
Il comprend 2 parties :
# - Les points clés
# - La liste détaillée des 38 points, à découvrir sur ce lien.
# - Les points clés
Les salariés de plusieurs équipes de l'Andra ont dit et écrit :
En ce qui concerne l'INVENTAIRE,
a1 -  « Il y a tout de même des trucs merdiques là-dedans ! » avoue un participant lors d'une réunion.
a2 - On demande à ces salariés de tout faire pour que la première tranche de Cigéo soit aussi peu problématique que possible.
a3 - "Les colis, ce ne sont pas des cadeaux !", crient les salariés qui n'ont aucune confiance dans les déclarations des producteurs de déchets. Ils font face aux mêmes problèmes que ceux des centres de stockage champenois de SOULAINES et de MORVILLIERS.
a4 - Pour plus de la moitié des déchets destinés au stockage, les salariés estiment que les connaissances du contenu des colis dont ils disposent sont mauvaises ou nulles. Ils sont même obligés de construire un inventaire par "analogie". Ils sont amenés à constituer des inventaires "enveloppes" (c'est à dire des inventaires dont l'impact radiologique est potentiellement le plus important) pour s'en sortir. - "Sinon, c'est faire un stockage pour stocker n'importe quoi." Ils savent que l'application arbitraire de "facteurs de marge de 2 ou de 10" risque de "faire peur". - Les salariés parlent de méfiance, d'hésitation et de tâtonnement.
a5 - Ils savent qu'un stockage "lowcost" ne permet pas d'y mettre tous les types de déchets.
En ce qui concerne les CALCULS et les INCERTITUDES
b1 - Un processus de revue, appelé Revue Finale des Modèles et des Données (RFMD) a été mis en place pour préparer la rédaction du dossier de demande de construction de Cigéo. On lit que quelques unes de ces réunions ont été interdites à une catégorie de salariés de l'ANDRA.
b2 - Les ingénieurs écrivent qu'il est formellement impossible d'assurer que les caractéristiques des ouvrages correspondront exactement aux exigences fixées pour leur conception. CIGéo n'est donc pas techniquement réalisable.
b3 - Un salarié déclare : " Il y a un travail de "toilettage" et de "wording" (ré-écriture) des documents à faire pour mieux expliciter certaines incertitudes. Il faudra les "highlighter" (surligner). Ils pourraient en effet être « mal interprétés » par un contre-expert comme Bertrand Thuillier, et pourraient avoir un effet dévastateur."
b4 - Pour minimiser les incertitudes, les salariés de l'ANDRA ont inventé la catégorie des incertitudes dites sans importance, comme :
- la longueur des alvéoles, leur inclinaison, leur position.
- l'émission et l'écoulement des gaz, la très faible perméabilité de l'argilite qui rend son étude expérimentale délicate - sa non homogénéité - les EDZ (Excavated Dammaged Zone - les zones endommagées par le creusement) - les scellements - la pression à l'intérieur des alvéoles HA.
b5 - Pour les salariés, il est impossible de garantir quoi que ce soit.
b6 - "On a été un peu light dans les docs, volontairement. Si l'IRSN est tatillon là-dessus, sur leur instruction, on est limite !" a déclaré un membre de la Direction de la maîtrise des risques.
b7 - La discrétion et l'omission sont envisagées comme solution pour gérer l'incertitude.
b8 - A propos de la dissolution des verres des colis HA : « Dans les passages d'un état à un autre où on doit donner un temps, c'est là que les emmerdes commencent. Est-ce qu'on a donné des temps à l'ASN ? » remarque un participant.
b9 - "On va trouver « tout Mendeleïev » dans les bétons !" déclare un chef de service de la direction de la R&D.
En ce qui concerne les SCENARII d'évolution du stockage
c1 - "Construire un scénario, c'est raconter une histoire !"
c2 - "Dans le « worst case » (pire cas) étudié en 2005, l'impact radiologique calculé était proche de la limite réglementaire. Je crains qu'avec les hypothèses fixées lors de la RFMD, les impacts calculés dépassent la dose maximale autorisée", déclare le directeur adjoint de la R&D. "Oh non ! Ça se négocie ce worst case !" répond la directrice adjointe de maîtrise des risques.
c3 - Quid de l'hypothèse d'une glaciation ? Une glaciation qui, gelant le sol, bloquerait la migration des radionucléides, puis les relâcherait rapidement lorsque la température augmenterait, et entraînerait une contamination supérieure à la limite autorisée, de la population revenant vivre dans cette zone après la période glaciaire.
c4 - « Si c'est limite dans les arguments, on fait qu'il saute ! », déclare alors un membre de la revue, suggérant d'abandonner ce scénario hypothétique, s'il s'avère trop critique.
A propos de la DEMONSTRATION DE SURETE
d1 - L'étude de la revue RFMD montre que la démonstration de sûreté est avant tout un exercice dont la conclusion est connue, et détermine en partie le choix des hypothèses retenues.
d2 - Prévoir précisément l'état du stockage dans plusieurs milliers d'années est scientifiquement impossible.
d3 - Aujourd'hui le calcul d'impact n'est plus qu'un élément parmi un "faisceau d'arguments."
d4 - Les salariés reconnaissent qu'il n'y aura jamais de démonstration de la sûreté d'un projet de stockage et, à partir des années 2000, l'impossibilité scientifique d'apporter une preuve de la sûreté d'un stockage.
d5 - Sur une période d'un million d'années, il est impossible d'assurer l'exhaustivité des éléments qui peuvent influer sur la migration des radionucléides.
d6 - La démonstration de sûreté de Cigéo ne s'apprécie pas en fonction de sa justesse, mais en fonction de sa capacité à convaincre ses évaluateurs.
d7 - Les échanges entre les salariés de l'Agence et leurs évaluateurs, avant la publication des dossiers, ont permis, permettent et permettront d'anticiper leurs attentes.
Voilà, ce sont les points principaux.
Une première question vient alors immédiatement à l'esprit : est-ce une erreur d'encadrement de ces salariés, une erreur du service communication de l'ANDRA, ou bien est-ce une fuite organisée par des salariés "responsables", qui en auraient marre de mentir et qui alertent ?
Une seconde question suit : le départ de responsables comme Marie-Claude DUPUIS, Directrice générale, et comme Fabrice BOISSIER, Directeur de la maîtrise des risques, en septembre et novembre 2014, ne serait-il pas un refus, tout à leur honneur, de cautionner un crime contre l'humanité ?
Nous présentons sur ces 20 pages
la liste détaillées des 38 points principaux.
A venir le Dossier sur le rôle ambigu de la CNE (Commission nationale d’évaluation) dans la création de CIGéo.
Merci aux journalistes qui feront leur travail.
Merci à chacun des autres destinataires de faire circuler cette information dans leurs réseaux.
Par ailleurs, vous trouverez une quantité d'informations complémentaires sur le site villesurterre.com, notamment :
- Nicolas HULOT : CIgéo, je dis NON !
- la vidéo argumentaire contre CIGéo de 28 minutes, issue de la rencontre avec la Directrice de cabinet de Nicolas HULOT.
- le cahier d'acteur n°97 du débat public CIGéo de 2013 (qui a été censuré par la CNDP)
- le Dossier CIGéo Papers, à suivre
Michel GUERITTE
Un citoyen qui ne fait que son devoir.
06 71 06 81 17

lundi 29 janvier 2018

Le radon, le gaz radioactif, ennemi de l’intérieur

Le radon, le gaz radioactif, ennemi de l’intérieur


Francoise Mesle, membre de l’association « UFC Que Choisir », présente un détecteur de gaz radon le 18 janvier 2018 à Rezé
© AFP JEAN-FRANCOIS MONIER

Rezé (AFP) – Inodore et incolore, le radon provoque jusqu’à 3.000 morts par an en France. Ce gaz radioactif, deuxième cause de cancer du poumon, reste pourtant méconnu du grand public, malgré plusieurs campagnes d’information locales.

Une quarantaine de personnes sont réunies ce jeudi soir de janvier dans une petite salle éclairée au néon de Rezé, dans l’agglomération nantaise.

A l’entrée, chacun s’est vu remettre un kit avec un dosimètre, à peine plus gros qu’une pièce de deux euros. Le petit appareil en plastique noir devra être installé pendant deux mois dans leur logement avant d’être analysé en laboratoire. Objectif: connaître son exposition au radon, un gaz radioactif qui émane du sol par la décomposition de l’uranium présent dans les roches granitiques ou volcaniques.

« On se prémunit d’autant mieux d’un risque qu’on le connaît parfaitement », explique Jean-Pierre Sarrazin, de l’association UFC Que Choisir. « Vous pouvez manger vos radis sans soucis », ajoute-t-il à l’adresse d’une femme qui lui demande si le radon peut contaminer les légumes de son potager.

Yves Judic, 64 ans, qui habite Saint-Herblain, est lui venu en espérant être rassuré, un peu moins de deux ans après la mort de son épouse d’un cancer du poumon. « C’est un problème qui me trotte dans la tête depuis », raconte-t-il. « Ma femme fumait, mais pas tant que ça, et j’ai une grosse cheminée en granit chez moi ».

L’UFC Que Choisir organise ce genre de réunions d’information quatre fois par an environ en Loire-Atlantique. Dans ce département, 80% des communes ont un « fort » potentiel radon, en raison du sous-sol granitique.

A Rezé, l’adjoint au maire est venu prononcer quelques mots d’introduction. Mais, d’habitude, « les élus sont réticents, ça ne leur plaît pas forcément de dire que leur commune est en risque fort. Et ils croient qu’on va faire passer des messages anxiogènes », explique Gérard Allard, vice-président de l’UFC Que Choisir locale.

Le radon, classé cancérogène certain depuis 1987, s’immisce par les fissures de la chape de béton et atteint des niveaux de concentration très élevés si la maison n’est pas aérée, expliquent les intervenants.

« Être dans une zone émissive ne signifie pas que votre maison aura du radon », précise Jean-Pierre Sarrazin. Parfois, une meilleure aération peut suffire à régler le problème.

Encore faut-il en avoir conscience. Car la plupart des gens ignorent jusqu’à l’existence même du radon. Selon l’Observatoire régional de la santé, 58% des habitants des Pays de la Loire n’en avaient jamais entendu parler en 2015, une région où une des (rares) campagnes de sensibilisation a été menée récemment.

Le gaz est pourtant largement présent dans l’Hexagone : en Bretagne, Pays de la Loire et Normandie, dans le massif central, les Pyrénées, une partie des Alpes, les Vosges ou en Corse, Guyane et en Nouvelle-Calédonie.

Parmi les collectivités en pointe sur le sujet, la ville de Nantes distribue gratuitement depuis 2007 des dosimètres à 70 habitants environ chaque hiver, une « démarche très volontaire » saluée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

La mairie a aussi fait des relevés dans les écoles publiques et engagé des travaux lorsque les niveaux de radon étaient trop élevés, alors que la réglementation ne l’y obligeait pas.

A Concarneau (Finistère), 5.000 dosimètres ont été distribués à la population en 2013. Des actions similaires sont menées en Franche-Comté et en Haute-Vienne en collaboration avec l’IRSN (Institut de Radioprotection et de sûreté nucléaire).

Mais la plupart du temps, le radon ne fait parler de lui que lorsqu’une école est évacuée en raison d’un taux anormalement élevé, comme en Haute-Vienne en 2015 ou l’an dernier dans les Hautes-Alpes.

« Tout le monde a déjà vu des campagnes pour la prévention routière, alors que la prévention pour le radon… », relevait ainsi Sophie Eglizaud, ingénieure d’étude à l’Agence régionale de santé (ARS), lors de la réunion de Rezé.

Selon la dernière étude publiée, le radon causerait entre 1.200 et 3.000 morts par an France. En comparaison en 2016, 3.477 personnes sont mortes dans un accident de la route.

© AFP

mercredi 17 janvier 2018

La France construit du thermique sans débat et la Chine fait du renouvelables !

Guyane : le projet Prométhée de centrale électrique hybride ne fera pas l'objet d'un débat public

Le projet Prométhée de centrale électrique hybride en Guyane ne fera pas l'objet d'un débat public, a décidé la Commission nationale du débat public (CNDP), le 10 janvier 2018. Le projet fera l'objet d'une concertation préalable sous l'égide de l'ancien préfet Philippe Marland. Le coût total estimé du projet, de l'ordre de 500 millions d'euros, ainsi que "l'importance des enjeux sociaux et économiques du projet, et de ses impacts sur l'environnement et l'aménagement du territoire", justifient la décision de la CNDP.
Pour rappel, la concertation préalable est la nouvelle procédure simplifiée destinée à assurer l'information et la participation du public à l'élaboration de certaines décisions susceptibles d'avoir une incidence sur l'environnement. Elle est créée par l'ordonnance réformant la participation du public d'aout 2016 qui clôt la réforme du dialogue environnemental initiée en novembre 2014 par le Président de la République suite à la mort d'un manifestant au barrage de Sivens.
Une centrale thermique de 110 MW et 10 MW de solaire
Le projet Prométhée prévoit la construction d'une centrale thermique d'une puissance de 120 mégawatts (MW) fonctionnant au fioul léger convertible au gaz naturel, associée à une centrale photovoltaïque de 10 MW. Cette centrale hybride, doit remplacée la centrale thermique de Dégrad des Cannes, qui devra être mise définitivement à l'arrêt le 31 décembre 2023. Elle assurera l'alimentation électrique de la frange littorale de la Guyane.
Ce projet a été validé dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l'énergie de Guyane, adoptée le 30 mars 2017. Il est porté par EDF Production électrique insulaire et a fait l'objet d'un arrêté d'autorisation d'exploiter en juin 2017. "Sa localisation a été choisie par l'Assemblée territoriale de Guyane, parmi plusieurs sites", explique la CNDP.

 

 

 

Renouvelables : les installations photovoltaïques chinoises dopent les investissements mondiaux

L'année 2017 a été marquée par des investissements chinois records dans les installations photovoltaïques. Quelque 160 GW de renouvelables ont été installés dans le monde, dont 53 pour le seul solaire chinois.
En 2017, le boom du solaire en Chine occulte les autres évolutions du marché mondial des renouvelables. A lui seul, l'Empire du Milieu a investi 86,5 milliards de dollars dans de nouvelles installations photovoltaïques, soit légèrement plus de la moitié des investissements mondiaux dans le secteur, révèle le bilan des investissements 2017 dans les renouvelables publié par Bloomberg New Energy Finance (BNEF) ce mardi 16 janvier.
Cet investissement massif a permis aux montants investis de repartir à la hausse : ils ont atteint 333,5 milliards de dollars, en hausse de 3% par rapport au cru 2016 qui avait été marqué par une baisse de 18% (287,5 milliards de dollars). Ces montants se rapprochent du record de 360,3 milliards de dollars enregistré en 2015. "Le total de 2017 est d'autant plus remarquable si l'on considère que les coûts d'investissement de la technologie dominante, l'énergie solaire, continuent de baisser fortement", explique Bloomberg, précisant que "les installation photovoltaïques industrielles étaient environ 25% moins chers par mégawatt l'année dernière qu'ils ne l'étaient deux ans plus tôt".
En 2017, les nouvelles installations renouvelables (hors grands projets hydrauliques) ont atteint 160 gigawatts (GW), contre 126,5 GW en 2016 et 119 GW en 2015.
La Chine dépasse largement les anticipations
Sur l'année écoulée, les investissements chinois dans le photovoltaïque ont bondi de 58%, à 86,5 milliards de dollars. Au total, les Chinois ont installé quelque 53 GW de solaire sur l'année écoulé, contre 30 GW l'année précédente. Cela représente environ 20 GW de plus qu'anticipé par Bloomberg. "En dépit d'un fardeau croissant de subventions et d'une réduction de la puissance, les régulateurs chinois, sous la pression de l'industrie, ont tardé à freiner la construction de grands projets", explique le cabinet expert en politique énergétique. En outre, la baisse du coût de l'énergie solaire a conduit de nombreux acteurs à déployer des installations plus petites sur les toits et dans les parcs industriels. "Les grands consommateurs d'énergie en Chine installent maintenant des panneaux solaires pour répondre à leur propre demande, avec une prime minimale."
Bien sûr, les chiffres chinois ont un impact sur l'investissement mondial dans le solaire. Celui-ci a atteint 160,8 milliards de dollars (soit 48% de l'ensemble des investissements mondiaux dans les renouvelables), en hausse de 18% sur un an. Bloomberg note aussi qu'en 2017 deux projet géant de 1,5 GW et 0,8 GW ont été lancé aux Emirats Arabes Unis, pour des montants respectifs de 899 millions de dollars et 968 millions de dollars.
Du côté de l'éolien, les investissements se sont élevés à 107,2 milliards de dollars, en baisse de 12%. Toutefois, pondère Bloomberg, "des projets records ont été financés à la fois sur terre et en mer" : un projet de 2 GW aux Etats-Unis (pour 2,9 milliards de dollars, hors raccordement au réseau) et un projet de 1,4 GW au Royaume-Uni (pour 4,8 milliards de dollars). A cela s'ajoutent treize projets éoliens offshore financés en Chine, pour une capacité totale de 3,7 GW et une facture estimée à 10,8 milliards de dollars.
Les technologies énergétiques intelligentes constituent le troisième grand secteur d'investissement. Les compteurs intelligents, le stockage énergétique, les réseaux intelligents, l'efficacité, ou encore les véhicules électriques ont réuni 48,8 milliards de dollars d'investissement, en hausse de 7%.
Les investissements français résistent
Compte tenu des 132 milliards de dollars investis dans les renouvelables en 2017, la Chine est hors des portée de autres pays. Elle est suivie des Etats-Unis qui ont consacré 56,9 milliards de dollars aux renouvelables. Cela représente une hausse des investissements de 1% sur un an, "malgré le ton moins favorable aux énergies renouvelables adopté par l'administration Trump", note Bloomberg.
L'Australie et le Mexique se démarquent avec des bonds de 150% (à 9 milliards de dollars) et 516% (à 6,5 milliards de dollars) de leurs investissements. Ces progressions sont essentiellement dues à de grands projets éoliens et photovoltaïques. A l'opposé, le Japon a vu ses investissements diminuer de 16% (à 23,4 milliards de dollars), tandis que l'Allemagne recule de 26% (14,6 milliards de dollars) et le Royaume-Uni de 56,5% (10,3 milliards de dollars). "L'Europe dans son ensemble a investi 57,4 milliards de dollars, en baisse de 26% d'une année sur l'autre", ajoute Bloomberg, précisant que ce recul est dû au changement de politique de soutien public. Dans ce contexte, les investissements en France se portent plutôt bien, avec une hausse de 1% à 5 milliards de dollars.

samedi 9 décembre 2017

Huile de palme dans les carburants

Source : les Amis de la Terre     (6/12/2017)

http://www.amisdelaterre.org/Huile-de-palme-dans-les-carburants-la-filiere-commence-a-bouger.html

Huile de palme dans les carburants : la filière commence à bouger
Montreuil, le 6 décembre – Suite à une campagne d’interpellation des Amis de la Terre, les distributeurs commencent à prendre position pour demander l’interdiction de l’huile de palme dans les carburants. La pression repose désormais sur le gouvernement





Aujourd’hui, près de 75% de l’huile de palme consommée en France [1] est incorporée comme agrocarburant dans le gazole que nous trouvons tous les jours à la pompe. Une situation intenable face à laquelle les distributeurs commencent à réagir, comme l’explique Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes pour les Amis de la Terre France : « Nous avons interpellé l’ensemble des distributeurs pour les alerter sur la situation. Après Leclerc et Systèmes U, Intermarché vient de s’engager à réduire puis éliminer l’huile de palme dans ses carburants d’ici 2020. D’autres distributeurs comme Carrefour demandent au gouvernement de peser sur les négociations en cours à Bruxelles pour faire interdire à l’ensemble des acteurs l’utilisation d’huile de palme dans les carburants ».

Le 30 novembre, c’est même l’Alliance Française pour l’Huile de Palme Durable qui a exprimé son souhait que l’huile de palme ne puisse plus être utilisée comme carburant [2]. Plusieurs études ont permis de montrer que l’huile de palme, principal moteur de la déforestation en Asie du Sud-Est, est le pire des « biocarburants » : chaque litre, issu le plus souvent de monocultures, a un impact trois fois plus négatif pour le climat que le gazole fossile [3].

Ces déclarations interviennent suite à une campagne de mobilisation lancée par les Amis de la Terre. Depuis le 30 octobre, ce sont près d’une vingtaine d’actions directes non-violentes visant les distributeurs qui ont lieu partout en France en partenariat avec ANV-COP21 et Alternatiba.

A Bruxelles, le Parlement Européen et les États membres ont ouvert les débats sur la révision de la directive énergie renouvelable. L’enjeu est d’en finir avec le soutien aux agrocarburants de première génération en général, et à l’huile de palme en particulier. Un débat brûlant alors que Total est en train de construire dans le Sud de la France, à La Mède, une « bioraffinerie » géante qui, à elle seule, pourrait doubler les importations françaises d’huile de palme [4].

Sylvain Angerand conclut : « Nicolas Hulot s’est engagé, au nom du gouvernement, dans le Plan Climat à fermer les vannes à huile de palme dans les carburants. Depuis, et sous la pression de Total et des pays producteurs, cet engagement est régulièrement édulcoré. Le Conseil de l’Énergie du 18 décembre pourrait être décisif et nous attendons que le gouvernement passe de la parole aux actes ».

En savoir +
[1] D’après http://agriculture.gouv.fr/durabilite-de-lhuile-de-palme-et-des-autres-huiles-vegetales

mercredi 6 décembre 2017

Boire ou skier ?

https://www.bastamag.net/Boire-ou-skier-faudra-t-il-bientot-choisir

hangement climatique

Boire de l’eau ou skier, faudra-t-il bientôt choisir ?

par

  • Dans les Alpes et les Pyrénées, les premières stations de ski ouvrent leurs pistes. Face à la hausse des températures et à la baisse de l’enneigement, les stations croient avoir trouvé la parade, avec la généralisation des canons à neige. Problème : les quantités d’eau nécessaires pour produire la neige artificielle sont considérables, menaçant les réserves locales en eau potable. Ce qui n’empêche pas les régions alpines de consacrer des millions d’euros de subventions à ces équipements. Alors que les glaciers fondent et que l’eau se raréfie, l’enneigement artificiel est-il vraiment une priorité collective ? Enquête.
    Si certains ont su tirer profit du changement climatique en montagne, ce sont bien eux : les canons à neige. Les conséquences de nos émissions de gaz à effet de serre se font chaque année un peu plus sentir sur le manteau blanc qui recouvre les massifs. Les chiffres sont toujours plus inquiétants : dans les Alpes, le réchauffement des températures, estimé entre 1,6°C et 2,2°C depuis 1950, s’est accéléré depuis la fin des années 80, entraînant la fonte des glaciers et la diminution de l’enneigement au sol – 25 jours de moins par an, en moyenne.
    Dans les stations, personne ne vous dira le contraire : au fil des saisons, l’hiver offre de moins en moins de neige. « Depuis 1990, la raréfaction de la neige est flagrante : nous n’en avons quasiment plus à Noël. Et l’an passé, on a dû aller chercher de la neige ailleurs pour assurer la saison », raconte Gérard Burnet, premier adjoint à la mairie de Vallorcine, petit village à 1200 mètres d’altitude niché du côté de Chamonix. Même son de cloche sur le plateau du Vercors, où l’on constate « l’augmentation de la fréquence des hivers sans neige », selon François Nougier, conseiller municipal de Lans-en-Vercors.

    51% des domaines menacés par le réchauffement

    À terme, ce sont toutes les stations de sports d’hiver de moyenne montagne, en-dessous de 1500 mètres d’altitude, qui sont fortement menacées. En 2009, la Direction départementale de l’équipement et de l’agriculture de Savoie estimait même que, dans le cas d’une hausse de la température de 2°C, seuls 49% des domaines existants en Haute-Savoie seraient encore considérés comme « fiables », du strict point de vue de l’enneigement naturel. En attendant, de premières stations comme Val Drôme ou Drouzet-le-Mont ont déjà dû abandonné leur activité d’hiver, mettant la clé sous les pistes.
    Dans leur course à l’or blanc, les stations de ski ont trouvé la parade : la « neige de culture » – préférée au terme de neige artificielle – que fabriquent les « enneigeurs » – les canons à neige – au bord des pistes. Apparues il y a moins de trente ans, ces infrastructures connaissent un développement très rapide : « Les premiers canons à neige sont arrivés après des hivers de très faible enneigement en 88, 89 et 92. Aujourd’hui, près de 7 000 hectares sur les 20 000 hectares de pistes dans les Alpes en sont équipés », rapporte Pierre Spandre, ingénieur de recherche à l’Irstea et au Centre d’études de la neige de Grenoble. Plus d’un tiers du domaine skiable alpin dépend donc de la neige artificielle. La quasi-totalité des stations possède au moins quelques canons à neige : « En 2014, sur 55 stations interrogées dans les Alpes, une seule n’était pas équipée », poursuit le chercheur.

    Le canon à neige, alpha et oméga du développement des stations

    Le processus est presque inexorable, à en croire Christian Reverbel, ancien directeur du service des pistes de l’Alpe d’Huez : « Aujourd’hui, la neige de culture est considérée comme un outil indispensable pour les stations de sport d’hiver. » Ce qui ne devait être initialement qu’une solution d’appoint face aux variabilités d’enneigement est ainsi devenu l’alpha et l’oméga des politiques de développement des stations, la solution pour réduire la « vulnérabilité à l’aléa climatique » : « Les études les plus récentes et l’amélioration des techniques confirment régulièrement la pertinence des stratégies déployées par les professionnels sur la neige de culture (…), une aide efficace à l’exploitation et à la garantie des emplois », énoncent Domaines skiables de France et l’Association nationale des maires des stations de montagne, dans un rapport conjoint. « La dynamique en faveur de la neige de culture est très forte. On estime que le taux d’équipement atteindra 45% en 2020 », confirme Pierre Spandre.
    Le développement de la neige artificielle a trouvé de nouveaux relais politiques à la tête des deux régions alpines : avec Laurent Wauquiez, président de la Région AURA (Auvergne-Rhône-Alpes), et Christian Estrosi, président de la Région PACA, avant d’en démissionner en mai dernier, les canons à neige ont pu compter sur des alliés de poids. Le premier a annoncé une aide de 50 millions d’euros pour la neige artificielle sur les six prochaines années, tandis que le second évalue au double son plan « smart mountains », pour redessiner les stations du futur.
    - Lire ici notre article sur l’écologie dans les régions passées à droite.
    Ces investissements régionaux entraînent également les départements, sur le modèle « 1 euro investi par la Région, 1 euro investi par le conseil départemental ». Réuni en congrès à Beaune (Côte-d’Or) début octobre, les domaines skiables français se félicitent d’« un peu moins de 30 millions d’euros de subventions (…) spécifiquement fléchés pour l’équipement en matériel d’enneigement artificiel sur la période 2016-2018 » en Auvergne-Rhône-Alpes.

    28 millions de m3 d’eau consommés chaque année...

    « C’est une dépense d’argent public colossale que l’on pourrait utiliser, au contraire, pour diversifier l’offre de notre station : le ski ne fait pas tout en montagne », regrette François Nougier. Dans sa station de Lans-en-Vercors, le projet visant à enneiger 20 hectares sur les 48 que compte la station (contre 6 hectares actuellement) sera opérationnel dès cet hiver. Coût de l’opération : 2,7 millions d’euros, pris en charge à 25% par la Région et 25% par le département de l’Isère, le reste étant financé par emprunt.
    Même à Vallorcines, petite station jusqu’alors vierge de tout canon à neige, l’appel d’air financier fait cogiter : « C’est vrai qu’on étudie la possibilité d’investir », reconnaît Gérard Burnet. Le projet fait pour l’heure face à un enjeu de taille : « Cela nécessite de études sur l’eau, qui n’ont pas encore été réalisées. On ne peut pas faire n’importe quoi : les sources sont à un niveau très bas, nous n’avons pas de nappe phréatique et nous avons connu des années à fort stress hydrique, avec très peu de pluies l’été et une neige qui disparaît peu à peu du glacier. Dans ce contexte, on est encore loin d’avoir de la neige artificielle à Vallorcines. »

    Soit l’équivalent de la consommation en eau de 540 000 habitants

    Les canons à neige se caractérisent par un coût financier conséquent – de 5 à 7 euros/m3 d’eau transformé en neige, « en tenant compte des coûts en eau et en électricité ainsi que de l’investissement général pour la construction du réseau d’eau, du système d’air comprimé, voire de la retenue collinaire si besoin, de la salle des machines... et de leur amortissement » précise Pierre Spandre. Ils impliquent également des prélèvements importants sur la ressource en eau.
    Le chiffre est aujourd’hui connu et admis par tous les interlocuteurs : un hectare de piste en neige artificielle consomme 4 000 m3 d’eau par an, l’équivalent d’une piscine olympique, produits par trois canons à neige. Soit à peu près 28 millions de m3 d’eau consommée chaque année par les enneigeurs. Soit ce que consomment en eau potable un demi-million de Français [1]. Cette eau ne se retrouve pas mécaniquement, une fois la neige fondue, dans le cycle naturel : « On estime à 30% le taux de perdition d’eau par sublimation [passage à l’état gazeux, ndlr] dès lors qu’on la transforme en neige artificielle », détaille Vincent Neirinck, co-directeur de Mountain Wilderness. Surtout, ce volume ne cesse d’augmenter : « La croissance observée est assez régulière, à raison d’1 million de m3 supplémentaires chaque année. Et encore, ce sont des chiffres établis avant le plan Wauquiez… », constate Thomas Guiblain, à la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (Frapna) en Isère.
    À mesure que le réchauffement climatique va diminuer l’enneigement, mais aussi le volume des ressources en eau disponibles, les canons à neige peuvent-ils devenir un facteur aggravant de stress hydrique ? « L’usage de l’eau en milieu alpin est multiple, rappelle Vincent Neyrinck. Il y a les usages domestiques, l’agriculture, l’hydroélectricité et la biodiversité, également : un étiage trop bas dans les rivières met en péril les milieux naturels. Il est indispensable de réfléchir à la préservation de cette ressource. »

    « Des stations ont dû fermer à cause de la rareté de l’eau »

    Le volume global de l’eau dans les Alpes, le « château d’eau de l’Europe », semble encore loin d’être menacé. « Les bassins hydroélectriques, qui mobilisent des volumes d’eau bien plus considérables, ont un impact beaucoup plus sensible sur les débits des cours d’eau en bassin versant, confirme Jacques Pulou, responsable du pôle eau à la Frapna régionale. Le problème, c’est la répartition de l’eau : à certains endroits, les canons à neige peuvent créer de vrais conflits d’usage. »
    Une approche qui est confirmée par Carmen de Jong, professeure en hydrologie à l’Université de Strasbourg : « On estime que les prélèvements de l’enneigement artificiel représentent 0,5% du cycle de l’eau total sur le bassin du Rhône. Mais c’est absurde de raisonner comme cela, car les problèmes se jouent essentiellement au niveau local, c’est à dire en altitude. »
    Les conflits d’usage, notamment avec la distribution d’eau potable, ne seraient pas rares à en croire la chercheuse, qui a travaillé sur la question pendant près de dix ans à l’université de Savoie : « À l’hiver 2017, il y a eu des mesures de restriction d’eau dans les Alpes, et en Suisse, des stations ont dû fermer leurs pistes à cause de la rareté de l’eau. Il y a eu près de 60 jours sans précipitation, on aurait également dû interdire les canons à neige dans certaines stations françaises. »

    Conflits d’usage avec l’eau potable

    La question de l’usage de la ressource a même été l’objet d’un véritable pugilat politique dans la station des Gets, épisode que raconte Élodie Magnier, hydrologue, dans un intéressant article publié en 2016 : « En pleine saison 2006-2007, le maire refuse la mise en fonctionnement des canons pour protéger les réserves d’eau potable et éviter tout risque de pénurie. Le directeur de la société d’exploitation des remontées mécaniques, opposé à cette décision pour le bon fonctionnement du domaine skiable, démissionne au cours de l’hiver. (…) Il y a donc bien eu ici une situation de conflit entre deux usages, l’usage pour l’alimentation en eau potable de la station, et l’usage pour la production de neige. »
    Plus récemment, c’est L’Alpe d’Huez, et son bon millier de canons à neige, qui a vu un projet immobilier ajourné pour cause de ressource en eau insuffisante : « La station est alimentée par le Lac Blanc ; il n’y a pas d’autre source. Or ce lac connaît des fuites naturelles. L’épuisement de ses ressources est rapide, et créé des situations très tendues autour des mois de février et de mars. Seuls 1000 lits supplémentaires ont été autorisés sur un projet qui en prévoyait 7000 au départ, le préfet estimant qu’il n’y avait pas assez d’eau », raconte Thomas Guiblain.
    Avec la plus longue piste d’Europe, la piste Sarenne et ses 16 kilomètres, équipée en 2014 de plusieurs dizaines de canons à neige tout au long du tracé malgré son altitude de départ à 3300 mètres, pas sûr que les conflits autour de la disponibilité en eau ne se règlent facilement, au cours des prochaines années.

    Des conséquences sanitaires et énergétiques

    Outre la question de la quantité, les canons à neige pourraient bien perturber également la qualité de l’eau sur les massifs. « La valeur du PH est modifiée par la neige artificielle, et il y a un manque d’oxygène par rapport à la neige naturelle, souligne Carmen De Jong. Elle favorise surtout la prolifération de différentes bactéries. » Il y a deux ans, la chercheuse avait dénoncé l’utilisation d’un additif, le Snomax, utilisé dans la neige artificielle, aux effets potentiellement dangereux pour la santé.
    Pis, avec la moitié des enneigeurs alimentés par des retenues collinaires construites spécialement pour la production de neige, il existe un risque de perturbation globale du fonctionnement hydrologique : « On stocke de l’eau qui aurait coulé autrement, avec tous les impacts que cela peut avoir sur les étiages des cours d’eau dans le bassin versant. Car c’est évidemment au moment où on en a le plus besoin, que la ressource devient la plus limitée », décrypte Jacques Pulou.
    Sans compter l’impact énergétique induit par le pompage destiné à recharger la retenue d’eau au cours de l’hiver – car on enneige évidemment plusieurs fois par saison : « Cela devrait représenter une consommation de 160 000 kWh, soit une augmentation de 40% de la consommation électrique de la station à Lans-en-Vercors, où la retenue en cours de construction doit pouvoir accueillir 26 000 m3, calcule François Nougier. Tout ça pour trois mois d’utilisation dans l’année, à un moment où l’on fait de grands discours pour ne pas gaspiller l’énergie. »

    « L’enneigement artificiel devrait être l’un des derniers usages »

    « Les canons à neige sont révélateurs de tous les dysfonctionnements de l’industrie du ski », estime Vincent Neyrinck. Notamment l’absence de loi de régulation et d’encadrement. « Il n’y a aucune réglementation, donc aucun contrôle ni suivi sur l’utilisation de l’eau », témoigne Carmen de Jong. « Dans une logique de marché, les coûts de fabrication de la neige artificielle sont pris en compte par les usagers, soit les skieurs, analyse Ricardo Petrella, économiste italien spécialisé sur les problématiques d’eau. Mais un autre coût n’est pas pris en compte, c’est la raréfaction de l’eau. L’enneigement artificiel devrait être l’un des derniers usages, dans un contexte de raréfaction hydrique. » Le chercheur en appelle à des régies collectives, participatives et les plus locales possible, pour gérer ce bien commun : « Cela doit impliquer tous les acteurs concernés et être coordonné par une structure publique : ce ne sont pas les acteurs privés qui sont les mieux placés pour protéger la ressource. »
    Considérée comme un palliatif à court-terme, la neige artificielle interroge en profondeur le modèle de développement des stations de sport d’hiver : « Quand on parle ski, les stations entendent "assurance-vie". Or on sait qu’il va devenir de plus en plus difficile de maintenir des stations en dessous de 1500 mètres. Il faut donc sortir de cette lorgnette à cinq ou dix ans. Une retenue collinaire, c’est tout de même 25 ans d’amortissement ! Est-ce que cela a encore un sens d’un point de vue climatique et économique ? », interroge Aurélie Campoy, secrétaire générale de la Commission locale de l’eau en Isère.
    Pour François Nougier, la réponse est toute trouvée : « Les canons à neige sont une rustine. On veut nous faire croire que le système actuel peut perdurer, alors qu’il faudrait repenser sa logique à long-terme. » Les canons à neige, ou le paradoxe de cette voiture qui va de moins en moins vite tout en consommant de plus en plus... En témoigne l’histoire récente de Saint-Pierre-de-Chartreuse : « La station était en déficit chronique et pour y faire face, elle a décidé d’investir dans des canons à neige : aujourd’hui, elle est sous tutelle de la préfecture. », raconte Pierre Mériaux, élu à la montagne à la ville de Grenoble. Mais avec le réchauffement climatique, la possibilité de produire de la neige de culture est elle-même mise en cause : outre la baisse des volumes d’eau disponible, la diminution des vagues de froid pourrait rendre l’utilisation des canons de plus en plus incertaine. Et laisser plusieurs collectivités face à de véritables gouffres financiers. Une autre allégorie, en somme : celle de l’arroseur arrosé.
    Barnabé Binctin

    Série « Eau et climat », en partenariat avec France Libertés


    Cet article est publié dans le cadre d’une série de reportages et d’enquêtes sur les enjeux de la gestion de l’eau et des sols dans le contexte du réchauffement climatique, réalisée avec le soutien de France Libertés - fondation Danielle Mitterrand. www.france-libertes.org
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