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mercredi 5 juin 2019

Observatoire du nucléaire Printemps 2019

Observatoire du nucléaire - http://www.observatoire-du-nucleaire.org
Revue de presse pluri-mensuelle - Printemps 2019 (mars/avril/mai)


EPR : la chute sans fin...


EPR de Flamanville : un fiasco à 11 milliards d'euros
FranceTv, 1er mars 2019 : http://k6.re/rf56Q

Des experts recommandent de réparer les soudures de l'EPR
Reuters, 11 avril 2019 : http://k6.re/qQp1E

L’EPR de Flamanville risque encore d'avoir plusieurs années de retard
BFM-Business, 23 avril 2019 : http://k6.re/Tc0Tc

Nouveau retard de trois mois pour l’EPR finlandais
Ouest-France, 10 avril 2019 : http://k6.re/YLmy5




Ça finit presque par en devenir banal : les malheurs des chantiers EPR n'en finissent plus de s'aggraver, de même que les retards et les surcoûts.

A Flamanville (Manche), après d'innombrables malfaçons, dont la fabrication et l'installation d'une cuve défectueuse susceptible de rompre si jamais le réacteur entre un jour en service, voilà en sus les soudures loupées.

Mais attention, ce ne sont pas des soudures comparables à celle des tuyaux de votre salle de bain : ici, il est question de toute la "maestria" et la "compétence" dont l'industrie nucléaire française est supposée faire preuve d'après d'innombrables médias qui relaient encore cette légende infondée.

Habituée à valider de façon totalement irresponsable les éléments les plus défectueux, l'ASN (prétendue "Autorité" de prétendue "sûreté" nucléaire) n'a pas pu en faire autant cette fois, sous peine d'être définitivement ridiculisée.

EDF devrait donc être sommée de réparer, en plus d'une cinquantaine accessibles, 8 soudures quasi inaccessibles... sauf à percer la double enceinte de confinement. Dans tous les cas, cela demandera des études très longues (au moins deux ans de plus!) pour un résultat très incertain.

Il est possible que la mise en service de l'EPR soit compromise… ce qui serait une très bonne chose. Certes, nous (les habitants de France, juste autorisés à payer et se taire !) pourrons regretter ces 12 ou 13 ou 14 milliards gaspillés pour rien, mais de toute façon chaque euro mis dans le nucléaire est gaspillé.

Quant à l'EPR de Finlande, il est l'objet d'un énième retard, trois mois de plus, en attendant la suite. La banalité...





EDF : faillite en vue, Macron veut nationaliser des pertes


EDF menacé d’être transformé en «bad bank» du nucléaire
Médiapart, 16 mai 2019 : http://k6.re/nPnyh

Renationalisation partielle d’EDF : l’Elysée reprend la main sur le nucléaire
Le Parisien, 15 avril 2019 : http://k6.re/ilKr4

EDF solde son aventure coûteuse en Suisse
Les Échos, 6 avril 2019 : http://k6.re/V657X

La gueule de bois du nucléaire français en Chine
Les Échos, 23 mars 2019 : http://k6.re/nOaBG




Après la faillite d'Areva et celle de l'américain Westinghouse, c'est un autre poids lourd (un vrai boulet !) du nucléaire qui est en situation financière désespérée : EDF. En cause en particulier : les investissements insensés réalisés au début des années 2000 pour construire aux USA des réacteurs qui n'ont jamais vu le jour, des aventures tout aussi catastrophiques en Amérique du Sud ou en Europe (par exemple en Suisse), le projet aussi pharaonique qu'absurde de construire deux EPR en Grande-Bretagne (affaire qui va se terminer par un nouveau désastre industriel et financier), bien sûr l'EPR de Flamanville, mais aussi le financement impossible de la rénovation des 58 réacteurs actuels, tous en voie avancée de délabrement.

Et, contrairement à ce qui a été annoncé depuis des années, ce ne sont pas les Chinois qui vont sauver l'atome hexagonal, bien au contraire. Mais personne ne panique chez EDF : les habitants de France, même s'ils sont clients d'autres fournisseurs, vont tous être amenés à couvrir les pertes abyssales décrites ci-dessus. Un grand maniganceur est déjà à l'oeuvre pour réaliser le pire des hold-up : le gangster dénommé Emmanuel Macron.

Cet individu malhonnête s'est déjà échauffé lorsqu'il était ministre de l'économie en offrant à nos frais quelques millions à Areva, comme l'avait alors dénoncé l'Observatoire du nucléaire (cf http://www.observatoire-du-nucleaire.org/spip.php?article181 ).

Mais cette fois, il va s'agir de milliards, de dizaines voire de centaines de milliards ! La tactique est connue : privatisation de tout ce qui peut rapporter (aux amis de Macron, qui le lui rendront bien un jour ou l'autre), et nationalisation de toutes les pertes déjà accumulées… et de celles à venir.

Il y a 230 ans, les têtes de quelques parasites étaient promenées dans Paris au bout de grandes piques pour leur faire passer l'envie de spolier le peuple...




L’industrie nucléaire en chute libre...


USA: la centrale nucléaire de Three Mile Island fermera bien en septembre
AFP, 9 mai 2019 : http://k6.re/USv7M

Fermeture définitive de la centrale nucléaire de Pilgrim (USA)
WNN, 31 mai 2019 : http://k6.re/XFuml

Ex-patron de l’ASN des USA : "Nous n’avons plus besoin de prendre le risque nucléaire"
Le Monde, 11 mars 2019 : http://k6.re/gRYDV

Le nucléaire exclu du label européen des investissements verts
Euractiv, 1er avril 2019 : http://k6.re/ave7E

Nucléaire : Orano voit son activité se rétrécir
Les Echos, 1er mars 2019 : http://k6.re/uc8-n




La célèbre centrale de Three Mile Island (USA, Pennsylvanie), qui a connu une fusion de coeur en 1979 et frôlé alors une catastrophe préfigurant Tchernobyl et Fukushima, devait fermer en 2034. Mais ses propriétaires ont jugé préférable de mettre immédiatement fin à son exploitation qui est financièrement très déficitaire : lorsqu'il n'est pas renfloué par l'argent public, le nucléaire est lourdement déficitaire.

Même destin pour la centrale de Pilgrim (Massachusetts) qui a définitivement cessé de fonctionner le 31 mai 2019. Ce sont donc sept réacteurs qui ont dernièrement fermé aux USA, une douzaine d'autres suivront d'ici 2025, puis des dizaines par la suite : le processus de disparition de l'atome est entamé et, même si cela prendra encore quelques décennies, la fin est inéluctable pour cette énergie aussi dangereuse que ruineuse.

D'ailleurs, suite à la catastrophe de Fukushima, l'ex-patron de la sûreté nucléaire des USA affirme très clairement qu'il ne faut plus courir ce risque : «C’est pour moi une très grande déception : une partie des gens dans l’industrie ont minimisé le problème en assurant qu’il s’agissait d’un problème japonais, qui ne se produirait pas aux États-Unis. Pourtant, la technologie utilisée au Japon est inspirée de la technologie américaine».

En Europe, à la grande déception des lobbyistes atomiques, le nucléaire a été exclu du label européen des investissements verts, ce qui est quand même bien la moindre des choses. Quant à l'entreprise Orano (ex-Areva), elle voit son activité continuellement diminuer.

L'atome a donc entamé sa fin de vie mais l'affaire est loin d'être finie : le début du démantèlement de Three Mile Island est prévu en… 2074 ! Et l'argent nécessaire ne sera probablement pas là le moment venu...




Déchets nucléaires en Meuse : de quoi réfléchir


«Un héritage empoisonné», film d’Isabelle Masson-Loodts
Rappel – Pour.press, décembre 2018 : http://k6.re/Wii2R

Atomik tour : https://atomik-tour.org
Uzes news, 25 mai 2019 : http://k6.re/Quq1M

Le nucléaire comme seul horizon
Les jours, 21 mai 2019 : http://k6.re/GyNN8

"J'ai bu de l'eau radioactive à Soulaines"
Ville-sur-Terre, 16 avril 2019 : http://k6.re/GUOSq

À Soulaines-Dhuys, dans l'Aube, l'eau du robinet suspectée d'être radioactive
France3, 30 mais 2019 : http://k6.re/9_d5V




L'industrie nucléaire ne va pas seulement laisser derrière elle des centaines de réacteurs à démanteler, elle lègue aussi à nos enfants des quantités astronomiques de déchets radioactifs de diverses catégories.

En France, les déchets les plus radioactifs sont censés être enfouis à Bure (Meuse) dans le cadre de « Cigeo », projet fou et criminel mis en lumière par la réalisatrice Isabelle Masson-Loodts : dans son film « Un héritage empoisonné », elle rappelle comment la Meuse a déjà été sacrifiée après la première guerre mondiale, avec des conséquences qui durent encore aujourd’hui. L'Histoire se répète parfois.

Le magazine en ligne « Les Jours » publie une intéressante série d'articles sur le même thème, pendant que des opposants à Cigéo, cibles d'une féroce répression d’État, on entamé un tour de France - l'Atomik tour - de plusieurs mois pour expliquer à la population la gravité de la situation.

Non loin de Bure, d'autres centre de stockage des déchets nucléaires sont déjà en service et, étrange « hasard », l'eau du robinet des villages alentours est radioactive...




Déchets nucléaires : pendant le « débat », la corruption continue !


Déchets radioactifs : les clés du grand débat
Reporterre, 17 avril 2019 : http://k6.re/8tshy

La Criirad boycotte le débat sur la gestion des déchets nucléaires
Lyon Capitale, 2 mai 2019 : http://k6.re/-2X40

Cigéo : le contrat de développement territorial est validé
Environnement magazine, 7 mars 2019 : http://k6.re/QOoBT

L’enfouissement des déchets radioactifs n’est pas la seule solution, affirme l’IRSN
Reporterre, 16 mai 2019 : http://k6.re/z4vVb




En ces temps de légitime contestation sociale et environnementale, les gouvernants prennent les devants pour donner une apparence démocratique à des décisions déjà prises de façon totalement arbitraire. C'est ainsi qu'un pseudo « grand débat » est organisé sur le devenir des déchets radioactifs.

Alors que de nombreuses organisations militantes mais aussi des organismes scientifiques comme la Criirad ont très justement préféré boycotter cette mascarade, les méthodes de « corruption légale » sont toujours à l'oeuvre pour imposer le projet Cigéo d'enfouissement.

C'est ainsi qu'a été adopté le « contrat de développement territorial » de la Meuse et de la Haute-Marne : il s'agit tout simplement de déverses des millions d'euros pour s'assurer la collaboration (au sens connoté du terme) de qui veut bien se laisser acheter : élus, associations, entreprises, etc.

On prendra par ailleurs avec méfiance la position de l'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire), organisme d’État qui reconnaît que certes que « L’enfouissement des déchets radioactifs n’est pas la seule solution ». Mais c'est déjà une tromperie de parler de « solution » car, concernant les déchets radioactifs, il n'existe que des options (et non des solutions) et elles sont toutes mauvaises...




Déchets nucléaires : un sport olympique !


648 piscines olympiques de déchets nucléaires en France
Libération, 28 mars 2019 : http://k6.re/DKDOo

Déchets radioactifs : le Japon tire les leçons des erreurs de la Suisse
SwissInfo, 11 mars 2019 : http://k6.re/c-FrK





Tant que nous sommes dans les déchets radioactifs, c'est le moment de rappeler que, au lancement du parc nucléaire, la propagande d’État racontait partout que les déchets tiendraient dans « une piscine olympique ». Aux dernières nouvelles, on en serait en fait à 648 piscines, en attendant la suite.

Les atomistes de tous pays sont toujours prêtes à mentir et tromper. C'est ainsi que, la catastrophe de Fukushima ayant ruiné la confiance de la population japonaise en l'atome, « l'organisation chargée de la gestion des déchets nucléaires souhaite susciter l'intérêt de diverses manières, notamment par des actions de sensibilisation ciblant les jeunes générations. ».

Il s'agit donc clairement de faire du bourrage de crânes auprès des enfants, activités pratiquée depuis des décennies en France par EDF dans les établissement scolaires avec la collaboration (toujours au sens connoté du terme) de la hiérarchie de Éducation nationale et parfois, hélas, celle d'enseignants à l'esprit critique très irradié...



De Tchernobyl en Fukushima...


«Chernobyl», mini-série poignante et terrifiante sur la catastrophe nucléaire
Le Parisien, 5 mai 2019 : http://k6.re/isk9i

Fukushima: des évacués refusent de jouer le jeu des "JO de la reconstruction"
AFP, 8 mars 2019 : http://k6.re/q_NpH

8 ans après le tsunami, la centrale de Fukushima reste un énorme chantier
AFP, 7 mars 2019 : http://k6.re/W4lze

Fukushima : tout doit disparaître ! Voyage dans une zone interdite qui ne l'est plus
Blog libération, 8 avril 2019 : http://k6.re/6N-7h




A propos de Jeux Olympiques, ceux de 2020 auront lieux au Japon et le gouvernement a décidé d'organiser des épreuves dans le district de Fukushima et, par ailleurs, ils coupe les aides aux victimes de la catastrophe pour les contraindre à revenir habiter en zone contaminée.

Ces méthodes de criminels ont pour objectif de clamer face au monde entier que la catastrophe atomique est terminée, ce qui est bien sûr un effroyable mensonge : les réacteurs en fusion sont toujours arrosés pour éviter que la réaction nucléaire ne reprenne, des quantités astronomiques d'eau radioactive sont stockées dans des conditions précaires autour des réacteurs, les zones « décontaminées » redeviennent illico radioactives, etc.

Mais le lobby nucléaire est coutumier du négationnisme et tente tout pour faire croire que Fukushima n'est qu'un mauvais souvenir à oublier. Il faut donc se féliciter de la série télévisée « Chernobyl » (le « t » au début du mot est une spécificité française) qui est unanimement saluée pour sa qualité et sa rigueur, et qui à l'immense mérite de montrer la réalité effroyable d'une catastrophe nucléaire et de ses conséquences...



… en attendant les futures catastrophes nucléaires


Les Chinois saluent la sûreté nucléaire de leur pays
French.China.org, 22 mai 2019 : http://k6.re/qfP11

L'explosion d'une centrale nucléaire suisse affecterait toute l'Europe
Swissinfo.ch, 22 mai 2019 : http://k6.re/c-=Oy

Découverte de fissures lors de la construction de la première centrale nucléaire turque
Ahvalnews, 6 mai 2019 : http://ahval.co/en-46673

Séisme près de la centrale nucléaire du Blayais : dernier rappel ?
Observatoire du nucléaire, 20 mars 2019 : http://k6.re/Sz=B8




Bien qu'étant en situation critique et ce de façon irréversible, l'industrie nucléaire mondiale a encore la possibilité de nuire gravement, en particulier si de nouveaux désastres atomiques se produisent, ce qui semble hélas très plausible.

Ne craignant pas le ridicule, les dirigeants de la dictature chinoise se félicitent eux-mêmes de la prétendue « sûreté » de leur nucléaire. Pendant ce temps, le quasi-dictateur turc Erdogan se désespère de voir que le chantier de la centrale qu'il a achetée aux Russes se déroule très mal : les fondations sont gravement fissurées, on se croirait chez EDF ou Areva !

A propos d'EDF, il ne faut pas oublier que ses centrales, qui parsèment le territoire français, sont de plus en plus délabrées et susceptibles de causer le pire, que ce soit à cause d'erreurs humaines ou d’événements naturels comme est venu le rappeler le séisme du 20 mars 2019 près de la centrale du Blayais (Gironde), la plus proche du siège de l'Observatoire du nucléaire. Sueurs froides...




lundi 3 juin 2019

15 juin 2019 – BARRAGES – LA PRIVATISATION DE TROP ! Grenoble


Avis à la population – 15 juin 2019 – BARRAGES –
LA PRIVATISATION DE TROP !
EAU SECOURS !!
12h – 17h sur le BARRAGE de SAINT-ÉGRÈVE
PIC·NIC PARTAGÉ  – ACTION CITOYENNE
RESISTANCE !
Organisateurs : Collectif “ne nous laissons pas tondre” – Collectif “sauvons nos barrages”
Gilets Jaunes Isère – Syndicats EDF-GE – ATTAC – Citoyens pour le Climat
Les gouvernements successifs de Sarkozy, Hollande et Macron nous font croire que c’est l’Europe qui impose à la France de brader ses barrages aux intérêts privés.
C’est FAUX !
La France est le seul pays riche, en dehors du Chili de Pinochet, à envisager cette folie : nos lois ont été méticuleusement détricotées, une à une, depuis plus de 5 ans, pour rendre cette folie insensée oblogatoire au regard de la seule loi française…
Le principal argument contre cette folie, c’est sûrement l’eau : EDF stocke dans ses barrages plus de 75% des stocks d’eau de surface du pays. Et l’eau sert à beaucoup de monde, notamment en été (agriculture, tourisme, faune, flore, refroidissement de centrales nucléaires…). Mais d’ici 20 à 30 ans, la tragédie climatique en cours va raréfier l’eau dans le pays, et les débits, en été, seront divisés par 2 ! La France va récupérer le climat de l’Espagne avec 6 fois moins de réserves d’eau ! Et l’eau, c’est la vie… C’est au moment où on va le plus avoir besoin d’arbitrer publiquement la pénurie d’eau qu’on choisit de livrer les réserves aux intérêts privés !
C’est FOU !
Mais ce n’est pas tout ! Pas de transition écologique réussie sans monopole public intégré des barrages, pour quitter les énergies fossiles et pour sortir progressivement du nucléaire, pour intégrer les énergies du futur, solaire et éolien, non pilotables, non stockables, bref, pour sauver la planète de nos enfants, il faut empêcher cette casse organisée criminelle.
C’est MAINTENANT !
Vous en voulez encore ? Les barrages ne produisent que 10 à 15% de l’électricité du pays, mais ils sont le véritable poumon du système électrique. Parce qu’ils savent démarrer en quelques minutes, et parce qu’ils stockent, sous forme d’eau, 99% de l’électricité dans le monde, les donner au privé, c’est mettre à mal l’indépendance énergétique de la France, et donner un pouvoir économique sans borne à tout opérateur qui, en démarrant son usine hydroélectrique, sauvera le pays ou l’Europe toute entière d’un black-out dévastateur.
C’est du VOL !
Le plus inquiétant, c’est que les barrages sont des objets dangereux : une rupture du barrage de Monteynard ou de celui du Chambon génèrerait à Grenoble une vague de 6 mètres de haut 45 min plus tard ! Et l’État, qui a confié la surveillance de ces ouvrages depuis 73 ans à EDF, est absolument incapable de prendre le relai pour vérifier que plusieurs opérateurs privés (tentés pour faire des bénéfices de rogner sur les budgets d’entretien, de maintenance) priorisent la sécurité avant tout.
C’est DANGEREUX !
Les gilets jaunes ont raison de choisir cette lutte. Il est mathématiquement prouvé que le partage des barrages entre plusieurs opérateurs, même vertueux, ça désoptimise ! Rien que la différence des taux d’intérêts d’emprunt entre un acteur privé et l’état triple le coût des investissements !
Et qui va payer le montant de la facture ?
Pour toutes ces raisons… le 15 juin 2019… tou·te·s à St Egrève sur le barrage… pour dire à Macron :
Ça SUFFIT !

mercredi 29 mai 2019

Non à l’industrialisation de la Bio !


«Pas de tomate bio en hiver» : voici le mot d’ordre lancée ce mardi soir
par la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), la
Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme, Greenpeace et le
Réseau action-climat. Avec, pour premiers signataires, une cinquantaine
de chefs et de restaurateurs.

Son but ? Obtenir du ministre de l’Agriculture l’interdiction de la
production de fruits et légumes bio hors saison, sous serres chauffées
au gaz ou au fioul, lors du prochain vote du comité national de
l’agriculture biologique en juillet.

Une «aberration gustative, agronomique et environnementale», plaquée sur
le modèle conventionnel productiviste. Qui serait contraire à la
philosophie de «la» bio telle que la concevaient les pionniers : un
«projet de société» respectueux de l’environnement et de la
biodiversité, qui valorise le lien social, avec une juste rémunération
pour l’agriculteur et des produits de saison pas suremballés dans du
plastique.

Non à l’industrialisation de la Bio !

Monsieur le Ministre de l’Agriculture, il faut interdire la production
de fruits et légumes bio hors saison !

Le marché bio se développe et les appétits aussi. Avec l’arrivée de
nouveaux acteurs économiques poussant des pratiques incompatibles avec
le cahier des charges bio, c’est tout le système qui est menacé !

Halte aux rendements à tout prix, oui aux saisons !

Depuis quelques mois, on voit se développer des projets de conversion
biologique de serres chauffées pour la production de fruits et légumes
hors saison (Pays de la Loire, Bretagne…). Ces projets en gestation vont
permettre de retrouver sur les étals de la tomate bio française en plein
mois de mars. Une aberration gustative, agronomique et environnementale
!

Le chauffage des serres est incompatible avec le label bio
Le cahier des charges bio impose le « respect des cycles naturels » et
une « utilisation responsable de l’énergie ». Chauffer sa serre pour
produire des tomates ou des concombres en plein hiver ne peut donc pas
être compatible avec l’agriculture biologique. Selon les régions et les
années, la saison de la tomate peut aller de mai/juin à
octobre/novembre, mais certainement pas en hiver.

Pour rentabiliser leurs serres chauffées, les industriels se
spécialisent sur un ou deux légumes à forte valeur ajoutée. En diminuant
la diversité des cultures, ils appauvrissent leurs sols et ainsi
contreviennent encore aux principes de l’agriculture biologique.

Mobilisons-nous pour lutter contre l’industrialisation de la bio !
Nous avons jusqu’au 11 juillet 2019, prochaine date du Comité national
de l’agriculture biologique, pour convaincre le Ministre de
l’Agriculture de lutter contre l’industrialisation de la bio en limitant
le recours au chauffage des serres à la production de plants et au
maintien hors gel, garantissant ainsi que la production reste de saison.

Ne discréditons pas le label bio : soutenons les paysannes et paysans
bio qui respectent les saisons, pas de serres chauffées pour produire à
contre-saison !

Signez la pétition pour demander au Ministre de l’Agriculture de
soutenir un encadrement strict du chauffage des serres en bio afin
d’interdire la production de fruits et légumes bio hors saison.

https://www.change.org/p/didier-guillaume-pas-de-tomate-bio-en-hiver-non-aux-serres-chauff%C3%A9es


http://www.fnab.org/

lundi 27 mai 2019

De Toulouse à Budapest, voyage au cœur de la jeunesse identitaire


De Toulouse à Budapest, voyage au cœur de la jeunesse identitaire

Partout en Europe, une frange extrémiste des jeunes se sent galvanisée par l’essor des leaders populistes.

Ils ont troqué les blousons noirs pour des vestes bleu fluo. Montrent leurs visages et abusent des réseaux sociaux. Lookés, visibles, presque mainstream. Chaque jour un peu plus, l’extrême droite des moins de trente ans aspire à incarner la norme et le nombre en Europe. De Toulouse à Budapest en passant par Rome, Berlin ou Vienne, ils se nomment Génération identitaire, Fidelitas, Lega Giovani… Ils ont 20 ans, parfois plus, souvent moins, et « assument ». Comme si la prise de pouvoir de leurs aînés les avait désinhibés.
En Hongrie et en Italie gouvernent Viktor Orban et Matteo Salvini. Marine Le Pen, elle, a déçu ses troupes en grimpant à 34 % « seulement » au second tour de la présidentielle française.
Si elles parviennent à s’allier au lendemain du scrutin du 26 mai, les droites radicales et conservatrices à l’extrême pourraient bien former l’une des principales forces au Parlement européen. Dans leur sillage, un pan encore marginal de la jeunesse d’Europe y voit « l’espoir » de ne plus l’être, un signe que ses idées, bientôt, domineront.
En France, les jeunes activistes de Génération identitaire avaient marqué les esprits en 2012, en occupant la mosquée en construction de Poitiers. Depuis, ils se présentent comme « le Greenpeace de droite ». Rien de moins. Sept ans après cette action fondatrice, qui a valu à quatre de ses membres d’être condamnés pour provocation à la discrimination raciale ou religieuse et dégradations de biens, le mouvement revendique 3 000 adhérents, contre quelques centaines de militants actifs.

Une nouvelle respectabilité à droite

« Ce que l’on vise, c’est une forme normalisée en restant fermes sur le fond », résume Clément Martin, le cadre trentenaire de Génération identitaire avec qui nous passons un premier « casting » pour que s’ouvrent les portes des fédérations locales. Entrée autorisée. A Toulouse, Thaïs s’avance. Petit pull rose, yeux bleus et cheveux blonds… On lui donnerait le bon Dieu sans confession.
Quelques semaines plus tôt, elle a passé près de 48 heures en garde à vue à Marseille. Sa première, qu’elle arbore comme un badge scout. Avec une vingtaine d’autres militants de Génération identitaire, Thaïs est aujourd’hui mise en examen pour « violences volontaires en réunion »« participation à un groupe formé en vue de la préparation de violences, de destructions ou de dégradations de biens » et « séquestration ».
Le 5 octobre 2018, la petite bande s’était introduite dans les locaux de SOS Méditerranée, une ONG qui vient au secours des migrants qui tentent la traversée, et est soupçonnée d’avoir vigoureusement délogé leurs occupants – ce qu’ils démentent. Thaïs, qui se verrait bien prof ou directrice d’école après ses études de langues, risque désormais l’inscription d’une première ligne sur son casier, à même pas vingt ans. Peu importe. Elle affirme être « en accord » avec ses idées, celles qui prônent « la préservation de l’identité française et européenne », et que « les nôtres » passent « avant les autres ».
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 Lire aussi  Qui sont les militants de Génération identitaire qui ont attaqué les locaux de SOS Méditerranée ?
Sa première expérience militante, elle la doit à la Manif pour tous. Ce grand moment de convergence entre droite et extrême droite sur les pavés a permis à Génération identitaire de s’offrir quelques recrues et, surtout, une nouvelle respectabilité à droite. Thaïs, elle, y a depuis gagné son nom gravé dans les toilettes de la faculté.

« Bataille culturelle »

A ses côtés, Aymeric Courtet serait presque jaloux. A 22 ans, lui qui a participé à quelques « actions nationales » se définit aujourd’hui comme un « ancien ». Il n’a pas pu « en être » à Marseille, car il attend un enfant pour l’été. Une « bénédiction », face à cette « immigration massive » qu’il voit comme une menace. Même si personne ne fait des enfants uniquement pour ça, « évidemment ». Ce vendredi soir d’avril, son appartement accueille un « cercle de lecture » militant. Lui a ramené Le Camp des saints de Jean Raspail, l’une des « bibles » de l’extrême droite qui raconte « l’invasion » de la France par des migrants. Thaïs a opté pour un ouvrage interne prônant la « remigration ».
Leur mouvement de jeunesse n’est pas un parti politique à proprement parler. Il joue la carte de la « bataille culturelle » et se félicite d’ailleurs de quelques « victoires idéologiques ». Comme cette proposition du président François Hollande de déchoir de leur nationalité les terroristes binationaux, qui avait fracturé la gauche après les attentats de novembre 2015.
L’actuel ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a lui carrément eu droit à une carte d’adhérent d’honneur, imprimée pour avoir jugé les ONG « complices »des passeurs. Sans compter, bien sûr, le Rassemblement national (RN) et sa tête de liste pour les élections européennes, Jordan Bardella, qui reprend mot pour mot certains slogans du mouvement.
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 Lire aussi  Castaner accuse les ONG d’être « complices » des passeurs
Des membres de Génération identitaire travaillent d’ailleurs pour l’ex-Front national (FN), sans toujours l’afficher officiellement. Matthieu Bontant, de son nom d’emprunt militant à Rouen, confesse ainsi du bout des lèvres avoir déjà donné « un ou deux coups de main » au parti lepéniste. Entre quelques photos prises pour eux ici, et quelques coups de com’ arrangés là. En 2015, il se présente sous l’étiquette FN aux cantonales sous son vrai nom, Balavoine… mais son deuxième prénom, Maurice – « pour des raisons professionnelles ». La normalisation a ses limites.

Actions symboliques à la communication travaillée

Rouen justement, où les identitaires se saluent main plaquée contre avant-bras : une tradition des chevaliers « pour vérifier qu’il n’y avait pas de dague ». Dans leur local du centre-ville à l’adresse gardée confidentielle, une salle de sport en sous-sol côtoie la fresque d’un arbre de vie et une tireuse à bières. Un local étudiant presque lambda si l’on n’observe pas de trop près les autocollants mêlant têtes de morts et slogans antimigrants, et que l’on n’écoute pas trop Thomas se confier sur son « malaise à Paris parce que, désolé, quand je vois des Noirs partout… »
Une parole raciste rarement assumée ainsi, de la part de ces jeunes qui se considèrent comme « l’élite » des militants identitaires. Leur credo : des actions symboliques à la communication très travaillée. Les mots sont choisis, les éléments de langage calibrés. Ici, « personne n’est islamophobe », mais tout le monde « lutte contre l’islamisation ». Personne n’est « raciste », mais le prétendu lien de causalité entre « extra-européens » et « délinquance » est répété à l’envi. « C’est simple : immigration massive, invasion migratoire, islamisation, terrorisme, attentat », assène professoralement Johan Teissier, 28 ans, aux jeunes militants attablés pour une « formation retouche photo » à Montpellier.
Génération identitaire tient tout de même à son actif une menace de dissolution par le gouvernement. Presque une publicité pour le mouvement, qui sait assez jouer avec la légalité pour rendre la tâche compliquée. « Si leur menace ne va pas jusqu’au bout, on y aura gagné une forme d’institutionnalisation », sourit le responsable national Clément Martin.
Un peu plus gênant : devoir se défendre d’un don de 1 000 euros de Brenton Tarrant, le terroriste australien ayant revendiqué l’attentat qui a coûté la vie à cinquante personnes dans deux mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande, le 15 mars. Finalement, les responsables politiques français n’ont pas été si nombreux à s’insurger. Le mouvement lui-même s’attendait à « bien pire ».

Influenceur mode, tendance hipster

En Autriche, la « star » des jeunes identitaires, Martin Sellner, a lui aussi eu affaire à la police pour avoir reçu du terroriste présumé un don un peu plus important. Graphiste à la formation philosophique et à l’éducation bourgeoise, l’Autrichien tout juste trentenaire est assez habile pour recycler les vieilles idées de l’extrême droite avec un bon marketing. En avril 2018, il avait d’ailleurs participé à la virée très médiatique des identitaires français dans les Alpes, à grand renfort de vidéos prises d’hélicoptère et de banderoles antimigrants déployées à la frontière.
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En réalité, Martin Sellner est surtout actif sur les réseaux sociaux, où ses comptes prennent les allures inoffensives d’influenceur mode, tendance hipster : il est le pur produit web 2.0 d’un quart de siècle de banalisation des idées d’extrême droite en Autriche.
Depuis l’arrivée au pouvoir des amis de Jörg Haider en 2000, le pays restera comme le pionnier d’un basculement le dépassant désormais largement. A Vienne, l’islam est aujourd’hui sur toutes les lèvres et l’activisme de Génération identitaire Autriche (IBÖ) fait énormément parler de lui, alors que les liens entre ses trois cents militants et le parti de la liberté (FPÖ) sont évidents. « Nous ne cherchons pas à faire carrière en politique, affirme Martin Sellner. Nous nous considérons comme les précurseurs d’une idéologie d’avant-garde, comme des défricheurs à la droite du FPÖ. Nous voulons installer l’idée d’une remigration, réfléchissons à la manière d’installer nos idées au cœur du débat politique. »
La même « bataille culturelle » est revendiquée par la jeunesse d’extrême droite au Danemark, où voilà bien longtemps que le mouvement nationaliste s’est normalisé. Depuis 2015, la fondatrice du parti du peuple danois (DF) Pia Kjærsgaard préside même le Parlement. Et les liens entre le parti et son mouvement de jeunesse (DFU) sont assumés.

Mise en avant de l’héritage chrétien

Christian Bülow, de la direction jeunesse, assure ainsi que « le parti nous écoute, parfois nous consulte et tient compte de notre opinion. » Le 27 mars, Kristian Thulesen Dahl, le patron de leurs aînés de DF, avait d’ailleurs fait le déplacement dans le sud du royaume pour assister au congrès de la jeunesse de DFU et mobiliser les troupes avant les européennes et le scrutin législatif, prévu le 5 juin.
L’événement se tenait à l’étage d’un restaurant dans le centre historique de Velje (Danemark). Sur des banderoles bien visibles à l’extérieur, le Viking barbu, manches retroussées et bras croisés – symbole de l’organisation créée en 1995 et forte d’un peu plus de 500 adhérents – accueille le visiteur. Pas l’ombre d’un manifestant aux alentours. Dans la grande salle aux murs blanchis à la chaux, une centaine de militants ont pris place autour de longues tables en bois, entonnant un classique du répertoire national : La chanson danoise est une jeune fille blonde. De jeunes hommes, en grande majorité, sont venus de tout le pays pour participer aux débats dirigés par le président de DFU, Chris Bjerknæs, 29 ans, ainsi que son prédécesseur, Peter Kofod, député et tête de liste de DF aux européennes.
A la tribune, les questions se succèdent : sortie du Danemark de l’Union européenne (UE) – une majorité vote pour, contrairement à DF qui a abandonné le principe d’un référendum sur le « Dexit » ; renforcement de l’enseignement de l’histoire à l’école – pour ; l’audiovisuel public contre lequel DF est en guerre ouverte ; mise en avant de l’héritage chrétien et de l’identité danoise dans l’enseignement scolaire – contesté, mais adopté ; retour de la peine de mort – le vote est finalement reporté…
« Nous voulions éviter un scandale », précise Christian Bülow, pour qui la lutte contre l’immigration est la priorité : « Trop de gens qui arrivent au Danemark refusent d’abandonner leur religion et leur culture et essaient de transformer le pays. » Jeremy Bo Pedersen, costume noir et cheveux gominés, approuve : « Le problème, selon moi, ce sont les musulmans. » L’étudiant en journalisme vient de fêter ses 20 ans.

« Pour que l’Europe ne devienne pas une Eurabie »

Ce discours radical convainc moins la petite jeunesse danoise que ses aînés : le 31 janvier, 800 000 collégiens ont voté lors des « élections scolaires », au Danemark – un entraînement à la démocratie grandeur nature, organisé avant les véritables scrutins dans les pays scandinaves. DF a obtenu 8,4 % des voix… contre 26,6 % aux dernières européennes de 2014.
Même piètre attractivité en Allemagne, où l’extrême droite ne prend pas particulièrement chez les jeunes. Aux législatives de septembre 2017, 8 % des 18-24 ans ont voté pour Alternative für Deutschland (AfD), qui a obtenu 12,6 % des voix. Die Linke, le FDP (libéraux-démocrates) et surtout les Verts sont bien mieux représentés chez les moins de 24 ans, alors que l’AfD surperforme plutôt chez les 35-59 ans. Et le mouvement de jeunesse du parti d’extrême droite allemand en est bien conscient.
Berlin, samedi 4 mai. Des cars policiers et quelques gros bras gardent l’entrée du congrès de l’AfD. A l’intérieur, des tracts et des cartes postales reprennent les affiches du parti pour les européennes, et notamment cette reproduction du tableau du peintre français Gérôme Le marché aux esclaves (1866), sur laquelle une jeune femme blanche, nue, est entourée de deux hommes barbus portant des turbans et de ce slogan : « Pour que l’Europe ne devienne pas une Eurabie ».
David Eckert, le président de la fédération berlinoise de la Junge Alternative, l’organisation de jeunesse de l’AfD, est présent, lucide sur la situation actuelle de l’AfD, qui plafonne dans les sondages pour les européennes autour de 10 %. A 27 ans, lui estime que les affaires auxquelles doit faire face le parti, notamment les accusations de financement illégal, pèsent énormément : « Les sondages seraient meilleurs si nous agissions avec plus de professionnalisme. » Il n’imagine d’ailleurs pas de chancelier AfD en Allemagne, « peut-être un vice-chancelier, mais pas avant une bonne dizaine d’années ».

Salvini « rajeunit » la Ligue

Son modèle à lui est autrichien : Heinz-Christian Strache, alors vice-chancelier d’extrême droite. Le jeune Allemand le trouve tout simplement « super » : « Le parcours du FPÖ autrichien nous montre la voie à suivre ici pour l’AfD en Allemagne. C’est un parti qui a su se professionnaliser et avoir une vraie base sociale, et qui est aujourd’hui au gouvernement avec les conservateurs. »
Quelques semaines après notre rencontre, Heinz-Christian Strache est contraint de démissionner du gouvernement et de la présidence du FPÖ sur fond de scandale, samedi 18 mai. Des images tournées en caméra cachée, en 2017, le montrent expliquer à une femme se présentant comme la nièce d’un oligarque russe comment financer de manière occulte son parti. L’extrême droite finit par quitter le gouvernement autrichien.
Les (autres) voisins au pouvoir sont évidemment autant d’exemples que ne se prive pas de brandir la jeunesse d’extrême droite européenne, pour affirmer que « c’est possible » et que la population serait de leur côté.
Coqueluche favorite, avec ses 32 % à 35 % d’intentions de vote et ses déclarations tapageuses sur les migrants, l’islam et l’UE : le ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini. Lui qui plaisait surtout aux Italiens du Nord les plus âgés a su séduire les jeunes partout en Europe. Et pour cause, le très extrême chef politique de la Ligue les choie 365 jours par an, à coup d’interminables séances de selfies et de publications en continu sur les réseaux sociaux. Au point qu’il est parvenu à supplanter son partenaire de gouvernement, le Mouvement 5 Etoiles (M5S), qui avait cimenté son ascension en dédaignant les médias traditionnels pour déployer l’essentiel de son activité politique sur Internet.
Arrivé fin 2013 à la tête d’une formation autonomiste vieillissante et marginalisée politiquement, Matteo Salvini a opéré en quelques mois un spectaculaire rétablissement, « rajeunissant » l’image de la Ligue du Nord en mettant l’accent sur le rejet de l’Europe et, surtout, de l’islam et de l’immigration.
Dernier exemple, fin avril, lors d’un meeting sur les bords du lac de Côme. Le ministre de l’intérieur italien fait monter sur scène un couple d’Italiens, venu avec ses six enfants, avant d’haranguer la foule d’accents « grand remplacistes » assumés : « C’est ça, l’Italie pour laquelle nous travaillons : que les enfants naissent ici et non qu’ils arrivent tout faits par bateaux depuis le bout du monde. La substitution d’un peuple par un autre, que soutient une certaine gauche, ça ne me plaît pas. » Un discours identitaire carburant sur la crainte de la submersion migratoire, qui progresse dans un pays où la démographie est au plus mal (449 000 naissances en 2018, soit 1,3 enfant par femme) et que des dizaines de milliers de jeunes adultes quittent chaque année.
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En Hongrie, une véritable armée de réserve

Mais c’est la très conservatrice droite hongroise de Viktor Orban, qui est certainement la plus emblématique, tant les « adulescents » militant pour le premier ministre sont l’incarnation de cette droite radicale passée de la marginalité au mainstream. Voilà neuf ans que leurs idées sont au pouvoir et Fidelitas, l’organe de jeunesse rattaché au parti Fidesz du premier ministre, compte plus de 100 000 membres.
Viktor Orban lui-même offre une attention particulière à ce réseau solide, qui recrute les mineurs dès 14 ans et jouit d’un maillage local constitué de plus de 200 groupes. Un vivier pour renouveler sans cesse ses équipes, à qui sont même reversés deux pourcents du salaire net des députés et des élus du Fidesz ; une véritable armée de réserve, qui constitue la plus grande organisation de jeunesse en Europe centrale.
« Et on y entre plus vraiment pour des raisons idéologiques », affirme Dalma Dojcsek, de l’ONG de défense des valeurs démocratiques TASZ. Aujourd’hui, ajoute-t-elle, s’engager dans la droite radicale en Hongrie, c’est tout bonnement « la voie royale pour faire carrière ». De l’extrémisme, au carriérisme.
Quand ils ne sont pas motivés par des raisons opportunistes, les militants de Fidelitas, souvent issus de familles anticommunistes, sont d’abord mus par une haine de la gauche. « Ma génération a été traumatisée quand, en 2006, les socialistes au pouvoir ont mené le pays à la faillite à coup de mensonges adressés au peuple », explique Adam Balazs, 25 ans et conseiller auprès de la secrétaire d’Etat à la famille, Katalin Novak, l’une des figures politiques montantes.
C’est l’une des particularités et peut-être un enseignement du cas hongrois : la crise, plus violente qu’ailleurs, a été largement imputée aux erreurs du gouvernement de l’époque. Au point que ses héritiers politiques ne s’en sont jamais relevés, et ont laissé place à une nouvelle génération. Beaucoup plus extrême.

vendredi 3 mai 2019

Même pour les libéraux la liberalisation de l'electricité fonctionne mal (pas) !

Article du tres liberal

«Nucléaire: le champ de bataille du prix de l’électricité». La chronique de Frédéric Gonand

«Nucléaire: le champ de bataille du prix de l’électricité». La chronique de Frédéric Gonand
Depuis quelques mois, le petit monde de l’énergie s’agite sur l’avenir d’un dispositif mis en place il y a dix ans, l’ARENH (Accès Régulé à l’Energie Nucléaire Historique). Ce mécanisme permet aux concurrents d’EDF d’acheter l’électricité produite par les centrales nucléaires à son coût de production et non à son prix sur le marché de gros. Son but consiste à rétablir la concurrence entre les fournisseurs alternatifs et la filiale commerciale d’EDF. Concrètement, quand le prix sur le marché de gros est inférieur au coût de production (fixé à 42€ par megawattheure), le dispositif ne sert à rien - ce qui a été le cas en 2016. Mais quand le prix de l’électricité sur le marché de gros redevient supérieur à 42€/MWh, les concurrents d’EDF se précipitent sur le dispositif de l’ARENH dont l’accès est rationné. C’est la situation actuelle.
Le gouvernement a annoncé une réforme de l’ARENH l’année dernière. La Cour des Comptes, la Commission de régulation de l’énergie, l’Autorité de la concurrence ont rendu leurs rapports, ce qui fait beaucoup de rapports publics. Le gouvernement a semblé enterrer la réforme le 4 avril dernier. Mais le débat continue à couver.
Pour les fournisseurs alternatifs, l’ARENH est toujours trop cher et trop contraignant : c’est de bonne guerre. Pour EDF, l’ARENH le prive d’une valorisation de marché de son électricité nucléaire : ce n’est pas faux. Pour l’Autorité de la concurrence, un rationnement du dispositif pèserait sur la concurrence : ce n’est pas complètement impossible mais ce n’est pas sûr non plus. Pour la Cour des Comptes, il convient d’aménager le dispositif : ce n’est pas très original. Pour la Commission de régulation de l’énergie, une évolution de l’ARENH aurait peu de chance d’améliorer la concurrence entre fournisseurs historiques et alternatifs. Surtout, le régulateur de l’énergie estime que le problème est l’absence d’incitation des concurrents d’EDF à investir dans des moyens de production d’électricité concurrents au nucléaire. Et l’ARENH n’apporte aucune réponse à cette question.
Au total, l’ARENH ne paraît plus favoriser autant la concurrence aujourd’hui que dans le passé. Par ailleurs, elle assèche les liquidités sur le marché de gros et ne favorise donc pas un bon fonctionnement des marchés. Et elle n’a pas renforcé les investissements dans la production d’électricité au cours des dernières années. Bref, l’ARENH n’apporte plus aujourd’hui de réponse pertinente aux problèmes actuels du secteur.
L’économie de l’électricité est chose complexe et frustrante. On espère toujours sortir du monopole pour tirer profit des bénéfices du marché. Mais les marchés ne fonctionnent pas bien dans ces secteurs où les coûts fixes sont énormes et les effets d’échelle très importants. Des rustines réglementaires sont alors inventées pour tenter de renforcer la concurrence malgré tout : hier le TARTAM, aujourd’hui l’ARENH. Ces dispositifs fonctionnent fatalement mal. L’idéal serait un modèle où un régulateur puissant contraint un opérateur historique efficace. La réalité est asymptotique : elle se rapproche de cet idéal, sans jamais pouvoir l’atteindre.
Frédéric Gonand est professeur d’économie – Université Paris-Dauphine.