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dimanche 9 janvier 2022

La mort des sols en agriculture

 


Entretien avec Claude Bourguignon (Pièces et main-d’œuvre)

A ce stade de la complexité des questions soulevées par notre rapport actuel à l’environnement, à l’Agriculture, il est utile d’écouter maintenant ce que Claude Bourguignon nous expliqua en 1991, lors d’une rencontre-entretien réenrichie en 1994. Claude Bourguignon est docteur es-sciences, directeur du Laboratoire d’Analyse Microbiologique des sols (analyse sur le terrain et au laboratoire, sur le plan chimique et biologique des sols agricoles afin d’aider les agriculteurs dans leur gestion sol en France, en Europe, en Amérique et en Afrique), ingénieur agronome (INA PG), membre de la Société d’Ecologie, membre de la Société Américaine de Microbiologie, enseignant à la première Chaire Française de Pédologie et de Microbiologie du sol (Beaujeu), auteur du livre : "Le sol, la terre et les champs" (Ed. La Manufacture/Sang de la Terre. 1989.), expert du sol auprès de la CEE. Le passage constant du terrain au laboratoire, de la politique au fondamental, lui permet d’avoir une approche globale du sol

En tant que spécialiste de la vie des sols, pouvez-vous estimer le pourcentage des sols de France atteints par la pollution (et dans quelle proportion) .?

Claude Bourguignon : 10% des sols sont pollués par des métaux lourds. 60% sont frappés d’érosion. 90% ont une activité biologique trop faible et en particulier un taux de champignons trop bas. Idem dans le monde. De plus le phénomène de fatigue des sols (chute de rendements) se fait sentir en maraîchage et en culture betteravière.

Qu’est-ce que c’est pour vous, un sol ?

C. Bourguignon : Le sol est une matière vivante complexe, plus complexe encore que l’eau ou l’atmosphère qui sont des milieux relativement simples. Vous savez, le sol est un milieu minoritaire sur notre planète : il n’a que 30 centimètres d’épaisseur en moyenne. C’est le seul milieu qui provienne de la fusion du monde minéral des roches-mères et du monde organique de la surface - les humus. Je vais être obligé d’être un peu technique pour vous expliquer...

Sur trente centimêtres d’épaisseur, le sol héberge 8O % de la biomasse vivante du globe. Et dans ce sol, très mince, il y a beaucoup plus d’êtres vivants que sur le reste de la surface de la terre. Cela ne se voit pas. C’est un monde microbien que l’on a d’autant plus négligé qu’il ne coûte rien...Un énorme tabou pèse sur le microbe. Il est extrement mal vu dans notre société. Il est source centrale de mort dans la vision pasteurienne. Les microbes sont fondamentaux pour la vie. Sans ces intermédiaires, les plantes ne peuvent pas se nourrir. L’industrie de l’homme, dans son fonctionnement, ne fait que copier le microbe. Le problème, c’est l’énergie phénoménale que cela coûte. Les bactéries des sols fixent l’azote de l’air pour faire des nitrates. Gratuitement ! L’homme, lui, utilise 10 tonnes de pétrole pour fixer une tonne d’azote. Qu’il vend. Cher. En oubliant de dire que les molécules chimiques ne fabriquent pas un sol. C’est le paysan qui la fabrique de ses mains, ce sol. Alors évidemment, l’industrie a eu intérêt à remplacer le modèle traditionnel de l’agriculture Française... Et, lorsque j’ai mis au point ma méthode de mesure de l’activité biologique des sols, je me suis rendu compte de la réalité. Les agriculteurs biologiques ou biodynamiques ont des sols beaucoup plus actifs que ceux qui travaillent en conventionnel. Des sols vivants.

C’est le moment où vos ennuis commencent avec l’Inra ?

Claude Bourguignon : Exactement. L’Inra a rejeté en bloc l’agriculture biologique, bio-dynamique, sans l’avoir jamais étudiée ! C’est une faute professionnelle grave de la part de cet Institut face à la déontologie scientifique. C’est là où il a perdu sa liberté. Ce n’est plus réellement un Institut d’état. C’est un Institut au service des grandes entreprises marchandes d’engrais. Plus de la moitié des commandes de thèses de l’Inra proviennent d’elles. Et il n’y a pas que l’Inra. L’ensemble des instituts mondiaux se sont finalement laissés dominer par les marchands. Mais cela ne veut pas dire que les chercheurs de l’Inra soient heureux. Un certain nombre d’ailleurs le vivent mal... Aujourd’hui, l’Inra prend peur parce que le monde agricole, entre autres, lui réclame des comptes. Hier, les recherches favorisant l’environnement n’étaient pas un créneau porteur. Aujourd’hui elles le sont puisqu’il y a des budgets CEE et des marchés à saisir. Je pense que dans dix ans l’Inra affirmera qu’il a toujours été pour l’agriculture biologique. Dans trente ans, il rappellera qu’il a toujours soutenu la bio-dynamie.

Et tant mieux. Ce sera la preuve que nous serons enfin parvenus à travailler ensemble pour régler le vrai problème : la pollution de la planète.

Quelle a été votre démarche au début de vos recherches ?

Claude Bourguignon : J’ai essayé de comprendre pourquoi certains sols étaient plus vivants que d’autres. Cela varie en fonction des modes de cultures choisis.

Traditionnellement, on fertilisait le sol avec de l’humus, l’argile était marnée et on utilisait un liant, le calcium souvent. On mélangeait l’ensemble au compost que l’on répandait sur le sol. Les engrais verts, eux, favorisaient les microbes minéralisateurs. Les microbes "intermédiaires" vivants près des racines des plantes étaient fertilisés par la rotation des espèces végétales cultivées. Enfin les microbes vivants près des roches mères étaient stimulés par les roches broyées. Aujourd’hui, ces étapes n’existent plus. On donne dans la monoculture... On ne pratique plus la fertilisation. Ce mode de production nie la vie microbienne. Et aujourd’hui, la production stagne quand elle ne régresse pas. Mes relevés d’activité biologique indiquent que les sols cultivés avec les engrais chimiques meurent, peu à peu.

Quelle est votre vision du rapport de l’homme à la terre, et à l’agriculture ?

Claude Bourguignon : L’agriculture est d’abord l’histoire tragique de 15 000 ans de famine. Dans la période de la cueillette, l’homme respecte la terre comme sa mère nourricière. Plus tard naît l’agriculture. Mais elle ne commence à nourrir les hommes qu’au XVIIIe siècle. L’empire romain naît puis disparaît, ses sols détruits. Cinq siècles plus tard, l’Europe s’unifie sous Charlemagne et s’attaque alors à son grand bloc forestier à peu près intact, de la Gaule à la Pologne. En peu de temps, 70 % des forêts disparaissent... Des tas de manuscrits du début du XIVe siècle décrivent des orages terrifiants venant de la mer, provoqués par la disparition des forêts qui tamponnaient le climat. Au XVIIe siècle, l’Europe sort de ce cauchemar écologique à travers la pratique du labourage et du pasturage. On remplace les jachères par la culture des légumineuses qui fixent l’azote. Chose que l’on ne savait pas à l’époque. Cela donne un abondant fourrage qui va nourrir le bétail. Mais il faut le garder pour qu’il cesse d’errer sur les terres cultivées. Alors on invente la haie. Les haies ont un rôle remarquable de rééquilibrage du climat. En fait, on crée la forêt maillée. Et de ces bêtes immobilisées dans les champs on récupère les excréments qui, mélangés à la paille des céréales, donnent le fumier. Ce fumier est composté puis répandu sur les terres. C’est ce qu’on appelle l’amendement de la terre. On cesse alors de mourir de faim en Europe.

Mais au me moment où l’on résout le problème écologique en réintroduisant l’animal dans le système agricole, l’industrie arrive et fout tout par terre. Aujourd’hui, nous perdons en moyenne 10 tonnes de sol par hectare et par an. Les paysans Français utilisaient 120 millions de tonnes de fumier pour 30 millions d’hectares. 4 tonnes de fumier par hectare donnent 2 tonnes d’humus. La tâche de liaison avec l’argile est assurée. Les sols sont équilibrés et continuent à s’améliorer au fil des ans.

Le sol est une matière vivante. Aujourd’hui nous perdons en moyenne 10 tonnes de sol par hectare et par an. Vous faites le calcul et dans trois siècles, c’est le Sahara. Il faut réagir maintenant. La nature réagit très fortement. Ce n’est pas grave. Ce n’est pas la fin du monde. Je ne crois pas aux fins du monde. Il y a des civilisations qui naissent, atteignent leur apogée et meurent. D’autres prennent la relève. Je crois que telle que cette civilisation est structurée, elle sera incapable de faire face au problème numéro 1 qui est le problème de l’Environnement et de la Terre. Avant le problème était celui des choix politiques, de l’homme, de l’existence des classes sociales. Mais notre grand problème à nous est unique. C’est la Terre. Et la civilisation ne change pas, me face à sa mort prochaine.

Continuer à nier ce fait nous mène droit à la catastrophe. L’agriculture écologique au plan mondial est la garantie d’un rapport juste entre l’homme et son environnement, pour une alimentation saine et une juste rétribution du travail de chacun. Et la culture bio-dynamique, ça veut dire sauver les pays du Tiers-Monde de la famine, oui les sauver !!! Mais actuellement, cela va trop vite. Un Ministre de l’Environnement ne peut rien faire face à Rhône-Poulenc qui cherche à vendre ses molécules de synthèse. Il faut les amortir. Dans la recherche c’est très net. Vous êtes payés par des contrats. Imaginez que j’aille chez Rhône-Poulenc pour leur dire : J’ai un projet de recherches que j’aimerais que vous financiez et qui montre que vos produits détruisent la vie des sols...Ils éclateraient de rire !!! Mais s’ils connaissaient le coût réel de leur éclat de rire, ils reprendraient leur sérieux et ils accepteraient tout de suite...

Un autre problème soulevé est la capacité de retraitement de l’azote industriel par l’activité microbienne du sol...

CB : Le problème de la circulation d’un élément dans le sol est lié à sa concentration. Si la concentration d’un élément est très faible, par exemple s’il n’y a plus d’azote dans les sols, la mobilité de l’élément sera surtout une mobilité biologique c’est-à-dire que la Vie va se jeter dessus parce qu’il est rare. La vie ne va surtout pas le laisser passer. Par contre, si un élément devient très abondant, il y aura une mobilité physique dominante, c’est- à dire qu’il peut suivre l’eau tout simplement. Parce que la vie en a trop, elle ne va pas s’amuser à tout prendre ! Donc elle laisse passer et l’environnement se trouve pollué. L’avantage du microbe c’est qu’il travaille au fur et à mesure des besoins de la plante puisqu’il travaille en me temps que la plante. Quand le sol est sec les microbes s’arrêtent et les plantes ne pompent plus le sol. Quand il fait trop froid, les microbes ne travaillent pas mais les plantes ne poussent pas. Comme c’est un système vivant, que les bactéries sont aussi des plantes, ils travaillent en symbiose totale. L’homme de l’agriculture chimique met son azote à n’importe quelle saison ; il ne le fractionne pas comme le microbe, donc il pollue. Ce qui fait que, "curieusement", la grande majorité des agronomes ne connaissent rien à la microbiologie des sols. Parce qu’il n’y a pas d’enseignement. Il n’y a aucune chaire officielle de microbiologie des sols en France depuis la disparition du secteur microbiologie des sols de l’Institut Pasteur. l’Inra a confié son secteur à un professeur qui s’intéressait surtout à la microbiologie industrielle qui est très à la mode, d’où l’ignorance des agronomes en matière de cycles microbiens, pour la plupart.

Pour eux, sans engrais chimiques, sans NPK, c’est la mort ... du sol ! Pour eux, le sol est d’ailleurs un simple support inerte sur lequel il suffit de répandre des solutions chimiques magiques ! Alors que le fondateur de l’agriculture chimique, Justus Van Liebig n’a jamais dit ça. On a mal interprété ses paroles. Ses écrits ont été complètement déformés par l’industrie des produits chimiques.

Liebig a montré sous quelles formes les plantes absorbaient les éléments ; il a montré que la plante ne pouvait pas prendre l’azote autrement que sous la forme nitrates, forme fabriquée par les microbes. Il n’a jamais dit qu’il fallait mettre des nitrates dans les sols. Il a montré que la plante attendait que les microbes aient fabriqué des nitrates pour les prendre. Il a montré qu’elle attendait la forme phosphate, sulfate. Les plantes attendent toujours des formes électronégatives et cela, pour des problèmes de stratégie d’absorption. Contrairement à nous, le gros ennui de la plante c’est qu’elle se nourrit d’un support d’origine minérale où domine essentiellement la silice (56% des roches mères), le fer, l’aluminium. La plante, elle, est très pauvre en fer, en silice et en aluminium. Par contre la plante est riche en azote, en phosphore et en sulfate, éléments qui manquent dans la terre. La plante est donc obligée de développer une stratégie très astucieuse d’absorption, "l’absorption active". Elle ne peut se laisser traverser par les lois de la chimie qui disent que toute substance tend à s’égaliser de part et d’autre d’une membrane vivante. Si la plante se laissait faire par cette loi là, elle aurait la me

concentration que le sol. Ce qui n’est pas du tout le cas.

Alors comment fait-elle ? Elle utilise un système d’une remarquable intelligence, système utilisé d’ailleurs par l’ensemble de la vie dès qu’il y a des problèmes d’échange électrique à opérer. La première série des éléments du tableau de Mendeleieff sont ce qu’on appelle les cations monoatomiques. Ce sont des atomes qui sont porteurs d’une charge positive. Ces éléments ne sont jamais constitutifs du matériel vivant sauf l’hydrogène qu’on met en dehors du tableau de Mendeleieff parce qu’il possède un comportement très spécial.

C’est un peu de la triche, lui ! C’est le Numéro 1 ! L’Hydrogène !

CB : Oui c’est le numéro 1. Et bien sûr il fonctionne différemment. Mais si vous prenez lithium, sodium, potassium, rubidium, césium, ils sont tous parfaitement équivalents et ils servent à la plante à se charger positivement. Donc la plante a des pompes qui consomment de l’énergie accumulée en quantité par la photosynthèse. Elle dépense son énergie pour charger ses cellules racinaires positivement avec ses cations monoatomiques qui ne fabriquent aucune molécule vivante. Il n’existe aucune cellule vivante contenant du potassium, contenant du sodium, du lithium. Mais par contre, cela rentre très facilement à travers les membranes. D’ailleurs cela fait partie des très rares atomes que nous pouvons manger, nous les humains, à l’état pur, sans passer par la forme organique. Il en est de me pour l’avant-dernière colonne du tableau de Mendeleieff, celle des anions monoatomiques (chlore, fluor, iode). Tous ces éléments nous pouvons les manger purs. Nous pouvons manger du NaCl - du sel - et nous l’absorberons très bien. Nous pouvons prendre du chlorure de potassium, idem. Ce sont les seules formes et tous les êtres vivants peuvent le faire.

Donc la plante se charge positivement et une fois qu’elle est plus, que fait-elle ? Une fois qu’elle est devenue une pile positive, elle attend que les microbes fabriquent du "moins". Cela va pouvoir entrer me si les concentrations sont faibles à l’extérieur parce qu’elle va créer une force électrique tellement forte que ça va attirer un ion négatif alors qu’il est très rare à l’extérieur et c’est ainsi que les plantes se nourrissent.

Alors les microbes ont deux techniques pour fabriquer des éléments négatifs. Ils ont la technique de l’oxydation. Ils oxydent l’azote en nitrate, le phosphore en phosphate, le soufre en sulfate, le sélénium en sélénate, le calcium en oxyde de calcium, etc. Mais il y a des éléments oxydés qui sont insolubles, tel l’oxyde de fer. Comment la Vie a-t-elle résolu ce problème ? Par un système très astucieux : la chélation de l’élément ... par le microbe !

Il prend l’élément et l’attache sur une molécule organique. Quelle molécule organique utilise-t-il ? Un acide organique qui est une fonction chimique de type CO-O, fonction négative qui pourra rentrer dans la plante. C’est une sorte de pince si vous voulez qui va entraîner l’élément dans la plante, qu’elle capte électriquement. On appelle cela la "chélation".

Nous ne faisons que copier la Nature. Avec industrie et finances en prime. Justus Van Liebig avait pourtant rappelé que la boîte de conserves de Nicolas Appert était une nourriture militaire, pour temps de guerre, d’épreuves, transitoire mais nullement préférable à une nourriture fraîche.

CB : Oui, de secours. D’ailleurs que l’on ait extrait de l’huile à chaud pendant la dernière guerre mondiale, parce qu’on n’avait pas d’huile à donner aux Français, on comprend tout à fait. Mais que les huiliers aient gardé le procédé d’extraction à chaud alors que c’était interdit avant la guerre, là c’est scandaleux. Là, ils font de l’argent sur le dos des gens et cela ne correspond plus du tout à un problème de survie. C’est devenu un problème de gros sous.

C’est exactement comme à la sortie de la guerre de 14-18. Pourquoi a-t-on violé les agriculteurs avec les nitrates ? C’est que les nitrates avaient été fabriqués par Haber, en 1913. Haber trouve enfin la technique qui permet de prendre l’azote de l’air et de fabriquer des nitrates. C’est cette découverte qui permet à l’Allemagne de déclencher une puissance de feu phénoménale : les nitrates de synthèse permettent de fabriquer des bombes en remplaçant le salpêtre. L’Allemagne va avoir de l’azote à profusion, tant qu’elle veut. L’azote, c’est 79% de l’atmosphère. La vie microbienne du sol et certaines plantes captent l’azote de l’air, gratuitement. L’industrie, elle, développe ses usines qui coûtent horriblement chères. Et l’Occident va ainsi fabriquer ces nitrates avec ces techniques et cela va être une grande guerre mondiale. A la sortie de cette guerre, il va bien falloir pacifier ces usines qui ont coûté si chères. On ne peut pas les fermer comme ça ! Il faut les amortir !! Et comme Justus Van Liebig avait montré que c’est sous la forme de nitrates que les plantes se nourrissent, ils ont fait tout de suite l’interface.

Et au début on a été raisonnable, comme dans la plupart des interventions humaines. Entre les deux guerres, on préconise 20 à 30 kilos d’azote à l’hectare. On ne viole pas les sols. Les rendements augmentent de façon spectaculaire. Et puis la loi du commerce augmentant, on est passé à 50, puis 100, et maintenant on en est à 248 kilos d’azote à l’hectare Aujourd’hui, c’est du délire.

Je n’ai pas les positions extras des tenants les plus radicaux de l’Agriculture Biologique. Je trouve normal que par son intelligence l’homme comprenne les mécanismes vivants et les perfectionne. Mais quand on en arrive à mettre 248 kg d’azote à l’hectare sur le blé on délire. Du délire commercial. On abîme l’environnement et on abîme la santé des gens. Et là je ne suis plus d’accord. Et en tant que scientifique, je m’oppose à cette pratique là. On doit demander à un sol ce qu’il est capable de produire en fonction de sa fertilité naturelle. Tout le monde veut faire 100 quintaux à l’hectare en France. Cela ne tient pas debout ! On ne roule pas à 240 km/h avec une 2 CV !!

C’est pareil avec les sols. La première chose : regardons notre sol et travaillons en fonction de son potentiel de départ.

C’est là où vous intervenez. Comment évaluez-vous la fertilité d’un sol ?

CB : J’ai développé cette technique à partir d’une idée fort simple : le sol est un système dynamique souvent profond d’environ trente centimètres, ce qui n’est pas très épais. Parfois, on analyse des sols qui sortent directement de la roche-mère, que l’on touche en sondant le sol. Mais d’autres sols sont si profonds qu’on ne peut pas toucher la roche-mère, tel Roissy où trente-trois mètres de profondeur de limons fertiles ont été recouverts par du béton et du goudron !

Bon. Quand vous étes en Bourgogne, sur la Côte d’Or, si vous voulez reconnaître l’état d’un sol, vous allez jusqu’à la roche mère. Je prélève le sol à différentes profondeurs et emplacements. Je vais jusqu’à la roche et je prélève les différentes couches. Pour moi, les différentes couches du sol c’est un peu comme des strates dans une forêt équatoriale avec ses différents niveaux écologiques et ses microbes variés. De multiples situations biologiques. Je peux alors étudier l’évolution des argiles, leur qualité, leur surface interne de la roche mère jusque vers la surface. Je compare avec la partie travaillée par l’agriculteur. Je compare le travail accompli par la Nature et celui de l’homme. Je vais comparer la qualité des argiles. En analyse chimique, je vais comparer les choses classiques (degré d’acidité en pH, pHO, pHKCL). Je vais comparer la capacité des charges captioniques. Je vais regarder l’activité biologique des sols. Comment elle évolue dans la profondeur du sol.

Je connais aujourd’hui beaucoup de sols sur tous les continents de notre planète. La conclusion générale est la suivante : normalement, les sols en bon équilibre ont une activité biologique qui baisse avec la profondeur jusqu’à environ 30 centimètres, pour ensuite rester parallèle à la roche mère. On a deux grands groupes microbiens : en surface ceux de la matière organique. On est en présence de l’atmosphère. On a les groupes les plus actifs, le gros de l’énergie vivante qui se déploie. Ensuite, la seconde couche, des profondeurs, aboutit un substrat purement minéral jusqu’aux organismes dévoreurs de pierres, les chimio-lithotropes.

Avec l’ensemble de cette approche physique, chimique et biologique entre ce que fait l’agriculteur, ce qu’il a donné au sol, je peux déterminer le dynamisme du sol à venir. Si par exemple je vois de bonnes argiles au fond et que je ne retrouve que de mauvaises argiles à la surface ? Le sol est en train de s’abîmer. Les humus sont de mauvaises qualités. Mon activité biologique n’est pas plus forte en surface que dans la partie minérale ? Mon sol est en train de se minéraliser jusqu’à la surface. Ce sol est mort.

C’est en faisant ces relevés et comparaisons que j’ai constaté des faits importants. Tout le monde constate que la matière organique baisse dans les sols. Mais personne ne s’est jamais occupé de la qualité de cette matière organique. J’ai étudié la capacité de charge cationique des agricultures conventionnelles. Elle est deux ou trois fois plus importante. Hélas cet aspect qualitatif est peu étudié car nous sommes encore dans une société du quantitatif qui se refuse encore à comprendre que les sols sont en train de mourir en Occident. Ce sont eux qui nous nourrissent, ne l’oublions pas. Alors si votre sol est déséquilibré, ce n’est pas en lui apportant les éléments NPK que vous allez recharger les choses. La plante prend environ 28 éléments dans le sol. Ce n’est pas en lui en apportant trois que vous allez lui rendre la santé. Alors la plante tombe malade. Le NPK fait grossir la plante par les éléments de la turgescence. C’est d’ailleurs pour cela que ces 3 éléments ont été retenus. Mais ils ne suffisent pas à la plante. La nature est sans pitié. Dès qu’il y a quelque chose de carencé, les parasites se jettent dessus pour l’éliminer. Il ne doit pas faire de progéniture, il doit disparaître. Donc les plantes tombent malades. Que font les agriculteurs ? Ils traitent. Comme ils traitent, ils massacrent le peu de microflore et microfaune qui reste dans le sol. Les plantes sont encore plus carencées. L’agriculteur rachète encore plus de pesticides.

Et comme ce sont les mes firmes qui font les engrais, les pesticides, et qui ensuite font les médicaments. Alors pour les gens qui mangent ces plantes carencées ce n’est pas prêt de s’arrêter. D’autant que les marchands d’engrais ont des marges de plus en plus faibles sur leurs engrais et que les vraies marges, c’est sur les pesticides et les produits phytosanitaires qu’ils les font. Donc, ils n’ont pas du tout envie, pas du tout du tout, que cette manne s’arrête. Rééquilibrer nos sols, rééquilibrer nos plantes, ça voudrait dire aussi baisser les charges de Sécurité Sociale dans les sociétés occidentales. Ce que personne ne veut voir ! Parce que toute l’industrie pharmaceutique est là . Absurde.

Si on laisse faire, quelle est la perspective ?

CB : Nul besoin d’être prophète. Tout ce que les écologistes sérieux ont avancé depuis trente ans se vérifie aujourd’hui. Nous jouons à l’heure actuelle l’avenir de notre civilisation. Nous sommes en train de vivre l’Austerlitz de l’Occident. Que va-t-il se passer si on laisse faire ? L’Occident va s’écrouler parce qu’il n’y a plus de critiques, plus de remises en cause. Et nous allons mourir comme toutes les civilisations par destruction des sols. Comme l’empire romain, les mayas...

L’humus c’est le mot humanité. Nous avons surtout notre malheur en nous-mêmes. C’est notre civilisation qui est dangereuse car elle porte sa mort en elle. Elle est en train de s’auto-détruire en criant un grand cocorico de victoire. La science peut nous tuer car la morale ne suit pas. Nous avons une morale biblique et une technologie du XXIe siècle. Les scientifiques sont devenus les nouveaux prêtres., au XIIe siècle ils étaient moines !! Le commun des mortels est coupé de la culture scientifique, technique et industrielle que manipulent les spécialistes distanciés. Et cela fait très peur. Regardez le pilote d’avion qui dirige sa bombe avec un laser sur des objectifs ! Il fait une guerre propre. La preuve ? Il ne voit pas le résultat de son geste sur son écran T.V. !!! La science occidentale moderne distancie essentiellement les choses. Elle le fait de tout.

Et au niveau alimentaire de l’Occident ?

CB : La distanciation au niveau alimentaire est claire. Les gens ne veulent plus savoir qu’ils mangent la mort d’un animal. En conséquence, on leur propose une espèce de viande carnée, congelée, mise en sachet dans un bac. Les poissons ? Ils sont déjà panés. Les abattoirs sont présentés comme très hygiéniques. Les bêtes n’y souffrent plus... Il n’y a plus la moindre trace de meurtre. La personne peut donc manger la viande comme si c’était de la purée. Elle n’a pas l’impression de participer à un crime. Le steak haché type hamburger il faut beaucoup d’imagination pour rapprocher cela de la viande. Donc l’homme se sent complètement déculpabilisé et à ce moment il peut accepter que les bêtes soient élevées comme elles le sont : dans des camps de concentration absolument monstrueux. J’estime que tous les lycéens de France devraient aller voir au moins une fois comment on traite les cochons, les poulets, les veaux, etc. dans l’industrie intensive. Et ils devraient aller ensuite visiter un abattoir. C’est très impressionnant de voir des bêtes qui arrivent vivantes et qui, en moins de 15 mètres,

sont déjà complètement saignées. La vitesse de transformation de la bête vivante.

C’est extraordinairement choquant !

Sans faire du passé un âge d’or, la notion de fête est perdue. Autrefois, la mort d’un animal était rare et festive. L’animal était un compagnon et sa mort était vécue, acceptée, transcendée, transformée par un acte touchant la vie et la mort. La source du sacré. L’animal était complice de la vie de l’homme, lorsque ceux-ci entretenaient un rapport d’amour respectueux de la nature. Maintenant la viande est devenue un produit totalement banal et pour pouvoir donner de la viande de façon banale à tout le monde, tous les jours de la semaine, on fait des camps d’élevage atroces. Les bêtes sont piquées tous les jours. Si on ne pique pas les cochons industriels aux tranquillisants ils meurent de crise cardiaque, etc. Ce qu’on arrive à faire dans les élevages industriels, c’est à vomir. A vomir. Et c’est accepté en toute impunité de la science, de l’hygiène, de la technologie. Vous savez je pense qu’une société qui traite la vie comme cela ne peut pas se traiter elle-même correctement. La société fait des guerres propres. C’est comme l’agriculteur qui passe dans son champ avec ses produits de mort à 400 grammes l’hectare. Après il a un champ nickel-chrome. Il n’y a plus un seul coquelicot pour le blé. Plus une mauvaise herbe. Propre. Rationnel. Enfin quelque chose de propre ! La mort est d’une grande beauté...

Quelles solutions alors ?

CB : Comme le disait très bien Kant, une chose est morale quand elle est généralisable à l’ensemble de l’humanité. Notre agriculture industrielle n’est pas généralisable. S’il fallait simplement pour l’azote industriel apporter à l’ensemble des terres cultivées la quantité d’azote que mange la France, la totalité de la flotte mondiale ne suffirait pas transporter l’azote en question. C’est impossible. Ce n’est pas généralisable. Donc il faut changer d’agriculture. Car on se garde bien de dire aux Français qu’avec notre système alimentaire il faut un hectare de terre cultivée pour manger dans les pays riches. Tandis qu’il ne reste que 2600 m2 de terres cultivées par habitant. Alors ? Si nous consommons un hectare, c’est qu’il y a des êtres humains qui ne mangent pas. C’est une simple mathématique, mais elle est vraie. Et il faut continuer. Il reste 3 hectares par habitant à l’heure actuelle sur la planète Terre, toutes terres confondues, Sahara, Pôles. Tout. Sur ces trois hectares on prélève de quoi s’habiller, faire notre maison, notre voiture, etc. Et sur ces terres il reste 2600m2 cultivés, pour manger. Et il en disparaît à l’heure actuelle l’équivalent de la surface de la France tous les ans par érosion. Les rendements sont en train de stagner en Europe. On parle de fatigue des sols. Avant c’était tranquille, les engrais solubles étaient déversés et on augmentait de 3 quintaux/hectare/an. Tout le monde criait victoire. L’INRA annonçait déjà 150 quintaux à l’hectare dans le début des années 80. Aujourd’hui, on remet sérieusement en doute cela. On voit des agriculteurs habitués à leurs 100 quintaux qui tombent à 40 quintaux. Par fatigue des sols...

Or si vous comparez la teneur en éléments des sols telle qu’elle se pratique dans les méthodes d’analyse conventionnelle, les sols d’agriculture biologique ont souvent moins d’éléments solides que les sols en conventionnel ; donc selon les critères retenus par l’agriculture conventionnelle, ils sont moins fertiles. Par contre en tant que milieu "sol", les sols en agriculture conventionnelle sont déséquilibrés. Cela dit, il y a des gens en "Bio" qui travaillent très mal. Certains ont simplement remplacé les engrais chimiques par des engrais organiques. Ce n’est pas cela l’agriculture.

L’agriculture vivante est celle qui amende ses sols.

Amender ? Restituer. C’est l’équivalent pour l’agriculteur de l’entretien du matériel productif par l’industriel ; le sol est ce qui produit, donc il faut l’entretenir.

La fertilisation (ou l’amendement donc) possède trois volets. Traditionnellement, on fabriquait de l’humus en compostant. Pour les argiles, on marnait : on apportait des argiles calcaires et on les mélangeait à un liant, la plupart du temps le calcium. Le tout était mélangé au compost et on épandait sur le sol. On entretenait ainsi tous les ans son matériel de production. Et on l’améliorait.

Second volet de l’amendement : la fertilisation des microbes. Les microbes vont nourrir les plantes, donc il faut les fertiliser. On fertilise les deux grands groupes : le groupe de la matière organique et celui de la chimie lithotrophe. Le groupe de la matière organique se divise en trois.

a) le groupe de l’humification que l’on fertilise par le compost.

b) le groupe de la minéralisation qui est fertilisé par les engrais verts.

c) le groupe de la rhizosphère (les microbes qui vivent contre les racines des plantes et qui les nourrissent), est entretenu par la rotation des cultures. En effet, chaque espèce de plantes stimule une certaine microflore. Et enfin il y a le groupe des chimiolithotrophes, c’est-à

dire celui des roches mères. On les nourrit par des roches broyées. Si on est en terrain calcaire, on broie du granit et on équilibre ce que la géologie a mal distribué.

Et puis enfin le dernier volet : la fertilisation des plantes. Elle consiste à apporter ce que l’on a exporté pour ne pas appauvrir son sol en éléments nutritifs. Vous prélevez 50 kg d’azote ? Vous restituez 50 kg d’azote. Maintenant avec l’agriculture industrielle, les deux premiers volets n’existent plus. On fait de la monoculture. On ne fait plus que la fertilisation des plantes. Et dès qu’on a un système non généralisable qui se généralise c’est la mort garantie à très brève échéance, dans n’importe quel groupe humain. On ne donne pas trente ans à cette civilisation en analysant les sols.

Quand vous voyez l’Afrique ! C’est AFFOLANT ! AFFOLANT !! Les pays comme l’Ethiopie et le Soudan ont coupé 95% de leur surface forestière depuis 1960 ! Négociés en 30 ans ! Et maintenant c’est une marée humaine de crève-la-faim. Les boat people vont être le gros problème de l’Occident. On ne pourra pas faire face, surtout si on limite à la peur, le rejet et la force. Allez en Indes, c’est le cauchemar l’Inde ! Et on a fait croire que le problème allait être résolu techniquement. Mais le problème n’est pas technique. Le problème est bien plus subtil que cela. La Terre est quelque chose de très subtil. Nourrir les hommes, ce n’est pas simple.

On a cru qu’en vendant des engrais aux Hindous et en mettant des variétés à haut rendement, on allait régler le problème. On a érodé des millions d’hectares aux Indes depuis les années 70 par les techniques dites de la Révolution Verte. Les résultats de cette Révolution Verte qui a valu à son promoteur, Norbert Borlaug, un prix Nobel, s’annoncent aujourd’hui en toute clarté : des millions de vies exterminées par cette Révolution Verte.

Tous les pays du Maghreb étaient à peu près autosuffisants jusqu’en 1945. Ils sont maintenant importateurs à 85% de leur alimentation. Alors ils s’amusent à faire pousser de la luzerne dans le désert sous plastique noir. Je veux bien ! En Arabie Saoudite, on fait pousser du blé dans le désert qui coûte 45 fois le prix mondial, quelque chose comme Marie-Antoinette qui fait la promenade des moutons. Inepte. Indigne de l’homme et de la Femme. Non. La seule chose qui puisse sauver l’humanité des grandes catastrophes c’est l’agriculture biologique & la biodynamie. L’Amour. Un nouvel Art de la Science. Le Bon Sens.

Quelles sont les solutions adaptées que vous préconisez ?

CB : Il faut :

a) Replanter des haies en maillage de 20 hectares.

b) Reboiser les zones sensibles.

c) Gérer la matière organique des villes à part des gadoues industrielles afin de pouvoir remonter le taux de matière organique des sols.

La biodynamie ?

CB : Je pense qu’à l’heure actuelle la seule et unique solution pour le Tiers-Monde est l’agriculture biodynamique. L’agriculture biodynamique ne coûte rien. Elle se fait uniquement avec des préparations manuelles. Elle peut être enrichie des savoir locaux. Elle est d’une simplicité extraordinaire. L’agriculture biodynamique correspond de plus parfaitement à la mentalité des pays du Tiers-Monde qui ne sont pas choqués de travailler avec des notions de forces cosmiques.

Mon point de vue scientifique sur l’agriculture biodynamique c’est que d’évidence c’est spécial. Les préparations biodynamiques font plus penser à des grimoires médiévaux de recettes de sorcellerie qu’à de la science propre. Et pourtant, j’ai étudié quelques préparations et il y en a qui m’ont totalement époustouflé. En particulier la préparation de bouses de cornes.

La bouse de cornes au microscope c’est hallucinant ce que cela peut entretenir comme vie microbienne ! Or, normalement, dans la bouse de vache il n’y a pas grand chose. Et Steiner lui nous fait enterrer une corne de génisse à la St Michel, puis la déterrer à la St Jean. C’est carrément de la sorcellerie du Moyen-Age. Ou d’antiques connaissances, d’anciennes sciences de la nature. Et ensuite ce qui est hallucinant, c’est le résultat.

Qu’est-ce qui se passe ? Je n’en sais rien du tout. Je ne sais pas quel type d’énergie touche la biodynamie mais en tant que scientifique je me garde bien d’en rire. Je dis simplement que je n’ai pas d’explication. Mes appareils de mesure ne voient rien, n’ont pas accès à la fréquence des énergies actionnées par la biodynamie. La seule chose que j’observe c’est que leurs sols sont plus actifs. Par exemple les composts évoluent trois semaines plus tôt quand ils sont traités avec les préparations biodynamiques de Rudolf Steiner. Et effectivement, il y a des préparations qui ont des activités biologiques remarquables. C’est tout ce que je peux dire. Mais je ne peux pas mesurer les activités de la biodynamie. Si j’étais à la tète d’un Institut, je ferai faire des expériences pour voir ce qu’il y a derrière cela. Avec une vision scientifique. Telles la naissance ces dix dernières années de plusieurs chaires de biodynamie dans un certain nombre d’universités américaines, et également allemandes. Le dossier de l’agriculture biologique débouche sur la vision de la naissance de véritables universités écologiques rurales et urbaines.

La grande fracture dissimulée là par toute notre histoire culturelle est le rapport à la Terre, à la Femme. La Terre a besoin de respect. La Terre manque de bras pour être cultivée avec le soin qu’elle demande mais hélas les hommes ne veulent plus la travailler car être paysan est devenu dégradant. La destruction des sols agricoles est le problème majeur auquel l’humanité va être confrontée au siècle prochain. Il faut arrêter l’érosion des sols cultivés. L’urgence de l’urgence c’est la vie des sols.

mercredi 5 janvier 2022

Le printemps du CARE, bas les masques

Collectif Autonome Révoltes & Entraide
https://leprintempsducare.org/

 Video a regarder:

https://leprintempsducare.net/wp-content/uploads/2021/04/Bas-les-masques-Un-appel-de-soignant.e.s-a-construire-un-mouvement-populaire.mp4

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lundi 26 avril 2021

Désarroi et espoir au Liban (Confins du Monde n° 42)

 

C'est la troisième fois que nous retrouvons l'ami libanais Serge dans le cadre des Confins du Monde. Cette fois-ci il est venu sur la colline Zinzine avec Lucas, un Français qui habite au Liban depuis plus de cinq ans. Tous les deux font partie du projet agro-écologique "Buzuruna Juzuruna" (Nos semences sont nos racines) dans la vallée de la Bekaa qui réunit des Libanais, des réfugiés syriens et des Français. Dans la profonde crise économique et politique qui sévit dans ce pays, un tel projet a encore plus de sens. Un tour d'horizon de l'histoire du Liban, des soulèvements contre le système corrompu et du défi que représente l'arrivée d'un million et demi de réfugiés syriens.

Lien vers cette émission : http://www.zinzine.domainepublic.net/?ref=5747

mercredi 16 décembre 2020

Triste comme la pluie sur la neige fraîche à la montagne en décembre !

A quelques jours de noël,  il fait un temps de mars, comme mars dieu de la guerre.

 
 J'ai toujours été triste de voir la pluie tombée sur la neige en montagne au printemps. Ces jours tristes et peu ensoleillés annonçaient la fin de l'hiver lumineux , froid et secs. La neige réfléchit tellement le soleil que l'éclat du jour rend l'hiver chaleureux le jour et le froid, brutale la nuit. On sort le jour comme convoqué par la beauté, la lumière et l'éphémère de ces conditions idéales. Avant de rentrer se terrer à la tombée du jour, on reste un peu, pour admirer la beauté du coucher. La lumière rasante qui rebondit entre le ciel et et le sol et nous fait un spectacle pyrotechnique fait de rose, d'orange et de rougeoyance. 
 

On sent la piqure du froid sec venir et annoncer l'arrivée de la glaçante nuit. Tout est en train de se figer, comme une suspension du temps. Le changement de couleur du paysage est bloqué jusqu'au retour du roi soleil. Les ruisseaux s'arrêtent de couler, les rivières suspendent leurs bruits et l'on rentre chez soi en se disant, que nous aussi on doit se coucher. Du paysage et de ces hivers , je suis tombé amoureux, il y a vingts ans lors de mon passage à la montagne. J'y ai déposé mes valises et ne suis jamais reparti. Parfois l'envie de fuir me prenait, lors des printemps pluvieux. On y voit la neige se rétrécir comme peau de chagrin, laminée par la pluie. L'absence de lumière plusieurs jours après de long mois d'addiction provoque une débâcle de la bonne joie et des envies de fuites. C'est temporaire, cette débâcle est une transition bénéfique, comme la mort est le berceau de la vie. La neige dans sa lente agonie sous la pluie, nourrit le sol et le transforme en éponge. Sous la tristesse du temps et de ces jours mélancoliques se prépare un retour de phénix, un flamboyant printemps. Sous le désespoir, une poussée de sève est en cours.  Le retour du soleil provoque l'éclatement de toute ses préparations souterraines, un bourgeonnement incroyable et le paysage monochrome de la transition pluvieuse se transforme en vert, il se colore de toute les folies dont la nature a les secrets.

Mais ce temps est révolu, 10 000 ans s’achève, il pleut sur la neige à Noël en montagne. Nous avons tout déréglé , cette belle mécanique régulière qui  nous offrait une splendide beauté lumineuse. La neige est arrivée comme une année normale, rassurant les craintes de ne plus la voir que nous avons, comme pour une amante excitante qui nous fait des infidélités. Mais la réalité est cruelle, comme l'assoiffé voyant la fontaine sans pourvoir boire, la neige est chassée par la pluie aussitôt. 


 

La tristesse du spectacle est double. A celle habituelle, se rajoute l'absence de ce sentiment, que la mort de la neige est le berceau du printemps. Ne plus voir les forets poudrés à Noël, nous enlève la magie du lieu et nous montre que nos folies détruisent d'abord la beauté avant de passer à nous. 


Croire qu'on pourrait négocier avec de telles forces est une folie. La guerre climatique a bien commencé. Jeter toute ces forces dans la bataille est la seule issue pour garder un peu d'espoir. Mais pour continuer a satisfaire le 20 ème siècle , on sacrifie le 21 ème, on proroge, on dénie.



La beauté du monde part au tout à l'ego du capitalisme qui a formaté l'individu moderne. Il ne veut rien sacrifier de son confort, ni de sa pensée , de son esprit rectiligne de l'avenir. On file donc droit vers les précipices. L’absence d'actions, l'angoisse sourde est compensé par le discours bruyants, les rumeurs ou la pratique quasi-religieuse de gestes sans importance sensés être magiques. La race supérieure de nos élites, de nos classes supérieures convaincus de leur supériorité se vautrent dans la dissonance cognitive et l'entêtement malgré la flagrance des faits. Les psychologues ont clairement documentés ce qu'il appelle la théorie de l'engagement. A avoir trop cru, a voir servi et être servi par le capitalisme, ils ne peuvent le remettre en question et persiste et insiste fortement. Une remise en question serait trop lourde en perte d'égo et en déprime. 

Portant la déprime peut amener le printemps nous enseigne la pluie sous la neige. Voir mourir ses certitudes n'est jamais une partie de plaisir, mais cela libère la place et enlève les chaines à l'esprit. Il  peut alors partir ailleurs dans le meilleur comme le pire.

Il est vital que ces certitudes fondent comme la neige sous la pluie et prépare un printemps fulgurant. Cela rendrait la tristesse du spectacle plus supportable.

vendredi 22 mai 2020

Chronique de l'effondrement de lionel

Sur Chrome, clique du droit pour choisir "traduire en français"


La réserve fédérale (banque centrale privée US) a alerté qu'elle
craignait de nouveaux retours du virus et une récession économique à
rallonge :

https://www.politico.com/news/2020/05/20/fed-coronavirus-resurgence-economic-recession-271328


Dans le Nord-Est de la Chine plus de 100 millions de personnes confinées
suite au retour du virus modifié :

https://www.msn.com/en-us/news/world/chinas-new-outbreak-shows-signs-the-virus-could-be-changing/ar-BB14leel?ocid=st2


Le super cyclone Amphan a frappé l'Inde et le Bangladesh qui sont déjà
malmenés par le virus

https://earther.gizmodo.com/super-cyclone-amphan-is-set-to-hit-india-and-bangladesh-1843521856



L'Arctique s'effondre alors qu'une vague de chaleur massive frappe la
région et que la Sibérie est en feu depuis plusieurs semaines :

https://earther.gizmodo.com/the-arctic-is-unraveling-as-a-massive-heat-wave-grips-t-1843519435


De nouveaux panneaux solaires aspirent l'eau de l'air pour se refroidir :

https://www.sciencemag.org/news/2020/05/new-solar-panels-suck-water-air-cool-themselves-down#

--
Cordialement

Lionel

lundi 6 avril 2020

La FAO alerte sur le risque d'inflation alimentaire mondiale

Source:
http://rfi.my/5bER

L’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation, la FAO, est inquiète. Le coronavirus risque d’entraîner une inflation alimentaire mondiale si les achats de panique de produits de base prennent de l'ampleur. 

https://aod-rfi.akamaized.net/rfi/francais/audio/modules/actu/202003/Chr_MAT_1ere_23-03-20_La_FAO_alerte_sur_le_risque_d_inflation_3_22_2020-18.mp3

lundi 9 mars 2020

Cacapitaliste Virus ou l'effet papillon

Un chinois mange clandestinement
un morceau de pangolin
acheté illégalement sur un marché clandestin
chassé clandestinement et illégalement
(sur lequel une pipistrelle à virus* a fienté)
dans les rares endroits où il en reste en voie de disparition
et le monde entier tousse et s'enrhume,
la société mondialisée s’encapuchonne,
la bourse faiblit,
le profit s’essouffle,
le politique titube,
le capitalisme espère le retour des jours meilleurs...
les bourses craquent
La pyramide de Ponzi s'ecroule
Dessous y'a du monde
Mais crever un pneu quand on va dans le mur,

Merci papillon...

* : Écologiquement, on aurait tort de ne penser qu'à mal au sujet de ces petits êtres ou petites choses
(sont-ils des "vivants" ou pas, la chose est en discussion ; petits, c'est sûr, on peut en juxtaposer un demi milliard sur un millimètre carré).
Très présents partout, ils jouent un grand rôle de régulateurs pour les envahisseurs en grand nombre d'un milieu donné.
Par exemple, un banal litre d'eau de mer peut contenir couramment une dizaine de milliards de virus.
Leur rôle écologique majeur ici sera de freiner les "blooms" (multiplication explosive d'une espèce opportuniste
exploitant jusqu'à épuisement rapide une ressource et entraînant de ce fait la mort de tous autres puis d'elle-même).

Ces blooms sont souvent dus à des micro-algues et, si les virus ont souvent freiné leurs extensions fatales,
ils ont su aussi les laisser vivre assez pour que ces micro-algues arrivent à fabriquer tout l'oxygène qui nous permet de respirer
(pas qu'à nous et qui permet aussi la bamboche de la combustion du charbon et du pétrole).

AP
---
Ce genre d'évènement (biologico historico politico...) relativement imprévu (quoi que)
car relativement imprévisible (quoi que) et plus généralement sur la fatale imprévisibilité de l'histoire
a fait l'objet d'un best-seller (2011) à des millions d'exemplaires en des dizaines de langues
et curieusement plutôt discret en France. Étonnant, non, et pourquoi ? - "Le cygne noir" de Taleb.

dimanche 23 février 2020

Fin du monde, fin du moi même combat


Fin du monde, fin du moi même combat
Les historiens aiment bien découper l´histoire quand le  monde change complètement, le moyen âge fut termine qu’on découvrait l’Amérique, le monde fut plus le même quand commença la première guerre mondiale, le 19 eme s’acheva a ce moment : Pour ceux qui voit ces moments avec recul cela semble évident : Pour ceux qui le vivent n’en n’ont rarement conscience.

S’il reste des hommes pour écrire dans un siècle pour écrire l’histoire de ce début de millénaire, il risque surement de faire partir le début du 20 eme siecle aux megafeux australiens qui furent les premiers marquants. Un continent en feu, des populations en fuite, le ridicule du pouvoir  se retrouvant tout nu. La guerre est déclare. La bascule se fait quand les certitudes tombent et que plus rien n’ai sur et stable. Le négationnisme climatique, forcenés chez les nantis et d’une large part de la population est a L'œuvre depuis des décennies, il devient impossible sauf a être dans la tête d’un idiot ou de Donald trump.
Les climats ne se réchauffent plus tranquillement, linéairement, les climats disparaissent  se détruisent et la guerre est déclare a la population.  Il ne s’agit pas d’adapter notre économie aux changements climatiques ou de changer lentement nos habitudes ou fonctionnement : il s’agit de survivre en temps de guerre, de gérer la misère et la désolation. Ce n’est pas le ski qui est menacé mais le tourisme tout entier. Ce n’est pas  des ajustements qu’il faut prévoir mais la fin d’un monde  et tout faire pour qu’un autre existe encore.
Face à l’ampleur des problèmes les réactions sont le déni, la sidération ou le nihilisme. On peut croire aussi que l’homme a des facultés immenses quand il affronte collectivement un ennemi et qu’il sait qu’il a déjà tout perdu et qu’il reste une chance de survivre s’il s’uni dans un effort désespéré. Ce n’est pas un don rêve utopique, l’histoire l’a déjà montré.
La guerre est déclaré, il n’est plus l´heure de savoir si les éoliennes abiment les paysages mais savoir que les forets méditerranéennes vont bruler que plus aucun paysages de nos enfances vont survivre.
Il est urgent de prendre conscience la mort rode et que nos décisions de maintenant vont choisir  si elles en prennent des millions ou des milliards.
Il est urgent, le débat n’est pas de savoir si on va ou pas vers l’effondrement ou pas ou si on le gère un peu, beaucoup ou pas du tout.
Il s’agit pour toutes les générations actuelles d’être exceptionnelles, c'est-à-dire  de faire ce n’ont jamais les humains, de comprendre qu’on a non seulement changer d’époque mais aussi qu’on vit dans un autre monde car nous venons de changer de planète.
Nous n´habitons plus sur la planète bleue mais sur la planète en feu.
Nous sommes téléporter dans l’espace sur une planète extra terrestre avec comme folle destinée nous adapter a notre nouvel écosystème.
Nous ne manquons pas de ressources, d’énergie ni de connaissances mais de temps...
Nous avons juste trop de passif et trop peu de conscience de cette cruelle vérité.
Nous devons faire le deuil de cette planète si calme et comprendre qu’elle est loin et quelle s’éloigne toujours plus vite de nous.
Nous devons consacrer comme dans une guerre toutes nos ressources, notre énergie et pensées a la bataille.
Nous devons sacrifier nos conforts, certitudes et nos légèretés.

 Nous devons refaire peau neuve et oublier nos habitudes, espoirs et projections d’avenir.
Un avenir est possible si nous nous consacrons à nos besoins primaires, boire, manger et être en bonne sante. Pour cela nous devons y consacrer toutes nos ressources et arrêter l’immense gaspillage de la société capitaliste. Nous pouvons arrêter l’utilisation des énergies fossiles rapidement si on supprime le gaspillage des ressources que représente le tourisme, la consommation de viande, l’obsolescence des produits, l’urbanisation  de la maison individuelle, le transport individuels, tout les métiers inutiles comme la publicité, la spéculation….
Nous devons construire des réserves d’eau, des coupe feu, relocaliser notre économie, vegetaliser nos villes, construire des champs solaires, éoliens, dessaler l’eau de mer, accueillir des peuples entiers tant de choses…
Tout cela provoquerait l’effondrement de pans entiers de notre économie, des bouleversements énormes, mais nous occuperait  bien mieux que de chercher des boucs émissaires, taper sur son voisin, ou se disputer le dernier bout de gras….
Doux rêves, mais bientôt tout bascules, les certitudes aussi alors autant préparer le terrain ….
 Ce sont des nécessités impérieuses pour protéger l’essentiel, un peu comme nous devons raser des forets entières pour faire des coupes feu géantes pour contenir les megafeux. Ceux qui verront leur foret rasée protesteront, mais nous devons leur imposer en leur disant que nous sommes en guerre et qu’ils ont quitté leur planète sans s'en rendre compte.
Nous avons ouvert la boite de pandore, d’elle s’échappa tout les malheurs de la terre dit la légende, la dernier chose qui sortit fut l’espérance.

jeudi 23 janvier 2020

samedi 25 janvier Action du collectif ras le rallye : La sentence

Avant le départ de la Marche pour le climat et pas pour le rallye Monte-Carlo à Gap dans les Hautes-Alpes du samedi 25 janvier:
Action du collectif ras le rallye: La Sentence
RDV: 13h30,rond point Mac Do, avenue de Provence.




L’image est forte. En plein centre-ville de Gap, cordes au cou, des militants, attendent leur sentence sur des blocs de glace en train de fondre. Une performance métaphorique, qui illustre les conséquences dévastatrices du réchauffement climatique, notamment la fonte des glaces et de nos glaciers des Alpes toujours plus rapide. Un message à la fois terrible et réel...  

Salutations "glaciales"
Le collectif ras le rallye

mercredi 15 janvier 2020

Foutu pour Foutu


Foutu pour Foutu

Agathe Bru et Romain Sanchez
Foutu pour Foutu, c’est l’histoire de deux jeunes paumés de 25 ans qui sortent des études supérieures, qui n’ont pas commencé à construire leur vie qu’on leur dit que le monde s’effondre. Quand on sait que notre modèle de société actuel est en bout de course, qu’on a conscience du désastre écologique en cours, des risques d’effondrements et des enjeux que nous réserve l’avenir... Comment est-ce qu’on vit ça ?
  

samedi 11 janvier 2020

mardi 7 janvier 2020

Le boom de la production américaine de pétrole interrompu

Le boom de la production américaine de pétrole interrompu

 Source

Le boom de la production américaine de pétrole interrompu

La planche de salut censée empêcher un « resserrement de l’offre » de pétrole dans les prochaines années peut-elle rompre ? Le risque pour la sécurité de l’Europe devient un argument clé en faveur d’une transition énergétique cohérente.
La production américaine de brut n’augmente plus, selon les données mensuelles fournies par Washington. Elle a atteint en avril un maximum historique à 12,123 millions de barils par jour (Mb/j), et s’est effritée très légèrement ensuite jusqu’en juin (12,082 Mb/j), dernier mois pour lequel des données consolidées sont à ce jour disponibles. Le mois de juillet s’annonce à nouveau à la baisse.

Il est beaucoup trop tôt pour conclure quoi que ce soit sur le profil futur de la production américaine de pétrole, après une décennie d’un essor sans précédent, dû essentiellement au boum du « pétrole de schiste » (shale oil).
[MàJ, 14 sept.] Les incertitudes concernant l’avenir du shale oil et l’ensemble de la production mondiale demeurent gigantesques. Ces incertitudes nécessitent quelque lignes de précisions concernant ma propre posture, que j’ajoute à la fin de cet article [*].
Le shale oil paraît cependant mal engagé pour doubler voire tripler encore sa production au cours des années prochaines. Or il s’agit là, d’après l’Agence internationale de l’énergie, d’une condition nécessaire pour empêcher un « resserrement de l’offre » mondiale de pétrole d’ici à 2025.
Production pétrolière américaine, juin 2009 – juin 2019 (dernier mois pour lequel des données consolidées sont disponibles à ce jour). Source : EIA, 30/8/19.
Le nombre de faillites de producteurs de shale oil est très élevé depuis 2018. Wall Street n’a plus guère d’appétit pour la dette émise par un secteur qui, pris dans sa globalité, n’a jamais gagné d’argent.
Le flux de liquidités (« cash flow from operating activities », notion proche de la capacité d’autofinancement ou de l’excédent brut d’exploitation) du secteur du shale oil américain pris dans son ensemble a toujours été inférieur au montant des investissements dans le développement de la production. Au 1er trimestre 2019, seuls 10 % des entreprises du secteur gagnaient de l’argent, autrement dit disposaient d’un excédent brut d’exploitation supérieur au montant de leurs investissements dans le développement de leur production.
Les gains de productivité des puits de shale oil semblent également marquer le pas, ce qui peut signifier beaucoup de choses (moindre générosité géologique des nouvelles zones forées, « vampirisation » des anciens puits par les nouveaux forages dans des zones déjà exploitées), mais dans tous les cas rien de bon pour le développement futur du secteur : celui-ci risque mécaniquement de réclamer davantage d’investissements, alors qu’il perd depuis toujours de l’argent, et peine depuis quelque temps à lever des fonds.
Les gains de productivité des puits pétroliers américains auraient fortement ralenti au cours du dernier semestre, après plusieurs années d’amélioration très spectaculaire durant la phase d’essor du secteur. (Les points en rouge représentent les hypothèses optimistes qui ont encore largement cours au sein de l’industrie.)
Last but not least, les puits de shale oil les plus récents dans le bassin du Permien, épicentre du boum situé au Texas, font remonter une part croissance d’hydrocarbures plus proches du gaz naturel que du pétrole. Encore un symptôme des limites géologiques plausibles d’un secteur qui produit d’ores et déjà un pétrole brut très léger, mal adapté aux raffineries américaines, et qui ne peut que partiellement servir à produire du carburant liquide.
Part des hydrocarbures très légers (« 50-55 API » et « condensates ») dans la production du bassin du Permien, janvier 2014, octobre 2018.
Bien sûr, le prix du baril peut remonter, et remettre en selle nombre de producteurs en difficulté. D’autant que les magiciens des banques centrales ont encore quelque tours dans leur sac, tandis que la finance planétaire semble prête à s’installer pour longtemps dans le territoire paradoxal des taux d’intérêts négatifs. (Jusqu’où les banquiers centraux oseront-ils descendre, en cas de menace plus pressante encore d’une déflation par la dette ? Très loin sans doute, à défaut d’un changement de logiciel…[**])
Mais revenons à notre trivial problème initial : continuer à alimenter l’appétit de brut toujours croissant de l’économie mondiale (…, en attendant un changement de logiciel, c’est-à-dire la mise en œuvre bien ordonnée d’une sobriété systémique).
Comment miser sereinement sur le doublement de la production de shale oil, un secteur qui, en dépit de son boum tonitruant depuis le début de la décennie, révèle autant de vulnérabilités profondes ? Sachant que pendant ce temps, pour des raisons fondamentalement géologiques, les découvertes de pétrole conventionnel (les 3/4 de la production mondiale de carburant liquide) n’ont jamais été aussi faibles qu’aujourd’hui
Un haut responsable de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) m’a tout récemment confirmé en off son inquiétude. Je lui ai posé la question suivante : « Etes-vous bien d’accord que, compte tenu du manque de ressources pétrolières nouvelles pour compenser le déclin de la production existante, si nous n’organisons pas de toute urgence la décrue de la consommation de pétrole, nous avons toutes les chances d’être forcés au sevrage dès les toutes prochaines années ? » En guise de réponse, mon interlocuteur s’est contenté de hocher la tête, l’air sombre. Et lorsque je lui ai demandé s’il était d’accord avec mon diagnostic selon lequel l’Europe se trouve être particulièrement vulnérable face à ce risque de plus en prégnant, cet éminent économiste de l’énergie m’a répondu : « C’est évident. »

[VIDEO YOUTUBE] « Le pic pétrolier, un danger mortel pour l’Europe » : http://www.youtube.com/watch?v=LeDzFEyICXI
Je ne saurais trop recommander à mes anciens confrères journalistes de faire le siège de l’AIE, pour demander quelques éclaircissements circonstanciés.
Je ne dis pas que le pire est certain. Mais le risque me semble être suffisamment établi pour mériter les moyens d’un examen plus poussé que celui établi par le bricoleur auteur de ces lignes. Où en sont les services de renseignement français et européens sur cette affaire ? J’ai du mal à le savoir clairement, et ce que j’en sais ne me rassure pas du tout.
Ce n’est pas seulement d’ « environnement » dont il s’agit. Quand le Kremlin fait savoir dans la presse moscovite que la production russe de brut risque de décliner à partir de 2021, et lorsqu’on se rappelle que la Russie fournit plus du quart des approvisionnements de l’Union européenne, on parle de la sécurité nationale, et de celle du continent tout entier.
Il y a là à mon sens de quoi convaincre ceux que ne bouleversent encore guère le péril climatique de la nécessité pressante d’une transition énergétique cohérente. (Je sais, ça fait beaucoup d’adjectifs, mais il se trouve qu’ils sont tous importants.)
Sur le climat, le débat concernant le diagnostic est enfin largement derrière nous (c’est-à-dire dans les colonnes de Valeurs Actuelles). Concernant les limites des ressources de la croissance économique, et en l’espèce celles de l’or noir, tout reste à étudier et à débattre. Ainsi, qui sait, peut-être finira-t-on  enfin par parler sérieusement de thérapie, laquelle est identique pour chacun de ces périls mortels.
Les militants écolos peuvent et doivent maintenant parler haut et fort d’un enjeu de sécurité, qu’il s’agisse des impacts du réchauffement ou de la sécurité des approvisionnements en énergie.

Dessins de Tom Tolles, paru dans le Washington Post, cf. « Doomsday scenarios are as harmful as climate change denial », 12 juillet 2017. DR.
Mais allons, je déraisonne sans doute, quelle indécrottable Cassandre je fais… Car si j’en juge par l’extrait suivant de la synthèse définitive de la Programmation pluriannuelle de l’énergie [pdf], adoptée cette année, il est évident que « Tout va très bien, Madame la marquise » :
Synthèse finale. Programmation pluriannuelle de l’énergie, p27.
CQFD. Sans commentaire (bien qu’il y ait beaucoup à dire, notamment sur la prégnance du lobbying de l’Union française des industries pétrolières…)
Il nous faut un plan, un vrai.
Telle est la manière dont nous voyons les choses au Shift Project, l’association d’intérêt général que je dirige, et que préside Jean-Marc Jancovici : voici la vidéo de ma récente audition devant les parlementaires de l’OPECST (et pardon d’avance pour mon ton passablement véhément).
[VIDEO YOUTUBE] Audition à l’Assemblée nationale (1/2), juin 2019 : https://www.youtube.com/watch?v=CAq7Sty7UwM
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[**] Pour l’heure, le New York Times compare la politique de la Fed à l’Orobouros, du nom du vieux symbole égyptien du serpent mangeant sa propre queue… 
… Cassandre et technocrate, Marion King Hubbert, inventeur du concept de pic pétrolier mondial, l’homme qui sut prédire un long déclin de la production américaine d’or noir amorcé en 1970 jusqu’à l’essor du shale oil (crise écologique responsable d’une avalanche continue de conséquences politiques mortelles), écrivit un jour, vers la fin de sa vie :
« La civilisation industrielle actuelle est handicapée par la coexistence de deux systèmes intellectuels universels, enchevêtrés et incompatibles : la connaissance accumulée depuis quatre siècles des propriétés et des interactions de la matière et de l’énergie ; et la culture monétaire qui lui est associée, qui a évolué sur la base de coutumes préhistoriques. »
Et de poursuivre :
« Cette disparité entre un système monétaire qui continue à croître exponentiellement et un système physique qui ne peut en faire autant conduit, à mesure que le temps passe, à un accroissement du rapport entre masse monétaire et production du système physique. Ceci se manifeste par l’inflation. Une alternative monétaire correspondant à une croissance physique nulle serait un taux d’intérêt nul. Le résultat dans les deux cas serait une instabilité financière de grand échelle. »
Comme quoi, la raison, elle aussi, a encore plus d’un tour dans son sac.
Faut juste se rappeler de l’ouvrir, le sac. In ch’Allah.
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[*] Plusieurs lecteurs ont pointé à juste titre une analyse publiée le 12 septembre par Rystad Energy, cabinet d’étude norvégien qui fait référence dans le domaine de l’énergie. Cette analyse, reprise notamment par la presse économique française, table sur une poursuite de la croissance de la production de shale oil : cette production pourrait selon elle encore doubler par rapport à son niveau actuel, pour atteindre un pic vers 2030, à 14,5 Mb/j.
Il s’agit du pronostic le plus optimiste émis par une source de référence. Rystad est également à l’origine de l’analyse, mentionnée ci-dessus dans ce post, pointant que 90 % des entreprises du secteur du shale oil perdent aujourd’hui de l’argent.
Un possible doublement de la production de shale oil aux Etats-Unis d’ici à 2030 n’invalide pas la mise en garde de l’Agence internationale de l’énergie, selon laquelle il faudrait que cette production, dès l’horizon 2025, face « plus que tripler pour compenser le manque persistant de nouveaux projets classiques », pour prévenir ainsi un « resserrement de l’offre » aux alentours de cette échéance de 2025.
Mais ce n’est pas là que je voudrais en venir. Je voudrais parler un peu de ma propre posture face à l’énormité du problème dont je tente de traiter sur ce blog.
Je suis un tout petit observateur maladroit et démuni, qui tente de deviner le contenu d’un vaste entrepôt simplement en regardant à travers le trou de la serrure. Et nous sommes à ma connaissance à peine une demi-douzaine d’auteurs de part le monde, plus ou moins doués et informés, confrontés au même exercice.
C’est ridicule, vraiment : cette disproportion de plusieurs ordres de grandeur entre l’énormité du problème posé, et les moyens dérisoires de ceux qui, à titre individuel – c’est-à-dire en dehors d’authentiques officines de renseignement spécialisées sur la question, qui existent aux Etats-Unis, en Russie, en Chine et ailleurs –, tentent d’alerter le public.
J’ai décidé il y a longtemps, parce que l’enjeu est trop grave, d’assumer de regarder le verre à moitié vide. Et tant pis si je me trompe et finis, comme on dit, « dans les poubelles de l’histoire ». De toute façon, le sujet est incertain, et il le restera à coup sûr tant qu’il ne fera pas l’objet d’un travail de recherche public et contradictoire. Je préfère avoir tort plutôt que ne pas avoir fait tout mon possible pour attirer l’attention sur lui. Et puis j’ai croisé trop de pétrogéologues et d’économistes de l’énergie sérieux qui, en off ou pas, ont témoigné de leur profonde inquiétude concernant l’avenir. Et je sais, comme je le rapporte dans ce post, que l’Agence internationale de l’énergie elle-même, n’est pas très sereine (et ça ne date pas d’aujourd’hui…)
A la fin, c’est une histoire d’intuition. J’en suis réduit, comme mes collègues « peakistes » lanceurs d’alertes isolés ici et là autour du globe (voici l’un des plus doués), à tenter de lire entre les lignes des rapports, études, analyses et déclarations éparses que nous glanons tout au long de l’année.
Prenons à titre d’exemple cette étude optimiste de Rystad qui vient de paraître.
Que faut-il en penser ? D’abord, il ne s’agit que d’un communiqué de presse. Les attendus et hypothèses sous-jacents, pour les connaître, il faut payer. C’est la même chose pour toutes les bases de données sérieuses. S’y abonner coûte jusqu’à plusieurs millions de dollars par an. Les géants de l’énergie ont les moyens de s’espionner entre eux, mais la dernière fois que j’ai demandé, les services de renseignement français se contentaient de se fier (comme j’y suis à peu de choses près moi-même contraint) « à la littérature existante » disponible dans le domaine public. La dissymétrie est là encore gigantesque.
Il faut donc se résoudre à lire entre les lignes.
Que dit Rystad ?
Tout d’abord, pour avoir déjà eu l’occasion de discuter avec l’un de ses dirigeants, ce prestigieux cabinet d’étude estime que le potentiel de production purement géologique du shale oil aux Etats-Unis (c’est-à-dire hors considérations économiques de rentabilité, de disponibilité des infrastructures, de prix du baril, etc.) est très élevé, et se situerait au-dessus de 20 Mb/j, ce qui est absolument colossal : du jamais vu.
Ici, dans son communiqué de presse, Rystad estime donc que la production pourrait atteindre 14,5 Mb/j à l’horizon 2030. Précisons que c’est en tenant compte des « condensats », coupes d’hydrocarbures très légères, volatiles et instables. Certaines sources, comme notamment l’Agence internationale de l’énergie, tendent à les exclure des statistiques de production pétrolière, ce que précise d’ailleurs Rystad dans le graphe ci-dessous.

Pour justifier son analyse, Rystad indique : « La force de la production américaine repose sur un large inventaire de puits restant à développer (…). On estime que le bassin du Permien, en particulier, recèle des milliers de zones extrêmement prolifiques dans les conditions de prix qui devraient prévaloir à l’avenir. » (Rystad évoque un prix situé entre 55 et 57 dollars le baril WTI dans les années à venir, soit à peu près les prix actuels.)
Ensuite, et c’est là que ça se corse, Rystad publie le graphe ci-dessous, pour lequel elle précise (si on peut dire) que la portion verte, la plus importante, « représente la production issue de zones de forages risquées qui ont une haute probabilité d’être forées et mises en production ». Que sont les zones « risquées », comment sont-elles définies ? Et à quoi correspondent les zones « sans risque », en bleu. Mystère. Pour le savoir, il faut faire un chèque à Rystad.

C’est là que je veux en venir. L’observateur amateur que je suis doit se résoudre à exercer l’art de la « logique floue » (fuzzy logic). Ayant été formé à la plus molle des sciences molles, un ex-journaliste d’investigation tel que moi n’est pas le plus mal armé pour pratiquer cet art éminemment incertain et frustrant. Mais j’arrive au bout de mes ressources, face à l’ampleur, à la complexité et à l’opacité des paramètres de la question posée.
Aujourd’hui, l’industrie du shale oil est en train de numéroter ses abattis. Peut-être est-ce pour repartir de plus belle. Les majors débarquent en force dans le Permien. Peut-être n’ont-elles pas le choix : elles ne trouvent quasiment plus de pétrole conventionnel ailleurs. Mais sans doute auront-elles une politique de développement plus conservatrice et prudente que la myriade d’opérateurs spécialisés, dont 90 % perdaient de l’argent au dernier pointage… réalisé par Rystad. Ou peut-être qu’au contraire, lesdites majors bénéficieront à plein d’une martingale découverte péniblement avant elles par ces mêmes opérateurs indépendants. Ou peut-être encore que la géologie des « zones risquées » sur lesquelles mise Rystad s’apprête à doucher les espoirs de tout le monde.
Beaucoup trop d’incertitudes.
Depuis des années, j’essaie d’attirer l’attention de mes anciens confrères journalistes et des services de renseignement pour mettre la question prospective du pic pétrolier au même niveau que celle du climat. Bien qu’il demande des outils de nature différente, le problème du pic pétrolier est fondamentalement plus simple et tout aussi préoccupant que celui de savoir à quel point les terres arables de France risquent de devenir infertiles à l’horizon 2030 ou 2050…
Ce que je sais pour sûr, c’est ce que me dit l’histoire du pétrole, que j’ai longuement étudiée. Et cette histoire me renforce dans mon intuition pessimiste. Notamment parce que :
1- Le pic pétrolier conventionnel de 1970 aux Etats-Unis a été annoncé dès 1956 par Marion King Hubbert. Le pronostic, exact, a été ignoré. Ce pic de 1970 est largement à l’origine du choc pétrolier de 1973, et il a contraint Uncle Sam a un changement de pied stratégique périlleux qui a abouti entre autres aux guerres d’Irak.
2- Les principaux auteurs qui ont inventé la notion de pic pétrolier mondial, notamment Jean Laherrère, président de l’Association française pour l’étude des pics pétrolier et gazier, ont prédit avec exactitude dès la fin des années 90 le pic du pétrole conventionnel (lequel fournit les 3/4 de la production de carburants liquides), pic qui s’est produit comme ils l’avaient annoncé au cours de la seconde moitié de la décennie 2000 (en 2008 précisément, d’après l’Agence internationale de l’énergie).
3- La crise de 2008 peut être interprétée comme un nouveau choc pétrolier, le choc de la fin du pétrole « facile ».
4- Jusqu’à quel point peut-on faire confiance aux pronostics plus ou moins intéressés concernant l’économie d’un pays qui nous a déjà offert récemment le scandale Enron (R.I.P., Arthur Andersen) puis la crise des subprimes (et son instructif volet concernant la crédibilité des agences de notation financières) ?
Bref, je ne suis sûr de rien. Mais quand je vois que le Norvégien DNV-GL – l’un des leaders mondiaux de la certification, particulièrement en pointe dans le domaine de l’énergie – vient tout juste de publier un rapport qui place le pic pétrolier en 2022…

… je me dis que je n’ai pas tort de continuer à suivre le sujet de près, avec une dose certaine d’inquiétude.
Et ce, après les alertes émises par :
– Goldman Sachs (CNBC, 9 novembre 2018 | There will be an oil shortage in the 2020s, Goldman Sachs says)
– le patron de la Saudi Aramco (The Financial Times, 9 juillet 2018 | Saudi Aramco chief warns of oil supply crunch)
– ou encore le patron de Total (Le Monde, 6 février 2018 | Patrick Pouyanné, PDG de Total : « Après 2020, on risque de manquer de pétrole »)
… Je ne suis sûr de rien. Mais je pense que la France et l’Europe ont d’excellentes raisons de se préoccuper de la sécurité future de leurs approvisionnements pétroliers. Pour de vrai. Ceci dépasse de très loin mes propres moyens. « Caute ».