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lundi 29 janvier 2018

Le radon, le gaz radioactif, ennemi de l’intérieur

Le radon, le gaz radioactif, ennemi de l’intérieur


Francoise Mesle, membre de l’association « UFC Que Choisir », présente un détecteur de gaz radon le 18 janvier 2018 à Rezé
© AFP JEAN-FRANCOIS MONIER

Rezé (AFP) – Inodore et incolore, le radon provoque jusqu’à 3.000 morts par an en France. Ce gaz radioactif, deuxième cause de cancer du poumon, reste pourtant méconnu du grand public, malgré plusieurs campagnes d’information locales.

Une quarantaine de personnes sont réunies ce jeudi soir de janvier dans une petite salle éclairée au néon de Rezé, dans l’agglomération nantaise.

A l’entrée, chacun s’est vu remettre un kit avec un dosimètre, à peine plus gros qu’une pièce de deux euros. Le petit appareil en plastique noir devra être installé pendant deux mois dans leur logement avant d’être analysé en laboratoire. Objectif: connaître son exposition au radon, un gaz radioactif qui émane du sol par la décomposition de l’uranium présent dans les roches granitiques ou volcaniques.

« On se prémunit d’autant mieux d’un risque qu’on le connaît parfaitement », explique Jean-Pierre Sarrazin, de l’association UFC Que Choisir. « Vous pouvez manger vos radis sans soucis », ajoute-t-il à l’adresse d’une femme qui lui demande si le radon peut contaminer les légumes de son potager.

Yves Judic, 64 ans, qui habite Saint-Herblain, est lui venu en espérant être rassuré, un peu moins de deux ans après la mort de son épouse d’un cancer du poumon. « C’est un problème qui me trotte dans la tête depuis », raconte-t-il. « Ma femme fumait, mais pas tant que ça, et j’ai une grosse cheminée en granit chez moi ».

L’UFC Que Choisir organise ce genre de réunions d’information quatre fois par an environ en Loire-Atlantique. Dans ce département, 80% des communes ont un « fort » potentiel radon, en raison du sous-sol granitique.

A Rezé, l’adjoint au maire est venu prononcer quelques mots d’introduction. Mais, d’habitude, « les élus sont réticents, ça ne leur plaît pas forcément de dire que leur commune est en risque fort. Et ils croient qu’on va faire passer des messages anxiogènes », explique Gérard Allard, vice-président de l’UFC Que Choisir locale.

Le radon, classé cancérogène certain depuis 1987, s’immisce par les fissures de la chape de béton et atteint des niveaux de concentration très élevés si la maison n’est pas aérée, expliquent les intervenants.

« Être dans une zone émissive ne signifie pas que votre maison aura du radon », précise Jean-Pierre Sarrazin. Parfois, une meilleure aération peut suffire à régler le problème.

Encore faut-il en avoir conscience. Car la plupart des gens ignorent jusqu’à l’existence même du radon. Selon l’Observatoire régional de la santé, 58% des habitants des Pays de la Loire n’en avaient jamais entendu parler en 2015, une région où une des (rares) campagnes de sensibilisation a été menée récemment.

Le gaz est pourtant largement présent dans l’Hexagone : en Bretagne, Pays de la Loire et Normandie, dans le massif central, les Pyrénées, une partie des Alpes, les Vosges ou en Corse, Guyane et en Nouvelle-Calédonie.

Parmi les collectivités en pointe sur le sujet, la ville de Nantes distribue gratuitement depuis 2007 des dosimètres à 70 habitants environ chaque hiver, une « démarche très volontaire » saluée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

La mairie a aussi fait des relevés dans les écoles publiques et engagé des travaux lorsque les niveaux de radon étaient trop élevés, alors que la réglementation ne l’y obligeait pas.

A Concarneau (Finistère), 5.000 dosimètres ont été distribués à la population en 2013. Des actions similaires sont menées en Franche-Comté et en Haute-Vienne en collaboration avec l’IRSN (Institut de Radioprotection et de sûreté nucléaire).

Mais la plupart du temps, le radon ne fait parler de lui que lorsqu’une école est évacuée en raison d’un taux anormalement élevé, comme en Haute-Vienne en 2015 ou l’an dernier dans les Hautes-Alpes.

« Tout le monde a déjà vu des campagnes pour la prévention routière, alors que la prévention pour le radon… », relevait ainsi Sophie Eglizaud, ingénieure d’étude à l’Agence régionale de santé (ARS), lors de la réunion de Rezé.

Selon la dernière étude publiée, le radon causerait entre 1.200 et 3.000 morts par an France. En comparaison en 2016, 3.477 personnes sont mortes dans un accident de la route.

© AFP