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lundi 24 janvier 2022

D'après les partisans du golf de Crots, aucune construction n'est envisagée (extrait de dialogue d'une reunion publique)

 Ils l'affirment de partout et vous le clamer, haut et fort pas de construction dans le golf !

Les Progolfs: 

- Pas de construction dans la zone (heu juste un club house) !

Les No Golfs : 

- Pourtant un golf est une zone classée artificialisée au lieu d'être classé naturelle. Les permis sont délivré actuellement en priorité sur les zones artificialisés

Et ce document c'est quoi ? :



 

Les Progolfs:  - C'est pas vrai, dans une une grande partie une zone inondable ! 

Les NG - Alors pour le Golf , ça craint !

LES PG: Rassurer vous , il y a un système d'alerte pour évacuer la zone si l'impétueux torrent du bosco don débaroule dans le golf et détruit la zone. 

Les NG -Dans ce cas: "Que fait'on  ?". 

Les Pro golf: - On reconstruit

Les NO: - avec quel argent ?

Les Pro: - L'argent , y'en a plein !

Les No:  -allez dire cela aux infirmières !


 Lire aussi:

« Ce golf, s’ils arrivent à le faire, il sera célèbre. » -

 

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 Piqué à l'indispensable :

Vallées en lutte - Infos, luttes, analyses Alpes du sud - Site ...

Après quelques actions et de la communication, le projet de golf au bord du lac de Serre-Ponson commence à être médiatisé. Toutefois seulement les personnes vivant dans l’embrunais et ses alentours semble vraiment au courant du projet qui revet une logique de développement touristique se développant dans une grande partie des Hautes-Alpes. Rencontre avec un opposant au golf.

Est-ce que tu pourrais présenter le projet ? Qu’est-ce que c’est ? Qui finance ?

C’est un vieux projet qui date depuis des décennies et qui a pour but d’aménager la garenne des Crots. Plusieurs projets ont été proposés, aujourd’hui c’est un golf. La garenne est une zone de reconquête forestière, c’est des terres qui ont été abandonnées après guerre. Maintenant constitué par, ce que les élu.e.s promoteurs/trices du golf appelle, de la mauvaise pinède1. En réalité, c’est une zone de reconquête dans laquelle il y a pas mal de biodiversité, et qui sera une belle forêt. L’idée est d’exploiter cette zone, car elle est au bord du lac de Serre-Ponçon et qu’elle n’est pas utilisée économiquement, ni troupeau, ni agriculture. Dans l’idée d’un développement économique, un golf ça serait bien, ça permettrait de faire travailler les saisonniers hors saison, et ça permettrait de monter en gamme, d’attirer des touristes de haute qualité, sans euphémisme, des riches.
Au début le projet était porté par la commune des Crots, mais maintenant que les communes n’ont plus trop de pouvoir, c’est la communauté de commune de Serre-Ponçon qui le porte avec, au départ 3 millions d’euros, maintenant 4. L’idée initiale était de faire un golf 18 trous, le minimum acceptable pour le public visé, mais vu que le projet impacterait les zones agricoles dans ces conditions, c’est-à-dire 50 ou 60 Ha, le projet a été réduit à 9 trous, donc utiliser 35Ha et aménager que la Garenne des Crots, pas de zone agricole.

Et actuellement où en est le projet ?

C’est un projet qui avance de manière sinueuse et souterraine. De ce que j’en sais, il a été demandé que les études soient le plus discret possible et que le public soit au courant du projet au dernier moment afin que les oppositions ne puissent pas s’organiser. Même les élus d’opposition, ne sont pas réellement informés de l’avancé du projet. Mais la stratégie des porteurs du projet est un peu ratée, ils ont pris beaucoup de temps, ils ont parlé du projet, on fait mine de se rétracter avant les élections municipales de 2020, alors que 135 000 € d’étude avait déjà été engagés. Malgré le fait qu’ils ne communiquent pas ces études, on a réussi à mettre tout ça sur la place publique en faisant une manifestation pour que les locaux soient au courant. Il y a un réel déni démocratique, 4M€ d’argent public pourrait être engagé et le but du jeu c’est que les citoyen.ne.s soit le moins au courant possible. On a dû obtenir par une fuite, une pièce du dossier qui devrait être public, alors qu’elle avait été demandée de manière officielle par un membre du collectif. On a donc lancé une procédure contre la communauté de commune à la Commission d’accès aux Documents Administratifs. Il y a cette volonté de pas parler du projet et c’est déjà un des objectifs qu’on a atteints.

Torrent du Boscodon

Quelles peuvent être les impacts écologiques du projet ?

La zone se trouve sur le cône de déjection2 du torrent du Boscodon, c’est pourquoi la reconquête par la pinède est longue et difficile. C’est une zone peu riche, c’est pour ça qu’elle avait été abandonnée. Pour l’installation du projet, il faudrait broyer les cailloux, puiser de la terre dans le lac, arroser la zone. Face aux critiques, les promoteurs de golf s’adaptent, un label golf pour la biodiversité a été créé, ce qui concrètement, aurait pour conséquence que la moitié des 35Ha serait engazonné et le reste serait laissé à la biodiversité. Il y a un greenwashing qui est fait pour valoriser certains efforts réels par rapport au golf traditionnel, mais ils prendront quand même de l’eau dans la nappe phréatique juste à côté, donc dans le lac, pour arroser via des pompes et faire pousser ce golf.

Comme je l’ai dit précédemment, c’est une zone de reconquête forestière, bien que certains disent que c’est une zone qui sert à rien, c’est un mauvais bois, il y a beaucoup d’espèce menacée, un peu comme partout vu que 40 % des espèces sont en voie de disparition. Il y a une quinzaine d’espèce protégé sur le site, selon l’étude réalisée par Ecotonia [1], des espèces végétales, et animales, comme le sonneur à ventre jaune qui est une espèce protégée vivant ici.
Concernant les arbres, actuellement il n’y a pas d’espèce spécifique sur la zone, la reconquête va se faire, et la zone devrait devenir une forêt bien plus riche en diversité.

Sonneur à ventre jaune

Qu’elles ont été ou sont encore les usages de cet endroit ? Qu’elles peuvent être les risques et les conséquences sociales ?

Je pense aussi que l’espèce qui est menacée c’est le touriste qui aime les espace sauvages, qui dort en camping-car ou qui plante sa tente. On voit peu à peu toutes ces zones qui permettent un tourisme de pauvre, sans dépenser, disparaître. C’est peut-être ça aussi la motivation sur le projet de golf, pourquoi des personnes viennent manger, dormir et se baigner gratuitement ?

Sinon sur son usage, cette zone a servi d’entrepôt pendant les années où des déchetteries sauvages étaient faites. Il y a eu un projet de kart qui a été abandonné parce que c’est une zone classée Natura 2000 au sein du parc national des Ecrins. Un mini-golf a été construit, puis qui a été interdit parce que c’est une zone classée. Et maintenant il y a un projet de golf, c’est ça qu’est assez drôle.

Actuellement pour les locaux, c’est la promenade du dimanche, c’est la zone où on fait du vélo, c’est là où les jeunes viennent boire un coup, faire un pique nique, un barbec… On va repousser ce public encore ailleurs, alors que c’est un bel endroit. Pour moi, le risque, c’est la privatisation d’un espace public qui servait beaucoup aux locaux dont je fais partie, ça c’est clair. On va empêcher une partie de la population d’accéder à ces endroits-là, il y en a d’autre c’est sur, mais ça restreindra le nombre de ces endroits. Ça nous entassera l’été pendant les périodes de fortes affluences. C’est le coin que connaissent les locaux pour éviter les zones de fortes affluences touristiques l’été.


Est-ce que tu peux nous parler des autres golfs qu’il y a dans le département ? Est ce que tu connais un peu leurs situations ?

Il y a 3 autres golfs dans le coin. Celui de Barcelonette est en déficit. La cour des comptes l’a épinglé pour ses dettes. Il a été construit quand l’armée est partie de Barcelonette, il fallait trouver des idées pour la reconversion touristique.
Il y en a un autre à Montgenèvre, qui se fait sur les pistes de ski l’été. Maintenant les pistes avec de la neige artificielle ne sont plus drainées, il n’y a plus de zone humide, et donc plus trop de la biodiversité. Les stations de ski, c’est de la pelouse artificielle donc utilisée ça pour le golf, y a pas un impact écologique très fort, c’est déjà des zones anthropisées.
Ensuite il y a le golf Bayard c’est, je crois, le seul golf qui est rentable, et encore, il fonctionne avec les pistes de ski de fond l’hiver, c’est un bon mixte pour eux. Mais il y a aussi un centre d’oxygénation, et un hôtel.
D’ailleurs, il est bien dit dans l’étude du golf de Serre-Ponçon, qu’il n’y a pas de viabilité sans hébergement, ce qui n’est pas prévu pour l’instant. Les élus jurent à grand cri qu’il n’y en aura jamais, soit ils mentent et ils vont faire un hôtel après, soit ils mentent pas et ils vont faire un trou.

Golf de Montgenèvre

Est-ce que tu peux nous présenter les élus qui portent le projet ?

Les élu.e.s qui portent vraiment le projet sont pas si nombreux/euses, mais c’est un peu dur à estimer. C’est la mairie des Crots qui a lancé le projet, et la majorité est pour. Les élu.e.s municipaux, depuis la réforme de 2016 de Hollande, sont devenus, s’iels veulent avoir leurs subventions, des sous-traitants des communautés de commune, iels ne peuvent pas rentrer en opposition avec, on va dire l’autorité centrale, de la comcom.
Les élus qui sont contre ne le disent pas. Il y a quand même un petit collectif très minoritaire qui s’est monté, mais s’il y a un vote, il y aura une majorité sans problème. Il y a une vision politique, beaucoup d’élus pensent qu’un golf ça fera un atout pour le coin. Ils ont une vision de développement, il faut développer l’activité touristique après le ski.
Normalement le golf devrait attirer entre 300 et 500 personnes qui payeront plusieurs centaines d’euros par an d’abonnement au golf et feront tourner les entreprises de restauration et d’hébergement. Pour les promoteurs du golf, face au réchauffement climatique, il faut s’adapter, les touristes feront moins de ski et plus de golf. Nous on pense que c’est un peu court comme analyse. Si le problème du réchauffement climatique, c’était de passer du ski au golf, on serait tranquille. En fait, iels voient pas vraiment le problème. Les promoteurs du projet, c’est des personnes à la retraite qui ont une vision très 20e siècle d’un développement touristique sans fin. Pour eux, il faudrait faire un petit îlot touristique, leur modèle c’est Courchevel. Le but, c’est de monter en gamme comme iels disent, faire du tourisme de haute qualité, c’est-à-dire des gens riches qui dépensent beaucoup d’argent, et le golfeur est censé dépenser beaucoup d’argent.
Ce qu’iels semblent oublier c’est qu’il y a déjà un golf 18 trous à Montgenèvre, il y en a un à Barcelonnette et un autre à Gap, donc ça fait déjà 3 bel équipement dans le département.

Comment le projet est il porté ? Y aura-t-il un financement municipal, départemental, régional ?

C’est le maire du village des Crots qui portent le projet, mais il est soutenu par la présidente de la comcom, Mme Eymeoud qui est deuxième vice-présidente de la région PACA et qui a les moyens d’attirer des fonds. C’est la région qui va payer. Cela donne l’impression que du moment que c’est l’argent de l’état, de la région, c’est pas leur argent, alors que pour nous à partir que c’est de l’argent public, qu’il vienne de l’Europe ou autre, ça reste notre argent. Nous ce qu’on dénonce, en plus que de raser, de privatiser cette zone, c’est surtout qu’il va y avoir 4 millions d’euros gaspillés alors qu’il y a plein d’urgence à traiter.

Est-ce que tu peux nous présenter les différentes oppositions à ce projet ?

Il y a un collectif d’élu.e.s qui s’est fédéré sur cette opposition au golf. Même si le groupe existait avant, il prend la lutte contre le golf pour se lancer dans une opposition sous le nom du collectif Sens pour Embrun. C’est une forme d’organisation qui n’existait pas à la comcom et qui a fait une belle vidéo. Cette vidéo résume le projet et les élus réclament un débat démocratique. Pour le collectif, c’est presque plus la méthode qui est en cause, il demande un référendum. Si les gens sont pour, le collectif votera pour et si les gens sont contre il votera contre, mais iels demandent une transparence d’information qu’on a pas ainsi qu’un vote populaire. Face à eux, la présidente de la communauté de commune souhaite rester sur un vote des élu.e.s parce qu’ils sont représentatifs, et ils vont forcément voter pour le projet.

La seconde opposition, c’est le collectif Non au golf de Serre-Ponçon qui est issu des Soulevements de la terre et de ces grands projets inutiles. Dans le collectif, on propose de réorienter l’emploie des 4 millions d’euros. Par exemple, on a beaucoup besoin d’installation paysanne, en 5 ans, la moitié des paysans partent à la retraite, il y a un vrai problème d’installation et de foncier dans les Hautes-Alpes. Il y a aussi un problème d’isolation des bâtiments, on pourrait créer une conserverie. L’hôpital est à refaire aussi, on lui reproche 2 millions d’euros de déficit, de dettes cumulées. On est dans la situation où il y a des fuites dans toit de la baraque, t’as le chauffage à refaire, t’as la voiture à changer et la première chose qu’est faite, c’est une piscine ! C’est un gaspillage.
Je pense que plus on retardera ce projet, plus ça va devenir compliqué pour les élu.e.s. Je pense que dans pas longtemps, la bataille de l’opinion peut être gagner, c’est pour ça qu’on appuie la proposition de Sens pour embrun de faire un référendum. C’est aussi aux habitants de savoir comment on emploie l’argent public.

La guerre du golf

En termes d’action, on a réalisé un site internet, 2 manifestations, on en a parlé, distribuer des tracts. Le 1er objectif était de dire que ce projet existe au lieu de dire que c’est une étude. Maintenant on lance un appel à contre-projet pour les 4 millions d’euros, c’est sur le site internet, on peut déposer son projet. Nous on est plutôt partisan qu’on la laisse cette zone tranquille, mais 4 millions d’euros… Pour le collectif, si on nous propose un golf ailleurs à ce prix-là, on sera toujours contre. On va aussi lancer une tournée d’information dans les villages pour discuter et débattre avec les habitants. On aimerait faire une grande action en 2022. Nous ce qu’on essaie de dire aux élus, c’est que ce golf, s’ils arrivent à le faire, il sera célèbre, on aura fait la pub avant.

Notes :

[1un résumé par le collectif non au golf de Serre-Ponçon

La ruine du service public de l’électricité ou le choix du noir et de l'accident.

« Toujours lutter contre les conséquences, jamais contre les causes. » C’est le slogan secret d’Emmanuel Macron dans toutes les matières. Après l’hôpital, voici l’électricité. Le prix de l’électricité s’envole, Macron ruine l’État et EDF, sans toucher aux mécanismes qui ont produit ce résultat. Les conséquences risquent d'être d'un noir absolu...

 
La ruine du service public de l’électricité ou LE CHOIX DE L’ACCIDENT

Petit préambule sur cet article sur l’énergie

Avant, on parlait peu de l’énergie. À mesure que nos ressources se tarissent, le débat sur l’énergie fait rage. Mais il existe des absents de cet indispensable débat : les techniciens de l’énergie, ceux qui construisent, réparent, bref ceux qui font qu’on en a ! C’est comme si on débâtait de l’agriculture, sans jamais donner la parole aux paysans. Les philosophes en parlent, les journalistes, les experts qui n’ont jamais fait autre chose que de l’Excel, les professionnels de l’internet, les fous de réseaux sociaux, les youtubeurs toutologue, le tout avec beaucoup de rhétorique et pas de pratique. Un livre paru dans les années 2000, analysait les « décisions stupides ». Il définissait qu’une décision est stupide, quand elle nuit à beaucoup de personnes, mais aussi à celui qui l’a prise. Il racontait comment la NASA avait lancé la navette spatiale alors que tous les techniciens savaient qu’a -2 °C elle allait exploser. Il passait en revue les décisions stupides qui menaient à la catastrophe, alors que les risques étaient certains. Il remarquait que l’éloignement du terrain provoquait une sous-estimation des risques et des croyances et une incompréhension des problèmes techniques. La catastrophe de Tchernobyl fut provoquée par une décision stupide d’un directeur. Sur le terrain, personne ne voulait faire cette expérimentation, c’est-à-dire emballer la réaction d’un cœur nucléaire en coupant la sécurité. Les philosophes parlent aux philosophes, les sociologues aux sociologues, les techniciens aux techniciens. Vous entendrez, sur les médias de droite ou de gauche (sic), des experts, chercheurs, universitaires, sociologues, élus, responsables, décisionnaires mais jamais de techniciens. Voici de manière confidentielle, la parole d’un technicien des renouvelables, qui parle avec d’autres techniciens du nucléaire….

« Toujours lutter contre les conséquences, jamais contre les causes. »

C’est le slogan secret d’Emmanuel Macron dans toutes les matières. Après l’hôpital, voici l’électricité. Le prix de l’électricité s’envole, Macron ruine l’État et EDF, sans toucher aux mécanismes qui ont produit ce résultat. Les causes sont l’instauration d’un marché spéculatif dans l’électricité et la conversion d’EDF en multinationale. Spéculer sur un marché électrique, où le stockage est nul est stupide. C’est la certitude de faire faire au prix des montagnes russes. L’offre doit correspondre, à la seconde, à la demande : pas de rupture de stock !  Dans « l’idéologie de la loi du marché », ce conte pour enfant, en cas de pénurie, le prix monte. Dans cette légende, de plus en plus d’investisseurs se lancent dans la production et, finalement, l’offre d’électricité augmente. Dans la vraie vie, c’est différent, une centrale de production ne se construit pas en peu de temps ! Mais il faut l’avouer, c’est pratique, les théories. Souvent, en pratique, les théories ne marchent pas, ce qui devrait les rendre caduques, sauf si cette théorie est une croyance religieuse. La théorie de la loi du marché est une croyance religieuse. En pratique, c’est vérifié, elle ne fonctionne pas du tout. La sainte loi du marché efficient est une croyance fondamentaliste, et cela empêche toute remise en question, même quand le réel frappe a la porte, (en psychologie on appelle ça de la dissonance cognitive). Pourtant, le problème est basique, le prix du marché de l’électricité est le prix de la centrale électrique qui arrive au dernier moment, en bout de chaîne, soit la centrale au gaz :  le prix de l’électricité est fabriqué par le prix du gaz ! Peu importe que l’essentiel de la production, en Europe, ne soit pas faite par du gaz, c’est le prix du gaz qui compte. Alors, comme le gaz, russes sont les montagnes ! Vladimir a bon jeu de jouer avec la vanne du robinet ou de souffler sur les braises géopolitiques pour faire monter ou baisser le wagonnet du prix. Basique…

 Dans un contexte de yoyo tarifaire, celui qui désire investir dans la production électrique du mal à y voir clair. Seuls les joueurs de casino s’y risquent et ceux-là ne manquent pas, on leur ouvert un casino avec des règles sympathiques : « Face tu gagnes, pile l’État perd ». Pourtant, la production d’électricité n’est pas un métier de joueurs. Elle demande rigueur, prévoyance, planification, des temps longs. La production d’électricité et sa distribution est technique, rien de bien excitant. Elle demande de lourds investissements sur des décennies (30 à 40 ans) et le taux d’intérêt de l’emprunt est ce qui fait le prix de la centrale. Emprunter à 1 % ou 9 % cela change tout, une centrale qu’elle soit nucléaire ou renouvelable, coûte 4 fois plus cher a 9 % qu’à 1 %. Mais quand le prix change toutes les heures, quand il est impossible de connaitre la météo du prix à plus de trois jours, et quand il faut investir pour 40 ans, le banquier, l’investisseur demande le max, 9 %! Et puis, les adeptes de la religion du marché spéculatif n’aiment pas les temps longs : ils aiment les raids spéculatifs, les retournements d’alliance, les décisions qui surprennent le marché. La « Win », ce n’est pas laborieux, les écoles de commerce leur apprennent qu’ils peuvent faire n’importe quel métier, et changer de poste ou de métier tous les deux ans. La constance du jardinier ne fait pas partie de leur compétence. La « Win » ne parie pas sur 40 ans ! Pourtant, la production d’énergie d’un pays, d’un continent, nécessite la constance d’un jardinier, le sérieux d’un ingénieur. Remettre le choix de fermeture ou d’ouverture des usines électriques à des pressés de l’excédent brut d’exploitation, aux princes du cash-flow, c’est s’exposer à des fermetures brutales, sans concertation, quand le prix est bas, puis à des spéculations quand le prix est haut ! Quand le système merdoie, on demande à l’État de venir épancher le merdier, une fois que tout le monde est bien crotté.

 Cela fait 20 ans que le marché de l’électricité est dérégulé, déplanifié, bordélisé en Europe, petit à petit. Depuis 10 ans, la production nucléaire française est pillée. Il faut du temps pour détruire un service public qui fonctionne. Une tempête arrive et le navire, qui prenait l’eau de toute part, coule. La destruction de l’hôpital a pris une bonne décennie, le Covid a fini de l’achever. La destruction du service public de l’énergie a mis 20 ans, le Covid en révèle l’ineptie. Pour l’instant, tout le monde a de l’électricité chez soi et les coupures ne sont pas encore là. Elles arriveront, c’est une certitude ! Une panne en trop et un grand froid suffiront. Le pillage du service public de l’énergie, ses délirants investissements à l’étranger (des dizaines de milliards perdus par ses brillants PDG), l’ont empêché d’investir depuis deux décennies. Ses centrales de production d’électricité vieillissent. Elles ne sont plus renouvelées, ni maintenant entretenues. Nous aurions pu les remplacer à temps, par des énergies renouvelables, des économies d’énergie, ou même des centrales nucléaires neuves, si l’on savait encore en construire, ce qui n’est plus le cas. L’EPR est construit, mais depuis quelques années, EDF le répare, alors qu’il est neuf ! Imaginez-vous : vous achetez une voiture neuve, et l’emmenez chez le garagiste faire changer la culasse ! Votre garagiste vous annonce, à chaque fois que vous souhaitez la récupérer, qu’il vient de découvrir une pièce de plus à changer...

 C’est basique à comprendre. EDF, non seulement, ne renouvelle plus son parc de production, mais il n’entretient plus correctement ses vieilles centrales. Si EDF était une compagnie de taxi, elle aurait une flotte de R18 et de 404 avec 300 000 km. Elle aurait quelques R25 plus récentes avec des moteurs sortis de l’usine avec de graves défauts de fonderie. Elle aurait acheté une voiture neuve qui serait chez le garagiste depuis son achat. Nous seulement, le parc est vieux mais, les dépenses d’entretien sont réduites. Pourtant, les besoins d’entretien s’envolent avec autant de vielles casseroles. Pour économiser les frais de garagiste, notre compagnie nationale économiserait sur le petit personnel mécano en prenant des précaires mal formés. Elle virerait ceux qui alertent, encouragerait ainsi le mensonge par son mode de gestion ! Une belle assurance d’avoir des pannes à répétitions, voire des accidents. Au lieu de faire les réparations nécessaires sur les véhicules de manière préventive, la compagnie de taxi, pressée par le manque de disponibilités de ses véhicules, choisirait de mettre le problème sous le tapis et de ne réparer que lorsque les pièces lâchent. Le problème de ce choix de maintenance est qu’on joue avec le hasard. Avec une maintenance préventive, vous pouvez programmer les arrêts et gérer la disponibilité. Le choix de la maintenance curative est l’aléa :  parfois les pannes tombent au bon moment, parfois plusieurs véhicules sont en rades en plein départ de vacances dans une période sans marge. Moralité dans un marché où la course de taxi est cotée d’heure en heure, l’offre s’écroule et le prix s’envole.

 Les vieilles centrales sont en bout de course, les plus récentes sont sorties d’usine remplies de défauts. Les premières centrales 100 % françaises livrées dans les années 90 annonçaient, avec leur retard et surcoût, la tragédie de l’EPR.

 Le danger de réduire le coût de l’entretien des vieilles centrales nucléaires est évident. Cette politique nous fait courir un risque immense et ruinant : l’accident sévère, en langage Nuke ; la grosse cata, en langage courant. La force de communication du Nuke est dans sa façon de changer les mots. D’une personne violente et maltraitante, dit-on qu’elle est sévère ?

Actuellement, l’entretien des centrales est effectué par du personnel mal payé et mal formé. Seuls les managers, rivés sur leur tableau Excel, peuvent croire au père Noël. Le père Noël, ici, consiste à croire qu’un travail technique, fait dans des conditions humaines déplorables, vite et à moindre prix, soit un travail de qualité. La réalité est que les techniciens font semblant, on triche, on remplit les papiers, on coche les bonnes cases, on achète les agréments pipeau. Dans la réalité, le travail est bâclé, les problèmes enterrés, la réalité embellie, le mensonge, la règle. Le souci, pour qui connait vraiment la technique (c’est-à-dire pas ceux qui nous dirigent ou communiquent) sont les détails. Un coude dont l’acier a trop d’impuretés, c’est un détail. Il est joli, flambant neuf, sur la photo de l’inauguration, il ne fait pas tâche. La différence se voit des années après. Mais quand les problèmes arrivent, les ronds-de-cuir qui ont signé les papiers de conformité, sont partis dans une retraite confortable. Ils sont de tout manière à l’abri de la leucémie, pas comme un vulgaire précaire.

 Il y a urgence à investir massivement dans l’hôpital, pour que nous soyons encore soignés. Investir dans l’hôpital veut dire investir dans l’humain et pour être même précis, dans le travailleur de terrain, productif, l’aide-soignante, le médecin, l’infirmière, pas dans le manager à tableau Excel, dans son bureau, loin du terrain, chargé de faire des stats et du flicage. De la même façon, pour l’électricité, il est urgent d’investir dans la maintenance de nos centrales, dans le travailleur exposé, dans le soudeur, dans le remplacement préventif de tonnes de tuyauteries à bout de course. Au lieu de cela, l’État assure les profits des traders de l’électricité, qui achètent pour revendre. Il s’attaque aux conséquences d’un casino qui s’emballe, sans le remettre en cause. Les causes s’appellent, en français technocratique, la “libéralisation du marché de l’électricité” ; mais en français technique ? Sa “bordélisation” ! S’attaquer aux causes nécessite une série de recettes déjà employées dans l’histoire, basiques, simples et efficaces, mais coûteuses, politiquement. Il faut en effet s’attaquer aux juteux profits des multinationales de l’énergie :

 - Nationaliser la production d’électricité (nucléaire et renouvelable) comme son transport et sa distribution, et au-delà, la distribution du gaz, c’est indispensable ;

 - Faire voter un choix clair aux français, par référendum : « Préférez-vous du nucléaire ou des renouvelables ? Vous devrez accepter les inconvénients de votre choix ! »  ;

 - Instituer un tarif progressif de l’énergie : plus je consomme, plus je paie. Première tranche pas chère, deuxième tranche prix moyen, troisième trancheà prix élevée. Dernière tranche, très élevée ;

 - Mettre en place un service public des économies d’énergie, financé par cette tarification progressive et l’impôt. Flécher l’épargne des ménages dessus ;

 - Investir immédiatement dans un plan d’urgence de sécurité nucléaire, quel que soit le résultat du référendum : intégration des précaires du nucléaire dans EDF, professionnalisation, suivi médical financement de la réparation des tuyaux défectueux ;

 - Mettre un financement à 0 % des infrastructures de l’énergie, car le taux de financement est la donnée la plus importante en énergie ! C’est basique, vous n’avez pas les bases ;

 - Flécher l’épargne des ménages sur les économies d’énergies.  Sans service public de l’énergie et des économies d’énergie, pas de transition énergétique réussie, donc adieu le climat ;

 Le proverbe légendaire des technocrates est qu’il n’y a pas de problèmes que l’absence de solution finit par résoudre. Les non-choix de ces 10 dernières années nous amènent vers le noir. Le choix de la ruine d’EDF, réalisé hier, et amplifié aujourd’hui, nous amène des conséquences dramatiques : panne généralisé (blackout) comme au Texas – risque fort d’accident nucléaire – pas d’argent pour les économies d’énergies et les renouvelables. Quelle belle idée que de faire une transition énergétique trop lente, dans un pays sans pétrole et gaz, quand les fossiles deviennent rares et chères !

Malheureusement dans le nucléaire, on est plus fort en lobbying qu’en soudure ! Le lobby du nucléaire va de l’ENA à la CGT-ÉNERGIE, en passant par tout la haute administration, et la vieillesse votante et réactionnaire. Ils arrivent même à convaincre la jeunesse angoissée par la catastrophe climatique d’être un remède. Chapeau bas pour le bourrage de crâne. Ce lobby immense est parvenu à freiner le développement des énergies renouvelables et des économies d’énergie. Il craignait que cela enterre sa croyance absolue dans le nucléaire. Abrutis par leurs certitudes, ils n’ont pas vu que le système libéral empêchait, non seulement, la relance du nucléaire, mais qu’il empêchait jusqu’à son entretien, et ruinait leur boutique, en la dépeçant de l’extérieur et à l’intérieur. De l’extérieur, par le marché ; et à l’intérieur, par les délires mégalos qui affectent régulièrement les dirigeants du Nuke, une maladie chronique et hors de prix. Cette folie les a ainsi conduits à ruiner eux même leur propre boutique à coup d’investissement foireux dans des mines sans uranium ou par l’achat à l’étranger de vieilles centrales mal entretenues. Ils ont vendu des centrales neuves EPR mal conçues, avec des garanties de SAV. Au moins, dans le photovoltaïque, les arnaqueurs disparaissent sans laisser de trace. Si vous avez une R18 mal en point ,qui ne vaut rien, il faut la vendre à une compagnie de taxi qui adore les R18, et les achète cher. Les véritables destructeurs du nucléaire, ce sont eux. Ils ont fait bien plus de mal au secteur que tous les antinukes réunis.

 Depuis quelques années, portés par de richissimes et brillants gourous qui ne mettront jamais la main sur une pelle, le nucléaire revient, en jouant toujours sur l’image d’une industrie de pointe, portée par un haut niveau de technologie, nous promettant de nouvelles générations de réacteurs, sans risques, sans déchets (MDR). Le nucléaire est présenté comme un fleuron du progrès scientifique, la fine fleur de la virtuosité technique. Dans la réalité, sur le terrain c’est tout le contraire : ce sont des infrastructures vieillissantes et des mentalités moyenâgeuses chez leur partisans, dirigeants. Les centrales s’effilochent, le prétendu sommet de la technologie humaine se révèle une vulgaire affaire de plomberie. Le mépris pour les ouvriers confine à la féodalité. Les têtes qui protestent ou juste alertent, se font décapiter (exemple 1 - exemple 2 ). Sur place, les opérateurs bricolent au compte-goutte avec des bouts de ficelles. Le pire, dans cette histoire, est que les ronds-de-cuir et leurs gourous, qui décident de toute cette mascarade, ne sont pas ceux qui iront nettoyer le merdier. Ils resteront tranquillement devant leurs tableaux Excel, dans leurs conférences, sur leurs plateaux d’interview. Ils ont ruiné leur service public, ils vont nous mettre dans le noir, ils ruineront bientôt la France, à 500 milliards d’euros minimum l’accident. Actuellement, ils mettent dans des situations humaines et techniques bancales le personnel qui répare. Certes, c’est certain, ce ne sont pas eux qui iront comme au Japon, balancer de la résine mélangée à du papiers journal déchiqueté pour boucher les fuites. Ils n’iront pas pousser avec brouettes, râteau et pelles les débris du fleuron de la technologie française. Ils n’auront pas un dosimètre qui crépite sur le dos. Eux, ils géreront les doses reçues par les travailleurs. Ils affirmeront, péremptoires, qu’en fait, cela ne va pas si mal. Ils raconteront que tout colle dans leurs tableaux, depuis qu’ils ont relevée les normes de dose recevable en y rajoutant un ou deux zéro. Ils mettront en place de compliquées procédures, souvent inutiles, mais toujours bien vendues. Ils se moqueront de ces travailleurs qui picolent, en revenant de l’enfer. Ils raconteront que l’alcool fait plus de dégât que les rayons gamma.

Un ouvrier technicien….

Jean Ganzhorn

PS 1:

Le pire, dans cette histoire tragique, est que tous les lanceurs d’alerte se font laminer, virer. Les managers du Nuke, avec la complicité des grands syndicats maisons bien choyés, font régner l’omerta. Au lieu de les utiliser pour réclamer des moyens supplémentaires, il impose la pensée totalitaire. Boris Cyrulnik en parle brillamment dans cette conférence et ils devraient consulter, un vaste choix de 430 psychothérapies existe.

PS 2 : Le pire est que pour les renouvelables, la loi du marché fait aussi de la merde alors qu’elles sont un des rares espoirs qui nous reste face a la catastrophe climatique qui va nous secouer.

PS3 : Faire des prédictions sur l'avenir c'est casse-gueule mais en se qui concerne une mauvaise maintenance,c'est facile. Je vous reporte sur ce qu'on disait sur le marché électrique, on peut voir qu'on avait vu a peu prés juste:

Hercule à EDF , la vente du réseau électrique et des barrages

Le prix du marché, une absurdité pour les ressources vitales, la preuve par l'électricité et le COVID19

Meme pour les lib"raux la liberalisation de l'electricité fonctionne mal (pas) !