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lundi 3 juillet 2023

Le hold-up du siècle: le procès du marché électrique

Conférence du 26 mai 2023 de Sud Énergie sur le marché de l'électricité en France. 

L’énergie est le sang de l’économie. Son contrôle est depuis tout temps une lutte âpre. Des seigneurs s’appropriant les moulins à eau en passant au trust du pétrole de Rockefeller, l’énergie suscite une bataille entre nations, entre classes et entre capitalistes. Parfois dans l’histoire, l’évidence d’en faire un bien commun au service de la prospérité d’une nation, éclaire un temps les pages d’histoire. Inévitablement les accapareurs reviennent à la charge avec leur mauvaise foi et leurs théories enfumeuses. Ils promettent à chaque fois que leurs intérêts rejoignent celui de tous finalement. Depuis 30 ans, la création du marché de l’énergie dont celui de l’électricité, s ’est accompagnée d’une grande campagne de bourrage de mou digne d’une propagande de guerre. Il fallait la détricoter et Philippe André le fait avec brio, en faisant LE procès du marché de l’énergie de l'électricité

Si vous voulez démonter brique par brique 30 ans d’arguments fallacieux, la conférence est pour vous. Le pillage des services publics est la stratégie d'enrichissement de notre élite politique et de nos brillants hauts fonctionnaires. Ce pillage , ils le font à leur manière, comme ils l’ont appris, avec force de concepts et de points techniques complexes, mais ce ne sont que des usines à gaz anesthésiantes. Il faut les déconstruire pièce par pièce.

Parfois une guerre fait bouillir la grenouille et elle sursaute.  Peut être, enfin, elle comprendra cette évidence : « le service public de l’énergie, coûte moins cher que privé  depuis tout le temps « , ou encore qu’en ces temps de dérèglements climatiques, « l’énergie est une chose bien trop grave pour la confier aux capitalistes. »

Voici une conférence éclairante pour faire monter la tension et faire disjoncter ce système plombant.


vendredi 19 mai 2023

Hold up sur la facture électrique et la casse du service public de l'énergie

 Vous avez aimé les manifestations contre la privatisation des barrages, il était là le 8 mai au barrage de Serre-Ponçon ? Vous aimeriez comprendre pourquoi vos factures électriques augmentent aussi vite ? Vous souhaitez comprendre pourquoi depuis 20 ans on vous vend le marché électrique et la concurrence ? Une histoire a plusieurs dizaines de milliards ! Une histoire de hold up sans bruit, qui finit par la casse d'un service public qui marchait bien !

Nous avons la joie de recevoir, une personne au cœur du combat contre la privatisation des barrages et de la casse d'EDF:  Phillipe ANDRE ce vendredi 26 mai à 20 h a GAP à la salle de la mutualité. Il vient d'être viré d'EDF pour son combat syndicaliste intègre , soit la médaille du travail du combat syndicaliste ! Il parle clair, connaît son sujet, au cœur de la lutte contre le plan Hercule de démantèlement d'EDF, sans détour sur les sujets qui fâchent, venez nombreux l'écouter !

A ne pas rater !



mardi 28 février 2023

Macron atomise le logement social

 

Le mot pénurie est revenu dans le langage journalistique, il avait disparu. Pour les chômeurs les journalistes ne parlent jamais de pénurie de travail mais du chômage de la personne, le choix n’est pas rien, dans un cas c’est une fatalité (y’a pénurie), dans le second il est facile de vite sous-entendre une responsabilité au chômeur. Ce mot « pénurie » est revenu à la mode, il s’applique maintenant à l'énergie ou à l'alimentation mais curieusement pas encore au logement, on va parler de mal logement de problème de logement, en cas de famine on parlera de problème de pain. Pourtant le problème du logement est tout simplement une pénurie de logement et elle se fait de plus en plus criante pour les classes précaires. Ici dans les Hautes Alpes, elle devient aiguë, grave, inouï, il n’y plus rien à louer pour les popu (Voir article « Les Alpes ne peuvent accueillir toute la richesse du monde » il y a un an). Face à la flambée spéculative, la réponse rapide des pouvoirs publics (l’état et les collectivités locales) devrait être : « accélérons la construction du logement social ». Ce fut dans l’histoire la réponse même sous des gouvernements de droite. Mais sous un gouvernement d’extrême-pognon en pleine pénurie de toit, le logement social est tout simplement mis à mal, il est en déconfiture, il est même atomisé !

Nous avions alerté, il y a quelques années des conséquences des premières mesures de Macron 1er:
- le prélèvement de 1.3 milliards € sur les offices HLM,
- doublement de la TVA sur la construction social,
- mais surtout le plus pernicieux, la volonté de Macron de favoriser un de ces plus gros sponsors : les offices d’HLM privés.

Issus du monde socialiste comme lui, ils ont commencé à gauche, proche du pouvoir pour faire fortune en bradant des biens publics, (définition du mot oligarques). Cette privatisation rampante, est des plus pernicieuse en dévoyant des outils sociaux : les HLM privés. Mais des HLM publics résistaient, outils de gestion local puissants, ils permettent de loger les précaires. Beaucoup d’élus de gauche mais aussi de droite rechignaient à les brader.

Macron poussent les offices HLM à se regrouper avec la loi ELAN. L'état à favorise les HLM privés (en français technocratique les Entreprises Sociales de l’Habitat) au détriment des HLM dirigés par les élus locaux. Une recentralisation de la gestion du logement. Ces offices HLM privés louent selon des critères sociaux mais ils ont un bilan social très mauvais: leur vrai objectif est de faire du fric et des gros salaires à leurs dirigeants. Pour cela ils montent les prix des locations au plus haut du plafond sociaux, excluent de la location les précaires, vendent les beaux morceaux du parc au prix fort. Autre effet des volontés marconistes, la vente d'HLM. Macron l’a favorisé et simplifié.

Avec une tel politique Macron oblige es offices HLM a se refaire en vendant, certains en abuse et réduisent le parc. Les offices privés ont pris gout à revendre dans les zones ou les prix sont stratosphériques comme ici en montagne à ski. Et ici on a plus la main sur ces décisions. Ainsi s’amplifie l'exclusion sociale de ces zones: on peut parler d'épuration sociale, comme je l'ai fait ici. Ici dans le nord du département 05 nous avons vu les prix immobiliers montée en flèche. Un office d’hlm du nord 05 était communale et ses loyers assuraient aux saisonniers précaires des appartements bon marché. Il a été bradé à un office privé. Conséquence les loyers ont doublés en 10 ans, les précaires sont refusés systématiquement pour les nouveaux arrivants. Certaines classes moyennes trouvant la location privée trop cher et ne pouvant plus acheter des biens, devenues stratosphériques, c'est rabattu sur ces immeubles. Dernière étape à ce démantèlement du parc bon marché, leur revente. Dans un nombre important d'immeubles, nous voyons les départs des locataires sans remplacement et laisser vides. Il s’agit de les vider pour les revendre au prix fort du marché débarrassé des gueux

Bien que le problème du logement soit un gros souci pour l'électorat de gauche, il n’intéresse peu leur représentant à quelques exceptions près. Il sera curieux de savoir combien d’élus, de députés de gauche sont locataires, nous avons un indice : la gauche a élus 6 ouvriers à l’assemblée en tout est pour tout. Pas d'offensive médiatique, pas de clash à l’assemblée de sur ce sujet. Pourtant pour redonner du pouvoir d'achat aux moins fortunées, il est indispensable de s'attaquer à ce qui représente un tiers de leur dépense. La baisse de l’immobilier est bien meilleure pour lutter contre l’inflation que la baisse du prix de l’essence, c’est une excellente solution. Un vrai combat de classe. En effet, une grosse partie des classes supérieures ont décidées d'investir leur patrimoine dans l'immobilier. L'état défiscalise, favorise, la rente est bonne et sur, elle est même bien vu. Ainsi chaque année un transfert de plusieurs milliards se fait des classes pauvres aux classes aisées. Et depuis des décennies, l’année suivante est pire que la précédente. Actuellement, un bien qui dure 40 ans peut être payé par le locataire en 15 ans. Et malgré cette rente le parc locatif est en mauvais état. En effet, les classes aisées confondent souvent chiffre d’affaires et bénéfices. Rénover ou même simplement entretenir n'est pas leur priorité, les biens doivent cracher du revenu ! Ce que rapporte un bien n’est pas réinvesti dans celui-ci. Résultat les logements sont mal entretenus et surtout peu isolés. Fait aggravant la politique d'aide à la rénovation ou au déploiement des énergies solaires est quasi exclusivement tourné vers les propriétaires. Moralité, nous voyons les classes aisées investirent fortement dans l'isolation et la production électrique pour leur logement et rarement dans les logements qu’elles louent. Les propriétaires sont aidées par l'état, via l'argent prélevées sur les factures d'énergies (CEE) de tous les consommateurs. Cet argent va des moins riches aux plus aisés. Pendant ce temps les locations continuent de flamber comme les factures d'énergie pour les modestes. "Les riches s'est fait pour être très riche et les pauvres très très pauvre" disait Louis de Funes, ministre du roi en piquant des impôts à des paysans en pleine disette…

Le manque de construction sociale, s'explique aussi par la volonté de nombreux élus de ne pas accueillir ce type de logements dans leur commune. Nous avons vu ici un projet de logements sociaux haut de gamme, lever des masses d'hurlements. Les riches propriétaires d'un village ne voulaient pas de ces populations car pour eux « HLM= CAS SOCE ».

Pourtant ils ne devraient pas trop s'inquiéter, le financement des logements sociaux vient de la collecte d'argent populaires, les livrets A. Les Français en ont des bien garnies (500 milliards). Un tiers seulement sert à financer le logement social. Avec un taux sur le livret qui monte à 3 %/an, c'est une facture de 3 milliards en plus pour les HLM. Moralité leur construction devraient encore ralentir. Depuis 10 ans, à la suite du ralentissement de la construction sociale et la montée de l’épargne, ils existent des milliards en surplus. Le gouvernement Sarkozy a discrètement réorienté cet argent vers les actions, les prêts à l'état et financements divers et variés. Ici, il sert a financer les stations de ski, de parkings souterrains occupés deux mois par an et la construction de logements de station qui finissent inévitablement vides et froids, nous les appelons les lits froids. Ces milliards viennent d'être promis à financer le tonneau des danaïdes qui s'appelle ERP 2 car aucun privé ne veut investir dedans, contrairement aux renouvelables (qui ne marchent pas d’après l’extrême droite). En effet la construction d'un nouveau parc de centrale nucléaire va couter cher, bonbon, un bras et deux yeux. Le film EPR 1 était l'histoire d'un fiasco totale, le drame de l'incompétence et de la corruption, le film EPR 2 va être une suite encore plus grandiose, n'en doutons pas. En plein réchauffement nous allons les installés sur des bords de mers montant dramatiquement vite ou sur des fleuves à secs. Ils doivent produire dans 15 ans un joli trou dans les finances, trou qui sera lui durable.

Macron atomise donc le logement social, il l'a ruiné dans l'indifférence, de la gauche dont quasi aucun représentant vit dedans, il a créé un numérus clausus social. Pour y accéder il faudra être de plus en plus dans la mouise. La trop forte accumulation de problèmes dans un immeuble, n'a jamais fait des bonnes ambiances de voisinage, seuls ceux qui n’y ont pas vécu peuvent dire le contraire. Ces problèmes inévitables seront exploités par tous les grandes gueules réactionnaires pour clamer leur refus de construction.

Ce numerus clausus sociale fera au logement ce qui a fait à la médecine générale, une pénurie généralisée. La différence est qu'elle ne touchera pas les plus aisés. Ils sortiront gagnant, ils menaceront de ne plus louer leurs épaves thermiques si l'argent des impôts qu’il honnissent ne financent pas tous les travaux de rénovations. Normal pour eux, le loyer égale bénéfice.

Ici l'annonce de la candidature des JO 2034 est le pompon sur le problème. Les prix de 8000 €/m2 du tout nord du département va contaminer le reste du coin. Financer par des milliards d'argent public, les JO sont l'occasion d’une grande montée les prix de l'immobilier et d’une grosse coulée de béton.

Les plus aisées sont les gagnants de l'atomisation du logement social, ils l’ont pas réélu pour rien, il a inventé la sécurité des bénefs par l’impôt et l’immobilier rentier garantie par le numérus clausus social. Mais dans les cas caricaturaux comme chez nous, ils prennent le risque de souffrir d'une pénurie très grave pour eux, ces grands assistés, la pénurie de bonniches, de Nou Nou, d'aides au vieux, de jardiniers, de livreurs, de cuistots, de serveurs, de nettoyeurs, de bricoleurs …. Même leurs coachs de vie risquent d’avoir des soucis.

A quoi penseront ces vieux riches dans quelques années dans leur maisons immenses et vides, attendant l'aide a domicile qui vient pas, que décidément comme dit la chaine de télé CNAZE : les pauvres sont des fainéants et leur couper le chômage est une nécessité.

 

lundi 31 janvier 2022

Solidarité, procès d'un manifestant contre la privatisation du barrage de Serre-Ponçon


Suite à la manifestation du 8 mai contre la privatisation des services publics, un camarade gilet jaune et convoqué au tribunal de GAP, le 10 Fevrier a 13h30

Soutien à notre camarade Gilet Jaune convoquée au tribunal de Gap

Le 8 mai nous étions plusieurs centaines de personnes réunies devant le barrage de Serre-Ponçon (05) à côté d’ESPINASSE afin de dénoncer la casse des services publics et de dire stop à la privatisation des autoroutes, des hôpitaux, de nos forêts, de notre barrage.

Marre d’engraisser les multinationales avec l’argent du contribuable, notre argent !!

Cette journée symbolique a permis de poser un message collectif clair "La braderie des services publics c’est fini"

Ce jour là le soleil était de sortie, la peinture redécorait la routenoire et austère de revendications colorées, les gens fredonnaient deschants joyeux qui redonnaient du baume au cœur, l’ambiance était
familiale.

Mais cette joie n’était pas du goût des gendarmes se sentant dans l’obligation de jouer les troubles-fêtes.

En nous envoyant des lacrymos avait-ils peur de nous ce jour là ? De personnes venues en famille pour crier leurs indignations ?

Des camarades ont donc répondu logiquement à l’agresseur par des jets de cailloux !! C’est pour ce motif que le tribunal décide de convoquer notre ami.

Il est pour nous évident que nous soutiendrons toute personne qui se retrouvera face à la justice suite à cette manifestation, pas question de rentrer dans le jeu du gentil et bon manifestant nous faisons bloc
est restons soudés.

Rappelons-nous que le peuple n’a jamais rien obtenu dans la passivité, Nous nous battrons pour chaque goutte d’eau, pour chaque cm de terre.

Caisse de solidarité :

https://www.helloasso.com/associations/rouge-durance/collectes/les-3-du-8-mai-de-serre-poncon-leur-permis-de-manifestation-a-points

a bon entendeur

PIERRE et Compagnie

lundi 24 janvier 2022

La ruine du service public de l’électricité ou le choix du noir et de l'accident.

« Toujours lutter contre les conséquences, jamais contre les causes. » C’est le slogan secret d’Emmanuel Macron dans toutes les matières. Après l’hôpital, voici l’électricité. Le prix de l’électricité s’envole, Macron ruine l’État et EDF, sans toucher aux mécanismes qui ont produit ce résultat. Les conséquences risquent d'être d'un noir absolu...

 
La ruine du service public de l’électricité ou LE CHOIX DE L’ACCIDENT

Petit préambule sur cet article sur l’énergie

Avant, on parlait peu de l’énergie. À mesure que nos ressources se tarissent, le débat sur l’énergie fait rage. Mais il existe des absents de cet indispensable débat : les techniciens de l’énergie, ceux qui construisent, réparent, bref ceux qui font qu’on en a ! C’est comme si on débâtait de l’agriculture, sans jamais donner la parole aux paysans. Les philosophes en parlent, les journalistes, les experts qui n’ont jamais fait autre chose que de l’Excel, les professionnels de l’internet, les fous de réseaux sociaux, les youtubeurs toutologue, le tout avec beaucoup de rhétorique et pas de pratique. Un livre paru dans les années 2000, analysait les « décisions stupides ». Il définissait qu’une décision est stupide, quand elle nuit à beaucoup de personnes, mais aussi à celui qui l’a prise. Il racontait comment la NASA avait lancé la navette spatiale alors que tous les techniciens savaient qu’a -2 °C elle allait exploser. Il passait en revue les décisions stupides qui menaient à la catastrophe, alors que les risques étaient certains. Il remarquait que l’éloignement du terrain provoquait une sous-estimation des risques et des croyances et une incompréhension des problèmes techniques. La catastrophe de Tchernobyl fut provoquée par une décision stupide d’un directeur. Sur le terrain, personne ne voulait faire cette expérimentation, c’est-à-dire emballer la réaction d’un cœur nucléaire en coupant la sécurité. Les philosophes parlent aux philosophes, les sociologues aux sociologues, les techniciens aux techniciens. Vous entendrez, sur les médias de droite ou de gauche (sic), des experts, chercheurs, universitaires, sociologues, élus, responsables, décisionnaires mais jamais de techniciens. Voici de manière confidentielle, la parole d’un technicien des renouvelables, qui parle avec d’autres techniciens du nucléaire….

« Toujours lutter contre les conséquences, jamais contre les causes. »

C’est le slogan secret d’Emmanuel Macron dans toutes les matières. Après l’hôpital, voici l’électricité. Le prix de l’électricité s’envole, Macron ruine l’État et EDF, sans toucher aux mécanismes qui ont produit ce résultat. Les causes sont l’instauration d’un marché spéculatif dans l’électricité et la conversion d’EDF en multinationale. Spéculer sur un marché électrique, où le stockage est nul est stupide. C’est la certitude de faire faire au prix des montagnes russes. L’offre doit correspondre, à la seconde, à la demande : pas de rupture de stock !  Dans « l’idéologie de la loi du marché », ce conte pour enfant, en cas de pénurie, le prix monte. Dans cette légende, de plus en plus d’investisseurs se lancent dans la production et, finalement, l’offre d’électricité augmente. Dans la vraie vie, c’est différent, une centrale de production ne se construit pas en peu de temps ! Mais il faut l’avouer, c’est pratique, les théories. Souvent, en pratique, les théories ne marchent pas, ce qui devrait les rendre caduques, sauf si cette théorie est une croyance religieuse. La théorie de la loi du marché est une croyance religieuse. En pratique, c’est vérifié, elle ne fonctionne pas du tout. La sainte loi du marché efficient est une croyance fondamentaliste, et cela empêche toute remise en question, même quand le réel frappe a la porte, (en psychologie on appelle ça de la dissonance cognitive). Pourtant, le problème est basique, le prix du marché de l’électricité est le prix de la centrale électrique qui arrive au dernier moment, en bout de chaîne, soit la centrale au gaz :  le prix de l’électricité est fabriqué par le prix du gaz ! Peu importe que l’essentiel de la production, en Europe, ne soit pas faite par du gaz, c’est le prix du gaz qui compte. Alors, comme le gaz, russes sont les montagnes ! Vladimir a bon jeu de jouer avec la vanne du robinet ou de souffler sur les braises géopolitiques pour faire monter ou baisser le wagonnet du prix. Basique…

 Dans un contexte de yoyo tarifaire, celui qui désire investir dans la production électrique du mal à y voir clair. Seuls les joueurs de casino s’y risquent et ceux-là ne manquent pas, on leur ouvert un casino avec des règles sympathiques : « Face tu gagnes, pile l’État perd ». Pourtant, la production d’électricité n’est pas un métier de joueurs. Elle demande rigueur, prévoyance, planification, des temps longs. La production d’électricité et sa distribution est technique, rien de bien excitant. Elle demande de lourds investissements sur des décennies (30 à 40 ans) et le taux d’intérêt de l’emprunt est ce qui fait le prix de la centrale. Emprunter à 1 % ou 9 % cela change tout, une centrale qu’elle soit nucléaire ou renouvelable, coûte 4 fois plus cher a 9 % qu’à 1 %. Mais quand le prix change toutes les heures, quand il est impossible de connaitre la météo du prix à plus de trois jours, et quand il faut investir pour 40 ans, le banquier, l’investisseur demande le max, 9 %! Et puis, les adeptes de la religion du marché spéculatif n’aiment pas les temps longs : ils aiment les raids spéculatifs, les retournements d’alliance, les décisions qui surprennent le marché. La « Win », ce n’est pas laborieux, les écoles de commerce leur apprennent qu’ils peuvent faire n’importe quel métier, et changer de poste ou de métier tous les deux ans. La constance du jardinier ne fait pas partie de leur compétence. La « Win » ne parie pas sur 40 ans ! Pourtant, la production d’énergie d’un pays, d’un continent, nécessite la constance d’un jardinier, le sérieux d’un ingénieur. Remettre le choix de fermeture ou d’ouverture des usines électriques à des pressés de l’excédent brut d’exploitation, aux princes du cash-flow, c’est s’exposer à des fermetures brutales, sans concertation, quand le prix est bas, puis à des spéculations quand le prix est haut ! Quand le système merdoie, on demande à l’État de venir épancher le merdier, une fois que tout le monde est bien crotté.

 Cela fait 20 ans que le marché de l’électricité est dérégulé, déplanifié, bordélisé en Europe, petit à petit. Depuis 10 ans, la production nucléaire française est pillée. Il faut du temps pour détruire un service public qui fonctionne. Une tempête arrive et le navire, qui prenait l’eau de toute part, coule. La destruction de l’hôpital a pris une bonne décennie, le Covid a fini de l’achever. La destruction du service public de l’énergie a mis 20 ans, le Covid en révèle l’ineptie. Pour l’instant, tout le monde a de l’électricité chez soi et les coupures ne sont pas encore là. Elles arriveront, c’est une certitude ! Une panne en trop et un grand froid suffiront. Le pillage du service public de l’énergie, ses délirants investissements à l’étranger (des dizaines de milliards perdus par ses brillants PDG), l’ont empêché d’investir depuis deux décennies. Ses centrales de production d’électricité vieillissent. Elles ne sont plus renouvelées, ni maintenant entretenues. Nous aurions pu les remplacer à temps, par des énergies renouvelables, des économies d’énergie, ou même des centrales nucléaires neuves, si l’on savait encore en construire, ce qui n’est plus le cas. L’EPR est construit, mais depuis quelques années, EDF le répare, alors qu’il est neuf ! Imaginez-vous : vous achetez une voiture neuve, et l’emmenez chez le garagiste faire changer la culasse ! Votre garagiste vous annonce, à chaque fois que vous souhaitez la récupérer, qu’il vient de découvrir une pièce de plus à changer...

 C’est basique à comprendre. EDF, non seulement, ne renouvelle plus son parc de production, mais il n’entretient plus correctement ses vieilles centrales. Si EDF était une compagnie de taxi, elle aurait une flotte de R18 et de 404 avec 300 000 km. Elle aurait quelques R25 plus récentes avec des moteurs sortis de l’usine avec de graves défauts de fonderie. Elle aurait acheté une voiture neuve qui serait chez le garagiste depuis son achat. Nous seulement, le parc est vieux mais, les dépenses d’entretien sont réduites. Pourtant, les besoins d’entretien s’envolent avec autant de vielles casseroles. Pour économiser les frais de garagiste, notre compagnie nationale économiserait sur le petit personnel mécano en prenant des précaires mal formés. Elle virerait ceux qui alertent, encouragerait ainsi le mensonge par son mode de gestion ! Une belle assurance d’avoir des pannes à répétitions, voire des accidents. Au lieu de faire les réparations nécessaires sur les véhicules de manière préventive, la compagnie de taxi, pressée par le manque de disponibilités de ses véhicules, choisirait de mettre le problème sous le tapis et de ne réparer que lorsque les pièces lâchent. Le problème de ce choix de maintenance est qu’on joue avec le hasard. Avec une maintenance préventive, vous pouvez programmer les arrêts et gérer la disponibilité. Le choix de la maintenance curative est l’aléa :  parfois les pannes tombent au bon moment, parfois plusieurs véhicules sont en rades en plein départ de vacances dans une période sans marge. Moralité dans un marché où la course de taxi est cotée d’heure en heure, l’offre s’écroule et le prix s’envole.

 Les vieilles centrales sont en bout de course, les plus récentes sont sorties d’usine remplies de défauts. Les premières centrales 100 % françaises livrées dans les années 90 annonçaient, avec leur retard et surcoût, la tragédie de l’EPR.

 Le danger de réduire le coût de l’entretien des vieilles centrales nucléaires est évident. Cette politique nous fait courir un risque immense et ruinant : l’accident sévère, en langage Nuke ; la grosse cata, en langage courant. La force de communication du Nuke est dans sa façon de changer les mots. D’une personne violente et maltraitante, dit-on qu’elle est sévère ?

Actuellement, l’entretien des centrales est effectué par du personnel mal payé et mal formé. Seuls les managers, rivés sur leur tableau Excel, peuvent croire au père Noël. Le père Noël, ici, consiste à croire qu’un travail technique, fait dans des conditions humaines déplorables, vite et à moindre prix, soit un travail de qualité. La réalité est que les techniciens font semblant, on triche, on remplit les papiers, on coche les bonnes cases, on achète les agréments pipeau. Dans la réalité, le travail est bâclé, les problèmes enterrés, la réalité embellie, le mensonge, la règle. Le souci, pour qui connait vraiment la technique (c’est-à-dire pas ceux qui nous dirigent ou communiquent) sont les détails. Un coude dont l’acier a trop d’impuretés, c’est un détail. Il est joli, flambant neuf, sur la photo de l’inauguration, il ne fait pas tâche. La différence se voit des années après. Mais quand les problèmes arrivent, les ronds-de-cuir qui ont signé les papiers de conformité, sont partis dans une retraite confortable. Ils sont de tout manière à l’abri de la leucémie, pas comme un vulgaire précaire.

 Il y a urgence à investir massivement dans l’hôpital, pour que nous soyons encore soignés. Investir dans l’hôpital veut dire investir dans l’humain et pour être même précis, dans le travailleur de terrain, productif, l’aide-soignante, le médecin, l’infirmière, pas dans le manager à tableau Excel, dans son bureau, loin du terrain, chargé de faire des stats et du flicage. De la même façon, pour l’électricité, il est urgent d’investir dans la maintenance de nos centrales, dans le travailleur exposé, dans le soudeur, dans le remplacement préventif de tonnes de tuyauteries à bout de course. Au lieu de cela, l’État assure les profits des traders de l’électricité, qui achètent pour revendre. Il s’attaque aux conséquences d’un casino qui s’emballe, sans le remettre en cause. Les causes s’appellent, en français technocratique, la “libéralisation du marché de l’électricité” ; mais en français technique ? Sa “bordélisation” ! S’attaquer aux causes nécessite une série de recettes déjà employées dans l’histoire, basiques, simples et efficaces, mais coûteuses, politiquement. Il faut en effet s’attaquer aux juteux profits des multinationales de l’énergie :

 - Nationaliser la production d’électricité (nucléaire et renouvelable) comme son transport et sa distribution, et au-delà, la distribution du gaz, c’est indispensable ;

 - Faire voter un choix clair aux français, par référendum : « Préférez-vous du nucléaire ou des renouvelables ? Vous devrez accepter les inconvénients de votre choix ! »  ;

 - Instituer un tarif progressif de l’énergie : plus je consomme, plus je paie. Première tranche pas chère, deuxième tranche prix moyen, troisième trancheà prix élevée. Dernière tranche, très élevée ;

 - Mettre en place un service public des économies d’énergie, financé par cette tarification progressive et l’impôt. Flécher l’épargne des ménages dessus ;

 - Investir immédiatement dans un plan d’urgence de sécurité nucléaire, quel que soit le résultat du référendum : intégration des précaires du nucléaire dans EDF, professionnalisation, suivi médical financement de la réparation des tuyaux défectueux ;

 - Mettre un financement à 0 % des infrastructures de l’énergie, car le taux de financement est la donnée la plus importante en énergie ! C’est basique, vous n’avez pas les bases ;

 - Flécher l’épargne des ménages sur les économies d’énergies.  Sans service public de l’énergie et des économies d’énergie, pas de transition énergétique réussie, donc adieu le climat ;

 Le proverbe légendaire des technocrates est qu’il n’y a pas de problèmes que l’absence de solution finit par résoudre. Les non-choix de ces 10 dernières années nous amènent vers le noir. Le choix de la ruine d’EDF, réalisé hier, et amplifié aujourd’hui, nous amène des conséquences dramatiques : panne généralisé (blackout) comme au Texas – risque fort d’accident nucléaire – pas d’argent pour les économies d’énergies et les renouvelables. Quelle belle idée que de faire une transition énergétique trop lente, dans un pays sans pétrole et gaz, quand les fossiles deviennent rares et chères !

Malheureusement dans le nucléaire, on est plus fort en lobbying qu’en soudure ! Le lobby du nucléaire va de l’ENA à la CGT-ÉNERGIE, en passant par tout la haute administration, et la vieillesse votante et réactionnaire. Ils arrivent même à convaincre la jeunesse angoissée par la catastrophe climatique d’être un remède. Chapeau bas pour le bourrage de crâne. Ce lobby immense est parvenu à freiner le développement des énergies renouvelables et des économies d’énergie. Il craignait que cela enterre sa croyance absolue dans le nucléaire. Abrutis par leurs certitudes, ils n’ont pas vu que le système libéral empêchait, non seulement, la relance du nucléaire, mais qu’il empêchait jusqu’à son entretien, et ruinait leur boutique, en la dépeçant de l’extérieur et à l’intérieur. De l’extérieur, par le marché ; et à l’intérieur, par les délires mégalos qui affectent régulièrement les dirigeants du Nuke, une maladie chronique et hors de prix. Cette folie les a ainsi conduits à ruiner eux même leur propre boutique à coup d’investissement foireux dans des mines sans uranium ou par l’achat à l’étranger de vieilles centrales mal entretenues. Ils ont vendu des centrales neuves EPR mal conçues, avec des garanties de SAV. Au moins, dans le photovoltaïque, les arnaqueurs disparaissent sans laisser de trace. Si vous avez une R18 mal en point ,qui ne vaut rien, il faut la vendre à une compagnie de taxi qui adore les R18, et les achète cher. Les véritables destructeurs du nucléaire, ce sont eux. Ils ont fait bien plus de mal au secteur que tous les antinukes réunis.

 Depuis quelques années, portés par de richissimes et brillants gourous qui ne mettront jamais la main sur une pelle, le nucléaire revient, en jouant toujours sur l’image d’une industrie de pointe, portée par un haut niveau de technologie, nous promettant de nouvelles générations de réacteurs, sans risques, sans déchets (MDR). Le nucléaire est présenté comme un fleuron du progrès scientifique, la fine fleur de la virtuosité technique. Dans la réalité, sur le terrain c’est tout le contraire : ce sont des infrastructures vieillissantes et des mentalités moyenâgeuses chez leur partisans, dirigeants. Les centrales s’effilochent, le prétendu sommet de la technologie humaine se révèle une vulgaire affaire de plomberie. Le mépris pour les ouvriers confine à la féodalité. Les têtes qui protestent ou juste alertent, se font décapiter (exemple 1 - exemple 2 ). Sur place, les opérateurs bricolent au compte-goutte avec des bouts de ficelles. Le pire, dans cette histoire, est que les ronds-de-cuir et leurs gourous, qui décident de toute cette mascarade, ne sont pas ceux qui iront nettoyer le merdier. Ils resteront tranquillement devant leurs tableaux Excel, dans leurs conférences, sur leurs plateaux d’interview. Ils ont ruiné leur service public, ils vont nous mettre dans le noir, ils ruineront bientôt la France, à 500 milliards d’euros minimum l’accident. Actuellement, ils mettent dans des situations humaines et techniques bancales le personnel qui répare. Certes, c’est certain, ce ne sont pas eux qui iront comme au Japon, balancer de la résine mélangée à du papiers journal déchiqueté pour boucher les fuites. Ils n’iront pas pousser avec brouettes, râteau et pelles les débris du fleuron de la technologie française. Ils n’auront pas un dosimètre qui crépite sur le dos. Eux, ils géreront les doses reçues par les travailleurs. Ils affirmeront, péremptoires, qu’en fait, cela ne va pas si mal. Ils raconteront que tout colle dans leurs tableaux, depuis qu’ils ont relevée les normes de dose recevable en y rajoutant un ou deux zéro. Ils mettront en place de compliquées procédures, souvent inutiles, mais toujours bien vendues. Ils se moqueront de ces travailleurs qui picolent, en revenant de l’enfer. Ils raconteront que l’alcool fait plus de dégât que les rayons gamma.

Un ouvrier technicien….

Jean Ganzhorn

PS 1:

Le pire, dans cette histoire tragique, est que tous les lanceurs d’alerte se font laminer, virer. Les managers du Nuke, avec la complicité des grands syndicats maisons bien choyés, font régner l’omerta. Au lieu de les utiliser pour réclamer des moyens supplémentaires, il impose la pensée totalitaire. Boris Cyrulnik en parle brillamment dans cette conférence et ils devraient consulter, un vaste choix de 430 psychothérapies existe.

PS 2 : Le pire est que pour les renouvelables, la loi du marché fait aussi de la merde alors qu’elles sont un des rares espoirs qui nous reste face a la catastrophe climatique qui va nous secouer.

PS3 : Faire des prédictions sur l'avenir c'est casse-gueule mais en se qui concerne une mauvaise maintenance,c'est facile. Je vous reporte sur ce qu'on disait sur le marché électrique, on peut voir qu'on avait vu a peu prés juste:

Hercule à EDF , la vente du réseau électrique et des barrages

Le prix du marché, une absurdité pour les ressources vitales, la preuve par l'électricité et le COVID19

Meme pour les lib"raux la liberalisation de l'electricité fonctionne mal (pas) !