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lundi 6 février 2023

Face a la catastrophe climatique: Non au déni Olympique !

Pendant que les saisonniers et les travailleurs précaires de l’industrie du ski peinent à se loger et se chauffer, les féodaux des Alpes du Sud veulent organiser un grand tournoi de chevalerie, les JO d’hiver 2034. Depuis qu’ils gèrent l’argent des manants collecté par l’impôt, ils aiment bétonner et passer à la télé. Les JO c’est le combo, le plus parfait mariage entre les marchés publics, le béton, la gloire internationale et les célébrités. Depuis le covid et son plan de relance, ils nous ont habitués à construire de nouveaux téléportés, des canons à neige, des immeubles neufs pour remplacer les immeubles vides et une ribambelle de parking souterrains. La mention spéciale au Orres ou un parking de 126 places a couter 47 000 € par place pour un endettement de 40 ans. Bien sur on aurait pu construire à ce prix-là un studio pour 126 saisonniers. Mais apparemment les bagnoles ont ici plus de droit que les saisonniers. Elles ne peuvent pas coucher dehors comme un vulgaire travailleur.

Les féodaux locaux avec l’âge chopent ici souvent la mélonite (maladie du melon qui ne peut plus passer plus les portes). Leur fascination pour les grands tournois remonte à des siècles quand ils dépensaient des fortunes pour voir des gars se taper dessus.

Alors fatalement arriva un de ses drames de l’argent public : chauffer à blanc par les apéritifs et les consultants, l’idée germe à la fin d’un repas. Grands fauves de la compétition politique, ils aiment la compétition sportive, il l’admire. Un grand politique ressemble a un grand sportif :  entrainements obsessionnels, compétitions acharnées,  un gagnant qui ramasse tout, les dimanche jour des résultats, la nécessité d’avoir des sponsors, les rivalité au sein de l’équipe, les accidents de carrière, les passages dans les médias, etc…. Alors les JO d’hiver sont ici dans les Alpes une lubie régulière. La savane africaine a ses pluies de criquets, les forets méditerranéenne ses incendies, la montagne a ses coulées avalancheuse et les JO. Les JO permettent de faire plein de marchés publics, de bétonner a mort, d’expulser, de gentrifier, de faire couler le champagne, d’inviter des puissants. Pour les manants  c'est des loyers qui flambent encore plus vite que les impôts. A Sestrières la vallée voisine a eu les JO de 2006, résultat : des décennies de dettes. Ils ont eu droit à une belle piste de bobsleigh a 90 millions d’euros, le prix d’un hôpital de ville pour 15 jours de glissage avec bob. Ils viennent de la détruire, l’entretien les ruinaient.  Des centaines de canons a neige des JO ne sont plus utilisés, y'en a trop. Le village olympique a été transformé en maisons secondaires ! Le gaspillage de ressources est dans ce type de projet une caricature : les Jo , c’est toujours, plus. Pour les féodaux du "Plus" , pour les manants du "pluuu(s)". Les Hautes-Alpes n’ont plus de dentistes ! Il est impossible de se faire soigner les dents mais nous pouvons avoir une piste de bobsleigh. Malheureusement eux, il sont pas ces problèmes, les féodaux ont de rendez-vous chez le dentiste rapidement et ils aiment le bobsleigh.

20 ans plus tard les JO reviennent en Italie et leurs couts est de deux milliards d’euros : une nouvelle piste de bobsleigh, des routes nouvelles en montagne, des patinoires, ces JO qui devaient être sobre, ne le seront pas. Mais la parité homme-femme respectés insiste le comité : une destruction de pâturage alternera un massacre de biodiversité….mais avec de jolie étude d'impact, on détruit mais scientifiquement nous !

Nos féodaux ne souhaitent pas consulter la population sur ce sujet. Évidemment, elle des de plus en plus réticente : Dans les cantons suisses du Valais (2018) et des Grisons (2013 et 2017), dans le Tyrol autrichien (2017) ainsi qu’à Munich (2013), les habitants de l'arc alpin ont dit non à de nouveaux Jeux d'hiver sur leur territoire. Une nouvelle candidature allemande pour 2032 devrait également avoir son référendum. Un référendum de la population dans les Alpes ? 

D’après leur promoteurs les JO  2034 ici seront écolos et permettront de finir l’autoroute entre Grenoble et Sisteron, bref une coulée de béton avec une prière verte ! Les fils de pub vont nous vendre les écolos-JO !

Bien sur le réchauffement fait craindre des soucis d’enneigement et pour garantir les Jo, comme à Sestrières, les organisateurs surdimensionneront les canons a neige et installeront les nouveaux canons a neige qui marche à froid positif (https://www.lesechos.fr/pme-regions/auvergne-rhone-alpes/les-nouveaux-canons-a-neige-tout-temps-vont-ils-sauver-le-ski-1316245). Ces canons permettent de faire de la neige jusqu’à 35 °C mais ils consomment beaucoup d’électricité. En 2034 elle sera pas cher !

Le 8 mars 2023 , la région Sud va lancer la candidature de la région au JO 2034 ou 2038. Son président nous le répète : "À chaque fois que l’on nous promet l’Apocalypse, on se trompe ". On aimerait tellement qu'il est raison mais ce sont que 99 % des scientifiques qui nous le promettent. Notre président a lui la foi en un avenir radieux. Rien ne peut démolir sa croyance, elle résiste à l’évidence comme le font les croyances face a l'évidence. Face a une catastrophe climatique à venir, nous avons bien mieux à faire de l’argent public qu’a organiser de ringards tournois dispendieux. Nous avons bien mieux à faire de l’énergie, de l’eau et surtout du temps qui nous reste. La catastrophe climatique génère et généra des catastrophes dignes d’une guerre, nous avons à nous armer face à elle. A ceux qui nous proposent des canons a neige face au réchauffement, nous rappelons que depuis toujours la mégalomanie nuit gravement à l’avenir et que la différence entre un optimiste et un pessimiste est que le second est bien informé.


 

 Nous invitons tous ceux qui souhaite protester contre cette candidature à se fédérer et à protester ce 8 mars 2023. 

face a la catastrophe climatique: Non au déni Olympique ! 


Contact : adieuglacier05@gmail.com


mardi 24 janvier 2023

Action et manif a venir et une info Olympique

> Le 26 janvier à 18H, une marche aux flambeaux est organisée au départ de la préfecture. Elle se terminera par un moment festif et convivial, accompagné de vin / jus de pomme chaud.

> Le 31 janvier à 10H, une nouvelle grande manifestation inter-professionnelle partira de la préfecture. Cette journée d'action et de grève nationale doit montrer que le mouvement ne faiblit pas. Ensemble, nous devons être plus nombreux que le 19 et pour cela, réussir à convaincre autour de nous.

Appel à la grève en station:

Les deux syndicats des remontées mécaniques déposent un préavis de grève illimité pour février



Et aussi:
Embrun ou Briançon candidat au JO 2034, La valse des millions pour la gloriole.

Voici l'équipe olympique local, y'en a pas un qui eclaire a 100 métres


mercredi 7 décembre 2022

Les démons du déni, nous entrainent jusqu’à l’agonie

 Industrie du ski et climat, les démons du déni, nous entrainent jusqu’à l’agonie

Il y a 10 ans j’écrivais un rapport sur les couts énergétiques des stations de ski et sur le devenir face au réchauffement. Un maire m’affirmait : « la guerre du réchauffement nous la gagnerions à coup de canons ». Un jeune directeur(1) de station ambitieux me menaçait de me passer par la fenêtre de son bureau si « je venais encore le faire chier encore avec ces conneries de climat ». Pour les bâtiments, on pouvait diviser par 5 la consommation d’énergie pour le prix d’un gros téléportes. Ma proposition de plan d’actions, pour la vallée en matière d’économies d’énergies et d’énergie renouvelables était rejeté par la présidente de la comcom à l’unanimité me signala-t-elle. Un maire m’affirmait « j’ai des choses sérieuses à faire, je peux pas m’occuper de ces conneries d’écolo ». Tous ces brillants et perspicaces dirigeants, dix ans plus tard sont aux manettes : ils ont eu tous des promotions et financent ou gèrent l’industrie du ski*. Ils sont représentatifs d’un milieu caricatural qui a institué le déni comme mode de pensée, la fuite en avant comme horizon. 10 ans plus tard le déni a remplacé les certitudes mais les démons du déni nous entrainent jusqu’à l’agonie….le tube de ces 10 ans qui viennent…


 

Station de V*, un télésiège voit un de ses poteaux bougé, une hypothèse sérieuse, la montagne bouge comme jamais. Le réchauffement ici multiplie les mouvements du sols, présents de tout temps en montagne, la pente est forte. Depuis quelques années ce multiplie les cas de villages isolés suite à l’effondrement de routes. Un pan entier d’une montagne qui s’effondre à Serre-Chevalier, aux Jorasses, l’effondrement ici est littéral. Les stations de ski sont construites dans un milieu hostile : froid, chaleur, humidité, neige, la corrosion est forte et de nombreux équipements ou bâtiments sont en mauvais état voir au bord de l’effondrement. L’entretien des routes coutent cher. La date de construction de nombreux bâtiments est de 40 à 50 ans et de nombreux travaux sont nécessaires, ils sont au bout du rouleau comme une vulgaire centrale nucléaire. Face a ces murs de travaux, règne la loi du coup de peinture, du cache la misère. Les bâtiments sont des passoires thermiques, chauffés à l’électricité, au grille-pain ou au GPL. Les énergies les plus chers.  Les stickers des écogestes sont partout. La peinture verte dégouline de partout.

Malgré ce constat inquiétant, des centaines de millions d’argent publics vont vers l’agrandissement des stations, la construction de nouvelles routes, de nouvelles retenues colinéaires, de nouveaux téléportés, de nouveaux bâtiments. Des forfaits plus chers et des saisons plus courtes, donc moins de journées de ski sont à prévoir. Moins de journée de ski veut dire des forfaits plus chers. Moins de neige, veut dire plus de frais pour fabriquer la neige de culture, cela fait encore des forfaits plus chers. Des forfaits plus chers, veut dire l’ exclusion des classes moyennes du ski et des skieurs de proximité, on essaie de se rattraper en faisant venir des de plus en plus loin, qui sont plus en plus exigeant, on leur construit des parkings souterrains sous les pistes de ski et des jacuzzi partout. La boucle de rétroaction est infernale.

Face à ce mouvement de fond irrésistible, la réponse des « acteurs de la montagne » comme ils aiment se nommer : le déni et la fuite en avant. Il faut faire des sous rapidement avant que tout s’écroule ? Plus de canons à neige, des fonds publics à gogo, et bien sûr compresser les salaires des saisonniers. Difficile, les salaires des saisonniers sont récupérés par les rentiers de l’immobilier qui les essorent.

L’état, la région PACA et la région AURA mettent 1 milliards sur la table. Elle va financer n’importe quel chantier sauf si il est intelligent :

  • Un gros plan de parkings souterrains. Au nom de l’écologie pour ne plus voir les voitures cela fait moches. Dans une station pendant qu’un parking souterrain menace de s’effondrer sous trop de rouille, un autre est construit coté pour que le riche skieur puisse accéder du parking aux nouveaux télésièges sans marcher.
  • De nouveaux bâtiment à côté des foutus fleurissent pour compenser les bâtiments de plus en plus vides.
  • La bataille de l’eau est en cours, l’objectif étant de pouvoir enneigés 100 % des pistes de manière artificielle.

Le modèle du Qatar est dans la tête de ses dirigeants : clientèle de luxe, déni écologique, mise en servage des saisonniers. Actuellement le manque de saisonniers rend cette tache impossible, mais la crise qui arrive et la réduction des droits du chômage effectuera le travail.

L’assistanat par l’argent public de l’industrie du ski est patent. Sa voracité à croquer dans l’argent de tous pour financer le loisir de 6 % de ses citoyens est choquante. Nous sommes dans une société qui finance avec l’impôt un loisir de riches. Les mêmes qui crient à l’assistanat dès que l’état vient au secours des besoins primaires des plus pauvres ; Le RSA ou les allocations chômages finance à peine de quoi manger et se mal logés.

Cette fuite en avant ressemble à une digue de sable face à la marée qui monte.

La crise climatique, va rendre non seulement onéreux la pratique du ski mais va aussi tout simplement la détériorer et la rendre aléatoire : neige artificielle trop verglassé ou trop molle, orage en plein hiver fermant les remonter, bourrasque de vents. Je suis, je le confesse un vieux skieur et j’ai toujours adoré ce sport, j’y ai pris beaucoup de plaisir, mais j’avais de la bonne poudreuse, des pistes sauvages et des forfaits cadeaux…. Tout cela semble être du passé : les pistes sont nivelées à coup de bulldozer et sécurisés pour accueillir une couche de neige artificielle bien plus dure. L’ambiance de la montagne prohibitifs en a déjà pris un bon coup : elle est remplie de panneaux publicitaires, de parkings payants. Elle va devenir de plus en plus détestable. Bien loin de la zénitude vantée par les campagnes de pub.

Il est aussi a craindre que ce loisirs pas pratiqué par 90 % des français deviennent impopulaire et vois son image se détériorer fortement. Nous allons passer du « je dis à tout le monde que je vais faire du ski » au ski honteux.

L’industrie touristique est aussi basée sur une part de rêve, de marchandises symboliques. Casser ce rêve et ce symbole peut faire bien autant de mal que le manque de neige. Qui voudra consacrer un mois de salaires pour se faire pigeonner à ski sur de la soupe ou du verglas ?

Face à la catastrophe climatique, la raison et la prévoyance voudrais qu’on envisage un plan décennal de fermeture des stations de basse altitude et de moyennes. Fermer les stations ne veut pas dire fermer les activités sur place : luge, ski de fond, raquettes, balades sont possibles, toucher un peu de fraicheur, du froid et du soleil vont encore faire recette a condition que cela soit abordable.

Que la construction de nouveaux bâtiments soient stoppés et la rénovation entière de l’existant engagé. Les couts de chauffage seraient réduits d’un facteur 5. En plus ces bâtiments sont tout électrique et favorise la pointe et monopolise plusieurs réacteurs nucléaires en pointe (et consomme sur la saison la production annuelle d’une centrale).

Lors de mon étude énergétique j’avais fait apparaitre que les trois quarts de l’enjeu énergétique se situait dans le déplacement et que les remontées mécaniques consommaient 5 % de la dépenses énergétiques du skieur : en gros un skieur de randonnée venant en voiture consomme beaucoup plus qu’un skieur de station venant en train.

Changés la mobilité de vacanciers d’hiver est la bataille a mener :  l’éradication de la voiture individuelle une nécessité et pas impossible. L’exemple de la vallée des dolomites le montre.

Faire venir des vacanciers d’hiver en transports collectifs au lieu d’enterrer les voitures dans des parkings souterrains, les loger dans des immeubles isolés qui ne reste pas vides 365 jours par an, faire du ski que si la neige est la et diversifier les amusements, tout cela est un peu plus raisonnable.

La construction de route est ici une passion locale qui s’enracine chez les certains élus comme l’aboutissement d’une vie réussi. Ces élus sont pathétiques. Leurs rêves de JO et d’autoroutes sont si datés que leurs déclarations doivent être confié à des paléontologues. Mr CANA…SON.. ici va nous prolonger l’autoroute, lui qui a supprimé le financement de la rénovation des bâtiments du département il y a 10 ans.

Construire des vacances d’hiver économe donc abordable permettrait de conserver un tourisme d’hiver…..

Ce modèle a de gros défauts pour les épées qui nous dirigent : la fin de la grosse promotion immobilières qui tache et de tous les délices qui vont avec, la fin du couteux privilège du lit froid, la fin de des chantiers automobiles, la fin de certaines rentes de situation, la fin d’une époque….

Ce modèle nécessite de sécuriser certaines entreprises menacées par la destruction du climat : elles vont devenir dépendantes de la météo et risqueront la faillite régulièrement : les paysans d’abord et bien d’autres. Une proposition la création d’une caisse de solidarité climatique : comme pour l’agriculture pour laquelle elle n’existe pas encore il en faut une pour les saisonniers : un hiver sans neige, les chômeurs dépendant de ces activités sont indemnisés, un hiver profitable la caisse est abondé par tous. Une partie des fonds publics doivent être redirigés dans cette caisse au lieu de financer des infrastructures qui vont être abandonner dans quelques années car trop cher à entretenir.

L’utilisation de l’argent public comme morphine d’un système obsolète ne durera pas éternellement. Le réchauffement du climat est le cancer du ski, le déni ne le soignera pas, pas plus que la peinture verte. On ne peut guérir du cancer grâce à l’homéopathie. La chimio fait peur, ses effets secondaires sont lourds, mais le malade a des chances de s’en sortir. Le déni est une perte de temps précieux. Si les préconisations faites il y a dix ans avait été mis en place, le virage serait moins douloureux à prendre. Pour l’instant nos élites dirigeantes sont en tout schuss et les démons du déni nous entrainent jusqu’au bout de l’agonie.

 

(1) L’inénarrable directeur de station, misogyne, caractériel, anti social a fait fortune en multipliant les chantiers de téléportés et fait la promotion du ski écologique actuellement en se promenant dans sa grosse AUDI hybride.

 

 

dimanche 6 novembre 2022

La Salle-Projet : Un maire, des Gagées à dégager et les rêves qatari des multinationales du ski


 Il est une fleur de montagne qui va faire parler d'elle dans la vallée de Serre-Chevalier, la Gagée des champs.


 
Fleur rare sur la liste rouge des espèces menacées, elles poussent sur une zone pas encore bétonnée dans la vallée. Mais un projet la menace. Le projet est contestable par son impact sur l’environnement et sa mise en œuvre. Ce projet est mené par la Compagnie Des Alpes. Derrière elle, nous trouvons la célèbre multinationale Vinci. Ce projet est l'objet d'une plainte contre le maire de la Salle Les Alpes pour prise illégale d'intérêt.


https://www.lejdd.fr/Societe/la-bataille-de-limmobilier-dure-a-serre-chevalier-entre-environnement-et-soupcons-de-corruption-4141162

Depuis des décennies, nous assistons a des coulées de béton dans les Alpes. Les poussées de fièvre bétonneuse frappent nos vallées. La fin du climat de montagne est pourtant là, nous dormons la fenêtre ouverte à la Toussaint ici. Mais ici, il faut du béton, car dit béton, dit beaucoup de pognon. Il ne faut pas s'étonner qu'on bétonne, c'est la loi de la montagne. Comme l'eau éteint le feu, le temps refroidit les lits ! De plus en plus de lits deviennent froids et ne servent plus à rien. L'homo bourgeois capitalo-gloutonnus à des appartements au ski dont il ne fait souvent rien... Alors sans occupation, ses lits ne font pas tourner l'industrie touristique montagnarde et il faut en construire de nouveaux. Ils seront un peu occupés puis avec le temps, ils redeviendront froids, pendant que le climat chauffe. A force de bétonner, la place, rare en montagne, toute la vallée comme à Serre-Chevalier y passe. Peu importe que la biodiversité s’effondre comme jamais-vu même dans les pires extinctions de masse. Peu importe, ici, on vend de la nature préservée sur carte postale, on peut donc la massacrer. Vu les prix de l’immobilier, la vénalité est la règle.


La Compagnie Des Alpes est une multinationale du ski et du tourisme qui sait à merveille mélanger les intérêts privés et les ressources publiques. L'industrie touristique a toujours su marier l'argent public pour investir et les retours d'argent privatisé. L'industrie du ski a généré des fortunes privées en grand nombre. Elle est devenue mondiale (Black Rock est dedans.) et les habitants n'ont plus grand-chose à dire sur le développement de cette industrie. Ils leur reste à payer les frais de routes, d'eau potable, de transports, de scolarisation, de santé, de logements souvent indignes genre passoire thermiques …

Des centaines de millions d'argent public sont programmées dans nos chères montagnes. Un milliard d'euros en tout.

Ces multinationales du sport et du loisir rêvent du modèle social qatari. Ils souhaitent l'appliquer aux Alpes:

- des touristes riches qui vont et viennent du monde entier et achètent à prix d'or des biens qui sont des placements, un peu comme on achète une toile d'art contemporain. On vient se détendre, la poudre blanche est bonne et facile d'accès.

- des saisonniers aux droits de rester sur place limités (nationalité au qatari, ici loyers trop chers et droits au travail écornés...). Leurs intentions : faire venir des travailleurs qui n'habitent pas la vallée de manière permanente, interchangeables, dociles et précaires. Les sans droits à l'assurance chômage, les retraités pauvres, les malades, les indigents doivent partir.

- un bétonnage sans limite avec l'appui des pouvoirs publics qui répriment les opposants. Accaparement de l'eau et financement des infrastructures qui coûtent : remontées mécaniques avec équipement lourds pour un accès au ski pistes boulevards et pour la fabrication de neige de culture, eau potable , épuration, routes.

Pour cela, il faut la destruction des droits des salariés les moins précaires ceux des remontées mécaniques. Cela disciplinera tout le monde. Ces salariés sont historiquement les fers de lance de la lutte sociale dans les Alpes. Ils peuvent encore faire grève et bloquer un samedi les stations de ski. Ils peuvent toucher au grisbi et surtout à l’image : les multinationales sont très attentives à l’image du ski. Vont-ils se laisser dépouiller sans rien dire, vont-ils chercher une réponse individuelle à un problème collectif. La mentalité individualiste, moderne, n’incite pas à l’optimisme. Vont-ils dire haut et fort aux multinationales du ski et leurs petits kapos, " c'est qui qui fait tourner le bouzin, c’est qui le patron !" L’enjeu est imminent, car à force de surinvestir dans une industrie en péril climatique, les finances publiques risquent de ne plus suffire à compenser et les trous béants. Ces trous vont être payés par les salariés. À eux de s’occuper de leurs intérêts et à voir dans des journées d’actions, non une dépense, mais un investissement très rentable, une protection de leur outils de travail.

À l'heure ou la faim menace et la pénurie d'énergie se pointe, les besoins de santé non satisfait, agrandir les stations est une priorité pour l'argent public, pour les 90 % de non-skieur que sont les Français , cela risque de coincer !

Certaines y voient de la bêtise, on peut y voir une coalition d’intérêts. Ce fut toujours le cas répondront certains. Certes, mais la différence est que la vision de nos décideurs est un peu différente des années 70 - 80. Le projet actuel est purement colonialiste :

Écouter cette émission : affaires sensibles

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/affaires-sensibles/affaires-sensibles-du-mardi-04-octobre-2022-5655010

Les projets actuels sont purement colonialistes de Serre-Chevalier à la Clusaz : de grands groupes mondialisés veulent tirer des profits de la montagne et ne plus rien partager, même pas les miettes. La création des stations de ski s'est réalisée avec de l'argent public, elles ont généré d'immenses fortunes privées et la population locale a récolté une partie de la nouvelle prospérité en travaillant d’arrache-pied. Actuellement, ces projets sont d'un autre ordre, plus de miettes, tous les bénéfices vont chez les promoteurs et la population locale récolte rien, enfin si les dettes des infrastructures, car pour ses lits froids, il faut construire : route, réseau assainissements, réseau électrique, etc....

A eux, les bénefs à nous les dettes. -
Détruisons l'avenir dès à présent disent les gloutons.

Il faut quand même s'interroger sur ceux qui devraient défendre la population. À la Salle les Alpes, le maire est accusé d'avoir été un employé de la Compagnie Des Alpes. Il souhaite que l'on bétonne deux mille lits sur sa commune aux profits de multinationales .Cela pose .question. Une fleur de montagne rare devient un caillou dans le mocassin des promoteurs

Le mélange des genres est une pratique courante, ici.

Le béton doit comme l'avenir, couler

Et dégager la gagée, c'est la mère de la fortune.

C'est sale, mais nous sommes à La Salle dans un décor de carte postale.

mercredi 6 décembre 2017

Boire ou skier ?

https://www.bastamag.net/Boire-ou-skier-faudra-t-il-bientot-choisir

hangement climatique

Boire de l’eau ou skier, faudra-t-il bientôt choisir ?

par

  • Dans les Alpes et les Pyrénées, les premières stations de ski ouvrent leurs pistes. Face à la hausse des températures et à la baisse de l’enneigement, les stations croient avoir trouvé la parade, avec la généralisation des canons à neige. Problème : les quantités d’eau nécessaires pour produire la neige artificielle sont considérables, menaçant les réserves locales en eau potable. Ce qui n’empêche pas les régions alpines de consacrer des millions d’euros de subventions à ces équipements. Alors que les glaciers fondent et que l’eau se raréfie, l’enneigement artificiel est-il vraiment une priorité collective ? Enquête.
    Si certains ont su tirer profit du changement climatique en montagne, ce sont bien eux : les canons à neige. Les conséquences de nos émissions de gaz à effet de serre se font chaque année un peu plus sentir sur le manteau blanc qui recouvre les massifs. Les chiffres sont toujours plus inquiétants : dans les Alpes, le réchauffement des températures, estimé entre 1,6°C et 2,2°C depuis 1950, s’est accéléré depuis la fin des années 80, entraînant la fonte des glaciers et la diminution de l’enneigement au sol – 25 jours de moins par an, en moyenne.
    Dans les stations, personne ne vous dira le contraire : au fil des saisons, l’hiver offre de moins en moins de neige. « Depuis 1990, la raréfaction de la neige est flagrante : nous n’en avons quasiment plus à Noël. Et l’an passé, on a dû aller chercher de la neige ailleurs pour assurer la saison », raconte Gérard Burnet, premier adjoint à la mairie de Vallorcine, petit village à 1200 mètres d’altitude niché du côté de Chamonix. Même son de cloche sur le plateau du Vercors, où l’on constate « l’augmentation de la fréquence des hivers sans neige », selon François Nougier, conseiller municipal de Lans-en-Vercors.

    51% des domaines menacés par le réchauffement

    À terme, ce sont toutes les stations de sports d’hiver de moyenne montagne, en-dessous de 1500 mètres d’altitude, qui sont fortement menacées. En 2009, la Direction départementale de l’équipement et de l’agriculture de Savoie estimait même que, dans le cas d’une hausse de la température de 2°C, seuls 49% des domaines existants en Haute-Savoie seraient encore considérés comme « fiables », du strict point de vue de l’enneigement naturel. En attendant, de premières stations comme Val Drôme ou Drouzet-le-Mont ont déjà dû abandonné leur activité d’hiver, mettant la clé sous les pistes.
    Dans leur course à l’or blanc, les stations de ski ont trouvé la parade : la « neige de culture » – préférée au terme de neige artificielle – que fabriquent les « enneigeurs » – les canons à neige – au bord des pistes. Apparues il y a moins de trente ans, ces infrastructures connaissent un développement très rapide : « Les premiers canons à neige sont arrivés après des hivers de très faible enneigement en 88, 89 et 92. Aujourd’hui, près de 7 000 hectares sur les 20 000 hectares de pistes dans les Alpes en sont équipés », rapporte Pierre Spandre, ingénieur de recherche à l’Irstea et au Centre d’études de la neige de Grenoble. Plus d’un tiers du domaine skiable alpin dépend donc de la neige artificielle. La quasi-totalité des stations possède au moins quelques canons à neige : « En 2014, sur 55 stations interrogées dans les Alpes, une seule n’était pas équipée », poursuit le chercheur.

    Le canon à neige, alpha et oméga du développement des stations

    Le processus est presque inexorable, à en croire Christian Reverbel, ancien directeur du service des pistes de l’Alpe d’Huez : « Aujourd’hui, la neige de culture est considérée comme un outil indispensable pour les stations de sport d’hiver. » Ce qui ne devait être initialement qu’une solution d’appoint face aux variabilités d’enneigement est ainsi devenu l’alpha et l’oméga des politiques de développement des stations, la solution pour réduire la « vulnérabilité à l’aléa climatique » : « Les études les plus récentes et l’amélioration des techniques confirment régulièrement la pertinence des stratégies déployées par les professionnels sur la neige de culture (…), une aide efficace à l’exploitation et à la garantie des emplois », énoncent Domaines skiables de France et l’Association nationale des maires des stations de montagne, dans un rapport conjoint. « La dynamique en faveur de la neige de culture est très forte. On estime que le taux d’équipement atteindra 45% en 2020 », confirme Pierre Spandre.
    Le développement de la neige artificielle a trouvé de nouveaux relais politiques à la tête des deux régions alpines : avec Laurent Wauquiez, président de la Région AURA (Auvergne-Rhône-Alpes), et Christian Estrosi, président de la Région PACA, avant d’en démissionner en mai dernier, les canons à neige ont pu compter sur des alliés de poids. Le premier a annoncé une aide de 50 millions d’euros pour la neige artificielle sur les six prochaines années, tandis que le second évalue au double son plan « smart mountains », pour redessiner les stations du futur.
    - Lire ici notre article sur l’écologie dans les régions passées à droite.
    Ces investissements régionaux entraînent également les départements, sur le modèle « 1 euro investi par la Région, 1 euro investi par le conseil départemental ». Réuni en congrès à Beaune (Côte-d’Or) début octobre, les domaines skiables français se félicitent d’« un peu moins de 30 millions d’euros de subventions (…) spécifiquement fléchés pour l’équipement en matériel d’enneigement artificiel sur la période 2016-2018 » en Auvergne-Rhône-Alpes.

    28 millions de m3 d’eau consommés chaque année...

    « C’est une dépense d’argent public colossale que l’on pourrait utiliser, au contraire, pour diversifier l’offre de notre station : le ski ne fait pas tout en montagne », regrette François Nougier. Dans sa station de Lans-en-Vercors, le projet visant à enneiger 20 hectares sur les 48 que compte la station (contre 6 hectares actuellement) sera opérationnel dès cet hiver. Coût de l’opération : 2,7 millions d’euros, pris en charge à 25% par la Région et 25% par le département de l’Isère, le reste étant financé par emprunt.
    Même à Vallorcines, petite station jusqu’alors vierge de tout canon à neige, l’appel d’air financier fait cogiter : « C’est vrai qu’on étudie la possibilité d’investir », reconnaît Gérard Burnet. Le projet fait pour l’heure face à un enjeu de taille : « Cela nécessite de études sur l’eau, qui n’ont pas encore été réalisées. On ne peut pas faire n’importe quoi : les sources sont à un niveau très bas, nous n’avons pas de nappe phréatique et nous avons connu des années à fort stress hydrique, avec très peu de pluies l’été et une neige qui disparaît peu à peu du glacier. Dans ce contexte, on est encore loin d’avoir de la neige artificielle à Vallorcines. »

    Soit l’équivalent de la consommation en eau de 540 000 habitants

    Les canons à neige se caractérisent par un coût financier conséquent – de 5 à 7 euros/m3 d’eau transformé en neige, « en tenant compte des coûts en eau et en électricité ainsi que de l’investissement général pour la construction du réseau d’eau, du système d’air comprimé, voire de la retenue collinaire si besoin, de la salle des machines... et de leur amortissement » précise Pierre Spandre. Ils impliquent également des prélèvements importants sur la ressource en eau.
    Le chiffre est aujourd’hui connu et admis par tous les interlocuteurs : un hectare de piste en neige artificielle consomme 4 000 m3 d’eau par an, l’équivalent d’une piscine olympique, produits par trois canons à neige. Soit à peu près 28 millions de m3 d’eau consommée chaque année par les enneigeurs. Soit ce que consomment en eau potable un demi-million de Français [1]. Cette eau ne se retrouve pas mécaniquement, une fois la neige fondue, dans le cycle naturel : « On estime à 30% le taux de perdition d’eau par sublimation [passage à l’état gazeux, ndlr] dès lors qu’on la transforme en neige artificielle », détaille Vincent Neirinck, co-directeur de Mountain Wilderness. Surtout, ce volume ne cesse d’augmenter : « La croissance observée est assez régulière, à raison d’1 million de m3 supplémentaires chaque année. Et encore, ce sont des chiffres établis avant le plan Wauquiez… », constate Thomas Guiblain, à la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (Frapna) en Isère.
    À mesure que le réchauffement climatique va diminuer l’enneigement, mais aussi le volume des ressources en eau disponibles, les canons à neige peuvent-ils devenir un facteur aggravant de stress hydrique ? « L’usage de l’eau en milieu alpin est multiple, rappelle Vincent Neyrinck. Il y a les usages domestiques, l’agriculture, l’hydroélectricité et la biodiversité, également : un étiage trop bas dans les rivières met en péril les milieux naturels. Il est indispensable de réfléchir à la préservation de cette ressource. »

    « Des stations ont dû fermer à cause de la rareté de l’eau »

    Le volume global de l’eau dans les Alpes, le « château d’eau de l’Europe », semble encore loin d’être menacé. « Les bassins hydroélectriques, qui mobilisent des volumes d’eau bien plus considérables, ont un impact beaucoup plus sensible sur les débits des cours d’eau en bassin versant, confirme Jacques Pulou, responsable du pôle eau à la Frapna régionale. Le problème, c’est la répartition de l’eau : à certains endroits, les canons à neige peuvent créer de vrais conflits d’usage. »
    Une approche qui est confirmée par Carmen de Jong, professeure en hydrologie à l’Université de Strasbourg : « On estime que les prélèvements de l’enneigement artificiel représentent 0,5% du cycle de l’eau total sur le bassin du Rhône. Mais c’est absurde de raisonner comme cela, car les problèmes se jouent essentiellement au niveau local, c’est à dire en altitude. »
    Les conflits d’usage, notamment avec la distribution d’eau potable, ne seraient pas rares à en croire la chercheuse, qui a travaillé sur la question pendant près de dix ans à l’université de Savoie : « À l’hiver 2017, il y a eu des mesures de restriction d’eau dans les Alpes, et en Suisse, des stations ont dû fermer leurs pistes à cause de la rareté de l’eau. Il y a eu près de 60 jours sans précipitation, on aurait également dû interdire les canons à neige dans certaines stations françaises. »

    Conflits d’usage avec l’eau potable

    La question de l’usage de la ressource a même été l’objet d’un véritable pugilat politique dans la station des Gets, épisode que raconte Élodie Magnier, hydrologue, dans un intéressant article publié en 2016 : « En pleine saison 2006-2007, le maire refuse la mise en fonctionnement des canons pour protéger les réserves d’eau potable et éviter tout risque de pénurie. Le directeur de la société d’exploitation des remontées mécaniques, opposé à cette décision pour le bon fonctionnement du domaine skiable, démissionne au cours de l’hiver. (…) Il y a donc bien eu ici une situation de conflit entre deux usages, l’usage pour l’alimentation en eau potable de la station, et l’usage pour la production de neige. »
    Plus récemment, c’est L’Alpe d’Huez, et son bon millier de canons à neige, qui a vu un projet immobilier ajourné pour cause de ressource en eau insuffisante : « La station est alimentée par le Lac Blanc ; il n’y a pas d’autre source. Or ce lac connaît des fuites naturelles. L’épuisement de ses ressources est rapide, et créé des situations très tendues autour des mois de février et de mars. Seuls 1000 lits supplémentaires ont été autorisés sur un projet qui en prévoyait 7000 au départ, le préfet estimant qu’il n’y avait pas assez d’eau », raconte Thomas Guiblain.
    Avec la plus longue piste d’Europe, la piste Sarenne et ses 16 kilomètres, équipée en 2014 de plusieurs dizaines de canons à neige tout au long du tracé malgré son altitude de départ à 3300 mètres, pas sûr que les conflits autour de la disponibilité en eau ne se règlent facilement, au cours des prochaines années.

    Des conséquences sanitaires et énergétiques

    Outre la question de la quantité, les canons à neige pourraient bien perturber également la qualité de l’eau sur les massifs. « La valeur du PH est modifiée par la neige artificielle, et il y a un manque d’oxygène par rapport à la neige naturelle, souligne Carmen De Jong. Elle favorise surtout la prolifération de différentes bactéries. » Il y a deux ans, la chercheuse avait dénoncé l’utilisation d’un additif, le Snomax, utilisé dans la neige artificielle, aux effets potentiellement dangereux pour la santé.
    Pis, avec la moitié des enneigeurs alimentés par des retenues collinaires construites spécialement pour la production de neige, il existe un risque de perturbation globale du fonctionnement hydrologique : « On stocke de l’eau qui aurait coulé autrement, avec tous les impacts que cela peut avoir sur les étiages des cours d’eau dans le bassin versant. Car c’est évidemment au moment où on en a le plus besoin, que la ressource devient la plus limitée », décrypte Jacques Pulou.
    Sans compter l’impact énergétique induit par le pompage destiné à recharger la retenue d’eau au cours de l’hiver – car on enneige évidemment plusieurs fois par saison : « Cela devrait représenter une consommation de 160 000 kWh, soit une augmentation de 40% de la consommation électrique de la station à Lans-en-Vercors, où la retenue en cours de construction doit pouvoir accueillir 26 000 m3, calcule François Nougier. Tout ça pour trois mois d’utilisation dans l’année, à un moment où l’on fait de grands discours pour ne pas gaspiller l’énergie. »

    « L’enneigement artificiel devrait être l’un des derniers usages »

    « Les canons à neige sont révélateurs de tous les dysfonctionnements de l’industrie du ski », estime Vincent Neyrinck. Notamment l’absence de loi de régulation et d’encadrement. « Il n’y a aucune réglementation, donc aucun contrôle ni suivi sur l’utilisation de l’eau », témoigne Carmen de Jong. « Dans une logique de marché, les coûts de fabrication de la neige artificielle sont pris en compte par les usagers, soit les skieurs, analyse Ricardo Petrella, économiste italien spécialisé sur les problématiques d’eau. Mais un autre coût n’est pas pris en compte, c’est la raréfaction de l’eau. L’enneigement artificiel devrait être l’un des derniers usages, dans un contexte de raréfaction hydrique. » Le chercheur en appelle à des régies collectives, participatives et les plus locales possible, pour gérer ce bien commun : « Cela doit impliquer tous les acteurs concernés et être coordonné par une structure publique : ce ne sont pas les acteurs privés qui sont les mieux placés pour protéger la ressource. »
    Considérée comme un palliatif à court-terme, la neige artificielle interroge en profondeur le modèle de développement des stations de sport d’hiver : « Quand on parle ski, les stations entendent "assurance-vie". Or on sait qu’il va devenir de plus en plus difficile de maintenir des stations en dessous de 1500 mètres. Il faut donc sortir de cette lorgnette à cinq ou dix ans. Une retenue collinaire, c’est tout de même 25 ans d’amortissement ! Est-ce que cela a encore un sens d’un point de vue climatique et économique ? », interroge Aurélie Campoy, secrétaire générale de la Commission locale de l’eau en Isère.
    Pour François Nougier, la réponse est toute trouvée : « Les canons à neige sont une rustine. On veut nous faire croire que le système actuel peut perdurer, alors qu’il faudrait repenser sa logique à long-terme. » Les canons à neige, ou le paradoxe de cette voiture qui va de moins en moins vite tout en consommant de plus en plus... En témoigne l’histoire récente de Saint-Pierre-de-Chartreuse : « La station était en déficit chronique et pour y faire face, elle a décidé d’investir dans des canons à neige : aujourd’hui, elle est sous tutelle de la préfecture. », raconte Pierre Mériaux, élu à la montagne à la ville de Grenoble. Mais avec le réchauffement climatique, la possibilité de produire de la neige de culture est elle-même mise en cause : outre la baisse des volumes d’eau disponible, la diminution des vagues de froid pourrait rendre l’utilisation des canons de plus en plus incertaine. Et laisser plusieurs collectivités face à de véritables gouffres financiers. Une autre allégorie, en somme : celle de l’arroseur arrosé.
    Barnabé Binctin

    Série « Eau et climat », en partenariat avec France Libertés


    Cet article est publié dans le cadre d’une série de reportages et d’enquêtes sur les enjeux de la gestion de l’eau et des sols dans le contexte du réchauffement climatique, réalisée avec le soutien de France Libertés - fondation Danielle Mitterrand. www.france-libertes.org
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