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lundi 23 juin 2025

Centrale à Bois de Gardanne : un incinérateur a forets et subventions

 « Errare humanum est perseverare diabolicum ». L’erreur est humaine, mais la persévérance dans l’erreur est diabolique. La centrale de Gardanne est l’EPR du bois : un gouffre financier, mal conçu, mal exécuté, et inutile.

Depuis le lancement de ce projet en 2012, il a principalement brûlé des subventions pour une poignée d’emplois. Nous aurions épargné bien des forêts et de l’argent public si les emplois de cette centrale avaient été financés pour faire ce qu’on veut, mais surtout pas pour s’acharner à produire de l’électricité avec du bois. Quand rien faire coûte moins cher, ne détruit pas, et ne produit pas plus, cela pose le niveau d’inutilité du projet.

 


Je résume : un coût de 800 millions pris sur les factures électriques de tous. La production annuelle de bois de 330 hectares par jour avalés. Le tout pour une poignée d’emplois et une production électrique strictement inutile.

INUTILE

En effet, la production électrique française est surabondante depuis que les centrales nucléaires ont été réparées. De plus la montée en puissance des énergies renouvelables rend cette centrale pensée en 2012 complètement inutile.

Le gouvernement est contraint de ralentir considérablement le déploiement des énergies renouvelables. Elles se développent tellement vite qu’elles pourraient rendre inutiles la construction de centrales nucléaires.

L’EPR de Flamanville ne fonctionne toujours pas à plein régime et ne fonctionnera sûrement qu’épisodiquement, nous avons conçu l’énergie nucléaire intermittente. Mais c’est profitable, il écroulerait un peu plus le prix de l’électricité, ouf.

De plus en plus la production électrique est volontairement diminuée. Nous réduisons celles des centrales nucléaires même si cela les abîme. Nous réduisons aussi parfois celle des centrales PV.   





BILAN CARBONE CATASTROPHIQUE

Le bilan carbone affiché de la centrale est erroné. Un grand mensonge, car il ne tient pas compte de l’impact de la déforestation. Rasé des forets retire du carbone du sol, si l’on tient compte de ses émissions, le kWh de Gardanne devient très mauvais. Mais si on enlève le mythe d’un bilan carbone neutre du bois, construit sur la repousse du bois dans le siècle, alors la réalité est monstrueuse. Il faut émettre le moins de carbone actuellement et pas parier sur une repousse très incertaine de la forêt qui surchauffe et pousse de moins en moins.  En réalité, brûler du bois pour faire de l’électricité entraîne une émission supérieure de carbone que le charbon classique.

Le bilan carbone neutre du bois est controversé. En 2012, peu d’études remettaient en question ce bilan carbone neutre. En 2025, les études démontrant le caractère fictif de ce calcul se sont empilées.  La réalité est que la centrale de Gardanne au bois est sûrement plus polluante en carbone que lorsqu’elle brûlait du charbon.

 


UN INCINÉRATEUR à SUBVENTIONS

En 2012, l’électricité produite à partir du bois était achetée au prix de 11,5 cents par kilowattheure, tandis que l’éolien et le solaire étaient respectivement achetés à 10 et 25 cents par kilowattheure. En 2025, l’éolien est acheté à 6 ou 7 cents par kilowattheure, et le photovoltaïque est acheté à 4 cents par kilowattheure aux particuliers.  En 2025, la centrale de Gardanne se voit proposer un rachat de 24 centimes/kWh, ce qui en fait l’électricité la plus chère de France pour une nouvelle production.

Comment expliquer qu’un particulier à un tarif six fois plus faible qu’un milliardaire pour produire officiellement 10 fois moins polluant 250 g au lieu de 25. Dans la réalité, produire cette électricité chez un particulier est de l’ordre de 40 fois moins polluant.

Cette centrale est un gaspillage d’argent public et une aberration écologique chimiquement pure !

UN INCINÉRATEUR À FORÊT

 


Cette centrale est un incinérateur de forêt et d’argent public : 7 hectares de forêt par jour, 150 000€ par jour, 4 millions par mois.

Sachant qu’une centrale photovoltaïque implantée sur un hectare de foret produit 80 fois de plus d’électricité qu’un hectare de foret brûlé à Gardanne, on bat les largement les néfastes projets de centrales PV rasant les forêts. 80 fois pire, mais 80 fois moins de mobilisation contre.

Face à un projet aussi moisi, il est clair que les considérations environnementales et énergétiques ne sont pas les facteurs principaux dans la prise de décision.

En 2016, nous, membres du collectif opposé au projet, avions proposé une alternative. Il a initié un débat qui a généré un tas de projets : du plus stupide aux réalistes. Nous avons bien compris que l’objectif n’était pas l’argumentation mais l’influence et la politique.

Finalement, la persévérance dans l’erreur a triomphé. Michel Barnier aura pris deux décisions : les Jeux olympiques d’hiver de 2030 et la centrale de Gardanne.

La CGT a fait tout son possible pour obtenir un projet industriel, même au prix de dommages environnementaux considérables. C’est vraiment une honte. Le milliardaire Kretensky, qui possède la centrale, a acquis plusieurs médias déficitaires. Il semble que son pouvoir médiatique ait payé à Gardanne.

Les impacts forestiers ont beau être bien plus importants que des centrales PV implantés sur des forêts, l’opposition de la population est peu marquée : les impacts sont diffus et partagés. Opposition à celui qui polluera visiblement localement et indifférence ont celui qui polluera diffus, invisible mais massif. Les pesticides sont là pour en témoigner.

Entre 2012 et 2025, beaucoup de choses ont changé : l’écologie n’est plus très populaire, les milliardaires sont devenus encore plus puissants.

 

SOYONS FOUS, PROPOSONS UN PROJET UTILE !

Il est pourtant possible de proposer un contre-projet à Gardanne, conciliant écologie et emploi industriel. La centrale de Gardanne est au cœur du réseau électrique de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Cette région développe de nombreuses centrales renouvelables avec des productions variables. De plus en plus, elles produisent davantage d’énergie que le réseau ne peut en absorber. L’électricité est alors gratuite. La nuit, l’électricité est plus chère.

Le black-out en Espagne montre qu’il faut des stockages tampons pour fiabiliser le réseau à forte teneur de soleil et de vent.

 Un centre de stockage d’électricité pourrait être installé. Le stockage de l’électricité peut se faire par un parc de batteries et par stockage thermique. Nous pourrions réutiliser les turbines de la centrale de Gardanne pour générer de l’électricité à partir de la chaleur emmagasinée. Cette chaleur serait produite par l’électricité actuellement gratuite ou non utilisée pendant la journée. La nuit, la chaleur ferait tourner les turbines de la centrale en utilisant la vapeur générée. Les impacts seraient réduits : plus de norias de camions, plus de fumée de combustion.

Cette proposition a un gros défaut, celui de ne pas être complètement absurde. Car cela semble être l’exigence, elle peut difficilement lutter dans cette catégorie.

Elle fait face à l’idée de raser 7 hectares par jour, de les mettre sur des bateaux ou des camions à 30 litres/100 km, de les déchiqueter dans une broyeuse d’un mégawatt, pour le brûler et perdre les deux tiers de l’énergie qui fabrique un nuage de vapeur d’eau. Le tout pour injecter cela dans un réseau à condition d’avoir éteint une centrale a un autre bout du réseau, tout cela pour sauver une poignée d’emploi et enrichir fortement un milliardaire influent.

Cette proposition est une alternative a lune autre proposition des opposants : on arrête tout , on rase les centrales et on construit des lotissements.

La centrale de Gardanne est une dinguerie faite au nom de l’emploi. Nous pouvons conserver l’emploi et faire une centrale de stockage nécessaire pour un réseau à faible teneur en carbone. Nous éviterons ainsi le raisonnement binaire entre emploi et écologie.

Dans la binarité, le perdant c’est l’écologie. Entre des problèmes tout de suite et des gros problèmes plus tard, l’humain choisit rarement l’avenir.

Proposons un chemin de traverse. Cassons l’alliance travailleurs – milliardaires.

Avec 800 millions, le champ du possible est large.

Mobilisons-nous contre ce projet qui dépasse en absurdité et impact, les agrocarburants, les projets d’infrastructures routières inutiles.

Sa force est uniquement due à son invisibilisation et au soutien du monde syndical.

Nous pouvons gagner à deux conditions de faire deux choses en même temps

Hurler contre l’incinérateur a forêt et argent public et proposer un contre-projet utile, donc pérenne.

JP

En savoir plus :

La biomasse une énergie bio ou à la masse. ?

Énergie: il faut sortir de la photosynthèse pour sauver le climat

Mythe de la neutralité carbone du bois énergie

Pourquoi la conversion charbon biomasse est une fausse bonne idée

BIOCARBURE : Les Biocarburants, une imposture qui a la peau dure.

Biomasse-Energie, bilan carbone et émissions polluantes par Michel Eyraud

500 scientifiques alertent sur le bois énergie

Centrale a charbon , vers un mix bois/ charbon !

Uniper n’arrive toujours pas à faire fonctionner la centrale biomasse de Gardanne

Thèse sur l'Analyse environnementale et économique des filières bois-énergie

L'imposture climatique du bois énergie

 

 

 

PS Je réponds d’avance ceux qui me disent que la transition énergétique n’existe pas que la Chine a, ce trimestre, vu pour la première fois ses émissions de CO2 baisser grâce au soleil et au vent. Petit espoir. Je sais l'extractiviste est dégueulasse, mais commençons par ne plus extraire le CO2, le poison le plus urgent et il en reste tant. 

Je précise avant les commentaires que je souhaite la sortie du capitalisme mais, vu le rapport de force, je pense que, si on sort déjà du capitalisme fossile, tâche titanesque, on aura peut-être un petit espoir d’exister encore pour enfin sortir du capitalisme vert.

 









jeudi 25 mars 2021

Après Gardanne, nouvel enfumage à Cordenais ?

  

Feront 'ils mieux qu'a Gardanne ? Les paris sont lancés , tout est possible par les temps qui court !

Dans son dernier bilan prévisionnel du système électrique pour 2021-2030, présenté le 24 mars, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité RTE estime que, d'ici 2026, les marges de sécurité du système électrique seront très faibles voire insuffisantes. Les reports du calendrier de maintenance des centrales nucléaires liés à la Covid-19 et le retard pris sur le développement des énergies renouvelables (principalement pour les parcs éoliens en mer et le photovoltaïque) réduisent les marges pour les prochaines années. Ce qui compromet la mise en œuvre de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) qui prévoyait la fermeture de deux tranches nucléaires d'ici 2025-2026 et de l'ensemble des centrales à charbon d'ici 2022.

Les plus fortes tensions sont attendues pour les hivers 2021 à 2024, classés comme période de vigilance par le gestionnaire de réseau. Entre 2024 et 2026, la situation devrait s'améliorer avec une meilleure disponibilité des centrales nucléaires et l'entrée en service de l'EPR de Flamanville. Les marges seront alors acceptables sans toutefois être confortables, prévient RTE. Il faudra attendre 2026-2030 pour que le système électrique connaisse une très nette amélioration. Malgré une hausse de la consommation de 5 % par rapport à 2019, le développement de solutions de flexibilité permettra à ce moment-là un découplage entre consommation et pointe électrique. Grâce au renforcement de l'efficacité énergétique des équipements et au pilotage des flexibilités, la pointe de consommation hivernale non modulable pourrait diminuer de l'ordre de 3 GW, évalue RTE.

De nouveaux leviers à activer

Mais d'ici là, il faudra activer de nouveaux leviers pour assurer des marges de sécurité à court terme. « Nous ne sommes pas protégés des situations extrêmes qui pourraient conduire à la mobilisation de moyens exceptionnels. Il faudrait s'octroyer des marges supplémentaires », souligne Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE. Une accélération du déploiement du photovoltaïque et de l'éolien est nécessaire pour atteindre les objectifs fixés par la PPE, estime ce dernier. Il souligne que « les énergies renouvelables contribuent désormais à la sécurité d'approvisionnement ». Il faudra également poursuivre les actions engagées pour permettre une meilleure disponibilité du parc nucléaire, malgré les arrêts de tranches liées à la maintenance et les travaux du Grand carénage. Autre point essentiel : conserver en activité les moyens de production bas-carbone dont la fermeture était envisagée d'ici à 2026, indique RTE. La PPE prévoyait notamment l'arrêt définitif de deux tranches nucléaires. « Les conditions de fermeture pourront difficilement être remplies », estime Xavier Piechaczyk. Par ailleurs, RTE préconise de s'appuyer sur la centrale thermique de Cordemais, qui doit être convertie à la biomasse, jusqu'en 2026. Le développement de nouvelles flexibilités, et notamment l'interruptibilité des électro-intensifs, permettra également de soulager le système électrique.


 

Un mix énergétique moins carboné en 2030

S'agissant du bilan carbone du mix énergétique, RTE estime que, d'ici 2030, le remplacement des énergies fossiles par l'électricité dans le secteur des transports, de l'industrie et du bâtiment conduira à une réduction de 30 à 40 millions de tonnes de CO2 : moins 10 MtCO2 pour le système électrique et moins 20 à moins 30 MtCO2 du fait des transferts d'usages vers l'électricité. « Ces émissions ne seront pas délocalisées vers nos voisins européens. L'empreinte carbone des importations (déjà faible et de l'ordre de 1 MtCO2) continuera de baisser. Mieux, la France sera exportatrice et contribuera ainsi à la baisse des émissions au niveau européen (de 30 à 40 MtCO2 par an à l'horizon 2030) », analyse RTE.

Projet Eco bost:

http://documents.installationsclassees.developpement-durable.gouv.fr/commun/N/3/8aac032474907f5201749122f8390083.pdf

Ce projet écocombust date de 2015, en 2017 c'était une filière d'avenir selon Nantes Métropole RSE. Le 29/7/2017 M. Hulot s'était prononcé devant les députés contre ce projet : mauvais rendements, problèmes environnementaux. C'était bien la première fois qu'un ministre, illustre écologiste de surcroit, condamnait de telles combustions bois. Ainsi, il n'était plus affirmé que "la combustion du bois économisait pas le CO2 " . Pourtant le 24 /1/2019 l'Etat validait le programme de travail d'EDF, préalable à une décision sur le projet ECOCOMBUST. Le premier Arrêté Préfectoral 9/7/2019 autorisait les essais. Par, décision n° 2019/150/PROJET ECOCOMBUST/1 du 2 octobre 2019 , la Commission Nationale de Débat Public, Mme C Jouanno, déclare n'avoir pas pu trouver un garant pour porter le projet (tellement il est mauvais). Janvier 2020, à Nantes, Mme E Wargon rejette le projet qui ne répondrait qu'à 20 % ( 10 % ? ) des critères environnementaux, et donne 3 mois supplémentaires. Le second AP du 10/9/2020 prolonge les essais. C'est surprenant que l'Autorité Environnementale ne s'exprime que maintenant : 14 jours après la publication du second AP, pour des installations soumises à Autorisation de 530 MW quand même ! fiche EDF SA , et les A P https://www.georisques.gouv.fr/risques/installations/donnees/details/0063.01217?url=region=52&departement=44&commune=44045#/ jc25mercier.free.fr

lundi 22 mars 2021

Emissions sur les forêts en France

 voici encore quelques infos sur des émissions sur les forêts en France :


1. hier soir il y avait un très bon film sur France 5 "Sur le front des forêts françaises" qui dénonce clairement et d'une manière
pédagogique les coupes rases, les plantations monospécifiques de résineux à la place de forêts de feuillus, les conséquences néfastes de
l'engouement pour le bois énergie, la situation catastrophique de la filière bois en France qui a comme conséquence que de plus en plus de
chênes et de hêtres sont exportés vers la Chine et en même temps des charpentiers et artisans en France n'arrivent pas à trouver du bois
français...

Ce n'est pas du tout un film plombant, il donne envie de bouger. C'est beaucoup grâce à Sylvain Angerand, ancien coordinateur de
campagnes aux Amis de la Terre, qui a crée l'association "Canopée - Forêts Vivantes". Pour voir le documentaire diffusé hier :

https://www.france.tv/france-5/sur-le-front/2321841-des-forets-francaises.html

Pour plus d'infos sur Canopée : www.canopee-asso.org

2. Une émission que j'ai réalisée pour Radio Zinzine en février qui reste d'actualité :

"L'Intersyndicale de l'ONF en colère"

Philippe Canal, porte parole de l'Intersyndicale de l'Office Nationale des Forêts explique pourquoi il a été décidé de porter plainte pour "Mise en danger de la vie d'autrui" : le cycle sans fin de suppressions de postes, l'abandon des missions de service public, la dégradation des conditions de travail et de la santé des personnels. Tout cela contre l'avis de la Convention Citoyenne pour le Climat et deux récentes votes de l'Assemblée Nationale et du Sénat. Philippe Canal apporte aussi son regard très critique sur le plan de relance récemment annoncé pour les forêts, qui comporte 150 millions d'euros pour des plantations, y compris en remplacement de forêts mixtes déjà existantes.

Lien vers cette émission : http://www.zinzine.domainepublic.net/?ref=5563

3. Autre émission de Radio Zinzine qui concerne les forèts, mais cette fois-ci bien plus loin - en Guyane....

"Energie aberrante en Guyane"

Entretiens avec Marine Calmet, juriste à l'association Wild Legal, et François Kuseni, militant à Guyane Ecologie, sur des projets fort inquiétants de centrales thermiques prévues en Guyane, dont la plus grande au Larivot fonctionnerait soit au fuel soit aux agrocarburants, probablement issus de soja. Une aberration pure et simple qui aurait des conséquences néfastes pour la forêt, pour les habitants vivant près de la centrale... Un exemple de duplicité du Président Macron et de son gouvernement qui s'insurgent contre la déforestation au Brésil et identifie comme cause majeure la culture de soja et qui dans son propre territoire, la Guyane, fait exactement le contraire.

Lien vers cette émission : http://www.zinzine.domainepublic.net/?ref=5594

Bien à vous, Nicholas Bell

mercredi 10 mars 2021

Gardanne : Le cadeau de l’État à une centrale biomasse qui ne tourne pas (Marsactu)

 

Le cadeau de l’État à une centrale biomasse qui ne tourne pas

DÉCRYPTAGE
le 3 Mar 2021
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Marsactu : vous abonner c'est un bon journal !


L’État ne réclamera pas une trentaine de millions d'euros que lui doit en théorie Gazel énergie, propriétaire de la centrale gardannaise. Un coup de pouce que la ministre de l'Environnement Barbara Pompili assume, estimant que la centrale n'a pas pu fonctionner normalement jusqu'ici.

La centrale biomasse de Gardanne. Photo Clémentine Vaysse.

“Nous n’avons pas souhaité ajouter de la difficulté aux difficultés.” Au Sénat, la ministre de l’Écologie Barbara Pompili tire ainsi un trait sur plusieurs dizaines de millions d’euros qu’elle aurait dû réclamer à Gazel Energie, l’exploitant de la centrale biomasse de Gardanne. Ce 17 février, c’est le nouveau sénateur écologiste Guy Benarroche qui l’interrogeait et tentait de raviver une information révélée par Marsactu en 2019 : la conversion du charbon vers le bois est un échec et l’industriel ne remplit pas son contrat de fourniture d’électricité, qui lui donne droit à des subventions publiques.

De la même manière qu’un particulier qui a posé des panneaux solaires sur son toit, chaque kilowattheure produit par la centrale biomasse de Gardanne est automatiquement acheté par EDF à un prix très supérieur à celui du marché. En contrepartie, Gazel Energie doit respecter une production minimale de la centrale, stratégique pour faire face aux pics de consommation. Si Gazel énergie n’atteint pas ses objectifs annuels, l’État est en droit d’appliquer des pénalités.

30 MILLIONS D’EUROS DE PÉNALITÉ EFFACÉS

Dans ce cas précis, au lieu de fonctionner comme le contrat actuel le prévoit au moins 6400 heures, soit trois-quarts du temps, la chaudière a tourné, au mieux, 2526 heures la première année. Pire, en 2019, la production a été divisée quasiment par dix. Avec un tel niveau d’indisponibilité, c’est la pénalité la plus forte qui aurait dû être appliquée. Elle correspond au remboursement de la différence entre le tarif subventionné et le prix du marché. Selon nos calculs, cela représente une trentaine de millions d’euros sur les exercices 2018 et 2019.

“Certes, le contrat de rachat prévoit des pénalités si l’installation n’atteint pas une disponibilité minimale; mais, dans le cas de Gardanne, il a été jugé que la longueur, l’ampleur et les causes de la grève qui a paralysé le site ces dernières années justifiaient de ne pas les appliquer pour les années 2018 à 2020”, a justifié la ministre qui a par ailleurs négocié la fermeture des tranches fonctionnant au charbon, avec un pacte pour la transition écologique et industrielle signé fin décembre.

Uniper, l’ancien exploitant qui a vendu la centrale, ne disait pas autre chose dans son premier bilan, accusant les grévistes d’avoir entraîné des dommages pour leur outil de travail : “des mouvements de grève sous le slogan « pas de charbon, pas de biomasse » ont occasionné a minima une marche réduite et au pire des arrêts réguliers de l’unité. Cette marche dégradée, voire erratique, a participé à une usure prématurée de certains équipements prévus pour fonctionner en marche stable.”

“En 2020 elle n’a tout simplement pas tourné du tout, résume Jean Ganzhorn, ingénieur thermicien et militant de SOS forêts du sud. Elle ne marche pas et à mon avis, elle ne marchera jamais. Il y a toujours des problèmes techniques non résolus et la grève doit empêcher l’entretien.”

UNE “SUBVENTION DÉGUISÉE” POUR LES ÉCOLOGISTES

Grève ou problème technique, l’explication de la ministre n’a en tout cas pas vraiment convaincu Guy Bennaroche, dont le parti, Europe écologie-Les Verts, a très tôt dénoncé le gigantisme de l’unité biomasse. “Pour moi il y a deux problèmes : la subvention déguisée à une entreprise d’un côté et le sujet administratif avec l’absence de réclamation de ce qui est prévu dans un contrat, de l’autre”, estime le sénateur.

À la chambre haute, Guy Bennaroche n’a pas hésité à pointer les autres investissements dans les médias du patron de Gazel énergie, Daniel Kretinsky, et l’influence afférente pour tenter d’expliquer la mansuétude de l’État. Le milliardaire tchèque n’ignorait en tout cas rien de la fin programmée de la centrale à charbon, ni du contexte social tendu que cet abandon générait lorsqu’il a décidé d’acheteren juillet 2019. En novembre 2020, Gazel énergie, qui n’a pas répondu à notre demande d’entretien, a réaffirmé dans Bastamag son implantation gardannaise : “Cette unité biomasse va fonctionner ! Elle a nécessité 300 millions d’euros d’investissement depuis sa création, donc nous n’allons pas y renoncer comme ça ! Nous allons faire le nécessaire et modifier ce qui doit l’être.” Le PDG de Gazel énergie espérait lui en décembre dans une déclaration à l’AFP que sa centrale puisse “tourner à plein régime au printemps”. Avec un gros coup d’éponge de l’État sur son ardoise.

LES CENTRALES BIOMASSE, UNE FAUSSE BONNE IDÉE ?
Le choix de la reconversion des centrales à charbon en centrales biomasse à base de granules de bois ne convainc pas de nombreux scientifiques. Du point de vue du réchauffement climatique, le remède apparaît plus mauvais que le mal. “La raison est simple : lorsque la forêt est récoltée et utilisée pour la bioénergie, tout le carbone de la biomasse pénètre très rapidement dans l’atmosphère, mais il ne sera pas réabsorbé par de nouveaux arbres avant des décennies. Ceci n’est pas compatible avec la nécessité de s’attaquer d’urgence à la crise climatique” a indiqué Michael Norton, directeur du programme environnement de l’EASAC, une sorte d’académie des sciences européennes, dans une déclaration effectuée en décembre 2019 aux pays de l’Union européenne, cité par Les Échos. 500 scientifiques ont aussi signé une lettre dans ce sens à plusieurs chefs d’État.

(avec Jean-Marie Leforestier)

mardi 24 novembre 2020

24 Novembre : Action mondiale biomasse ! Les forets ne sont pas du pétrole !

La Lettre de SOS Forêt France - novembre 2020
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Novembre 2020

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24 Novembre : Action mondiale biomasse !

SOS forêt France vous invite à participer à cette action portée par un collectif international dont SOS forêt est membre.


Nous vous proposons de participer le 24 novembre à une journée internationale d’action contre l'usage démesurée de la biomasse forestière comme énergie et avons besoin de votre aide pour en faire un succès.
Une pétition en ligne circulera dans le monde entier à travers les différents fuseaux horaires, en commençant dans le Pacifique, en passant par l’Australie, l’Asie, l’Afrique et l’Europe jusqu’aux Amériques. Plusieurs milliers de signatures individuelles sont nécessaires pour avoir un impact, c’est pourquoi nous vous demandons, à vous, vos amis, votre famille et vos collègues de signer chacun la pétition dès le 24 novembre.

La pétition demande la fin des subventions et des incitations pour brûler le bois des forêts en vue de produire de l’énergie et pour que la protection et la restauration des forêts soient une priorité pour notre santé, le climat et la biodiversité.

La destinataire est l’Union européenne et ses pays membres, mais ce message doit venir de tous les pays touchés par le contre coup de la politique biomasse européenne. En effet, cette politique européenne impacte fortement les forêts et les communautés de nombreux territoires dans le monde. Nous constatons actuellement une escalade mondiale de cette pseudo-solution climatique qui est totalement contre productive en terme d'émission de carbone et changement climatique.

Nous vous invitons à publier nos outils graphiques sur vos réseaux sociaux pour faire passer le message et inciter les gens à participer.
Et lorsque vous aurez signé la pétition le 24 novembre et les jours suivants, amusez-vous en publiant une photo de vous-même avec le hashtag #forestsarenotfuel, et encouragez vos amis à signer aussi. Vous pouvez accéder aux documents et ressources à cet effet ici.

Participez à l’action avec des organisations et des personnes du monde entier ! Pour défendre les forêts et les communautés du monde entier.

N'hésitez pas à faire circuler ce mail.
Merci de votre aide, on compte sur vous.

L'équipe de SOS forêt France

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En savoir plus sur la biomasse forestière et énergie

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Commission parlementaire et citoyenne sur la forêt - audition forêt/carbone

Kelsey Perlman (Fern) et Sylvain Angerand (Canopée) dans une première vidéo, puis Xavier Morin (CNRS) et Nicolas Martin (INRA) dans une deuxième vidéo, expliquent lors d'une audition à l'Assemblée, le lien entre forêt, carbone et changement climatique au député Hugo Bernalicis.

Voir les vidéos
vu d'avion de la centrale biomasse de Gardanne

La biomasse et le carbone

La biomasse ou le concept simpliste de neutralité carbone.
La biomasse est à la mode : la bioénergie (énergie issue de combustion de biomasse) représente déjà environ 65 % de la production totale d’énergies renouvelables au sein de l’Union Européenne. Environ 70 % de la bioénergie sont produits à l’aide d’une biomasse solide, principalement du bois. …

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coupe rase de forêt de feuillus avec fond de prés vert

La forêt et le changement climatique

Comment l’État arrive à aggraver le changement climatique avec la politique forestière ! Plusieurs de nos institutions para étatiques produisent des études parfois très compliquées sur le carbone capté par les différentes essences, résineux, feuillus, forêts mélangées, forêts jeunes, forêts anciennes. Parfois, elles intègrent l’impact de l’usage du bois (une charpente stockera plus longtemps le …

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Couv-rapport-foret-climat

Le rapport climat forêt

Un document de synthèse de la science actuelle montrant qu’il est essentiel de laisser vieillir les forêts pour atténuer le changement climatique et non de brûler ou de surexploiter les forêts. Une publication essentielle pour l’avenir des forêts par Gaëtan du Bus de Warnaffe et Sylvain Angerand - Canoppée, Fern et Amis de la terre.

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