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samedi 30 octobre 2021

Déserts médicaux. Le cri d'alarme d'un médecin de campagne

Déserts médicaux.

Le cri d'alarme d'un médecin de campagne

Une nuit de début octobre, Frédérick Stambach a constaté le décès d’un homme qui n’avait pu être pris en charge à cause des insuffisances du système de santé local.

L’intervention de trop pour ce généraliste en Haute-Vienne qui a adressé à l’Humanité une lettre coup de poing où il appelle à renverser les politiques austéritaires :  

« Nos gouvernements ont sciemment organisé le chaos sanitaire »

écrit-il.

 

 Médecin généraliste à Ambazac, Frédérick Stambach est ce que l’on peut appeler un praticien aguerri.

À 39 ans, dont huit à exercer dans cette commune rurale voisine de Limoges, à la jointure de la Haute-Vienne et de la Creuse, le docteur a l’agenda de consultations rempli plus que de raison et le téléphone en surchauffe permanente.

À ses rares heures perdues, le thérapeute, qui endure chaque jour les conséquences d’un désert médical, se mue en citoyen engagé au chevet de notre système de santé au sein du collectif Ateliers pour la refondation du service public hospitalier (1).

Aguerri, il pensait l’être.

Jusqu’à ce soir d’octobre et la constatation inhumaine de ce décès.

« J’avoue avoir mis plusieurs jours à m’en remettre », glisse-t-il dans le courrier adressé à l’Humanité le 13 octobre.

« J’ai eu l’impression d’entrevoir notre futur à la campagne car déjà nous n’y arrivons plus et la situation ne va faire que s’aggraver…

L’angoisse est générale chez les patients et les soignants face à cette situation », souligne-t-il.

Avant de reprendre :

« L’élection de l’année prochaine m’a donné envie de lancer ce bien modeste cri d’alerte. Ce gouvernement nous entraîne dans l’abîme sanitaire. »

Émouvant, son témoignage l’est assurément tant ses constatations rigoureuses prennent aux tripes.

Nous publions donc son « j’accuse », que lui voit aussi comme « une sorte d’hommage pour ce patient mort seul, alors qu’il aurait dû être à l’hôpital».

(1) Le collectif a publié Soigner - Manifeste pour une reconquête de l’hôpital public et du soin. C & F Éditions.

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J’accuse notre gouvernement et ses prédécesseurs d’être responsables de la destruction de notre système de santé au point que, en 2021, des patients meurent en France faute d’une prise en charge élémentaire.

Je les accuse d’avoir organisé sciemment le chaos sanitaire à venir et, pire, de l’avoir aggravé en pleine pandémie.

Le résultat pour nos concitoyens sera de l’angoisse et des milliers de morts inévitables dans les années à venir.

Sur mon vaste secteur d’astreinte, correspondant au quart nord-est de la Haute-Vienne, j’ai été amené à réaliser une intervention dans la nuit du 7 au 8 octobre qui condense l’ensemble des dysfonctionnements de notre système de santé.

Un patient de 62 ans a été retrouvé sans vie à son domicile, se situant à une heure de route de mon cabinet.

Il faisait depuis plusieurs mois des allers-retours aux urgences, dont le dernier datait d’une semaine.

Le courrier de sortie, que j’ai pu consulter, montrait que son état clinique comme biologique était très préoccupant et aurait nécessité une hospitalisation.

Malheureusement, n’ayant aucun lit disponible, mon confrère se voyait contraint de le renvoyer à domicile avec un rendez-vous rapproché.

On en est là tant que le patient tient debout et, devant l’absence de solution hospitalière, on “temporise”.

Premier dysfonctionnement structurel.

Le patient vit seul, en pleine campagne limousine, dans un désert médical : en quelques années, le nombre de médecins généralistes autour de cette commune est passé de 11 à 2.

Donc, personne pour assurer la surveillance du patient ou pour négocier une hospitalisation rapide.

Le patient reste donc sans surveillance, chez lui.

Deuxième dysfonctionnement structurel.

Ce patient démuni décède “brutalement”, le matin, pour n’être découvert que vers 16 heures, par sa famille venue de Paris exceptionnellement ce jour-là.

L’astreinte commençant à 20 heures, il faudra attendre que je puisse arriver à plus de 22 heures, mobilisant plusieurs heures deux équipes de gendarmerie qui se relaieront, la famille ne pouvant toucher au corps tant que la preuve du décès “naturel” n’a pas été apportée.

Ainsi, elle devra se contenter d’apercevoir le corps à moitié tombant de son lit pendant plus de six heures.

Une inhumaine et inutile souffrance supplémentaire.

Troisième dysfonctionnement structurel.

Cette histoire est comme une fenêtre ouverte sur notre futur.

Le nombre de généralistes va continuer à diminuer, amenant inexorablement la situation, déjà critique, à s’aggraver.

Même en pleine ville.

De plus, les pharmacies étant manifestement jugées trop nombreuses, les dispositions prises par notre gouvernement assurent la fermeture sournoise des officines : environ une pharmacie ferme tous les deux jours.

Il faut ajouter à cela la baisse constante des capacités hospitalières.

Ainsi, nous vivrons tous cette situation de plus en plus fréquemment, des personnes mourant seules, des familles abandonnées, faute de prise en charge.

Ils savent, et pourtant ils continuent

 

L’angoisse est terrible pour les citoyens de ces territoires, comme pour les soignants restants, saturés, qui voient les cabinets fermer les uns après les autres.

Ils nous demandent souvent :

“Mais comment va-t-on faire pour se soigner maintenant ?”

Nous ne savons pas, nous n’avons plus de solution à l’échelle locale.

La réponse ne peut être que collective, donc politique.

Car il ne s’agit pas d’un malentendu, cette situation est le fruit d’une stratégie délibérée, malgré les nombreuses alertes depuis plus de vingt ans.

Tout est écrit, tout est sur la table, ils savent.

Et pourtant, ils continuent.

Il est vrai qu’ils (elles) ne sont jamais concernés par les décisions qu’ils imposent pourtant à leurs concitoyens.

Imagine-t-on un ancien président sans médecin traitant, ou un ancien ministre de la Santé attendant sur un brancard quarante-huit heures aux urgences ?

Ou même un de leurs proches ?

Bien sûr que non, leur carnet d’adresses et leurs moyens financiers les prémunissent de ce genre de mésaventure, qui ne concerne que les “sans-dents”.

La vérité est crue : les plus pauvres, les plus âgés et a fortiori les plus pauvres âgés subiront violemment la destruction de notre système de santé, jusqu’à entraîner leur mort prématurée.

Il n’y a plus d’excuse pandémique, actuellement la pression liée au Sars-CoV-2 est inexistante sur le territoire métropolitain.

Lorsqu’on sait que la politique de fermeture de lits a continué en pleine pandémie historique, qu’il y a encore moins de soignants en poste comparé à 2020, on comprend que rien, plus rien, ne pourra les faire sortir de leur trajectoire mortifère.

Car, il faut le dire, cette politique est une politique de destruction des plus fragiles.

Est-ce cela, le but inavoué ?

Est-ce cela, l’objectif du macronisme, dans le droit-fil du sarkozysme, puis du hollandisme ?

Une sorte de malthusianisme social ?

La question mérite d’être posée,

tant les politiques suivies sur le plan économique et social sont d’une redoutable cohérence : l’épidémiologie a prouvé depuis longtemps que, plus les conditions socio-économiques se dégradent, en particulier les inégalités de revenus, plus la population est en mauvaise santé dans son ensemble, riches compris.

Donc, d’un côté, on détruit la santé de la population et, de l’autre, on détruit le système de santé (médical et médico-social à l’agonie), qui pouvait lui venir en aide.

 

Une véritable stratégie de l’angoisse

De plus, le gouvernement actuel semble prendre plaisir à maintenir dans une angoisse existentielle les plus démunis (retraités, chômeurs) avec des tracasseries administratives supplémentaires, agrémentées de baisses de revenus brutales.

Pour couronner le tout, la population intègre petit à petit qu’en cas de problème de santé, elle aura le plus grand mal à se faire soigner : il s’agit d’une véritable stratégie de l’angoisse.

Comment nomme-t-on une politique suivie avec un tel acharnement ?

Et ceux qui la défendent ?

Des criminels ?

Des incapables ?

Nous, soignants, ferons notre part dans le chaos qui vient.

Mais il est urgent de sortir la santé de considérations budgétaires techniques.

Il n’y a rien de plus politique que la santé, il faut la connecter avec les grandes questions socio-économiques contemporaines, notamment avec le carcan des traités européens.

La période électorale qui s’ouvre pourrait être propice à une telle prise de conscience, notamment après la crise du Sars-CoV-2 et la mise en lumière de notre dénuement. 

Sinon, nous n’aurons plus qu’à contempler les sourires satisfaits de ceux qui poursuivront, bien à l’abri, leurs destructions cinq années supplémentaires.

(Les intertitres sont de la rédaction).

 

dimanche 17 janvier 2021

Migrants: RIEN DE NOUVEAU SOUS LE SOLEIL GAPENÇAIS

 

Une nouvelle fois le verdict tombe: une expulsion dans 6 mois pour "Chez Roger". Le 5 Juillet, on recommence. Une cinquantaine de personnes vont se retrouver à nouveau dans une situation d’extrême précarité, d'instabilité sociale, d'insécurité physique.
Une nouvelle fois, on est plongé dans une situation schizophrénique. Un État, une mairie, incohérents, qui soutiennent une expulsion sans proposer de solution et légitiment donc l'occupation de tels lieux. Conséquences de l'absence de considération et du cercle vicieux enclenché depuis 2016.  Maison Cézanne, Cesai, Chez Roger, et après?

Une nouvelle fois, Mr le Maire nie la question des exilé-e-s sur le territoire en refusant de réagir à la fois à titre privé et à la fois à titre d’élu. Estimant que c'est "une affaire privée", Roger Didier refuse également en tant que Maire de répondre à nos sollicitation de coopération face à cette situation et ne se soucie donc pas des conséquences d'une telle inconsidération et irresponsabilité.  Mr leMaire a récemment communiqué qu'il se "souciait de ces concitoyens", mais a priori pas de tous.
Une nouvelle fois, le problème de fond n'est pas traité, aucune solution d’accueil pérenne n'est envisagée. Être logé, nourrit, dans des conditions dignes d'existence n'est toujours pas possible à Gap. Des enfants de 3 ans vont commencer leur scolarisation en Septembre et vont donc se retrouver dans un contexte incertain.
Des jeunes mineurs vont certes terminer leur année scolaire mais leur scolarisation n'est pas terminée et se retrouver à la rue juste avant la rentrée n'est pas une solution. Certains majeurs travaillent, certains ont besoin d'être accompagnés pour leur demande d'Asile, au niveau de la santé et de leurs droits. Les femmes présentes sur le lieu s'y sentent en sécurité (au regard de l'accueil proposé par le 115), c'est encore une nouvelle insécurisante et instable que de s'imaginer encore sans toit sur la tête.
Une nouvelle fois, il n'y a pas non plus de prise en compte que c'est une situation globale aux frontières qui est gérée de manière inhumaine. Que dans le contexte mondial politique,social, économique et écologique, les exilé-e-s tentent de trouver de meilleures conditions de vie, et qui ne ferait pas la même chose ? La situation à Gap n'est que la
conséquence d'une gestion inhumaine de l’État à la frontière, qui est reproduite à l'identique de manière locale.
Une nouvelle fois le collectif de soutien et les habitants de "Chez Roger" n'ont pas de raison d'être satisfait de cette décision. On appelle encore à la solidarité, à l'humanité, à la mise à disposition de logements vides, à considérer et protéger toutes les personnes dans le besoin sans conditions, ni discrimination, à trouver une solution pérenne d’accueil et hébergement pour tous et toutes.

lien de la pétition.
https://secure.avaaz.org/community_petitions/fr/prefecture_des_hautesalpes_roger_didier_maire_de_g_pour_une_solution_perenne_daccueil_des_exiles_sur_gap_contre_lexpulsion_de_chez_roger/?ekgSfErb&utm_source=sharetools&utm_medium=email&utm_campaign=petition-1138109-pour_une_solution_perenne_daccueil_des_exiles_sur_gap_contre_lexpulsion_de_chez_roger&utm_term=gSfErb%2Bfr

mercredi 24 juin 2020

Importante descente policière au CÉSAï à Gap




            Alors qu’on aurait aimé s’attendre à une opération de grande envergure de l’État en faveur des occupants du CÉSAÏ, ce fut une intervention policière de grande ampleur qui nous a été offerte. Une centaine de policiers, CRS, gendarmes, armés de fusils d’assaut et de tout un attirail pare-balle furent mobilisés dès 6h du matin pour une poignée de personnes non armées, suspectées et appréhendées pour stupéfiants.
            Une personne solidaire s’est également vue fracturer sa porte et perquisitionnée.

            Comment peut-on en arriver là ?

            En vérité, c’est la faute des législateurs s’il y a du trafic là où il y a de la misère. Les habitants du CÉSAÏ ont interdiction de travailler, d’avoir de l’argent liquide et d’avoir un compte en banque. Leurs ressources sont au mieux très faibles, au pire inexistantes. Les gens font simplement ce qu’ils peuvent pour se sortir de la galère. Quiconque prétend faire mieux en pareilles conditions se met certainement le doigt dans l’œil.
            Le niveau de délinquance et de criminalité qui frappe une société est proportionnel aux inégalités qui la déchirent.

            Pendant les 55 jours d’un confinement qui a exacerbé leur précarité, des habitants du CÉSAÏ se sont portés volontaires pour aider les agriculteurs demandeurs, mais cette démarche a également été stoppée par la préfecture.
            Malgré les beaux discours, la grande solidarité des autorités s’est limité, au CÉSAÏ, à la présence régulière de l’ONG Médecins du Monde, qui ne peut pas suffire à surmonter toutes les difficultés auxquelles sont confrontées ces personnes.

            Comment donc s’étonner de quelques écarts, qui sont finalement minimes face au déploiement totalement disproportionné de ces forces de « sécurité » ?
            Interrogeons nous sur ces sommes d’argent public dépensées ! N’aurait-il pas été plus judicieux de les attribuer à la prévention et à l’accompagnement de ces gens incriminés… systématiquement discriminés ?

            N’oublions pas que le CÉSAÏ, depuis bientôt 2 ans, et après la maison Cézanne (2016-18), pallie aux carences de l’État en matière d’accueil et d’accompagnement des demandeurs d’asile.