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samedi 23 avril 2016

Anniversaire de Tchernobyl, en finir avec l'ignorance

Bonjour,
L’ignorance est une menace,
L’ignorance est une menace,
Cette affirmation va comme un gant au nucléaire car dans le cas du nucléaire l’ignorance est une menace avant comme après la catastrophe.
L’ignorance peut prendre plusieurs formes, l’ignorance classique, celle de la personne qui ne sait rien du sujet.
Mais cette ignorance de la page blanche a un avantage, on peut lui écrire dessus si l’on trouve le bon langage, le temps et l’envie. Les nucléocrates comme les capitalistes ont vite compris que cette ignorance est dangereuse, que cette ignorance suscite l’humilité, parfois la curiosité. Le vide attire et parfois suscite l’envie de comprendre.
L’ignorance peut prendre une autre forme bien plus vicieuse, l’ignorance de la page pleine, l’ignorance de la certitude, l’ignorance de la croyance aveugle, celle qui a toujours fait le plus de dégât dans notre histoire. Cette ignorance peut être construite, instruite, enseigné, téléchargée, une fois ancrée, elle procure certitude et arrogance.
Elle est d’autant plus indécrottable, que la personne à une position haute dans la hiérarchie sociale et une haute estime d’elle. Alors, si cette ignorance nourrie la personne, elle est incurable.
C’est en participant à de nombreux débats sur l’énergie et le nucléaire que je me suis aperçu de ces deux types d ‘ignorance.
Dans ces débats, peu de gens comprenaient le vrai fonctionnement du nucléaire…ce qui m’a amené à réaliser ce modeste livret d’autodéfense intellectuelle sur le nucléaire à l’usage de tous, livre recommandé pour une bonne hygiène mentale….
Je vous en lis un court extrait du chapitre SI VOTRE VOITURE ÉTAIT NUCLÉAIRE.
Si vous voiture était nucléaire, vous changeriez de modèle tous les 50 ans.
 La sécurité serait celle des années 50 ou 60, pas de ceinture, ni d’ABS, ni d’airbag, ni de freins performants.
Vous paieriez le carburant le même prix, que vous vous en serviez ou pas.
Le forfait carburant illimité, vous pousserait à la consommation…
Pour arrêter votre voiture une fois à destination, vous devriez faire tourner le moteur encore une semaine pour le refroidir complètement, sous peine de le voir exploser et de voir votre région rasée. Il serait impératif de toujours avoir de l’essence et de l’eau de refroidissement pour que le moteur n’explose pas…
 Vous ne devriez en aucun avoir d’accident de la route…
Aucune assurance ne voudrait vous assurer. Tout le monde paierait les dégâts en cas d’accident.
Aucune casse automobile n’existerait, vous devriez payer le prix de la voiture pour la démonter, embêtant quand on doit en racheter une autre juste derrière.
Une telle voiture, vous le comprenez, nécessiterait une énorme publicité pour espérer pouvoir la vendre, mais encore …ou alors cette technologie deviendrait obligatoire, un monopole d’état par exemple… 
Imaginons que la propriété des voitures sont interdites aux particuliers et que les voitures sont toutes des taxis nucléaires dont l’état ou le privé a le monopole.
Quel serait les coûts d’un tel taxi nucléaire :
Sa conception couterait cher mais elle serait payée par les impôts.
Sa fabrication couterait très cher, mais elle serait financée à taux réduits car garantie par l’état…
Son utilisation serait d’un coût plutôt faible sauf quand elle vieillit. Le coût est le même, que vous l’utilisiez ou pas ce taxi…Si vous l’utilisez beaucoup, ce taxi vous rapporte beaucoup.  Vous encouragez donc les utilisations dans les heures creuses en bradant le prix… vous incitez même fortement à la consommation et décourager le covoiturage.
Sa mise à la casse coûterait très cher et ne rapporte rien…
Dans ces conditions, mettez-vous à la place du propriétaire d’un parc de vieux taxis nucléaires. Vous avez fini de le payer. Vous devez en racheter des neufs et payer la casse des vieux.
Vous aurez envie de quoi :
De continuer à l’utiliser le plus longtemps possible au lieu de le mettre à la casse. Mais prolonger une voiture qui a plus de 300 000 km, vous expose à des travaux lourds que vous n’avez pas envie de réaliser, alors vous faites comme si, vous repoussez la décision a plus tard….
Vous aurez peut-être envie de la revendre à un gogo, fan de taxi nucléaire, style EDF qui a racheté les centrales US et anglaises. Je signale qu’EON et ENGIE recherche des gogos pour racheter leurs vieilles centrales s’il y a des amateurs…fort rabais sur l’argus officiel….
Quand on fait cette comparaison on comprend l’absurdité du choix du nucléaire…
Une autre chose m’a fortement interrogé : pourquoi autant d’absurdité dans les prises de décisions des nucléocrates…
J’aime dire que le plus grand atout du mouvement antinucléaire est l’élite nucléocrate, de L’âne Lauvergeon à l’Entêtement Persistant Ruineux dit EPR, ils nous aident de leur mieux et ce n’est pas rien…
J’ai travaillé dans le nucléaire sur la mise au point de l’EPR, je me rappelle d’une confidence en 1995 d’un ingénieur proche de la retraite à propos de l’EPR : « Nous allons mettre en chantier un réacteur avant qu’il ne soit au point, on va à la catastrophe…il terminait par cette sentence blasée et sans aucun espoir car il avait fait plusieurs fois le tour de la question : « le problème dans cette boutique est que seuls ceux qui annoncent des bonnes nouvelles font carrière… »
L’arrogance n’est autre qu’une insuffisance d’intelligence, elle est incorrigible comme la cuve ratée de l’EPR….
Un jour je suis tombée par hasard sur un livre qui s’appelle « les décisions absurdes », un beau livre qui explique comment la décision de lancer une navette spatiale par -13 °C fut prise alors qu’on était certain qu’elle allait exploser si la température gelait…
Ce livre se contente de raconter des histoires ou la décision est purement absurde car tout le monde est perdant, même ceux qui ont pris la décision…je remarque que les théories du complot n’envisagent jamais cette hypothèse…
Sur le plan strict de leurs intérêts, les nucléocrates se sont tirés une balle dans le pied en décidant de construire l’EPR, comme en décidant de raser la colline qui protégeait la centrale de Fukushima des raz de marée.
Pour son avenir, il n’est pas de l’intérêt de l’électronucléaire français de faire autant d’économies dans la maintenance de vieilles centrales et de sous payer et sous qualifier sa main d’œuvre.
Pour moi, il est sûr qu’un accident sellerait définitivement le sort de cette filière en France.
Mais dans toutes les décisions absurdes on retrouve des points communs : l’arrogance et l’éloignement des décideurs du terrain c’est-à-dire leur ignorance….
Si on demande la probabilité d’un accident nucléaire à un ingénieur de terrain ou à un décideur polytechnicien en laissant un choix fermé, celui de terrain répond par une probabilité de 100 à 1000 fois supérieur.
Récemment on a vu la chose incroyable une pétition des ingénieurs d’EDF contre l’EPR anglais, mais la direction a maintenu la décision.
Ce fut de même pour le lancement de la navette spatiale, qui fut lancer malgré le refus catégorique des ingénieurs de base, l’avis mou mais négatif des ingénieurs d’en haut et ce fut l’avis positif des ignorants les dirigeants qui l’emportèrent entrainant ainsi la mort de l’équipage et la ruine professionnelle de ces même dirigeants….
Nous jouons collectivement un jeu très dangereux plus dangereux que le terrorisme qui peut s’emparer facilement de ce jeu.
Nous jouons tous les jours à la roulette russe…. La roulette russe est un jeu où l’on met une balle dans le barillet d’un revolver.  Le risque nucléaire était censé être celui d’une balle pour un million de chambres vides. L’expérience prouvée par Tchernobyl et Fukushima,  est qu’à  la vérité nous avons un barillet beaucoup plus petit, très petit. De plus chaque jour qui passe, nous remettons des balles dans le barillet :  ne pas fermer des centrales en pleine surproduction électrique, les faire vieillir sans fin, la réduction toujours plus grandes des couts de maintenance, la perte des savoir-faire, le terrorisme de sectes, l’ignorance de nos dirigeants, les catastrophes climatiques plus fréquentes et exceptionnelles, un monde toujours plus complexes donc fragile, nous fait rajouter tellement de ballse que nous allons bientôt jouer à la roulette belge, cette roulette russe où toutes les chambres du barillet sont remplis…
Quand le cowboy jouait à la roulette russe, il pariait gros, il pouvait perdre sa vie mais ce qu’il pouvait gagner, pouvait changer sa vie…
Même si on gagne à la roulette nucléaire on ne gagne rien, même pas de l’argent, ni d’indépendance, juste des déchets intraitables. On ne gagne rien car le nucléaire n’a pas tenu et ne la tiendra jamais sa promesse d’une énergie pas chère et illimité.
Elle est chère, depuis toujours plus chère que les fossiles, elle est maintenant plus chère que les renouvelables…
Elle est de plus limité par sa ressource ou la complexité qui fait partie des limites, dans la vraie vie d’un technicien.
Si on voulait produire toutes l’énergie du monde au nucléaire, nous épuiserions en 1 an le minuscule stock de produit fissible utilisable….
Nous jouons à la roulette russe pour 10 centimes…
Le nucléaire ne peut changer nos vies qu’en cauchemar.

André Paris, s’est rendu de nombreuses fois à Tchernobyl. Jean Paul Jaud est allé à Fukushima de nombreuses fois. En discutant avec eux, une chose m’est apparu dans notre ignorance. L’ignorance de l’ampleur d’une catastrophe, tellement prégnante, qu’en fait, on ne peut sortir du nucléaire qu’avant la catastrophe, ensuite, il est trop tard, on baigne dedans….
Certains nucléocrates l’ont compris comme ils ont compris avec Fukushima, ils avaient perdu la bataille de l’opinion sur le risque d’accident. Alors maintenant, il travaille sur l’ampleur, il la réduise à une petite zone de 20 km tout au plus….
L’ampleur spatiale est en réalité gigantesque. Fukushima était dans une zone relativement peu peuplé et fut sauvé par le vent d’ouest…Mais la France n’a pas un pacifique à son ouest, juste un continent densément peuplé.
La taille d’une catastrophe nucléaire est continentale, les ronds concentriques sont faux, la taille d’une catastrophe est un jeu de hasard. Sa taille est selon les vents, les pluies, les fleuves. La catastrophe va jouer à la roulette russe dans son déclenchement et dans son impact…
Si les vents d’ouest sont forts, lors d’un accident à Fessenheim la rafistolé, il se peut qu’une Allemagne et une Suisse sorties du nucléaire ramassent plus que la France cafi de centrales… L’enjeu étant continental, la décision de sortir ou de rester dans le nucléaire doit l’être. Le choix est européen ou l’Europe n’a aucun sens pour la France.
Tout le monde étant une cible possible, nous devons revendiquer un referendum européen.
La deuxième erreur est la durée de la catastrophe et son évolution.
Une catastrophe habituelle tue des gens, on les enterre, on les pleure et la vie reprend, l’espoir avec.
La catastrophe nucléaire, elle tue à petit feu.
La nourriture, la reproduction, deux plaisirs de la vie deviennent une roulette russe. L’enfance est un chemin minée…
La roulette russe ne s’arrête pas le jour de la catastrophe, elle devient omniprésente et la population voit les générations suivantes plus affectés que les anciennes, la catastrophe est une marée montante inexorable ….
Mourir à 40 ans en ayant été malade tout sa vie, n’est pas comme mourir à 40 ans d’un accident de voiture…mais pour les statistiques c’est la même chose….
En ouvrant sa boite, Pandore, fit sortir tous les malheurs de la terre, en la refermant seul l’espérance fut retenue prisonnière….
La catastrophe nucléaire fait sortir tous les malheurs du monde mais surtout enfoui à tout jamais l’espoir et l’insouciance…
Il est temps d’en finir avec ce système ou les fous gouvernent les aveugles, il est temps que l’ignorance soit chassée du pouvoir…
José Pluki 21 avril 2016



DUVAL MC
Depuis qu’on parle de l’hiver nucléaire pour les hommes,
Est-ce que ça ne sentirait pas un peu la fin de l’automne ?
Méfions-nous, l’empire de la thune veut encore exploser l’atome
Ils craignent les énergies qui coûteraient trois centimes.
Au début des sixties, les USA
Ont poussé la France à dealer ses Contrats de nucléaire civil,
Soit des centrales au grand jour et la bombe en secret
Alors ici encore on fait des watts avec,
Même si c’est un gouffre économique.
300 milliards de subventions publiques pour
Nucléaire et rien pour l’écologique.
Leur but est de vendre des trucs à neutrons.
Faire croire que c’est propre et les crétins
Vont croire qu’on a dompté les protons.

A travers les plaines de l’hexagone,
Y’a encore 58 réacteurs
Des chapes fêlées, pesant 10 000 tonnes.
Des incidents presque tous les jours.
Areva au Niger dans ses mines d’Uranium,
Contamine les villages sans que personne l’analyse.
Sur nos routes, on envoie des convois de plutonium,
De quoi niquer des régions dans des camions qu’on banalise.
Et même si les trois quarts de l’Europe stoppent,
Que le monde entier attend qu’on démantèle
Ils font l’EPR et les ouvriers s’tapent,
des journées de ouf au cœur des centrales.

Désolé pour ta confiance,
Ta précieuse insouciance,
L’endroit le plus dangereux du globe est peut-être en France.
Un seul réacteur pète et l’Europe est dévastée, 
sur des kilomètres on serait condamné.
Et d’autres plus lentement verront leur rein ne plus fonctionner,
Leur peau se décomposer et leur os se désagréger,
26 avril 86, Tchernobyl a explosé, l’Europe est contaminée,
l’URSS est ruinée.
Les plantes, l’eau, les sols, l’air et les murs sont irradiés
Là-bas des enfants monstres hurlent leur humanité.
La structure atomique en vrac est détraquant et son impact
est invisible et nous concocte un paquet de tracas cliniques.
On en mesure à peine, les conséquences on traîne
On va compter encore des dégâts et pas qu’en Ukraine.
Du césium 137 en Corse, des brebis difformes en Ecosse,
Et des millions de gens qui carbure au lévothirox,
En PACA tu sais y’a tarpin de Thyroïde en galère,
De l’Hérault jusqu’au Mercantour, il n’y a pas que mon père.

60 000 tonnes de déchets par an ? On enterre ! On enterre !
Et les outils, les machines irradiées ? On enterre ! On enterre !
Et les combinaisons, les gants pollués ? On enterre ! On enterre !
Y’a plus de place à la Hague, alors dans l’Aube ? On enterre !
On enterre !
Et ces abrutis osent dire que leurs sarcophages sont sûrs
Que durant plus d’un million d’années ça va tenir.
On laisse le problème à nos arrière-arrière-arrière-arrière…
…petits-enfants.
Le seul pays au monde autant équipé nucléaire
Est le plus grand consommateur en antidépresseur.
Désolé le tableau est bien sombre mais il est clair
Qu’il faut le dire et vite enfin, sortir du nucléaire.