Hautes-Alpes Jarjayes : "Est-ce qu’être gilet jaune au Tour de France est une faute ?"
Lundi 15 juin, trois personnes
étaient jugées devant le tribunal correctionnel de Gap pour dégradations
légères, pour avoir fait des tags au col de la Sentinelle à l’occasion
du passage du Tour de France le 24 juillet 2019.
Par Sandie BIRCAN -
06:05
| mis à jour à 06:53
- Temps de lecture : 3 min
|
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Quand le Tour de France passe dans un village, c’est un événement.
Mobilisant des millions personnes, sur le terrain ou derrière les
écrans. Un coup de projecteur certain pour les régions, les communes
mais aussi pour les luttes…
Le 24 juillet 2019, c’est au tour des Hautes-Alpes. Le parcours emprunte le col de la Sentinelle, à Jarjayes. Comme à chaque Tour de France, il y a des inscriptions sur la chaussée, pour soutenir tel ou tel champion de la petite reine. Parmi elles, certaines font tache, du genre “Macron démission” ou “Castaner honte à toi”, sur la route et sur des panneaux de signalisation.
Le conseil départemental, en charge de l’axe, efface à la hâte les tags avant l’arrivée des caméras. Coût de l’opération : près de 1 500 €. Ironie de la situation, quelques jours après le passage du Tour, le maire de Jarjayes faisait partie de quelques maires en colère qui s’exprimaient dans nos colonnes, déplorant que sa commune ne soit pas passée à la télé.
« Ça me choque qu’on trouve ces déchets en pleine nature »
Lundi 15 juin, un père et sa fille, âgés de 58 et 32 ans, venus de Digne, et une femme de 38 ans, de Valensole, sont poursuivis pour “dégradations légères d’un bien par inscription, signe ou dessin”.
Ce jour-là, les gendarmes ont retrouvé des bombes et pots de peintures près de la poubelle, sur la place de la mairie de Jarjayes. Et les trois personnes poursuivies avaient de la peinture sur elles. La Valensolaise conteste que les traces sur sa veste aient été de la peinture. Quant au père et sa fille, qui ont dormi sur place pour assister au spectacle, ils disent avoir ramassé les pots. « Ça me choque qu’on trouve ces déchets en pleine nature », s’indigne le père. Alors, ils auraient donc ramassé ces déchets avant de les mettre à la poubelle.
Si, pour la substitut du procureur, « on peine à croire que les traces de peinture, dont la couleur correspond exactement à la couleur des inscriptions, ont été faites par le simple transport dans des sacs-poubelles », la défense ne l’entend pas ainsi.
« Tout ce zèle ne permet pas d’entrer en voie de condamnation »
Me Vibert-Guigue monte au créneau la première pour le père et sa fille. « On a tous l’habitude de regarder le Tour de France avec ses routes constellées d’inscriptions publicitaires, et la société Tour de France emploie une entreprise pour nettoyer. Si tant de moyens ont été déployés pour retrouver les auteurs de ces inscriptions, c’est parce qu’il s’agit d’inscriptions politiques, mais tout ce zèle ne permet pas d’entrer en voie de condamnation. » Elle souligne qu’aucune expertise n’a été effectuée autre qu’une constatation qu’il est « probable » que la peinture corresponde. « Le fait d’être sympathisant gilet jaune n’est pas une preuve », tonne-t-elle.
Me Barrault prend la suite pour sa cliente. Il s’étonne de l’absence de témoins, de la trace sur le blouson de sa cliente dont « on ne sait même pas si c’est blanc ou jaune, on ne sait même pas si c’est de la peinture. » Il conclut : « Est-ce qu’être gilet jaune au Tour de France est une faute ? »
Le tribunal la relaxe. Le père et la fille écopent d’une amende de 650 € avec sursis.
Le 24 juillet 2019, c’est au tour des Hautes-Alpes. Le parcours emprunte le col de la Sentinelle, à Jarjayes. Comme à chaque Tour de France, il y a des inscriptions sur la chaussée, pour soutenir tel ou tel champion de la petite reine. Parmi elles, certaines font tache, du genre “Macron démission” ou “Castaner honte à toi”, sur la route et sur des panneaux de signalisation.
Le conseil départemental, en charge de l’axe, efface à la hâte les tags avant l’arrivée des caméras. Coût de l’opération : près de 1 500 €. Ironie de la situation, quelques jours après le passage du Tour, le maire de Jarjayes faisait partie de quelques maires en colère qui s’exprimaient dans nos colonnes, déplorant que sa commune ne soit pas passée à la télé.
« Ça me choque qu’on trouve ces déchets en pleine nature »
Lundi 15 juin, un père et sa fille, âgés de 58 et 32 ans, venus de Digne, et une femme de 38 ans, de Valensole, sont poursuivis pour “dégradations légères d’un bien par inscription, signe ou dessin”.
Ce jour-là, les gendarmes ont retrouvé des bombes et pots de peintures près de la poubelle, sur la place de la mairie de Jarjayes. Et les trois personnes poursuivies avaient de la peinture sur elles. La Valensolaise conteste que les traces sur sa veste aient été de la peinture. Quant au père et sa fille, qui ont dormi sur place pour assister au spectacle, ils disent avoir ramassé les pots. « Ça me choque qu’on trouve ces déchets en pleine nature », s’indigne le père. Alors, ils auraient donc ramassé ces déchets avant de les mettre à la poubelle.
Si, pour la substitut du procureur, « on peine à croire que les traces de peinture, dont la couleur correspond exactement à la couleur des inscriptions, ont été faites par le simple transport dans des sacs-poubelles », la défense ne l’entend pas ainsi.
« Tout ce zèle ne permet pas d’entrer en voie de condamnation »
Me Vibert-Guigue monte au créneau la première pour le père et sa fille. « On a tous l’habitude de regarder le Tour de France avec ses routes constellées d’inscriptions publicitaires, et la société Tour de France emploie une entreprise pour nettoyer. Si tant de moyens ont été déployés pour retrouver les auteurs de ces inscriptions, c’est parce qu’il s’agit d’inscriptions politiques, mais tout ce zèle ne permet pas d’entrer en voie de condamnation. » Elle souligne qu’aucune expertise n’a été effectuée autre qu’une constatation qu’il est « probable » que la peinture corresponde. « Le fait d’être sympathisant gilet jaune n’est pas une preuve », tonne-t-elle.
Me Barrault prend la suite pour sa cliente. Il s’étonne de l’absence de témoins, de la trace sur le blouson de sa cliente dont « on ne sait même pas si c’est blanc ou jaune, on ne sait même pas si c’est de la peinture. » Il conclut : « Est-ce qu’être gilet jaune au Tour de France est une faute ? »
Le tribunal la relaxe. Le père et la fille écopent d’une amende de 650 € avec sursis.