voici
une courte vidéo (6minutes) réalisée par Amnesty international sur les
dangers liés aux caméras à reconnaissance faciale et les dérives
liberticides que cette technologie est en train de générer.
La démocratie meurt en silence, étouffée par le serpent technologique.
« Toujours lutter contre les conséquences, jamais contre les causes. » C’est le slogan secret d’Emmanuel Macron dans toutes les matières. Après l’hôpital, voici l’électricité. Le prix de l’électricité s’envole, Macron ruine l’État et EDF, sans toucher aux mécanismes qui ont produit ce résultat. Les conséquences risquent d'être d'un noir absolu...
La ruine du
service public de l’électricité ou LE CHOIX DE L’ACCIDENT
Petit préambule sur cet article sur l’énergie
Avant, on parlait peu de l’énergie. À mesure que nos ressources se tarissent, le débat sur l’énergie fait rage. Mais il existe des absents de cet indispensable débat : les techniciens de l’énergie, ceux qui construisent, réparent, bref ceux qui font qu’on en a ! C’est comme si on débâtait de l’agriculture, sans jamais donner la parole aux paysans. Les philosophes en parlent, les journalistes, les experts qui n’ont jamais fait autre chose que de l’Excel, les professionnels de l’internet, les fous de réseaux sociaux, les youtubeurs toutologue, le tout avec beaucoup de rhétorique et pas de pratique. Un livre paru dans les années 2000, analysait les « décisions stupides ». Il définissait qu’une décision est stupide, quand elle nuit à beaucoup de personnes, mais aussi à celui qui l’a prise. Il racontait comment la NASA avait lancé la navette spatiale alors que tous les techniciens savaient qu’a -2 °C elle allait exploser. Il passait en revue les décisions stupides qui menaient à la catastrophe, alors que les risques étaient certains. Il remarquait que l’éloignement du terrain provoquait une sous-estimation des risques et des croyances et une incompréhension des problèmes techniques. La catastrophe de Tchernobyl fut provoquée par une décision stupide d’un directeur. Sur le terrain, personne ne voulait faire cette expérimentation, c’est-à-dire emballer la réaction d’un cœur nucléaire en coupant la sécurité. Les philosophes parlent aux philosophes, les sociologues aux sociologues, les techniciens aux techniciens. Vous entendrez, sur les médias de droite ou de gauche (sic), des experts, chercheurs, universitaires, sociologues, élus, responsables, décisionnaires mais jamais de techniciens. Voici de manière confidentielle, la parole d’un technicien des renouvelables, qui parle avec d’autres techniciens du nucléaire….
« Toujours lutter contre les conséquences, jamais contre les causes. »
C’est le slogan secret d’Emmanuel Macron dans toutes les matières. Après l’hôpital, voici l’électricité. Le prix de l’électricité s’envole, Macron ruine l’État et EDF, sans toucher aux mécanismes qui ont produit ce résultat. Les causes sont l’instauration d’un marché spéculatif dans l’électricité et la conversion d’EDF en multinationale. Spéculer sur un marché électrique, où le stockage est nul est stupide. C’est la certitude de faire faire au prix des montagnes russes. L’offre doit correspondre, à la seconde, à la demande : pas de rupture de stock ! Dans « l’idéologie de la loi du marché », ce conte pour enfant, en cas de pénurie, le prix monte. Dans cette légende, de plus en plus d’investisseurs se lancent dans la production et, finalement, l’offre d’électricité augmente. Dans la vraie vie, c’est différent, une centrale de production ne se construit pas en peu de temps ! Mais il faut l’avouer, c’est pratique, les théories. Souvent, en pratique, les théories ne marchent pas, ce qui devrait les rendre caduques, sauf si cette théorie est une croyance religieuse. La théorie de la loi du marché est une croyance religieuse. En pratique, c’est vérifié, elle ne fonctionne pas du tout. La sainte loi du marché efficient est une croyance fondamentaliste, et cela empêche toute remise en question, même quand le réel frappe a la porte, (en psychologie on appelle ça de la dissonance cognitive). Pourtant, le problème est basique, le prix du marché de l’électricité est le prix de la centrale électrique qui arrive au dernier moment, en bout de chaîne, soit la centrale au gaz : le prix de l’électricité est fabriqué par le prix du gaz ! Peu importe que l’essentiel de la production, en Europe, ne soit pas faite par du gaz, c’est le prix du gaz qui compte. Alors, comme le gaz, russes sont les montagnes ! Vladimir a bon jeu de jouer avec la vanne du robinet ou de souffler sur les braises géopolitiques pour faire monter ou baisser le wagonnet du prix. Basique…
Dans un contexte de yoyo tarifaire, celui qui désire investir dans la production électrique du mal à y voir clair. Seuls les joueurs de casino s’y risquent et ceux-là ne manquent pas, on leur ouvert un casino avec des règles sympathiques : « Face tu gagnes, pile l’État perd ». Pourtant, la production d’électricité n’est pas un métier de joueurs. Elle demande rigueur, prévoyance, planification, des temps longs. La production d’électricité et sa distribution est technique, rien de bien excitant. Elle demande de lourds investissements sur des décennies (30 à 40 ans) et le taux d’intérêt de l’emprunt est ce qui fait le prix de la centrale. Emprunter à 1 % ou 9 % cela change tout, une centrale qu’elle soit nucléaire ou renouvelable, coûte 4 fois plus cher a 9 % qu’à 1 %. Mais quand le prix change toutes les heures, quand il est impossible de connaitre la météo du prix à plus de trois jours, et quand il faut investir pour 40 ans, le banquier, l’investisseur demande le max, 9 %! Et puis, les adeptes de la religion du marché spéculatif n’aiment pas les temps longs : ils aiment les raids spéculatifs, les retournements d’alliance, les décisions qui surprennent le marché. La « Win », ce n’est pas laborieux, les écoles de commerce leur apprennent qu’ils peuvent faire n’importe quel métier, et changer de poste ou de métier tous les deux ans. La constance du jardinier ne fait pas partie de leur compétence. La « Win » ne parie pas sur 40 ans ! Pourtant, la production d’énergie d’un pays, d’un continent, nécessite la constance d’un jardinier, le sérieux d’un ingénieur. Remettre le choix de fermeture ou d’ouverture des usines électriques à des pressés de l’excédent brut d’exploitation, aux princes du cash-flow, c’est s’exposer à des fermetures brutales, sans concertation, quand le prix est bas, puis à des spéculations quand le prix est haut ! Quand le système merdoie, on demande à l’État de venir épancher le merdier, une fois que tout le monde est bien crotté.
Cela fait 20 ans que le marché de l’électricité est dérégulé, déplanifié, bordélisé en Europe, petit à petit. Depuis 10 ans, la production nucléaire française est pillée. Il faut du temps pour détruire un service public qui fonctionne. Une tempête arrive et le navire, qui prenait l’eau de toute part, coule. La destruction de l’hôpital a pris une bonne décennie, le Covid a fini de l’achever. La destruction du service public de l’énergie a mis 20 ans, le Covid en révèle l’ineptie. Pour l’instant, tout le monde a de l’électricité chez soi et les coupures ne sont pas encore là. Elles arriveront, c’est une certitude ! Une panne en trop et un grand froid suffiront. Le pillage du service public de l’énergie, ses délirants investissements à l’étranger (des dizaines de milliards perdus par ses brillants PDG), l’ont empêché d’investir depuis deux décennies. Ses centrales de production d’électricité vieillissent. Elles ne sont plus renouvelées, ni maintenant entretenues. Nous aurions pu les remplacer à temps, par des énergies renouvelables, des économies d’énergie, ou même des centrales nucléaires neuves, si l’on savait encore en construire, ce qui n’est plus le cas. L’EPR est construit, mais depuis quelques années, EDF le répare, alors qu’il est neuf ! Imaginez-vous : vous achetez une voiture neuve, et l’emmenez chez le garagiste faire changer la culasse ! Votre garagiste vous annonce, à chaque fois que vous souhaitez la récupérer, qu’il vient de découvrir une pièce de plus à changer...
C’est basique à comprendre. EDF, non seulement, ne renouvelle plus son parc de production, mais il n’entretient plus correctement ses vieilles centrales. Si EDF était une compagnie de taxi, elle aurait une flotte de R18 et de 404 avec 300 000 km. Elle aurait quelques R25 plus récentes avec des moteurs sortis de l’usine avec de graves défauts de fonderie. Elle aurait acheté une voiture neuve qui serait chez le garagiste depuis son achat. Nous seulement, le parc est vieux mais, les dépenses d’entretien sont réduites. Pourtant, les besoins d’entretien s’envolent avec autant de vielles casseroles. Pour économiser les frais de garagiste, notre compagnie nationale économiserait sur le petit personnel mécano en prenant des précaires mal formés. Elle virerait ceux qui alertent, encouragerait ainsi le mensonge par son mode de gestion ! Une belle assurance d’avoir des pannes à répétitions, voire des accidents. Au lieu de faire les réparations nécessaires sur les véhicules de manière préventive, la compagnie de taxi, pressée par le manque de disponibilités de ses véhicules, choisirait de mettre le problème sous le tapis et de ne réparer que lorsque les pièces lâchent. Le problème de ce choix de maintenance est qu’on joue avec le hasard. Avec une maintenance préventive, vous pouvez programmer les arrêts et gérer la disponibilité. Le choix de la maintenance curative est l’aléa : parfois les pannes tombent au bon moment, parfois plusieurs véhicules sont en rades en plein départ de vacances dans une période sans marge. Moralité dans un marché où la course de taxi est cotée d’heure en heure, l’offre s’écroule et le prix s’envole.
Les vieilles centrales sont en bout de course, les plus récentes sont sorties d’usine remplies de défauts. Les premières centrales 100 % françaises livrées dans les années 90 annonçaient, avec leur retard et surcoût, la tragédie de l’EPR.
Le danger de réduire le coût de l’entretien des vieilles centrales nucléaires est évident. Cette politique nous fait courir un risque immense et ruinant : l’accident sévère, en langage Nuke ; la grosse cata, en langage courant. La force de communication du Nuke est dans sa façon de changer les mots. D’une personne violente et maltraitante, dit-on qu’elle est sévère ?
Actuellement, l’entretien des centrales est effectué par du personnel mal payé et mal formé. Seuls les managers, rivés sur leur tableau Excel, peuvent croire au père Noël. Le père Noël, ici, consiste à croire qu’un travail technique, fait dans des conditions humaines déplorables, vite et à moindre prix, soit un travail de qualité. La réalité est que les techniciens font semblant, on triche, on remplit les papiers, on coche les bonnes cases, on achète les agréments pipeau. Dans la réalité, le travail est bâclé, les problèmes enterrés, la réalité embellie, le mensonge, la règle. Le souci, pour qui connait vraiment la technique (c’est-à-dire pas ceux qui nous dirigent ou communiquent) sont les détails. Un coude dont l’acier a trop d’impuretés, c’est un détail. Il est joli, flambant neuf, sur la photo de l’inauguration, il ne fait pas tâche. La différence se voit des années après. Mais quand les problèmes arrivent, les ronds-de-cuir qui ont signé les papiers de conformité, sont partis dans une retraite confortable. Ils sont de tout manière à l’abri de la leucémie, pas comme un vulgaire précaire.
Il y a urgence à investir massivement dans l’hôpital, pour que nous soyons encore soignés. Investir dans l’hôpital veut dire investir dans l’humain et pour être même précis, dans le travailleur de terrain, productif, l’aide-soignante, le médecin, l’infirmière, pas dans le manager à tableau Excel, dans son bureau, loin du terrain, chargé de faire des stats et du flicage. De la même façon, pour l’électricité, il est urgent d’investir dans la maintenance de nos centrales, dans le travailleur exposé, dans le soudeur, dans le remplacement préventif de tonnes de tuyauteries à bout de course. Au lieu de cela, l’État assure les profits des traders de l’électricité, qui achètent pour revendre. Il s’attaque aux conséquences d’un casino qui s’emballe, sans le remettre en cause. Les causes s’appellent, en français technocratique, la “libéralisation du marché de l’électricité” ; mais en français technique ? Sa “bordélisation” ! S’attaquer aux causes nécessite une série de recettes déjà employées dans l’histoire, basiques, simples et efficaces, mais coûteuses, politiquement. Il faut en effet s’attaquer aux juteux profits des multinationales de l’énergie :
- Nationaliser la production d’électricité (nucléaire et renouvelable) comme son transport et sa distribution, et au-delà, la distribution du gaz, c’est indispensable ;
- Faire voter un choix clair aux français, par référendum : « Préférez-vous du nucléaire ou des renouvelables ? Vous devrez accepter les inconvénients de votre choix ! » ;
- Instituer un tarif progressif de l’énergie : plus je consomme, plus je paie. Première tranche pas chère, deuxième tranche prix moyen, troisième trancheà prix élevée. Dernière tranche, très élevée ;
- Mettre en place un service public des économies d’énergie, financé par cette tarification progressive et l’impôt. Flécher l’épargne des ménages dessus ;
- Investir immédiatement dans un plan d’urgence de sécurité nucléaire, quel que soit le résultat du référendum : intégration des précaires du nucléaire dans EDF, professionnalisation, suivi médical financement de la réparation des tuyaux défectueux ;
- Mettre un financement à 0 % des infrastructures de l’énergie, car le taux de financement est la donnée la plus importante en énergie ! C’est basique, vous n’avez pas les bases ;
- Flécher l’épargne des ménages sur les économies d’énergies. Sans service public de l’énergie et des économies d’énergie, pas de transition énergétique réussie, donc adieu le climat ;
Le proverbe légendaire des technocrates est qu’il n’y a pas de problèmes que l’absence de solution finit par résoudre. Les non-choix de ces 10 dernières années nous amènent vers le noir. Le choix de la ruine d’EDF, réalisé hier, et amplifié aujourd’hui, nous amène des conséquences dramatiques : panne généralisé (blackout) comme au Texas – risque fort d’accident nucléaire – pas d’argent pour les économies d’énergies et les renouvelables. Quelle belle idée que de faire une transition énergétique trop lente, dans un pays sans pétrole et gaz, quand les fossiles deviennent rares et chères !
Malheureusement dans le nucléaire, on est plus fort en lobbying qu’en soudure ! Le lobby du nucléaire va de l’ENA à la CGT-ÉNERGIE, en passant par tout la haute administration, et la vieillesse votante et réactionnaire. Ils arrivent même à convaincre la jeunesse angoissée par la catastrophe climatique d’être un remède. Chapeau bas pour le bourrage de crâne. Ce lobby immense est parvenu à freiner le développement des énergies renouvelables et des économies d’énergie. Il craignait que cela enterre sa croyance absolue dans le nucléaire. Abrutis par leurs certitudes, ils n’ont pas vu que le système libéral empêchait, non seulement, la relance du nucléaire, mais qu’il empêchait jusqu’à son entretien, et ruinait leur boutique, en la dépeçant de l’extérieur et à l’intérieur. De l’extérieur, par le marché ; et à l’intérieur, par les délires mégalos qui affectent régulièrement les dirigeants du Nuke, une maladie chronique et hors de prix. Cette folie les a ainsi conduits à ruiner eux même leur propre boutique à coup d’investissement foireux dans des mines sans uranium ou par l’achat à l’étranger de vieilles centrales mal entretenues. Ils ont vendu des centrales neuves EPR mal conçues, avec des garanties de SAV. Au moins, dans le photovoltaïque, les arnaqueurs disparaissent sans laisser de trace. Si vous avez une R18 mal en point ,qui ne vaut rien, il faut la vendre à une compagnie de taxi qui adore les R18, et les achète cher. Les véritables destructeurs du nucléaire, ce sont eux. Ils ont fait bien plus de mal au secteur que tous les antinukes réunis.
Depuis quelques années, portés par de richissimes et brillants gourous qui ne mettront jamais la main sur une pelle, le nucléaire revient, en jouant toujours sur l’image d’une industrie de pointe, portée par un haut niveau de technologie, nous promettant de nouvelles générations de réacteurs, sans risques, sans déchets (MDR). Le nucléaire est présenté comme un fleuron du progrès scientifique, la fine fleur de la virtuosité technique. Dans la réalité, sur le terrain c’est tout le contraire : ce sont des infrastructures vieillissantes et des mentalités moyenâgeuses chez leur partisans, dirigeants. Les centrales s’effilochent, le prétendu sommet de la technologie humaine se révèle une vulgaire affaire de plomberie. Le mépris pour les ouvriers confine à la féodalité. Les têtes qui protestent ou juste alertent, se font décapiter (exemple 1 - exemple 2 ). Sur place, les opérateurs bricolent au compte-goutte avec des bouts de ficelles. Le pire, dans cette histoire, est que les ronds-de-cuir et leurs gourous, qui décident de toute cette mascarade, ne sont pas ceux qui iront nettoyer le merdier. Ils resteront tranquillement devant leurs tableaux Excel, dans leurs conférences, sur leurs plateaux d’interview. Ils ont ruiné leur service public, ils vont nous mettre dans le noir, ils ruineront bientôt la France, à 500 milliards d’euros minimum l’accident. Actuellement, ils mettent dans des situations humaines et techniques bancales le personnel qui répare. Certes, c’est certain, ce ne sont pas eux qui iront comme au Japon, balancer de la résine mélangée à du papiers journal déchiqueté pour boucher les fuites. Ils n’iront pas pousser avec brouettes, râteau et pelles les débris du fleuron de la technologie française. Ils n’auront pas un dosimètre qui crépite sur le dos. Eux, ils géreront les doses reçues par les travailleurs. Ils affirmeront, péremptoires, qu’en fait, cela ne va pas si mal. Ils raconteront que tout colle dans leurs tableaux, depuis qu’ils ont relevée les normes de dose recevable en y rajoutant un ou deux zéro. Ils mettront en place de compliquées procédures, souvent inutiles, mais toujours bien vendues. Ils se moqueront de ces travailleurs qui picolent, en revenant de l’enfer. Ils raconteront que l’alcool fait plus de dégât que les rayons gamma.
PS 2 : Le pire est que pour les renouvelables, la loi du marché fait aussi de la merde alors qu’elles sont un des rares espoirs qui nous reste face a la catastrophe climatique qui va nous secouer.
PS3 : Faire des prédictions sur l'avenir c'est casse-gueule mais en se qui concerne une mauvaise maintenance,c'est facile. Je vous reporte sur ce qu'on disait sur le marché électrique, on peut voir qu'on avait vu a peu prés juste:
Chiffres
et données à l’appui, cette
étude expose au grand jour les
conséquences dramatiques de
l’activité d’Amazon en termes
de fiscalité, d’écologie, de
conditions de travail et
d’impact sur les territoires.
Ce
rapport présente les
conclusions des calculs menés
par les équipes des trois
organisations concernant
l’évasion fiscale et l’impact
climatique d’Amazon, alors que
la multinationale vient de
publier son premier bilan
carbone, qui parait être
largement sous-évalué, et que
ses premiers engagements
environnementaux n’ont pas été
tenus.
Selon
Raphael Pradeau,
porte-parole d’Attac :
« Amazon pratique une
évasion fiscale massive qui
lui permet, selon nos
estimations, de dissimuler
58% de son chiffre
d’affaires réalisé en
France. Non seulement cela a
des impacts négatifs sur les
recettes fiscales de l’État,
mais cela contribue à
renforcer la position
dominante d’Amazon vis-à-vis
de ses concurrents, qui
payent en proportion de leur
activité davantage d’impôts ».
Pour
Alma Dufour des Amis
de la Terre, « En
vendant plus de 15 milliards
de produits dans le monde et
générant l’équivalent des
émissions annuelles du
Portugal rien que pour ses
activités de stockage des
données, Amazon est une des
multinationale qui a le plus
lourd impact sur le climat.
Jeff Bezos ment tout
simplement au grand public
en affirmant qu’Amazon peut
respecter l’accord de Paris
sans réduire les ventes de
produits et sans cesser la
livraison par avion ».
Cette
étude présente également les
premiers éléments concernant
l’impact économique d’Amazon
sur les territoires où
l’entreprise s’implante.
Ainsi, les premiers chiffres,
concernant les États-Unis,
montrent que pour 1 emploi
créé par Amazon, 2 emplois
sont détruits dans le secteur
du petit commerce.
Enfin,
témoignages à l’appui, ce
rapport montre comment
l’arrivée d’Amazon bouleverse
les conditions de travail dans
l’ensemble du secteur de la
distribution et de la
livraison et comment la
multinationale innove au
détriment des salarié·e·s.
« Amazon
développe sa présence en
France en faisant travailler
majoritairement des
personnes ayant des contrats
précaires, notamment en
intérim, qui s’épuisent dans
des entrepôts gigantesques
de plus en plus robotisés et
qui nécessiteront de moins
en moins d’emploi »,
dénonce Didier Aubé
de Solidaires.
Ce
rapport est publié alors
qu’Amazon doit faire face à
une augmentation significative
d’actions et luttes citoyennes
qui mettent à l’index ses
méfaits, avec à la clef des
victoires inspirantes qui sont
évoquées dans le rapport.
Dans
le prolongement de l’appel
lancé « Contre Amazon et son
monde » par des
personnalités telles que Ken
Loach, Alain Damasio,
Priscillia Ludosky, ou encore
des économistes,
syndicalistes, écologistes,
gilets jaunes, libraires et
maisons d’éditions, le
29 novembre des dizaines
d’actions seront organisées
partout en France pour
transformer le Black Friday en
« Vendredi noir pour Amazon ».
À Marseille ou à Nice, des industriels comme Thalès ou Engie avancent
main dans la main avec les élu·es pour pousser leurs projets de « Safe
City ». Véritables couteaux suisses sécuritaires, ils vont de la
reconnaissance des émotions dans l’espace public urbain à
l’interconnexion massive de bases de données à des fins de police
prédictive, en passant par la surveillance des réseaux sociaux. Les
technologies informatiques comme le Big Data et l’Intelligence
Artificielle sont les clés de voûte de ces différents projets. Ce sont
elles qui doivent permettre d’analyser toutes les données que l’on saura
produire ou collecter, établir des corrélations, faire des recoupages
statistiques, tracer des individus ou administrer des lieux.
Parmi les technologies les plus utilisées dans la Technopolice, se trouve ainsi la « vidéosurveillance intelligente », par exemple à Valenciennes avec l’aide de l’entreprise Huawei, ou encore à Toulouse
avec l’entreprise IBM. Elle a pour objectif de détecter certaines
situations et d’émettre des alertes en cas de mouvements de foule,
d’objets abandonnés, de situations inhabituelles, de personnes se
mettant subitement à courir…
Dans le même ordre d’idées, toujours dans le cadre de l’analyse d’images, la reconnaissance faciale
est un des autres outils favoris de la Technopolice. Visant à
identifier ou authentifier des personnes à l’aide de données
biométriques. Cette technologie a déjà été expérimentée sur la voie
publique à Nice, pendant le carnaval en 2018, et est également en projet dans deux lycées de la région Sud, l’un à Nice et l’autre à Marseille.
Ces nouvelles capacités d’analyse automatique des flux vidéos doivent
être rapprochées avec le développement des moyens de captation d’images
et de leur transmission en temps réel à des centres de supervision
urbains. Les caméras ne sont plus seulement fixes mais maintenant
mobiles : en caméra-piétons mais aussi bientôt par drones, comme c’est déjà le cas à Istres.
D’autres technologies se mettent à pulluler sur notre territoire, comme les dispositifs de détection de bruits suspects
et non plus seulement de l’image, à l’aide de microphones et
d’intelligence artificielle qui se déclenchent à l’écoute d’un cri ou
d’un bris de vitre, comme cela est envisagé à Saint-Etienne.
Ou le développement d’applications dites « citoyennes » permettant aux
personnes de notifier à leur administration non seulement des dépôts
d’ordures devant chez eux, mais aussi tout « incident » sur la voie
publique ou encore, comme ce fut le cas pour le projet Reporty à Nice, de signaler des « incivilités » directement à la police avec leur caméra (projet auquel la Cnil avait mis son veto).
Enfin, grâce aux outils d’analyse du « Big Data », certains
acteurs cherchent à récupérer un maximum de données générées dans la
ville (images de vidéosurveillance, données de la circulation, des
hopitaux, de la police, des réseaux sociaux…), de les passer par le
filtre d’une analyse algorithmique afin, comme cela a été annoncé à
Marseille, pour l’ « Observatoire de la Tranquillité publique »
« d’anticiper et donc d’empêcher le déroulement de faits problématiques
pour la paix urbaine, que ce soit de la délinquance aux questions de
propreté, de réglementation de la circulation et du stationnement,
d’occupation temporaire du domaine public, etc. ».
L’ensemble de ces outils révèlent bien la nature de la « Safe City »
telle qu’elle est fantasmée par ses promoteurs : une surveillance totale
de l’espace public au travers de technologies de contrôle social,
développés par des entreprises privées et avec la complaisance des élus
locaux.
Le 14 décembre dernier, le
Conseil Régional de PACA a voté une mesure visant à faire installer, à
partir de 2019, des dispositifs de reconnaissance faciale à l’entrée de
deux lycées de Nice et de Marseille. Dès le mois d’octobre, La
Quadrature du Net avait demandé à la CNIL la communication des documents
en sa possession sur ce dossier, cette dernière ayant été consultée par
la région pour la mise en place de ces dispositifs. L’analyse de ces
documents, ainsi que les précisions apportées par Christian Estrosi,
confirment l’impuissance de la CNIL à enrayer la banalisation d’une
technologie particulièrement liberticide et qui vise ici à s’étendre à
l’ensemble des établissements scolaires de la région.
De quoi s’agit-il ? En octobre 2017,
Renaud Muselier, président de la région PACA, demande les conseils de la
CNIL pour la mise en place dans deux lycées de Nice et de Marseille de
dispositifs de « portiques virtuels » associant « des moyens classiques
d’identification (…) à un dispositif biométrique utilisant des
technologies de comparaison faciale, seuls à même d’après nos premières
investigations, d’apporter une solution fiable et rapide dans un
contexte de contrôle d’accès portant sur un nombre potentiellement élevé
de personnes ». Cette nouvelle étape est la suite logique de sa
politique sécuritaire ayant conduit, entre 2016 et 2017, à ce que plus
de 1 300 caméras de vidéosurveillance soient installées dans l’ensemble
des lycées de la région. La technologisation à outrance est également
présentée par la région comme une réponse au contexte d’austérité
budgétaire :
Ce dispositif constitue une réponse au différentiel croissant
constaté entre les exigences de sécurisation des entrées dans les
établissements et les moyens humains disponibles dans les lycées, dans
le cadre des plans successifs de réduction des effectifs dans la
fonction publique.
La région PACA présente ainsi à la CNIL son projet visant à
« sanctuariser » les entrées et les sorties dans les établissements
secondaires. Il s’agit non seulement de reconnaissance faciale mais
également d’un dispositif de « suivi de trajectoire » de certains des
visiteurs : un logiciel installé couplé à une caméra permet de détecter
des points de comparaison faciale déterminés par un algorithme et de le
comparer avec ceux stockés dans une base de données. Un écran mis à la
disposition des agents de contrôle permet alors de visualiser trois
types de profils : « vert » pour les personnes autorisées à pénétrer
dans l’enceinte du lycée, « jaune » pour les personnes non identifiées
et invitées à se présenter à l’accueil et « rouge » pour les personnes
non identifiées et qui ne se sont pas dirigées dès leur entrée vers
l’accueil.
Il est par ailleurs précisé qu’il s’agit pour l’instant d’une
« expérimentation limitée dans le temps » et fondée sur le consentement
explicite de volontaires au sein des établissements visés.
La CNIL impuissante face au développement de la reconnaissance
faciale
Alors qu’elle avait appelé en septembre 2018 à un débat urgent sur ces
nouveaux usages des caméras vidéo et qu’elle souligne elle-même les
risques considérables d’atteinte aux libertés individuelles que cette
technologie entraîne, la CNIL n’a opéré ici qu’un suivi très souple –
voire accommodant – du projet.
Soulignons d’abord que, depuis l’entrée en vigueur du RGPD en mai 2018,
les responsables de traitement de données personnelles n’ont en principe
plus à réaliser de formalités auprès de la CNIL avant la mise en œuvre
du traitement, tel qu’obtenir son autorisation dans certains cas. Le
contrôle de l’autorité ne se fait qu’a posteriori, conformément au
principe de responsabilisation des acteurs prévu dans le règlement. Tout
au plus certains traitements, et c’est le cas pour la reconnaissance
faciale, doivent-ils faire l’objet d’une analyse d’impact. Le
consentement des utilisateurs est désormais censé fournir une base
légale suffisante pour le déploiement de ces systèmes qui font pourtant
entrer la surveillance dans une nouvelle ère. En supprimant le pouvoir
d’autorisation de la CNIL s’agissant de ce type de dispositifs, le RGPD
marque donc un recul pour les libertés.
Selon les documents qui nous ont été communiqués, la CNIL s’est donc
contentée de demander des précisions complémentaires à la Région sur le
dispositif envisagé et, sur certains points, de fournir des
recommandations. C’est d’ailleurs suite à l’une de ces recommandations
que la Région a décidé que le stockage des données biométriques ne se
ferait pas sur une base de données mais sur un support individuel, sous
le contrôle exclusif de la personne (en l’espèce, un badge) (comme c’est
le cas pour ce qui existe déjà dans plusieurs aéroports où la
photographie n’est stockée que dans le microprocesseur du passeport
biométrique).
Ainsi, et contrairement à ce qui a été annoncé par une partie de la
presse et par Christian Estrosi lui-même, la CNIL n’a pas donné son
« feu vert » à ce dispositif mais a simplement accompagné la région dans
sa mise en place.
Pourtant, en laissant se développer ce type de technologies à des buts
sécuritaires, sans qu’il ne soit apporté à un seul moment la preuve de
la pertinence d’un tel dispositif par rapport au système existant,1 sans
même une réelle réflexion sur la nature du consentement que peuvent
donner des mineurs à l’égard d’une expérimentation au sein de leur
lycée,2 la CNIL participe à la banalisation de ces technologies. Elle
devient l’alibi au développement d’une surveillance généralisée qui sera
au cœur des « Safe City » qui commencent à essaimer sur le territoire. Un dispositif qui a vocation à s’étendre à toute la région
Car, sous le qualificatif faussement tranquillisant d’
« expérimentation » mis en exergue par Renaud Muselier et Christian
Estrosi, ces derniers souhaitent en réalité, comme ils l’ont eux-mêmes
énoncé lors de l’assemblée plénière du Conseil Régional, étendre ce
dispositif de reconnaissance faciale à l’ensemble des lycées de la
région :
Avec ces deux expériences, une fois que nous l’aurons démontré, nous
irons très vite sur la généralisation, à partir du réseau de
vidéosurveillance déjà existant, sur lequel il ne nous restera plus qu’à
mettre le logiciel qui correspond à l’usage de la reconnaissance
faciale par rapport aux caméras déjà installées dans nos établissements
scolaires.
L’expérimentation des lycées de Nice et de Marseille s’inscrit donc
en réalité parfaitement dans les divers projets que La Quadrature du Net
dénonce depuis près d’un an, et qui sont d’ailleurs particulièrement
avancés dans ces deux villes : « Observatoire Big Data de la
tranquillité publique » à Marseille, « Safe City » à Nice… Cette
actualité apparaît alors comme une nouvelle briqueau développement,
toujours plus rapide et incontrôlable, de ces nouvelles technologies de
surveillance (« Big Data », caméras « intelligentes », reconnaissance
faciale…) au profit des municipalités et de leurs polices.
Un tel projet profitera par ailleurs pleinement à son maître
d’œuvre, la société CISCO, qui finance entièrement cette expérimentation
[lien doc] et qui s’occupera « dans un premier temps » de former les
professeurs des lycées à ces nouvelles technologies. Cisco, acteur
américain central de la « Safe City », et avec qui le gouvernement
français avait déjà signé un partenariat important pour mener un projet
de « Smart City » dans une ville française, se positionne dans un marché
en plein essor. Il pourra pleinement tirer parti de cette occasion que
lui donne la région de tester ses nouvelles technologies de surveillance
dans nos établissements scolaires pour mieux la revendre plus tard,
dans le cadre de marchés publics à vocation sécuritaire.
Alors qu’il y a plus d’un mois, nous appelions déjà la CNIL à imposer un
moratoire sur le développement de ces technologies, cette dernière
semble s’en tenir à une posture attentiste. Nous appelons les syndicats
de lycéens et d’enseignants ainsi que les parents d’élèves et toutes
celles et ceux révulsés par ces évolutions à s’organiser pour les tenir
en échec.
References
1. ↑
Il est ainsi seulement précisé dans les documents produits par la
région, et cela sans aucune preuve ou réelle analyse, que « les nombreux
incidents et agressions constatés aussi bien dans l’enceinte du lycée
qu’à ses abords, ainsi que le contexte sécuritaire existant depuis les
attentats terroristes de 2016, conduisent également à tenter de limiter
les temps d’attente et les attroupements à l’extérieur des
établissements aux moments de forte affluence (rentrées matinales
notamment) » ou que « ce dispositif constitue une réponse au
différentiel croissant constaté entre les exigences de sécurisation des
entrées dans les établissements et les moyens humains disponibles dans
les lycées, dans le cadre des plans successifs de réduction des
effectifs de la fonction publique. Il apporte une assistance aux
personnels du lycée, qui peuvent ainsi mieux se concentrer sur les cas
nécessitant une intervention humaine, et reporter leur vigilance sur les
multiples situations menaçant la sécurité, en augmentant la présence
humaine dans les lieux de vie de l’établissement. »
2. ↑
Le courrier de la région précise à ce titre que « Les personnes
volontaires (ou leur représentant légal pour les mineurs) doivent signer
préalablement un formulaire de recueil de consentement expliquant la
finalité de l’expérimentation, la durée de conservation des donnée ainsi
que la manière d’exercer les droits Informatique et Libertés »