Découvrez d’un bloc ce qui anime l’équipe SUD Hydro le plus clair de son temps depuis début septembre : la saga en 5 épisodeset plus, si affinité, d’une loi construite pour
sauver les barrages et les placer dans le domaine 100% public,déposée par les écologistes du Sénat.
Premier épisode, le dépôt de la PPL(proposition de projet
de loi) par les écologistes…
Le premier septembredernier, dans l’indifférence générale, le groupe
écologiste, emmené par Guillaume Gontard(présent sur toutes nos manifestations barrages, jusqu’à la
dernière, le 8 mai dernier, sur le barrage de St Egrève), déposait le projet de loi visant à maintenir les barrages
hydroélectriques dans le domaine public. Un projet de loi que SUD attendait depuis 10 ans :
Pour SUD, c’était clair, maintenant que quelqu’un avait dégainé la
seule solution euro-compatible pour les sauver, un raz-de-marée conforme
à l’unanimité de la classe politique enfin obtenue sur le sujet (même
la Macronie le proposait dans Hercule avec
EDF Azur) sur le sujet allait enfin débarrasser pour de bon les barrages
de cette épée de Damoclèsqui fragilise
l’entretien des barragesque les opérateurs risquent de perdre, et retarde les investissements nécessaires à la réussite
de la transition écologique(STEP, en particulier, sur la Dordogne, avec Rédénat, sur la Truyère, avec Montézic, et en Savoie également).
Mais le monde politique est toujours plein de surprise. Alors,
période défavorable aidant, car trop proche des présidentielles pour
assister à l’union des forces politiques de droite comme de gauche,
allait-on assister, médusé, à un rendez-vous
manqué avec l’histoire ?
Deuxième épisode, l’audition des syndicats(qui donne un avis, souvent décisif…)
Le jeudi 23 septembre à
11h15, Patrick Chauvet, sénateur Républicain, rapporteur de la
Commission des Affaires Économiques pour l’examen de la PPL déposée le 1er septembre par le groupe
Écologiste du Sénat, auditionnait l’intersyndicale d’EDF. Par chance, SUD était conviée ;-)
À notre grande surprise, l’ensemble de l’intersyndicale s’est
opposée frontalement à ce projet de loi, sans proposition aucune pour
l’améliorer. Non. Rejet en bloc. SUD, isolé,
dubitatif, et hagard, y lisait son propos liminaire :
« SUD se félicite de l’apparition, enfin, de ce projet de loi qui confirme l’essentiel de notre travail sur le sujet.
D’abord, les trois piliers pour bien
comprendre pourquoi la mise en concurrence des barrages est absurde, et
pourquoi ils sont, à plus d’un titre, un bien commun stratégique
d’intérêt général (robinets de la France, poumons du
système électrique, et objets industriels très dangereux) apparaissent
clairement dans ce projet de loi.
Ensuite, l’urgence est réelle : depuis 10
ans, la société anonyme EDF gère un parc de barrages dont une bonne
partie peut lui être retirée du jour au lendemain pour la concurrence
(si la France applique la loi d’aujourd’hui, notamment
la loi Sapin 1 de 1993, confortée par le rapport Leteurtrois de 2006,
facilitée par le changement de statut d’EDF en Société Anonyme en 2004,
comme par la modification de la loi eau de 2006). Cette épée de Damoclès
amène nos dirigeants à entretenir les ouvrages
menacés avec des bouts de ficelle.
EDF a déjà, du milieu des années 1990 au
milieu des années 2000, cessé l’entretien des barrages pour afficher des
comptes à même de favoriser le succès de sa privatisation partielle. Et
au bout d’une décennie, les accidents se
sont multipliés, jusqu’à la rupture, une nuit de janvier 2006, d’une
vanne du barrage de Tuilières sur la Dordogne, créant un véritable
tsunami sur la rivière. Si cet accident avait eu lieu une journée d’été,
tout le monde s’en souviendrait comme la plus grosse
catastrophe industrielle du pays…
La nouvelle incertitude, qui met le moral
des salariés de l’hydraulique en berne date de 2010 avec la première
liste Borloo des barrages à mettre en concurrence. Une illustration de
ce moral en berne est que les salarié.e.s de
l’hydraulique sont lanterne rouge du sondage interne MyEDF mesurant le
moral des troupes.
Si SUD se réjouit qu’aucun autre barrage
que celui sur la Séveraisse, un petit affluent du Drac, SUD est
profondément inquiet de la durée de cette épée de Damoclès et de ses
conséquences sur la politique de maintenance des ouvrages
concernés à EDF.
Hercule est la preuve que le combat
d’idées est gagné : plus aucune force politique pour oser affirmer que
la mise en concurrence des concessions hydroélectriques est une bonne
idée. Mais l’abandon temporaire d’Hercule maintient
le parc des barrages français dans une incertitude que ce projet de loi
achève enfin, pour le bien et la sécurité de toute la population
française.
SUD y est favorable, naturellement, en
attendant que le cheminement amène l’ensemble des forces politiques à
s’interroger sur l’ensemble du système électrique, dont l’ouverture au
marché n’a tenu aucune promesse, et même entraîné,
à l’inverse, l’explosion du montant de la facture des usagers en échange
de rien : une activité de fourniture inutile, fort chère, et nuisible.
Enfin, le développement des énergies
renouvelables en France (hors hydraulique déjà quasiment en vitesse de
croisière) a été largement subventionné. Mais EDF a choisi (ou pas) de
ne pas en être (en 2019, selon le bilan électrique
de RTE et les facts and figures d’EDF, EDF ne produit que 2,2% du
photovoltaïque national, et 9,5% de l’éolien national), alors que la
manne des subventions représente sur 20 ans deux fois les bénéfices
cumulés d’EDF ! Et EDF qui invoque des difficultés financières
?! Après avoir, sans raison, raté ce train...
Il est démontré que la transition
énergétique confiée au privé coûtera beaucoup plus cher que si elle
était confiée au public. En avons-nous les moyens ? Le GIEC nous alerte
chaque fois un peu plus fort sur l’urgence climatique.
Avons-nous vraiment le temps d’attendre ?
SUD soutient sans hésitation ce projet de loi.
SUD espère que l’ensemble des forces
politiques rejoindra ce projet de loi qui n’est qu’une vraie preuve de
bon sens, de pragmatisme, et qui prend en compte l’urgence écologique du
moment».
Si vous préférez la lire, SUD l’a retranscrite pour vous là. Audition intersyndicale transcrite
en intégralité :
Le rapporteur nous avait également transmis un questionnaire. Retrouvez ci-dessous les réponses de SUD au questionnaire
du rapporteur :
Abasourdi par la teneur de cette audition, SUD a décidé de prendre
son bâton de pèlerin, et a eu l’opportunité de rencontrer les groupes
Communistes puis Socialistes le 6 octobre, et le groupe Républicain le
11 octobre. En parallèle, SUD imagine bien que
les trois opérateurs auditionnés également ont sans doute davantage
défendu leurs intérêts industriels que l’intérêt général. Mais peut-on
vraiment le leur reprocher ?
roisième épisode, le passage en Commission(qui donne un avis, souvent décisif…)
Deuxième coup de massue sur nos têtes incrédules : la Commission
rend un avis négatif à l’unanimité des groupes politiques (à l’exception
des écologistes, bien sûr), basé sur :
Le rapport du rapporteur, sur lequel il y aurait tant à redire :
Pour celles et ceux qui préfèrent sa version courte, la voici :
Plus intéressant, le CR des débats (qui, étonnamment, n’ont pas été filmés, damned…) :
Parmi les erreurs les plus flagrantes commises par le rapporteur :
l’affirmation que « Adopter le dispositif proposé, unilatéral et parcellaire car non négocié en amont, n’éteindrait
donc en rien le contentieux en cours ».SUD
se permet de transmettre ici ses comptes-rendus de deux
rencontres avec la Commission Européenne. La première, le 6 novembre
2019, grâce à Yannick Jadot, avec la DG GROW de Marzena Rogalska, et la
seconde, le 23 avril 2021 autour d’eurodéputés LFI et EELV rassemblés
autour de Michèle Rivasi, avec la DG COMP (Anna
Colucci) et la DG Energy (Catharina Sikow-Magny) :
Pour faire court, SUD se contentera de
rapporter les propos de la plus puissante de ces trois DG, la DG
concurrence de Margrethe Vestager, en la parole d’Anna Colucci :
1/ Peut-on sortir l’ensemble du système électrique de la concurrence ? Et sous quelles conditions eurocompatibles ?
“Non, on ne peut pas !” (Anna Colucci – le 13 avril 2021)
2/ Peut-on éviter la mise en concurrence des barrages hydroélectriques ? Et sous quelle conditions eurocompatibles ?
“Soit
l’État français met en concurrence ses barrages, soit il les en
préserve en créant une régie ou une quasi-régie, comme la France
l’envisage actuellement, mais
ce sera plus compliqué, car le contrôle par l’État sera moins prégnant,
ce qui imposera énormément de garde-fous” (Anna Colucci – le 13 avril 2021)
Dans son rapport, le rapporteur semble regretter que « l’article
supprime le dispositif des sociétés d’économie mixte hydroélectriques (SEMH) ».
Des dires de Marie-Noëlle Battistel, ces SEMH ont été conçues par elle
pour Ségolène Royale dans une époque bien différente, dans laquelle il
s’agissait de limiter la casse. Le problème principal des SEMH est
double : 1/ un management évident par le privé,
et 2/ SUD l’a
démontré dans son rapport barrage : plusieurs opérateurs, même
bienveillants, sur les barrages d’un pays, ça désoptimise le placement
de l’eau, certes gratuite, mais en quantité limitée
et finie, ce qui rend son optimisation délicate, et affaiblie dès qu’on
sort d’un monopole public.
Troisième et dernier point que SUD critiquera sans hésitation, l’affirmation que les conséquences financières du dispositif de « quasi-régie » sont omises.Pour le Gouvernement, le coût de sa mise en œuvre
serait « vraisemblablement de plusieurs milliards d’euros ».De
fait, bien des concessions de la SHEM sont déjà en délais glissants
(date de fin de concession dépassée), et pour la CNR, par chance, la
prolongation de ses concessions
n’est pas encore actée, et
les concessions du Rhône finissent encore en 2023 ! Les coûts de rachat
des années perdues de concession seraient donc exceptionnellement
faibles, si on souhaitait tout rassembler CNR, SHEM et EDF Hydro
dans la même structure. On pourrait également avantageusement rappeler à
la CNR qu’en 2001, quand les concessions d’EDF, déjà engagées jusqu’en
2023, le chèque remis à EDF pour 22 années d’exploitation
perdue fut de 0 euros. Un principe qui devrait s’appliquer dans les deux
sens, non ? Pour finir, si SUD est bien renseigné, dans l’esprit des
législateurs écologistes, il s’agit de transférer dans cette structure
uniquement les concessions échues, au fur et
à mesure. Le coût imaginé dans leur astucieuse idée serait donc nul,
non ?
Par un malheureux hasard du calendrier, SUD n’a pu rencontrer les
groupes Communistes, Socialistes et Républicains que trop tard. Après
l’avis négatif unanime en Commission. Mais SUD ne s’avouant jamais
vaincu…
Salut à tou.te.s,
Découvrez d’un bloc ce qui anime l’équipe SUD Hydro le plus clair de son temps depuis début septembre : la saga en 5 épisodeset plus, si affinité, d’une loi construite pour
sauver les barrages et les placer dans le domaine 100% public,déposée par les écologistes du Sénat.
Quatrième épisode, le cri d’alarme de SUDface
au rejet programmé de la proposition de projet de loi des
écologistes…
Ne
sachant plus que faire, face à des délais aussi courts, SUD décide de
fournir au Sénat toute la matière à même de les faire réfléchir à leur
vote du 14, et le cas échéant, à poursuivre l’aventure
unis et soudés, pour aboutir dès que possible à la loi qui mettra enfin
un terme à cette épée de Damoclès qui menace les barrages et compromet
la transition écologique depuis plus de 10 ans !
Le tract souvenir de SUD, qui, on l’espère, ne sera qu’un point d’étape vers la victoire prochaine :
En exclusivité pour vous, en attendant leurs discours dans l’hémicycle de demain, la lettre de SUD aux sénatrices et aux sénateurs :
Mesdames les Sénatrices,
Messieurs les Sénateurs,
Après des années d’investissement intense, nous avons obtenu un consensus politique et syndical très large pour sortir les barrages de la menace de mise en concurrence,
y compris au sein
du gouvernement. Celui-ci l’a affirmé comme une ligne rouge du projet
Hercule. Pour exemple, Barbara Pompili, lors de son audition à
l’Assemblée Nationale du 4 février 2021, déclarait : « si on n’aboutit pas sur Hercule, il va falloir
trouver un plan B ».[[1]« Le
gouvernement explore, parmi d’autres scénarios, une voie, permise par le
droit des concessions, consistant à pouvoir renouveler sans mise en
concurrence les concessions à une structure dédiée détenue par l’Etat.
Ce qui nous permettrait de mettre fin au contentieux
européen, de relancer l’investissement, et de conforter les salariés. Ce
serait un moyen de sortir de cette incertitude pesante qui n’a que trop
duré».
Notre
analyse converge avec ce qui a été dit et répété par les représentants
de la Commission Européenne, lors de nos rencontres avec eux, en 2019 et
2021 : la seule solution compatible
avec les textes européens pour écarter rapidement la menace de la mise en concurrence des barrages est la régie ou la quasi-régie,
c’est-à-dire le fait de confier l‘exploitation de ces barrages soit
directement aux services de l’Etat (régie), soit
à une entité 100% publique, EPIC par exemple (quasi-régie). C’est
d’ailleurs la solution qu’avait retenue le gouvernement dans Hercule,
avec la création de la filiale publique Azur.
Le groupe sénatorial EELV a présenté un projet de loi proposant la création d’une quasi-régie hydroélectrique. Mais à notre grand étonnement, malgré le consensus syndical et politique, cette
opportunité de mettre enfin les barrages à l’abri de la concurrence a été rejetée
en audition le 23 septembre par toutes les organisations syndicales
sauf SUD et le 6 octobre en Commission des Affaires Economiques par tous
les groupes politiques au Sénat
sauf le groupe écologiste. Depuis, lors de nos rencontres avec
différents groupes politiques du Sénat (PCF, PS, LR), il est apparu
clairement que le positionnement des syndicats avait énormément pesé
dans leur décision.
Les
arguments avancés par les organisations syndicales et les groupes
sénatoriaux pour justifier leur refus nous laissent perplexes : ils
reprochent principalement au projet de loi de
ne pas aller assez loin et de ne pas proposer un retour à une entreprise
publique intégrée (et également d’autres critiques que nous détaillons
ici). Nous sommes bien sûr d’accord avec la nécessité de sortir du
marché de l’énergie et de revenir à un système
100% public : c’est d’ailleurs le sens de la tribune collective que nous
avons publié dans le Monde du 31 mai dernier, signé très largement par
la classe politique à gauche, par une grande association de
consommateurs, par des ONG, des économistes de renom[[2]Dont
Thomas Piketty, des personnalités du monde de l’énergie (et à laquelle
l’intersyndicale avait refusé de s’associer, sans explication)2].
C’est aussi le travail quotidien que nous menons, avec un rapport, de
très nombreux argumentaires, des interventions dans les médias, auprès
des élus, des associations, des citoyens (cf. notre
site et nos derniers argumentaires
sur les hausses de prix). Mais dans l’immédiat, nous ne
sommes pas face à un choix entre deux propositions de loi, l’une pour la
création d’une structure publique pour gérer les barrage et l’autre
pour un retour à un système 100% public ». La
sortie du marché n’est pas une option acceptable pour l’instant par la
majorité politique, et encore moins par la Commission Européenne. Nous
ne pouvons que le regretter, et continuer notre travail d’analyse et de
mobilisation pour faire changer les choses.
D’ailleurs, à ce jour, aucune contre-proposition n’est sur la table,
et comme le confirment nos échanges avec les groupes politiques, rien
ne semble prévu dans les mois qui viennent.
Or la situation d’instabilité juridique qui perdure sur les barrages
entrave les investissements, tant de développement que de maintenance. Cela devrait tous nous inquiéter tant pour la réussite de la transition énergétique que pour la sûreté du parc. Il
y a urgence, surtout pour l’hydroélectricité ! De plus, la période
est particulièrement propice à un regroupement des trois opérateurs
historiques :
La prolongation des concessions de la CNR n’est pas encore actée, et
les concessions CNR (23% du productible) s’arrêtent toujours en 2023,
garantissant un coût très réduit de rachat du manque à produire ;
L’essentiel des concessions de la SHEM (3% du productible) sont échues ou sur le point de l’être, donc disponibles pour l’Etat.
EDF hydro (72% du productible) appartient à près de 85% à l’Etat.
Les
organisations syndicales et la classe politique ont donc lâché la proie
pour l’ombre. Cela est d’autant plus incompréhensible qu’une victoire
sur l’hydroélectricité aurait été un point
d’appui pour une sortie définitive du marché, et non une entrave.
Nous
avons fait tout notre possible pour faire revenir syndicats et
politiques sur leur décision, sans succès et sans explication. Demain,
dans l’hémicycle, la PPL du groupe écologiste qui propose
de mettre à l’abri définitivement nos barrages sera massivement rejetée.
Si c’est le cas, nous ne pourrons que regretter amèrement cette
occasion manquée et nous interroger sur les raisons véritables du choix
des organisations syndicales représentatives : défendent-elles
le service public, ses salariés et ses usagers ? Ou le périmètre d’EDF
SA, de la CNR et de la SHEM ?
SUD appelle l’ensemble des forces politiques convaincues par la nécessité de débarrasser les barrages de cette épée de Damoclès à travailler
ardemment et urgemment autour de cette PPL pour voter enfin, dans les deux chambres, la loi dont l’hydroélectricité française a besoin. SUD appelle les syndicats représentatifs à mesurer leur responsabilité dans les positions politiques actuelles,
et les invite à expliquer leur position, donner accès à leur plan B, ou rejoindre la table des discussions.
SUD
demande la tenue d’une réunion rapide de l’ensemble des groupes
politiques du Sénat (et pourquoi pas de l’Assemblée) et des syndicats
d’EDF pour
transformer ce rendez-vous raté en un succès collectif. SUD ne
comprendrait pas qu’on prenne collectivement le risque de laisser EDF
Hydro dans cette incertitude, de laisser EDF, la CNR et la SHEM
continuer de désoptimiser le système par leurs affrontements
concurrentiels répétés, de laisser EDF mal entretenir ses barrages en
fin de concession et de ne pas investir dans les outils de la transition
écologique. La responsabilité de tous les opposants à cette privatisation larvée est engagée !
Rendez vous le Samedi 16 octobre à 11h à l’Epine, puis à 14h à Montclus
(*)Pour aller à l’Epine, depuis Serres, direction Rosans ; le parking est en façe de l’auberge de l’Epine à gauche de la route.
(**)Pour aller à Montclus : depuis Serres, direction Rosans ; passez Montclus de 2 km puis à droite vers le Petit Terrus !
Programme :
11h : Rendez-vous devant l’auberge de l’Epine(*) pour une balade
botanique en forêt autour d’un projet photovoltaïque de 40ha.
A Montclus (**)
12h30 : repas tiré des sacs
De 14h à 16h : (sous chapiteau) débat « photovoltaïque et
artificialisation des terres naturelles et agricoles dans le Buech : que
faire ? »
A partir de 16h : fête paysanne : mini marché,
17h : débat « cause animale, cause paysanne »,
Buvette, chorale, stands, repas, musique.
Les installations industrielles de capteurs solaires se développent
dans le Buech et les Alpes du Sud, discrètement, mais à très grande
vitesse. Ce sont des grandes sociétés qui profitent des conditions
exceptionnellement favorables qui leur sont offertes ici : foncier bon
marché, bon ensoleillement, bonne « acceptabilité sociale » (faible
densité de population,..). Et parce c’est plus rentable, ces
investissements sont réalisés sur des terres naturelles, des forêts ou
des champs plutôt que sur des terrains déjà artificialisés (comme les
toits, les parkings, etc).
Voici pourquoi cet évènement est lié à l’appel pour les forêts vivantes
de SOS Forêts (voir aussi l’article de reporterre) et rejoint les
préoccupations de la confédération paysanne sur ces sujets.
« Mais n’y a-t-il pas incohérence à vouloir lutter contre le changement
climatique et ses conséquences sur la biodiversité, par des
installations d’énergie renouvelable artificialisant terres agricoles ou
forestières ? »
C’est à cette question que nous, habitants du Buech, voudrions tenter de
répondre ensemble, sachant que les décideurs ne semblent pas se la
poser vraiment. En y ajoutant celle-ci : « Mais alors, que faire ? ».
L’objectif que nous nous proposons serait donc :
> de prendre conscience du problème sur les lieux même d’implantation
d’un projet photovoltaïque de 40ha en compagnie de spécialistes des
milieux naturels.
> d’informer et de débattre sur la problématique de l’énergie, de la place du photovoltaïque, l’artificialisation des terres,
> d’ébaucher quelques réponses et propositions face à ces constats,
> de lancer une cartographie participative des projets
photovoltaiques dans le Buech pour pallier à la désinformation et
mutualiser nos moyens d’action.
Face au réchauffement il y a tant de choses a faire que vouloir raser une forets pour faire un golf est un belle exemple de déni !
Maison arrêtent pas 40 ans de promotion immobilière comme cela. Si vous êtes contre voici un site pour vous, si vous êtes pour vous pouvez y trouver des arguments pour penser contre vous même (chose pas trop à la mode actuellement).
Le 8 mai une manifestation a eu lieu contre la privatisation des biens
communs sur le barrage de Serre-Ponçon, plus grande réserve d’eau, qui dans un monde
de soif vaudra de l’or. Pour des incidents minimes, des organisateurs passent au
tribunal et certains risquent beaucoup car la bourgeoisie a inventé le permis à
points de manifestation. Nous proposons une caisse de soutien ici pour les trois militants qui vont passer au tribunal ici
1er mai 2021 à Paris
Nous voler notre eau et nos barrages, sans vous manquer de respect, ce n’est
pas bien Mr Le président ! (Osez celui-là)
On n’est pas tout à fait d'accord pour la privatisation de l'eau de pluie aux
bénéfices des actionnaires des multinationales !
On veut des privatisations solidaires et un peu sociales !
Ne nous piquez pas tout d'un coup, soyez progressifs et échelonnés !
Plusss de peinture verte sur les privatisations.
La spéculation sur l’énergie fait des hauts et des bas, pour les pauvres
s’est un peu embêtant
Vendre des biens communs ce n’est pas très gentil !
Le privé c’est super mais on ne kiffe pas tous
Voici sûrement les slogans que nous aurions dû prendre le 8 mai, en
les écrivant sur des cartons biodégradables et en marchant sur le trottoir pour ne pas
gêner. Un recueil de doléances aurait pu être remis. Une entrevue demandée à la
préfecture où des représentants polis auraient écouté sans jamais couper la
parole, le représentant de l'état, le représentant de la copropriété qu’est devenu
l’état français. Il nous aurait rassurés en nous disant que nous avions
bêtement mal compris, idiots comme nous sommes, le projet Hercule. Pas de
privatisation, juste des mises en concessions, pas de risque de flambée des
prix de l'énergie à cause de la mise en marché spéculatif de l'énergie, pas
d’accaparement de l'eau, ressource vitale, par des multinationales, pas de risque
de blackout dû à la déréglementation. Pas de privatisation globale depuis 30
ans de tout les biens communs : des banques à l’émission de monnaie, en
passant par TF1, la sécurité sociale, la santé, les autoroutes, la SNCF l’eau potable,
etc…C'est compliqué braves gens et vous, franchement vous n’êtes pas outillés pour
le complexe...La manifestation aurait commencé à l'heure et fini dès que les
forces de l'ordre l'auraient décidé. Une manif de Bisounours. Mais le problème
est que si la pensée Bisounours existe en France et est très implantée dans certaines
catégories, celle-ci ne manifeste que très peu car il y a trop de sports, de loisirs, de festivals,
de choses fun à faire et la vie roule pour les Bisounours, ils sont zen. Ils veulent bien faire
des choses, mais dans le positif ou le colibri, l’animal qui fait un truc qui
ne sert a rien, qui a bonne conscience mais dont la forêt finit par brûler.
Mais au lieu de cela, ce 8 mai 2021, nous avons osé perturber la circulation sur une route touristique pendant
une petite demi-journée (preuve en même temps que nous étions très nombreux à être mobilisés)! Nous avons nui au tourisme et à son cortège de
vroum-vroum! Seules les compétitions sportives ont ce privilège normalement! Mais le pire, ce sont les tes tags, à la peinture, sur la route, affirmant que la
privatisation est un vol. Des mots d’insultes en grand format. Encore pire: des
manifestants qui secouent les grilles du barrage en disant qu’il est à nous.
Derrière ces grilles, 30 fourgonnettes de gallinacés s'ennuient. Alors de
l'ennui nait les forces du désordre, disait le philosophe. Et l'air pur de la
montagne devient subitement piquant, brûlant, horriblement irritant. Alors
la barbarie viscéralement inhérente de la jeunesse populaire, en train de
défendre les acquis des grands-pères, s'enclenche, en rebroussant chemin, en
pleurant de toutes ses larmes. Certains jettent quelques pierres qui arrivent
sur les cailloux du barrage qui encaissent le coup. Le bruit du caillou
recevant un caillou est court mais on en mesure la souffrance. D'autres vont
encore plus loin dans le saccage: ils mettent des autocollants sur les panneaux
« propriété privée ne pas entrer » et masquent en passant cette
information vitale que "les barrages sont privés " (bien qu’ils appartiennent à une
entité appartenant à la population). Les
médias, à la solde de la subversion et bien connus pour leurs citriques
viscérales du pouvoir, omettent de relater ces dramatiques évènements. Alors, la justice sur
les ordres du gouvernement, intime aux forces de l'ordre de mobiliser du temps
sur cette vaste affaire. D’autant plus courageux qu’elles n'arrivent même pas à
répondre à celles des victimes de violences conjugales, de cambriolages, de délit sur
l'environnement, de délinquance fiscale ou cravatée. Elle priorise et mobilise
des forces pour retrouver les coupables de ce qu’a appelé notre jeune Président,
sous l’effet du COVID, le chahut joyeux du 1er mai...(au cours duquel les forces de l'ordre ont chargé la foule directement avant les incidents).
L'enquête dure de longs mois alors que, une fois le
plan hercule enterré, le prix de l’énergie est au plus haut grâce à la mise en
spéculation des biens vitaux. Cette enquête aboutit à accuser des dangereuses
personnes qui délinquent à coup d'autocollants, de tags et de cailloux sur cailloux
(genoux, hiboux)….
Caillou, tag et autocollant, voilà le chifoumi du 8 mai, trois manifestants
sont convoqués à la gendarmerie. Leur profil est typique: jeune multi- manifestant.
Ne pourrait-on pas inventer "un permis de manifestant", que l'on pourrait
retirer et donnerait lieu à un nombre limité de manifestations (car eux,
vraiment, sont multi-cumulards!)? Contre la spoliation des biens communs,
contre la répression des migrants, contre la fin des retraites, contre la réforme
de ci de ça, ils ont vraiment explosé leur forfait!
Heureusement, la justice est là pour rappeler que le droit de manifester,
inscrit dans la constitution, est un droit encadré. Votre forfait est réduit
grâce à des procédures baillons, avec retrait de points à coups de convocations et intimidations pour des broutilles.
C’est bien normal, un exemple: si un voleur vient chez vous pour vous cambrioler,
vous n'avez pas le droit de l'insulter. Lui dire votre désaccord est certes
autorisé ainsi que lui signifier poliment votre répréhension du déménagement opéré par
ses soins. Mais de là à l'intimider, à jeter un caillou à ses pieds ou à
dénoncer son vol en agressant du goudron à la peinture...
L'état a le monopole de la violence, affirme la justice et tout emploi de la
violence par des manifestants est à réprimer. La définition de la violence est définie
par l'état: un tag sur la route est violent, violente est la pose d'autocollant, violent est
l'envoi de quelques cailloux sur du caillou....
Par contre, une coupure de courant n'est pas violente. Si l' Etat sectionne à
l’arrache des câbles d'un poteau électrique d'un refuge de pauvres migrants mineurs en errance, en plein hiver dans les Hautes-Alpes, là ce n'est pas violent. Résultat,
rapidement, 10 personnes se retrouvent en intoxication de monoxyde et en caisson à cause du dysfonctionnement du chauffage. Heureusement que la bonne constitution de
cette jeunesse révoltée, combinée au bon soin du service public, a sauvé de justesse ces
pauvres mineurs d’un accident cérébral ou de la mort .... Si le drame était arrivé,
il n'y aurait pas eu d’enquête car il n'y a pas eu de violence là, ce n'était qu'un accident....
Même si cette manifestation dénonçait un plan de privatisation de l’énergie,
dont tout le monde voit aujourd’hui les conséquences avec l’envolée des prix, même si le ministre de l’Économie est devenu, en cette veille de grand concours de
tartufferie, convaincu que ce système était mauvais (bref il nous donne raison), même si 90 % de la population est contre la privatisation des barrages,
manifester est un droit qui emmerde les bourgeois, surtout quand ce sont des
pauvres. Le suffrage démocratique, ils le voient comme un syndic de copropriété
où l'on n’invite jamais des pauvres…. On vote selon son tantième de propriété,
Mr arnault ou bolloré ont droit à un gros morceau…bien qu'ils contribuent peu, très peu aux frais de copro.
Les grands bourgeois qui nous dirigent et la classe bourgeoise qui les
soutient n’aiment pas que la protestation ne soit pas policée. Pour eux les désaccords
doivent être courtois. Ils peuvent être contre la politique du gouvernement
mais on doit rester poli, démocratique, etc… La classe populaire qui manifeste,
comme les gilets jaunes, est braillante, imprévisible, débraillée et instinctive…Il
y a une grande différence entre s'opposer intellectuellement à une « réforme »,
le nouveau nom de régression sans être trop impacté par ces « réformes »,
et être opposé à cette réforme en ayant subi dans sa chair les réformes précédentes,
en ayant connu le chômage, la précarité, les logements dégueulasses et froids la misère, les maigres fins de mois…. Les formes de protestation ne sont
pas les mêmes, il y a forcément plus de tripes, de joie aussi, de passion. Je me souviens
du regard et des réflexions des bourgeois de gauche et leurs apparatchiks, lors des
manifestations de gilets jaunes: « d’accord sur le fond mais la forme on
ne peut pas ! faudrait ordonner tout cela ! ».
Le pouvoir vise et cible, il sait qu’à force de petites condamnations, la
justice fait boule de neige et pour quelques tags vous risquez la prison. La
bourgeoisie macroniste a inventé le permis à points de manifestation avec peine
de prison, si vous manifestez sans permis, c’est le procès et la prison. Ca
calme! Le temps où l’on faisait passer les réformes en les adoucissant (plus
quelques bonbons) contre l’accord des grands syndicats qui éteignaient le conflit,
est terminé. Le bon temps, comme pour les retraites en 2010, est fini. La base
suit de moins en moins la tête de ces organisations. Et le contenu des « réformes
sociales » change de nature, on arrive dans le dur. La vente des biens
communs pouvait provoquer l’indifférence, quand il s’agissait de vendre
Renault, mais à force de tout brader, on arrive sur la vente des barrages, des
hôpitaux, de la Sécu, des écoles... Le pouvoir bourgeois sait que la résistance
est plus âpre alors elle sort le gros bâton. Le schéma du maintien de l’ordre est
simple, on mobilise énormément de pandores pour impressionner et on gaze au
moindre incident, provoquant ainsi la réaction des manifestants qui justifie l’usage
de la force. On gaze une foule pour quelques insultes à l’encontre de la police,
bien que le plus vieux métier du monde qu’est celui de la police, se fasse insulter
depuis toujours. On nasse la foule, on vise les plus motivés, on infiltre la
manif, on filme tout, on déploie des moyens qui manquent cruellement pour les
violences conjugales ou la délinquance en cravate qui nous ruine. La stratégie
est de pousser à l’incident au lieu de la désescalade.
A force de réprimer le moindre
esclandre qui était toléré avant, on hésite à manifester. A tel point que la CFDT a invité ses adhérents à des
défiler le 1er mai virtuellement sur facebook pour éviter la casse sur le terrain! (si si c’est vrai !!!)
Comment pensez-vous que va réagir la jeunesse dans quelques années? Comment,
face à l’état du monde, va-t-elle protester si en période de sécheresse on lui
dit que l’eau est privée, que la santé est payante et que son avenir est bien
sombre?
Les Bisounours de l'avenir risquent de ressembler à cela:
Face à un monde qui craque, les copropriétaires du monde veulent un règlement
de copropriété de plus en plus stricte, ne laissant même pas part à l’expression
chahuteuse de la colère. C’est imbécile car on ne réagit pas devant la nuée en
disant qu’elle fait de l’ombre….