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samedi 5 décembre 2015

Interview du Pr MOLO MOLO de la Gueule Ouverte



Le Professeur Lebreton alias Professeur Mollo Molo écrivait dans la Gueule ouverte,
 nous l'avons retrouvé et lui avons posée quelques questions.



Quand on parle d’énergies renouvelables, celle qui a la plus belle image est le bois
 énergie. Pourtant ses inconvénients me semblent nombreux : potentiel réduit, 
pollution de l’air, neutralité carbone discutable.

Vous qui avez remis un rapport  pour l’ONF,  qu’en pensez-vous?

Son potentiel est bien plus faible que celui du vent ou du soleil.
La production de toute la biomasse est estimée entre 5 à 10 fois la consommation 
annuelle d’énergie mondiale.

Qu’en pensez-vous ?

Nous en utilisons déjà 40 % pour nos besoins humains. 
Il entre en concurrence avec d’autres usages du bois, quel est pour vous le potentiel du bois énergie ?

Le bois énergie a aussi une image de « bon pour le climat » mais l’usage du bois
énergie n’a-t-il  pas les effets pervers suivants :

- Son bas prix (2.5 c€/KWh) empêche des travaux d’isolation et à 
l’économie d’énergie….

-   Il pousse au rajeunissement des forets donc un moindre stockage…

- Il met 50 ans à rembourser le carbone libéré, hors pour le climat, 
l’urgence est maintenant…

-  Il renchérit le prix du bois comme matériaux donc le stockage du bois

Qu’en pensez-vous ?

Que pensez-vous des projets de grandes centrales à biomasse de Gardanne 
(130 MW) d’Eon et de Brignoles (IMOVA) ?

Questions sur  le potentiel des énergies renouvelables en général :

Suite à un recueil d’information, j’ai établi le schéma suivant sur  les ordres de 
grandeurs des énergies renouvelables.

Qu’en pensez-vous ?

Filière bois-énergie
Faute d’avoir pu l’extraire d’un (projet de) rapport forestier
 en ma possession, j’ai recopié à la main puis scanné un bilan officiel de la production 
et des utilisations de la filière-bois en France (voir pièce jointe)

 Je vous le commente : sur une récolte annuelle de 64 Mm3 (les trois-quarts seulement
 de la production biologique évaluée à 85 Mm3), la filière bois-énergie (« plaquettes, 
pellets, bois bûches ») utilisait (2010 revu 2014) seulement 5,6 Mm3 soit à peine 9 %.  
Dans le même temps, outre 9 Mm3 de « pertes » au sein de la filière, pas moins de 21 Mm3
 (soit le tiers de la récolte !) sont considérés comme de « l’auto-consommation », 
pudique appellation qui, outre les usages en milieu rural, correspond à des ventes 
sous le manteau de (petits) producteurs à des particuliers, notamment pour des 
résidences secondaires ou en zones péri-urbaines.
Bercy reste sans doute aveugle sur ordre et par volonté politiques, pour ne pas 
déplaire en milieu rural. Or cette consommation occulte se fait dans des conditions
 de combustion génératrices de beaucoup de particules fines (mais ceci est une autre
 histoire, sur laquelle le ministère de la Santé pourrait également se pencher…). 
En d’autres termes, soit on peut ré-intégrer ces 21 Mm3, de manière virtuelle ou officielle,
 dans le bois-énergie et dire « au total, la filière-énergie est arrivée à ses limites »,
 soit on peut s’indigner de ce que la « politique » officielle du bois-énergie n’est en 
France que la partie émergée d’un iceberg non maîtrisé par les pouvoirs publics !
Notez que les 8 Mm3 de « pertes » correspondant aux Rémanents en place, ne sont 
pas des « pertes », puisque participant au cycle local du Carbone, indispensable à cet 
élément.

Mon rapport Carbone / Forêts (que je vous ai envoyé) n’est pas seulement pour l’ONF, 
mais pour l’ensemble des acteurs, officiels et privés de la filière bois de Rhône-Alpes. 
Vous y trouverez les équivalences Volumes de bois et Equivalents-pétrole, 
qui permettent par exemple de calculer les surfaces nécessaires à une équivalence
 en consommation automobile. L’encart de ma page 29 vous précise la question.
On voit que le bois peut apporter en France entre 5 à 10 % (en énergie dite « finale »),
 mais il est illusoire de donner un chiffre au niveau mondial, pour diverses raisons. 
Pour les grandes centrales à biomasse (cf. Gardanne), les inconvénients sont surtout en
 amont de la filière : plantations artificielles à courte révolution pour « optimiser »
 (cf. critiques dans mon rapport  Carbone / Forêts), transports par camions 
nocifs à l’environnement et au bilan énergétique de la filière.

Aucune source d’énergie ne pourra jamais répondre aux besoins énergétiques de 
l’humanité (ne serait-ce qu’à cause des disparités locales des ressources), surtout 
dans une démographie déjà excédentaire !

Note : je n’ai pas trouvé le « schéma sur les ordres de grandeur des énergies 
renouvelables » que vous m’annoncez ! Au moins qualitativement, les notions de « bouquet
 » et d’économies (« passive » et « active ») s’imposent. Point particulier : je m’étonne
 (et m’indigne) du peu de faveur (en France) du solaire thermique : personnellement,
 équipé depuis 35 ans (avec renouvellement du matériel il y a 7 ans), j’économise 40 % 
de ma facture d’électricité (mon chauffe-eau est mixte « électrique tarif de nuit / 
solaire). Sans doute est-ce un équipement trop cher, car la France n’a pas su investir
 au bon moment, et les Allemands ont raflé le marché (comme celui des éoliennes). 
J’avais proposé en 1993 au Conseil Régional R.A. que Saint-Etienne 
(qui a l’expérience séculaires des « tubes » avec les fusils puis les vélos) devienne la 
ville du chauffe-solaire : cela n’avait entraîné que des ricanements, depuis le PC 
jusqu’à la droite !



QUESTIONS NUCLEAIRES :

DANS LE LIVRE DU PROFESSEUR Mollo Mollo, vous attirez l’attention sur la 
concentration de la radioactivité dans la chaine alimentaire et nous étions en 
1973.On constate cette évolution à Tchernobyl


Qu’en pensez-vous ?

En vous relisant, on trouve vos critiques contre le nucléaire en 1973, comme 
prophétiques, avez d’autres critiques à faire en 2015 sur le nucléaire ?


ASTRID :

Le surgénérateur ASTRID. Nous allons dépenser 900 millions d’€ pour faire les
 études sur la construction d’un surgénérateur à Marcoule, appelé ASTRID.
 D’une puissance de 600 MW, il est prévu un budget à 9 milliards d’€ soit, 
si on applique la règle du prix final égale fois trois le devis initial, 27 € d’€. 
Dans votre livre, vous comparez les surgénérateurs à une arnaque intellectuelle
 des publicitaires qui font croire un taux de 48 % pour un placement bancaire sur dix 
ans. Vous dénigrez aussi le potentiel  énergétique de la surgénération. 
  Même si la surgénération marchait, elle serait un mirage ?

Que pensez-vous de l’affirmation sur le nucléaire : 
« Triomphe du physicien, cauchemar de l’ingénieur »


Nucléaire. Ne parlons pas d’accident (humainement) possible, puisque l’opinion 
publique se laisse berner avec le slogan implicite : « les Américains, les Russes et 
les Japonais ont été des nuls, mais nous les Français, les meilleurs du monde, avons tout 
prévu et rien de fâcheux ne peut se passer chez nous ». Il vaut mieux attaquer sur 
le plan économique où l’impasse électro-nucléaire se confirme au niveau français 
(EPR) et mondial : le nucléaire est stoppé ou fortement ralenti partout, même chez 
nous où nous n’avons pas besoin de nouvelles centrales avant longtemps car nous voulons 
aussi faire durer les vieilles : contradiction interne !). Je vous mets en pièce jointe le 
résumé d’un développement du rapport que j’ai présenté à ce propos, chiffres 
(non démentis depuis, et même aggravés) à l’appui, devant le CESERA (Comité 
Economique, Social et Environnemental de Rhône-Alpes) le 7 décembre 2012. 
Le nucléaire est, soit une goutte d’eau dans l’énergie humaine, soit un gouffre 
techno-financier et une poudrière (cf. Iran, c’est pas fini…) au niveau mondial.
La surgénération est un mirage temporel et une rêverie technologique. Phénix à 
fonctionné, Super-Phénix s’est planté. Caravelle a marché, Concorde s’est crashé, mais 
cela n’a pas empêché des ingénieurs français de plancher pendant des années sur un
 « super-Concorde », pendant que d’autres, plus « européens » (moins technophiles 
et plus réalistes) ont réalisé les Airbus. Astrid est un tour de passe-passe 
apparemment modeste, qui se veut rassurant, mais c’est un surgénérateur nouvelle 
sauce, toujours au plutonium, hyper-toxique.
La surgénération : un mirage ? Réponse voisine de celle que je donne pour la fusion 
(ITER) : le jour où l’on aurait inventé, et réussi, à trouver une source 
d’énergie-miracle (illimitée, quasi gratuite, non polluante, sécurisée, etc.), alors 
l’Homme (et le Monde) serait-il paradoxalement foutu, car il n’y aura plus de limites.
 Exemple trivial : qui empêchera de tout faire, par exemple construire – comme à Dubaï 
– des hôtels 5 étoiles dans l’Antarctique pour amuser des milliards de gogos 
(puisque tout le monde sera riche) à voir les derniers « pingouins » ? 

 

QUESTIONS POLITIQUES

A l’ancien écologiste qui a failli se présenter  à l’élection présidentielle ?

Vous avez été engagé dans le combat politique écologique. 
 Il a échoué à créer un grand mouvement puissant et influent. 
A votre avis pour quelle raison : erreurs de stratégies politiques, trahisons des 
élites du mouvement, manque de clarté de la ligne sur une rupture avec la ligne 
central productiviste, autres ?
 Quel est votre avis sur la question ? 

Qu’est ce qui pourra cristalliser un mouvement puissant et structuré ?

A l’ancien professeur ?

L’inculture écologique de notre société de plus en plus coupé de la nature, 
n’est-ce pas là la vraie raison de l’échec du mouvement écologiste?

Dans la conclusion de votre dernier livre (« Le futur a-t-il un avenir ? »)  
vous appelez à la résistance comme sous l’occupation nazie et  une révolution
 comme en 1789. 
ous traitez de naïfs, confiants, respectueux ceux qui croient en la démocratie.
 L’écologie est-elle forcément anticapitaliste ?
Le règne de la croissance pour la croissance est-ce un système totalitaire ?

J’anime beaucoup de débat et nos concitoyens s’intéresse beaucoup plus à 
l’énergie qu’auparavant. Mais ils  se mélangent beaucoup les pinceaux.  
Quelles sont les trois quatre phrases les plus importantes à leur dire sur l’énergie.

Questions politiques.
Il y aurait beaucoup à dire. Pour résumer : le « ni-ni » d’Antoine Waechter était 
politiquement juste, mais sous réserve de deux conditions :
 1/ Pouvoir expliquer en même temps (il y a 40 ans, au moment pourtant du rapport du 
Club de Rome) l’absurdité à terme de la croissance, dogme auquel on croit encore 
aujourd’hui pour résoudre la crise qu’elle a causée, par l’alliance de la technique
 et de la finance. 
2/ Se placer « au centre », car la droite capitaliste (ne parlons pas de l’extrême-droite,
 non cohérente) et l’extrême-gauche marxiste sont indécrottables, même pour des
 erreurs différentes). 
Mais pas à côté du Centre, mais « au dessus » de lui, en refondant l’humanisme, 
lui-même réconcilié avec la nature, par complémentarité, et non avec les conflits  
perpétuels que nous avons avec elle (et entre nous…), depuis que nous sommes 
sortis des cavernes.
Les gauchistes qui se sont reconvertis en écolos, ou ont infiltré le mouvement, 
après l’échec du.marxisme, ont été dès l’origine, et restent la cause du manque de 
crédibilité publique de l’écologie. Dans les conditions politiques actuelles, il faudrait 
en effet choisir ( !) entre deux totalitarismes : celui de la croissance dogmatique 
broyant les individus, celui de la vertu écologique se heurtant à notre principe de 
plaisir et d’individualisme.

Les 3-4 phrases les plus importantes sur l’énergie ? Dans l’ordre : 
1/ Toute activité ou toute transformation entraîne consommation d’énergie.
2/ Toute consommation d’énergie est polluante, sous une forme ou sous une autre 
(= entropie). 
3/ La seule source d’énergie (et encore…) non polluante est l’économie énergétique
4/ L’électricité et l’hydrogène ne sont pas des sources mais des vecteurs 
d’énergie (cf. véhicules « non-polluants). 



QUESTIONS AVENIR ?

Une blague dit : « Connaissez-vous la différence entre le pessimiste et l’optimiste ?

-Non ?

-Le pessimiste est bien informé ! »

Vous est bien informé Mr LEBRETON, vous êtes pessimiste sur l’avenir ?


Questions Avenir ?  
Je ne connaissais pas la différence entre pessimiste et optimiste que vous citez.
 Mais connaissez-vous la suivante : 
« Celui qui croit encore à la croissance, est soit un fou, soit un économiste ».
Je suis pessimiste, et pas seulement sur l’avenir de nos sociétés « évoluées »,
 et je commence même à me demander si nous n’allons pas accompagner une partie 
de la biosphère dans une chute de notre société, voire même d’espèce biologique 
(à moins que nos petits-enfants ne deviennent des « archanges » hypersapiens avec 
des puces dans le cerveau). Autre problème : on n’insiste pas assez sur la 
démographie, toujours galopante en Afrique noire, et dans le monde musulman en 
général : même en France, entre 1945 et aujourd’hui, nous sommes passés de 40 à 67 
millions d’habitants ! (trois causes bien différentes mais en partie égales : vieillissement 
de la population, bon niveau des naissances, immigration, officielle ou clandestine).



QUESTIONS CHANGEMENTS CLIMATIQUES :

Ici en montagne la neige recul depuis 30 ans  de 100 mètres tous les 10 ans,
 cela s’accélère ?
Vous prédissiez qu’on dépassera en 2017 les 400 ppm de CO2, nous l’avons fait en 

2014 ! La neige dans les alpes le pays de l’or blanc, y’en a pour combien de temps 
à votre avis?

Cycle du carbone, du méthane, de l’eau, les cycles écologiques que vous avez bien
 étudié, quelles  cycles seront les plus impacté par les dérèglements climatiques.

J’anime beaucoup de débat sur le climat et nos concitoyens s’intéresse peu au 
climat. (ne devrait tout pas parler de climats au pluriel).
Mais ils  se mélangent beaucoup les pinceaux.
Quelles sont les trois quatre 
phrases les plus importantes à leur dire sur le climat.

Le méthane est absent  de la lutte contre le changement climatique, pourtant le 
potentiel de réductions pas cher est là ? Pourquoi à votre avis ? 
Le gaz de schiste est ‘il plus polluant que le charbon à votre avis ?

Le photovoltaïque organique , methanation, inconnus du grand public, 
deux grands nom de l’énergie dans le futur ?

Changements climatiques. 
Un petit détail : ce n’est pas en 2014 (année) que nous avons atteint  le seuil des 400 
ppm de CO2, mais en avril 2014 où, pour la première fois, un seuil mensuel a été 
dépassé, transitoirement (mais pas sur l’année entière). Il s’agira plutôt de 2016, 
mais attention au critère choisi : température aérienne (la plus significative pour 
la vie terrestre, dont la nôtre) ou des océans (plus « stable » que la terrestre), 
ou la moyenne des deux ? Hémisphère Nord (le plus important) ou Sud, ou la moyenne des 
deux, ou des quatre ? Ce n’est pas toujours clair chez les journalistes ou chez les
 officiels (techniciens ou politiques) !
Le cycle de l’eau, via la pluviométrie et l’évaporation, se verra localement et 
saisonnièrement impacté, mais de manière aléatoire, d’où des tempêtes, ouragans, 
etc. plus fréquents et violents. Heureusement, la vapeur d’eau est souvent 
saturante (nuages…), donc constante à l’échelle globale, contrairement au CO2, car 
c’est un GES efficace (comme toute molécule gazeuse tri-atomique et plus), sans laquelle
 nous aurions très froid, mais elle est donc constante au premier ordre, comme la
 nébulosité, et ne peut donc modifier sensiblement le climat mondial.
Je sais que certains ont pensé que l’on pourrait récupérer le méthane contenu 
dans les clathrates des pergélisols ou des fonds marins, mais je ne vois pas bien la
 « pratique » de l’affaire : mettre la Sibérie sous cloche ? Pour quelqu’un qui a vécu son 
enfance à Saint-Etienne (où des maisons se fissuraient à cause des mines creusées 
dans le sous-sol), le gaz de schiste n’est qu’une version aggravée du charbon et du 
grisou. Il semble bien qu’il y ait déjà eu aux USA, dans l’Oklahoma et l’Ohio, des m
ini-séismes attribuables à la fracturation hydraulique (voir sur Internet, 2014).

Philippe Lebreton

Merci beaucoup de votre temps

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