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dimanche 23 avril 2017

transporter le courant éolien

Source : Courrier Picard    520/4/2017)

http://www..courrier-picard.fr/24878/article/2017-04-19/le-poste-electrique-du-futur-se-prepare-blocaux-pour-transporter-le-courant

Le poste électrique du futur se prépare à Blocaux pour transporter le courant éolien

RTE, le transporteur d’électricité haute et très haute tension, développe dans la Somme
  « le poste électrique intelligent ». Un projet unique au monde pour répondre aux pics éoliens.



 Premier département éolien de France, la Somme est aussi le théâtre d’un programme de recherche unique au monde pour mieux introduire dans les réseaux haute et très haute tension, l’électricité d’origine éolienne.
 
Coordonné par RTE, Réseau transport d’électricité, ce projet de « Poste intelligent » vise à équiper les postes électriques d’une multitude de technologies numériques et optiques afin de renforcer les performances du système.
 
Et c’est au poste électrique de Blocaux, au milieu des champs à cinq kilomètres d’Aumale, que se trouve le premier démonstrateur du réseau électrique de demain. «  Nous sommes ici au cœur de la plus grande densité éolienne de France. Sur 1 % du territoire, au milieu du triangle Amiens-Beauvais-Le Tréport, est produite 6,3 % de la production éolienne nationale. Les producteurs sont en file d’attente et attendent que nous puissions les raccorder au réseau », résume Christian Aucourt, délégué régional de RTE dans les Hauts-de-France qui précise aussitôt : «  Mais nous ne devons pas faire comme en Allemagne où les éoliennes sont au Nord, les consommateurs au Sud, et où ils n’arrivent pas à transporter la production du Nord au Sud.  »
 
L’équivalent d’un réacteur nucléaire

Quelques chiffres pour préciser l’ordre des choses : avec ses 782 Mégawatts raccordés en 2017 (1010 MW prévus en 2019 !), la zone de Blocaux concentre en puissance théorique l’équivalent d’un réacteur nucléaire.
 
Problème : selon que le vent souffle ou pas, la production des éoliennes varie de zéro à 693 MW. Tandis que la consommation locale d’électricité varie de 142 MW un dimanche d’été où les usines ne tournent pas à… 505 MW un jour d’hiver où les chauffages électriques sont sollicités.
 
C’est le grand point faible des éoliennes : leur intermittence. Elles produisent du courant lorsque le vent souffle, même si la demande des consommateurs est faible. «  Nous avons un problème avec les pics de production éolienne  », reconnaît Christian Aucourt.
 
Comment équilibrer production et consommation, sachant qu’EDF à l’obligation d’acheter – au prix fort — l’électricité d’origine éolienne ? RTE, « le réseau de l’intelligence électrique », résout cette question au quotidien : en injectant des électrons en provenance des centrales nucléaires de Penly et Gravelines en cas de déficit ; en transportant ces mêmes électrons hors de la région en cas de surplus.
 
Mais la région étant couverte d’éoliennes de plus en plus nombreuses, le réseau devient lui aussi dangereusement saturé. Lorsque le vent souffle et que les éoliennes tournent à plein régime, la température s’élève dangereusement sur les câbles en aluminium du réseau très haute tension, pouvant atteindre 75 degrés. «  Les câbles peuvent se courber de plusieurs mètres en milieu de portée, menaçant ce qui se trouve en dessous  », reconnaît Christian Aucourt. En revanche, le même vent refroidit les câbles et réduit le danger.
 
« Tirer sur l’élastique  et obtenir un gain de 30 % »

Comment combiner les deux phénomènes ? C’est tout l’enjeu du programme de recherche coordonné par RTE dont Blocaux – mais aussi le poste de Limeux, un peu plus au nord — sont les prototypes.
 
Plusieurs stations météo ont été placées le long des lignes électriques. La connaissance en temps réels de la vitesse du vent, de la température, etc. associée au traitement informatique de différents capteurs permet d’augmenter considérablement la quantité d’électricité transportée sur le réseau. «  Avec des capteurs et des calculateurs, on peut tirer sur l’élastique et obtenir un gain d’environ 30 % avec le même réseau  », estime Christian Aucourt.
 
Ce programme de recherche a été développé dans la Somme précisément pour le besoin d’évacuer les surplus d’énergie éolienne.
 
D’un montant global de 32 M€, il a pour partenaire General Electric, Schneider Electric, Alcatel Lucent, Enedis (ex-GRDF), Neelogy et est financé à hauteur de 10M€ par l’Ademe. Il englobe également d’autres fonctions du transport électriques. En particulier, il permet au réseau de « s’auto-cicatriser » en communiquant à la vitesse de la lumière avec les postes voisins en cas de problème. Bref, le nombre d’éoliennes peut doubler, voire tripler dans la Somme selon les scénarios issus de la loi de transition énergétique, les ingénieurs de RTE développent des trésors d’ingéniosité pour adapter leur réseau.

 Benoît Delespierre

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