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mercredi 5 janvier 2022

Epuration sociale en cours, on a retrouvé une des armes du crime, la maison secondaire....

Épuration sociale en cours, on a retrouvé une des armes du crime, la maison secondaire.... Nous, habitants des hautes vallées alpines, sommes victimes d’une épuration sociale sans bruit ni fureur. Chaque mois, nous apprenons le départ d’un ami, d'une connaissance, qui va ailleurs chercher un terrain pour cultiver, un logement pour se loger.

 Nous, habitants des hautes vallées alpines sommes victimes d’une épuration sociale sans bruit ni fureur. Chaque mois, nous apprenons le départ d’un ami, d'une connaissance, qui va ailleurs chercher un terrain pour cultiver, un logement pour se loger. Ici, dans nos montagnes, la spéculation immobilière chasse les modestes, les apprentis-cultivateurs, les artistes précaires, les locataires sans garanties, les dégoûtés de l’obligation de verser la moitié de sa paye a un proprio, véritable servage moderne. Certains essaient de résister, construisent des yourtes ou des tinny-house ou prennent des mobil-home, mais trouver un terrain est un calvaire, une lutte. Certains en profitent pour louer fort cher un droit de pose a des Thénardiers.

 La raison, la flambée récente des prix de l’immobilier, qui s’ajoute à un énorme triplement en 20 ans des prix, cette flambée s’est accentuée depuis le covid (+20 % en deux ans). La ruée sur la maison individuelle provoque une inflation sur le peu de terrains disponibles et se répercute sur les loyers.


 

Le laisser-faire-le-marché-ça-va marcher (mais pour qui ?), l’abandon de toute politique de logement social, le trop-plein d’épargne des riches, font partie des coupables. Certes, mais au rang des accusés, il y a un absent de marque : le choix de la maison individuelle sur le collectif. Et ce choix est rarement dénoncé, absent des débats, pas questionnable. Pourtant, il renchérit les coûts, il mange énormément de matériaux et artificialise des dizaines de milliers d’hectares. Ce choix a un impact sur la consommation de terres agricoles plus important que toutes les zones commerciales, zones artisanales et les projets de golfs, d’aéroports. Son appétit est bien plus que tout leurs projets inutiles et imposés que nous dénonçons haut et fort depuis des années, en luttant contre. Comme justement comme ce golf de 40 ha financé par de l’argent public a 100 % au Crot, nouveau caprice de la Comtesse locale (4 millions d’€). Ce choix est encore plus néfaste que cette stupide et imbécile idée de raser des forêts pour mettre des centrales photovoltaïques : pour lesquelles je vous renvoie a ce texte et proposition simple. La raison est simple ; la population aime la maison individuelle, et la destruction des sols que génère le pavillon est diffus, peu spectaculaire : un peu par-ci, un peu par-là. La pensée écologique est baignée d’un a-priori idéologique du SMALL IS BEAUTIFUL, pourtant il est parfois faux : le bus est plus écologique que la voiture, le bâti collectif plus que le pavillon, la mutualisation plus écologique que le « Chacunsageule » !

 

On ne le dit jamais fort, tant elle est populaire même dans les milieux écologistes, mais un choix de construction est responsable en majorité de la destruction des sols, c’est-à-dire de la biodiversité. Artificialiser les sols, c’est détruire la biodiversité. Le dire haut et fort, quitte a susciter l’étonnement et l’incompréhension, est indispensable tant ce coupable passe pour un gars bien depuis qu’on l'a repeint en vert. La maison individuelle n’est pas écologique et notre préférence, le choix de la maison individuelle par rapport au petit collectif à quelques étages, artificialise et bétonne des milliers d’hectares. Il le fait de manière diffuse, sympathique, mais « MULTITUDE DE SMALL IS BIG », bien plus que tous les projets inutiles réunis, est détestable pour bien des raisons. Le pavillon occupe beaucoup de place, artificialise des terrains (30 % de la surface d’un lotissement occupé par des routes), ce choix agrandit les routes, rend chers les réseaux d’eau potable, d'électricité, de transport et rend le transport collectif impossible. Sur 5 ha artificialisés 4 le sont par les routes et les maisons individuelles. La maison individuelle est la fille de la voiture, sans elle, impossible de l’habiter. Leurs rejetons sont le supermarché, la zone commerciale. Bien plus gourmande en matériaux de construction et en énergie de chauffage, elle provoque toujours plus de déplacements, de voitures et mange les terres fertiles. Elle bouffe aussi le temps de ses habitants en transport et en temps pour payer ce transport énergivore. Ce choix est aussi socialement injuste : les réseaux d’eau, d’électricité, de transport et d’assainissement coûtent bien plus chers au collectif que les bâtiments collectifs. Or tous ces coûts sont mutualisés, socialisés. En résumé, les habitants des HLM financent l’assainissement des maisons individuelles. Si les propriétaires de pavillons devaient payer le coût réel des infrastructures que nécessitent les lotissements le prix serait prohibitif : agrandir les routes, faire des rocades, pomper l’eau sur des kilomètres, tirer des lignes électriques, déplacer les habitants. Ce modèle est donc largement subventionné au profit de la spéculation foncière source de bien de corruption… Le changement d’affectation de terres, l'artificialisation, en clair ; c’est 15 milliards par an de profit….


 


Il est sûr que nous comprenons les rêves d’habiter à la campagne, loin dans la nature quand nous saturons de la ville. Les rêves d’avoir son pied-à-terre(sic), la campagne pour s’oxygéner des villes. Ses rêves sont compréhensibles, humains, mais ces rêves sont un cauchemar pour le monde vivant et l’avenir. Ils ravagent la nature en extraction et artificialisent nos sols. Cet urbanisme ne sera pas tenable dans un monde à énergie chère. La sobriété, notre seul avenir possible, doit être aussi foncière. Une autre critique moins objective du lotissement du monde et ses conséquences est qu’il individualise encore et toujours plus notre monde. Tout le monde veut sa bulle a grande baie vitrée sur beau paysage naturel communiquant avec les autres électroniquement. Fin de la marche à pied, de la noria des livreurs le matin, de la noria des voitures le matin et soir, le lotissement du monde, chacun prenant sa maison pour radeau de sauvetage dans un monde qui coule…. Un radeau qui carbure à la bagnole.

 

Mais il existe encore pire que la maison individuelle. Elle a quand même le mérite d’être habité en permanence. Pire, c’est la deuxième maison, la maison secondaire, celle des vacances, celle utilisée quelques semaines par an, celle des volets clos 11 mois par an, le placement financier récréatif et sympathique, l’épargne concrète, le placement qui monte. Ici, c’est la pire des plaies, une maison sur deux. Nous assistons à la ruée de riches boomers sur la montagne. Cette montagne qu’on trouvait trop isolée il y a 20 ans mais qui avec Amazon propose tous les facilités de la ville.  Ces maisons secondaires sont un fléau. La maison secondaire chasse aussi indirectement le paysan. Comme dans toute gentrification, l’objet attirant le gentrificateur est chassé par lui-même.

 Impossible de louer une terre pour la cultiver ; personne ne veut avoir un paysan sur son terrain, c’est le meilleur antidote pour qu’un terrain devienne constructible. L’acheter pour cultiver, a 200 € le m², cela fait 1 € par tige de blé !

 Nous revendiquons de pouvoir piétiner à deux pieds les lois du marché et réclamons la construction des petits collectifs sociaux et privés. Nous revendiquons la taxation progressive des maisons secondaires qui alimenterait le logement social. Nous revendiquons un changement culturel, le rejet de l’invention du 20ème siècle, le lotissement-bagnoles-individuel, et proclamons que le collectif est le choix le plus respectueux de la terre, du vivant et des humains. Nous proclamons que la maison secondaire est un choix pour lequel nous n’avons pas assez de place ici. Alors que la montagne est belle, pour qu’elle le reste, elle est rebelle à vos rêves de golfs, de béton, de goudron, de forêts rasées au nom de l’écologie….

 Sinon la montagne verra une épuration complète des pauvres ou leur servage moderne à coup de loyers abusifs. Et nous n’avons pas fini d’entendre ces boomers vieillissants râlant ne pas trouver des aides à domicile, et concluant à la pseudo fainéantise des jeunes générations peu motivées par le servage….

 La propriété des uns s’arrête là ou commence le servage des autres.

 Il n’y a pas de recettes individuelles face aux périls du 21éme siècle, que des constructions collectives possibles de l’avenir….

https://youmatter.world/fr/maison-individuelle-ecologique-impacts-environnement/ 

https://lvsl.fr/la-maison-individuelle-est-elle-vraiment-une-impasse-ecologique/ 

https://blogs.mediapart.fr/jean-ganzhorn/blog/060418/la-maison-individuelle-fille-de-lauto-est-une-arme-de-destruction-massive


 

1 commentaire:

raymond a dit…

Si nous voulons tous manger à notre faim nous devons habiter dans des villages verticaux style grattes ciel à Dubaï. Attention à la promiscuité pour ceux qui veulent un chez-soi chez eux. Risque de bagarres en vue à moins de devenir très raisonnable.