Les Alpes ne peuvent accueillir toute la richesse de France, ni tous les projets destructeurs….
Depuis des années, les Alpes, attirent de plus en plus d’heureux propriétaires de maisons secondaires. Les Alpes sont un lieu de fraîcheur par temps caniculaire. Nous pouvons y dormir la nuit avec les fenêtres ouvertes, elles nous font entrer un air frais et apaisant. Dans les grandes villes et les régions méditerranéennes, les fenêtres du soir apportent un air chaud et moite désagréable. Les nuits sont peu reposantes. Les bords de mer, plus frais le sont uniquement sur quelques kilomètres mais ils sont devenus de plus en plus inaccessible et surpeuplés. La montagne a encore une faible densité de population. Elle est peu bétonnée sur le papier, dans les statistiques, car, par définition, elle offre peu de zones habitables. La France se réchauffe mais pas seulement ! Elle s’artificialise aussi de plus en plus. Le béton a coulé à flot depuis des décennies dans le sud-est français. Le choix du pavillon individuel est responsable de 70 % de cette artificialisation : bien plus que les zones artisanales et les centres logistiques. En France la délocalisation des usines à l’étranger a réduit l’emprise des usines. Les usines sont remplacées par les centres de logistiques.
L’artificialisation détruit la biodiversité. Elle est co-responsable de l’extinction de masse en cours. Cette extinction menace d’écrouler les écosystèmes naturels mais aussi agricole. L’agriculture chimique et industrielle est aussi co-responsable de cette extinction de masse. Les insectes disparaissent, les oiseaux, les champignons… Comme des dominos, les écosystèmes s’écroulent, mais ils s’effondrons sur nous. Que les poissons disparaissent des mers et la source de protéine la moins chère et couteuse en énergie s’évanouit. Ne plus artificialiser la nature est aussi essentiel que de lutter contre le climat. Mais sur cette catastrophe, le déni est encore plus grand.
Des départements échappent relativement à l’artificialisation de masse comme le 04 ou 05. Déprise agricole après 45, déprise du peu d’industrie existant, station de ski concentrés sur quelques massifs, le béton a bien coulé mais concentré.
Hélas, cette préservation de la nature dans ces régions en fait la cible de bien de projets d’artificialisation. Une horde de camions-toupie à béton arrive. Le calme de la région attire. Les montagnes sont vues comme un havre de fraîcheur et de tranquillité dans une monde qui coule comme un navire. Autour du lac de Serre-Ponçon, la moitié des maisons est déjà du logement secondaire, vide 10 mois par an. La ruée, depuis le COVID, est fulgurante et par conséquent, les prix s’envolent (+ 25 % depuis 2 ans). Le prix de l’immobilier avait déjà été multiplié par 3 en vingt ans. Les rêves de maison secondaire se surajoutent au rêve de posséder une maison principale. C’est l’escalade de la multipropriété.
Cependant, il n’y pas de place pour tous ces rêves. L’espace constructible est réduit : zone Natura 2000, zone rouge avalanches, glissements de terrain, zone inondable, les tumultueux torrents de montagne rendent bien des zones inconstructibles. L’accès aussi est un souci. Il faut construire des routes supplémentaires et monter les réseaux,à des coûts très élevés. Mais là encore, la solution a été trouvée pour permettre la construction extra-urbaine : mutualiser le financement de ces lourdes charges en le faisant supporter par l’ensemble de la population de la commune ou de l’inter-co ! Ainsi pour l’assainissement des eaux usées ou pour le raccordement au réseau électrique, nous mutualisons les coûts ! Les habitants des zones denses paient pour les habitants des zones peu denses et éloignées. Autrefois, cette solidarité s’entendait, les zones éloignées étaient pauvres. Aujourd’hui tout s’inverse, l’éloignement devient un bonus. Les maisons secondaires se rêvent lointaines, perchées et surplombantes mais desservies par Amazon. Elles se revendent de plus en plus cher et elles sont recherchées et jalousées comme des bijoux. La mutualisation des coûts des réseaux leur est favorable. Si les propriétaires de ces maisons devaient payer le prix réel des routes, des stations d’épuration et des réseaux électriques, ils seraient très surpris et certainement freinés ! Sûrement que nombre d’entre eux, souvent favorables au « chacun -chez -soi et chacun-pour-soi », réviseraient leurs opinions... La facturation des réseaux se fait sur la proportion de la consommation d’eau ou d’énergie et non sur la distance entre le fournisseur et l’usager. Il en va ainsi pour l’épuration d’eau ou le réseau électrique. Pour les maisons secondaires, ce mode calcul est très avantageux.
Si l’envie de maison secondaire s’entend, se comprend, ces désirs vont buter sur une réalité physique. Il est impossible pour les régions alpines d’accueillir toute la richesse du monde. Tous ces désirs même repeints en vert, dépassent nos disponibilités en ressources. Les conséquences sont déjà visibles. La recherche de foncier, qui est déjà rare et cher, entraîne la flambée de l’immobilier à la vente et par ricochet celui du locatif. De plus, la richesse du monde a besoin d’une cohorte de serviteurs : femme de ménage, nounou, aide à la personne etc…pour ces personnels, c’est la double peine : des métiers peu rémunérés avec beaucoup de déplacements. Ils doivent reverser à leur propriétaire l’essentiel de leur revenu en loyers excessifs. Bienvenue dans le servage moderne. Le prix du foncier rend impossible pour les jeunes paysans de trouver des terres. Ici l’héritage est tout, et le mérite est bien peu. Il est assez ironique de voir une horde d’inactifs rentiers, vivant dans la surconsommation de loisirs, se plaindre du manque de vigueur des travailleurs pauvres. Leur discours sur le manque d’appétence de la jeunesse est indécent !
L’augmentation du trafic routier, et donc de la pollution, est flagrante. Une noria de véhicules envahit les routes les vendredis soirs et dimanches. Le comble est que ces bouchons les poussent à réclamer des prolongements autoroutiers destructeurs. Les promesses de réalisation sont permanentes de la part des élus amoureux du béton, toujours à la chasse de cet électorat votant a 80 %.
La limitation du nombre de maisons secondaires devient vitale, si nous désirons empêcher l’épuration sociale en cours. Malheureusement les épurés ne votent pas, le suffrage est devenu ici censitaire, la défiance envers les politiques ayant gagné les rangs.
La ministre du Logement Mme Wargon de Macron, est une non gauchiste certifiée mais elle connaît le problème de l’artificialisation des sols. Elle a qualifié la maison individuelle de non-sens écologique. Elle s’est fait taper sur les doigts. C’est choquant pour la grande part des Français amoureux de leur maison, illusion de d’indépendance et d’appartenance. C’est une triste réalité pour celui comprend le problème de l’urbanisation, de la construction. En construisant des petits collectifs, nous pouvons réduire l’artificialisation de 80 %, nous réduisons aussi le prélèvement sur les ressources : le bâtiment est l’un des principaux responsables de notre consommation de matériaux. Il est le principal consommateur d’énergie. Il faut rappeler qu’une maison consomme à sa construction en moyenne 50 à 100 000 litres d’équivalent litre de fioul en énergie. Les maisons neuves sont maintenant généralement bien isolées mais leur impact sur la nature dépend de leur construction, de leur taille. Le choix de petits collectifs permettrait de réduire la consommation en matériaux et surtout en espace. Nous devons faire quelques étages pour réduire l’artificialisation de 80 %. Il s’agit somme toute d’un petit sacrifice, mais un défi culturel gigantesque !
Dans ce contexte, la possibilité de posséder une maison secondaire parait indécente face à la catastrophe écologique. Une maison de 12 millions d’euros se construit actuellement dans le Briançonnais ! Il s’agit d’un record mais les prix donnent le tournis. Pendant ce temps, le pouvoir Macronien taxe les HLM (voir article) !
Malheureusement, raser 40 hectares de pinède, pour faire un projet de trous de balle n’est pas une exception. Les habitants des stations trouvent désagréable la vue de toutes ses voitures venues rejoindre la montagne. Effectivement, une fois arrivés à destination, leurs propriétaires ne s’en servent plus et les laissent bêtement stationnées pendant leur séjour. Alors, les grands penseurs ont décidé de cacher ses véhicules qu’on ne saurait voir! Et du coup, toutes les stations se lancent dans la création de parkings souterrains ou aériens. Des millions d’argent public seront consacrés, non à développer le train mais à dégager la vue. Hummm, les affréteurs de camion toupies se frottent les mains...
La noria du Week end entraine des bouchons au terminaison des autoroutes. Basique, simple. Alors à grand renfort d’argent public et de camion toupies, nos représentants élus qui représentent surtout l’ancien siècle, ont décidé de déplacer de quelques kilomètres le lieu de bouchons ! 30 millions sont programmés pour déplacer celui du sud de Gap. Le prologement entre La Saulce et Chorges et aussi sur la table ! (Voir ici et la).
Quels visionnaires! Nous aurions pu les consacrer à ré-ouvrir les gares, moderniser la voie de chemin de fer (électrification) et surtout faire circuler des trains. Mais nous ne sommes pas en Autriche ou au nord de l’Italie alpine. Pas question de faire du transport ferroviaire, le mode de déplacement des touristes là-bas. La bagnole et la maison, en France, c’est une religion sacrée! Nous voulons bien investir des millions dans la réfection des voies ferroviaires alpines, mais à une condition importante: celle de supprimer ensuite, les trains circulant dessus, ainsi que les guichets «humains». Cela coule de source: après un an de travaux, nous avons bien moins de trains qu’avant!
Et il nous reste encore de belles idées pour brûler les millions du plan de relance de la montagne, qui nous a été accordé par nos onéreux technocrates. Par exemple, nous allons finir de construire la ligne Maginot des canons à neige contre le réchauffement climatique. Et puis, nous candidatons pour les jeux olympiques de 2034 ou 2038. Eh oui, rien de tel que les JO pour faire monter l’immobilier et bouger du camion toupie! Alors, en attendant ces fameux JO, les projets fleurissent: des patinoires, des téléportés, des centres aquatiques, des salles de spectacle et bien évidement la construction de nouvelles résidences de tourisme haut de gamme.[Auteur in1] Car si le climat se réchauffe, ici les lits se refroidissent! Nous sommes atteints par le phénomène nommé «lit froid», une maladie des maisons secondaires. Chaque année, des «lits chauds»sont retirés de la location car leurs proprios souhaitent les garder sous le coude. Ils n’ont pas besoin de les louer. Ils ont assez de pognon et désirent les avoir libres à tout moment. Certes, ils ne viennent pas souvent et les logements sont vides, donc nous appelons cela les lits froids. Pour lutter contre cette maladie inévitable du capitalisme, présentée comme fatale et insoluble, une seule solution: le camion à toupie. Il faut démouler à chaud, c’est-à-dire mettre en location un nombre de lits identique au nombre de lits refroidis par les rentiers. En clair, il faut construire chaque année pour maintenir une offre touristique constante.
Triste, mais heureusement nous avons des chargés de la propagande qui ne mettent pas les camions toupie sur leurs plaquettes de communication. Vous ne verrez que la peinture verte, quelques toilettes sèches, quelques panneaux photovoltaïques au joli et cher design, du bardage bois et des composteurs à vomi géolocalisé sur votre smartphone.
Ce florilège de nouvelles infrastructures est réalisé au nom de l’adaptation au changement climatique: construire, même moins gourmand, consomme toujours plus d’énergie. Pourtant la fête est bientôt finie, surtout en Europe. Le prix de l’énergie explose. Or le tourisme de masse est le fruit de l’énergie pas chère, point barre. L’inflation énergétique va rendre les infrastructures plus coûteuses et réduire le pouvoir d’achat des touristes, l’effet ciseaux va être terrible. La logique voudrait que nous adaptions le tourisme en rendant les déplacements et activités moins onéreux. Mais pour y parvenir, cela demande d’investir dans une ligne de train électrifiée, régulière, desservie et pratique. Les Italiens du Sud-Tyrol l’ont fait. Nous devons rénover les bâtiments de tourisme, ils vieillissent mal et l’urgence est là. Nous devons développer uniquement les activités douces sans coût énergétique (luges, pistes cyclables, découverte nature, etc.….). Face aux catastrophes climatiques et économiques qui viennent, la meilleure attitude est la modestie surtout dans les dépenses…
Mais nos montagnes, ne sont pas au bout de leurs surprises, à côté du tourisme nous assistons à la délocalisation de la logistique dans les Alpes. De nombreux entrepreneurs florissants du web décident de localiser leur entreprise dans les Alpes. Ce sont des intermédiaires, des commerçants,qui achètent des produits et les revendent sur internet. Ils ont compris que le transport des marchandises est actuellement lui aussi en partie mutualisé: si vous êtes au fond d’une vallée des Alpes, le prix du frêt n’est relativement pas beaucoup plus cher. Vous pouvez maintenant expédier au fin fond des Alpes sans grever vos marges. Ils s’installent ici et souhaitent profiter d’un cadre de vie après 8 h d’écran. La noria de petits camions est de jour comme de nuit de plus en plus importante. Le web entrepreneur est cool et écolo. Le développement des offres de livraison gratuite favorise le chalet perdu dans la montagne: on ne se déplace plus, on clique sur internet.
Si les Hautes-Alpes ne peuvent accueillir tout
e la richesse du monde, elle accueille un peu de misère, situé sur la route de
la migration, certains s’arrête ici. Parfois ils squattent des logements vides
et fond fuir quelques rats et nettoie leurs crottes au grand dam de certains
voisins. Les médiocres hurlent abreuvés de haine cathodique à la sauce Bolloré.
Mais il leur faudra leur dire, que la main d’œuvre immigrée est indispensable à
l’industrie du BTP et que la coulée de béton ne se fera pas sans eux. Alors
leur refuser des papiers est bien mesquin, pendant que vous assistez au grand remplacement
de la gentrification des Alpes… La fièvre immobilière va enivrer les
propriétaire content que leur but de leur vie soit en hausse stratosphérique
mais l’ambiance risque de changer. La « niçoisisation »
du 05, va pourrir la vie de la classe moyenne qui pourra difficilement comme là-bas
se loger. Le paradoxe d'une population chassée par les plus riche et traversé par les migrants...Mais qui accuse t'on ceux qu'on emploi dans les BTP ou ceux qui s'enrichissent avec la spéculation immobilière ?
Les inégalités de richesse sont la principale source de pollution, 10 % des plus riche émettent 50 % des gaz à effet de serre. Or, la moitié des gaz est absorbable par la nature!
Plus vous avez de maisons et plus vous avez de résidences secondaires et de logement vides:
Taxer le patrimoine permettrait de lutter contre le réchauffement, pas d’écologie sans taxes sur le patrimoine ! L’écologie libérale c’est comme la guerre propre, un concept de com!
Les Alpes sont à l’avant-poste du changement climatique avec le tout-tourisme Nos glaciers disparaissent et nous continuons à faire tourner des camions toupies ! Le grand remplacement des habitants est en route, la richesse du monde, vient ici expulser à coup de projets immobiliers les non-propriétaires. L’état, la région, le département financent une dernière salve de béton pour des infrastructures qui paraîtront bien futiles dans 10 ans. Et pour l’instant, ceux qui questionnent sur l’intérêt général de ces réalisations sont accusés d’être des idéologues ! Comble de l’ironie.
Pourvoir rester vivre ici devient une question et « Toupie or not toupie, telle est la question !»
Dans les Alpes, épuration sociale en cours, à coup de maisons secondaires....
2 commentaires:
Trop bien vu, comme d'hab !
Bien vu, très bien contextualisé et argumenté, avec en prime le mordant de l'humour et de l'ironie qui font rire jaune les gilets de ceux qui sont "rien"... mais qui ont encore la force de mettre en avant l'intérêt général et de questionner l'utilité sociale de l'emploi de l'argent public ainsi que les choix politiques des décideurs hors sol qui trustent les institutions d'une république à bout de souffle.
L'état actuel de la panète le confirme: l'utopie squatte chez ceux et celles qui pensent et agissent comme si le "monde d'avant" avait l'éternité devant lui pour pouvoir continuer à se reproduire, à semer ses graines d'injustices, d'inégalités sociales et de glyphosatage du Vivant.
Entrer en résistance : voilà le "contrat d'apprentissage" de la citoyenneté que "le monde d'après" incite chacun de nous à y souscrire.
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