( La Maison brûle , par exemple)
A) Pour commencer : Quelle posture adopter sur le starting block :
le cas échéant, faut-il chercher à séduire un partenaire pas trop gras de l’idée ni gros des réformettes prônées et qui ne pue pas libéralement du gosier ?
en djellaba de coton issue du commerce équitable, tambourinant et psalmodiant les saints principes du flower power, du new age, et autres maman, bobo grenello-compatibles... ?
ou droit dans ses bottes de jardinier de la Terre, tournesol au poing, fermé comme il se doit en pareils occasions, et bien levé contre l’horreur économique, l’ivresse énergétique, la débauche nucléaire, les marées noires des sarkophiles, le cap du bateau aux mains des marins sarkocompatibles qui rament à gôche et font des ronds dans l’eau de leur boudin royal, ... le tout, et ce n’est pas une mince affaire, tout en touillant à feu doux un plat bio où tristement la fin des haricots crie sans se faire entendre que les carottes sont depuis belle lurette cuites et que les abeilles sont partis en vacances d‘hiver au pays de monsanto ... ?
B) Mais faisons comme si ces préalables n’en étaient pas ... et inquiétons nous maintenant de savoir si l’enjeu vaut vraiment la chandelle.
Puisque il faut y aller, ne serait-ce que pour témoigner ... mais sans se mouiller plus et davantage (faute de disponibilité, de motivation, d'intérêt, de dévouement à la cause) ... saisissons l’occasion, la vitrine, les micros ... et soyons donc témoins ... de ce que nous savons ou pensons avoir conscience ... dessinons les murs de l’impasse où l’humanité tourne en rond ... crions l’impuissance dont nous pressentons être sujets et vecteurs, dénonçons le verrouillage du système politique pyramidal, mafieux et donc bien peu démocratique ... drapons nous dans un fondamentalisme que l’urgence des problèmes à résoudre exige sans concessions ... tendons la perche à ceux et celles qui se noient dans les eaux troubles et troublantes de l'indifférence que les partis de gouvernement et leurs programmes de relance de la croissance vouent au chevet de la planète ...
Et comme tout ce qu’il pourra être fait, au niveau de la Commune (ici ou ailleurs), ne sera que dérisoire poudre aux yeux, ripolinage de circonstance ... ayons pour seul initiative de campagne l’organisation d’un ciné-débat autour du film d’Al Gore Une vérité qui dérange ... (qu’il ne faut pas prendre pour bible ou catéchisme à tenir précieusement sur la table de chevet où trône la bougie mais seulement comme amuse gueule qui mettra en appétit ceux et celles qui voudront souscrire à l’achat individuel d’un extincteur ...) ...
car, comme nous autres le savons si bien,
1)
Notre maison à tous brûle des mille feux de brousse que l'idéologie capitaliste passionnément y entretien en soufflant sur les braises de l'égoïsme, de l'indifférence, du racisme et xénophobie, du paraître, du sauve qui peut, de la résignation, du fatalisme, du renoncement, de l'aliénation, du je m'enfoutisme, du moi je et autres téléphones portables, de l'extrême flexibilité de la colonne vertébral des travailleurs de plus en plus socialement précarisés, de la précarité collective que le rétrécissement du rôle de l‘État engendre, de l’hypocrisie, de l'argent sale, de l’aveugle et génocidaire compétition sauvage devenue la mère idéologique de toutes les batailles économiques qui saignent, de pays émergent en pays en voie de développement, l'humain, la terre, le vivant ...
La maison brûle, il n’y a plus d’eau dans les réservoirs de la résistance au rouleau compresseur du système ... et les pyromanes au pouvoir, tels les soutiers du Titanic, attisent avec foi et extrême dévotion les braises de la croissance ... baril à poudre dont la mèche depuis longtemps allumé est a deux pouces de la mise à feu ...
2)
L'habitabilité de notre planète n'a cessé de se dégrader depuis une trentaine d'années : la pollution (pour ne pas dire l’empoisonnement) de l'air, de l'eau, des terres, la destruction grandissante des forêts primaires, la perte de la biodiversité, la diminution de la surface des terres arables, les guerres civiles ou de conquête, la fonte des calottes glaciaires, les changements climatiques dramatiques de tout ceci témoignent au fil des jours, à chaque page du livre qu’est notre existence ... et ce n’est pas la tarte à la crème du développement durable qui y mettra fin.
La Terre est souillée, ses sanctuaires polaires ne le seront plus bientôt, ses ressources en matières premières longtemps considérées comme inépuisables sont dilapidées et gérées à court terme sans aucunement tenir en considération les droits des générations futures de terriens.
Et pourtant l’Homme d’aujourd‘hui, de par ses savoirs et connaissances, ses sciences et technologies, n’a jamais été si proche du piédestal où il a mis dieu et sa cour ...
3)
Les conditions de vie de l'écrasante majorité des humains n'ont cessé de se dégrader : le logement, l'eau potable, l'électricité, l'énergie, l'éducation, la santé, la nourriture sont des luxes inaccessibles pour plus de trois milliards d'humains.
Les charitables programmes d’aide alimentaire, les égoïstes campagnes de prévention des pandémies ne font que circonscrire géographiquement les pauvres gens qui en souffrent. La lutte contre le sida, arme d’extermination massive pourtant, ne vaut pas un puits de pétrole, et celle contre la pauvreté n’est que poudre aux yeux.
Les réfugiés climatiques seront des dizaines de millions demain. Et l’explosion démographique, jamais combattue par les clergés de toute sorte, n’ajoute pas de gaies couleurs au tableau..
C’est bien connu, le battement d’ailles d’un papillon qui meure de faim dans la corne d’afrique provoque inéluctablement quelques jours plus tard le naufrage d’un bateau de sans papiers au large de gibraltar ...
4)
La crise, comme on dit, où dans l’intégralité des facettes qui nous composent (individu, citoyen, travailleur, colocataire de la planète) nous sommes plongés et trempés jusqu’aux os, depuis un bon bout de temps déjà ... elle est globale ... à telle point que certains la voient comme le syndrome de la fin de notre (les gens du nord, de l’ouest) bienheureuse (à notre égard) ou barbare (à l’égard des autres) civilisation ...
A l’opposé de la vérité officielle tambourinée allégrement par tous les gardes champêtres du système, la crise n’est pas qu’économique ou énergétique ou culturel ou social ou politique ou institutionnelle ou environnementale ou démographique ou écologique ... elle est tout ça à la fois et, donc, bien plus encore, et c’est sur l’ensemble de ses multiples visages qu’il faut agir simultanément sous peine de ne faire que de la gesticulation de rebouteux , du replâtrage de bricoleur, de la fumisterie genre développement durable (de la faim ou de la fin, ou les deux à la fois et pour le même prix) ... car ses différents éléments s’autofécondent et s’irriguent les uns les autres par de multiples canaux ...
Comme une toile d’araigne, elle est de mille fils tissée, et l’appât du gain à tout prix sa trame préférée ...
Ça pisse de partout et ouvrir un seul parapluie ne nous mettra pas à l’abri du déluge qui s’annonce et se profile déjà bien visiblement à l’horizon de notre génération (celle qui a encore 20 à 30 ans d‘espérance de vie) ...
Ce n’est pas la fin du monde mais certainement la fin d’un monde ... où le gaspillage, le profit, la barbarie à ciel ouvert (ils sont combien et depuis combien d’années à ne pas avoir un grain de riz dans leur assiette malgré les envolées lyriques des diplomates, les bains de foule des démagogues de tout poil, les cannes à pêche des humanitaires, les charitables bonnes intentions de tant de missionnaires ?) ... sont évangile, credo et liturgie de toutes les heures ...
5)
Le système économique capitaliste ultra-libéral règne sans partage et partout impose sa loi du plus fort qui est celle du renard dans le poulailler, de l'intérêt à éjaculation précoce, des bulles boursières et immobilières, des dividendes à 15 % l’an. Il génère un modèle de société énergétivore et génératrice d'inégalités sociales et impose un aménagement du territoire concentrationnaire autour de métropoles de plus en plus tentaculaires et gigantesques, enflées de flatulences irrespirables.
Ce modèle de culture hors sol devenu aujourd’hui le cadre de vie de plus de la moitié des humains porte en lui les germes de l’effondrement de notre civilisation actuelle.
Et à l’instar de la nuée qui porte en son sein l’orage le capitalisme materne la guerre.
L'augmentation vertigineuse des dépenses militaires (plus de onze cents milliards de dollars par an) témoigne des tensions qui règnent au sein des grands ensembles économiques qui cherchent à avoir la maîtrise des ressources énergétiques et des matières premières. Sarko prêche à dubai, kouchner arrose comme il peut au darfour ...
Curieusement (mais pas tant que ça) les principaux pays fabricants vendeurs d'armes siègent au Conseil de Sécurité de l'Onu, instance supranationale censée faire régner la paix des prédateurs et l’ordre des puissants de par le monde.
Combien sommes nous à avoir conscience que nous vivons dans un pays en guerre ... et la livrons, en colis express timbré par dassault et lagardère, en Afghanistan, contre un peuples en guenilles, pour le compte de multinationales énergétiques qui ont l’insolence d’afficher des profits annuels en milliards d’euros ?
6)
Les 250 plus grosses fortunes au monde ont des revenus annuels supérieurs à ceux des deux milliards et demi d’humains les plus pauvres ... et ceci, dans les deux cas, n’est pas le fruit du hasard ...
Et elles ce sont organisées pour que le monde tourne dans le sens des aiguilles des montres (rollex, de préférence) de leurs intérêts économiques, financiers, politiques, géo-stratègiques.
La classe politique (celle qui fréquente les premiers cercles du pouvoir, à Paris et Bruxelles, à la City et Péquin, au FMI et à l’ONU, qui vend des centrales nucléaires labellisées grenelle de l’environnement et du pouvoir d‘achat à petit prix) est totalement soumise à ces intérêts prédateurs, biocidaires, inhumais.
Le président bling bling que nous avons et la majorité qui lui cire ses pompes en témoigne tous les jours, et ce n’est pas Bolloré ni Lagardère qui le démentiront, Bouygues et Dassault sauront lui prêter eux aussi quelques yacht ou jet privées si le vélo de carla tombe en panne.
7)
Non, non, je ne me trompe pas d’élections.
D’ailleurs, comme vous avez sûrement déjà dû vous en rendre compte, il y en a aucune où ce genre de questionnements est admis. L’omerta a fait son nid et pour longtemps dans les draps qui bâillonnent les consciences.
Circulez braves gens, il y a rien à voir, nous crie tout le temps, à la gueule, l’urne de tous les (des)espoirs ....
La marge de manoeuvre du citoyen lambda pour renverser la vapeur (de plus en plus orwellienne, qui l’aveugle et noie) est moins que minime, le peu de cas que les décideurs ont fait du résultat du référendum de 2005 sur le projet de Constitution Européenne en témoigne.
Il ne lui reste que la marge de la marge, c’est à dire la douce désespérance, la résignation qui suit le coup de gueule, la certitude (ou l’illusion) d’exercer une citoyenneté de plus en plus virtuelle, de subir un pouvoir de plus en plus omniprésent, martial, liberticide ... ou alors la co'érrance sur les pentes des alternatives en quête d'un nouveau graal au sang vert et bio, l'apprentissage et l'exercice du contre-pouvoir qu'est la graine des résistances ... (mais si nous n’y prenons pas garde, un de ces quatre Monsanto en sortira une, ougéemisée à souhaité, et sécrétant à longueur de saison du contrepoison écolo) ...
8)
Revenons à nos moutons : faut-il ou pas y aller ?
Marcher sur les deux jambes, fuir les solutions cul de jatte est solution que n’importe quel marchand de chaussures électorales défendra mordicus, le cuir entre ses dents cela va de soit !
Pouvons nous nous payer le luxe de quitter le navire, de faire semblant, de laisser à d’autres le soin de trouver un nouveau cap écologiquement soutenable ... alors que ces marins d‘eau douce ne savent même pas nager dans ces eaux troubles de la fin de la croissance où nous entrons de plein pied et à l’insu de notre plein gré ?
Un pied dedans ... pour voir ... et l’autre dehors, firme, pour déserter, tête haute, les sentiers battus de la délégation du pouvoir, du consumérisme, du toujours plus pour moins que rien...
Et avec les deux, sans trop boiter, faire fleurir là où il sera possible, autant de chemins individuels et collectifs qui mènent à la décroissance économique ... et à la croissance écologique luxuriante, solidaire et universelle !
Seule perspective globale, alternative et écologiquement révolutionnaire pour l’avenir de la planète, du vivant et de l’humain.
Amen !
9)
- Tout ça pour en arriver là ? !
- Écoute, c’est comme ça que j’ai appris à conjuguer le Penser global ! à l’indicatif présent du Agir Local !
- Mais toi, tu te mouilles ou pas ?
- J’y suis dedans déjà ... avec l’eau ... et j’en ai jusqu’au cou déjà ! ...
- Bon, ben ... merci ! ... de tes encouragements !...
FC 15-16-17-01-2008
P.S. :
N'oublions pas,
qu'au dessus de la Commune il y a les hobereaux du Département, les seigneurs de la Région, les grands-maîtres de l’État, les saigneurs et maîtres des forges de l’Europe inféodée à la banque, à la finance, aux multinationales ... et coiffant le transept de cette vaste église de la Résignation Universelle il y a le dôme qui sers d’abri atomique aux 250 plus grosses fortunes au monde !