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lundi 23 juin 2025

Pour un moratoire sur la connerie

 L'assemblée nationale a voté un moratoire sur le solaire et l'éolien. Un autre moratoire devient vitale, celui sur la bêtise. Les énergie solaire et éolienne sont la condition nécessaire et non suffisante à un monde ou tout n'est pas mort. Car pour sauver le climat un moratoire sur la rente est indispensable. D’où la haine de ceux qui défendent d'abord les rentiers.

A quand un moratoire sur la connerie.

En pleine canicule, alors que deux centrales nucléaires s’arrêtent à cause d’un Rhône trop chaud, pendant que la forêt de Sibérie brûle, que le ciel français vient d’être voilé par les incendies du Canada, la démence parlementaire vient de frapper : moratoire sur les énergies solaire et éolienne, fin du financement de la rénovation des passoires et bouilloires thermiques. La démence, le déni, la croyance fondamentaliste pronucléaire se sont coalisés pour frapper les maigres politiques climatiques.  La Chine a beau enfin réduire ses émissions et sa pollution climatique grâce à l’éolien et le solaire implanté de manière massive, les députés veulent revenir dans les années 80. La nostalgie du temps où l’on construisait du nucléaire à gogo. Mais nous sommes en 2025. Soutenue par une grosse part de l’opinion, notamment les personnes âgées, la foi en l’atome pollue une nouvelle fois la politique énergétique de la France. L’extrême droite et la droite extrême, font de ses deux énergies leur bête noire. Inutile, couteux, ne fonctionnant pas, plus polluant que le pétrole, ils alignent les croyances dignes d’une secte ou de la démence sénile. Le pire est que Bercy trouve que cela coute cher. Si vous voulez ruiner l’avenir d’une entreprise donner le pouvoir aux comptables, dit un proverbe.

 

Pourtant, la France a les moyens. L’épargne n’a jamais été aussi abondante. Les générations âgées riches ont une lourde responsabilité : nous, seulement elles laissent dormir des milliers de milliards qui s’investissent peu en France, mais elles ruinent leurs enfants. La politique du tout nucléaire et le refus d’investir nous emmènent à la catastrophe. Les centrales nucléaires françaises sont chères et longues et compliquées à construire, elle repose sur un uranium étranger. Nous assistons à une erreur historique rare : la France passera à côté de la révolution énergétique du solaire et de l’éolien.

On n’arrête pas la marée qui monte, le vent et le soleil seront la ressource du monde futur si le futur a lieu. Elles sont les seules énergies vraiment renouvelables et elles n’utilisent pas la photosynthèse. Elles sortent la production d’énergie du monde vivant, ressources à garder pour la nourriture de tout le vivant. Interdire l’éolien et solaire quand les députés votent 800 millions d’euros à la centrale à bois de Gardanne, un incinérateur à bois et subventions. Il fallait oser.

Le solaire et le vent sont des énergies extractivisme, nocives, elles prennent nombre de ressources minérales. Mais le gaz et le pétrole et le charbon sont d’un extractivisme d’un ordre de grandeur. Mais cet extractivisme est invisible, le CO2 l’étant. Ne pas le comprendre est aussi une erreur qui frappe le monde de la lutte écologique. Attention à ne pas être les idiots utiles des réactionnaires. Ils me rappellent une scène vécue d’une amie atteinte d’un cancer que des visiteurs lui conseillaient d’éviter la chimio, nocive pour la santé, et lui conseillaient un régime.  Si nos pays faisaient bien et le pouvait entrer dans la décroissance, qui croit un instant que ceux qui commence à consommer vont le faire ? Qui peut croire que la population abreuvée de publicité va réduire sa mobilité et sa consommation rapidement.

Produire décarbonée n’est pas une condition suffisante pour nous en sortir, elle est néanmoins nécessaire.

Nous n’avons, nous, les pays les plus riches pollués par le climat comme aucun autre pays du sud. Nous devons investir le maximum de ressources dans les énergies renouvelables et la réduction de nos consommations.  Passer à la voiture électrique et limiter notre vitesse à 100 km/h réduit rapidement nos consommations de pétrole. Certes des transports en commun seraient l’idéal pour tout. Mais face à l’étalement urbain, la voiture électrique est la limitation de vitesse est réalisable rapidement, alors que reformer nos villes et les transports en commun prendra de décennies. Remplacer nos chaudières par des pompes à chaleur fournissant en plus de la fraîcheur l’été peut être rapide et économise beaucoup de fossiles. C’est plus rapide que de végétaliser une ville et d’isoler des bâtiments. Rien n’empêche de le faire en même temps.

L’urgence est là, les conséquences du désastre climatique sont plus amples que toutes les guerres. Nous devons consacrer plus d’argent au climat qu’a la guerre. La France est riche et nous pouvons le faire. Tant pis pour les croisières et l’hypermobilité des plus riches. À chaque guerre l’épargne a été autoritairement fléchée vers l’effort de guerre.  La guerre climatique a commencé.

De plus toute épargne est un pari de confiance sur l’avenir, l’épargne n’existe pas sans avenir, il ne s’agit donc en aucun cas d’une spoliation.

Derrière ce moratoire sur les énergies renouvelables et cette détestation, la peur pour son pécule.

MORATOIRE SUR LA RENTE

La simple mesure à prendre pour la rénovation et sortir des fossiles est d’instaurer un moratoire sur la rente. Cela signifie offrir un prêt à 0 % pour toute rénovation durant 20 ans.  Un prêt à 20 % serait également offert pour les énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien. De cette façon, l’énergie reste abordable.  Renoncer à la rente permet d’investir. Ceux qui affirment que ce n’est pas possible ne se rappellent pas que, pour financer le programme électronucléaire des années 70-80, il fut instauré un prêt obligatoire à très faible taux. Il s’agit juste de faire la même chose. Flécher l'épargne et contraindre a un taux faible. Nous devrions avoir cette nostalgie, car c’est uniquement un financement à taux réduit qui a permis de faire ce colossal projet énergétique. Il a fallu aussi financer l’agrandissement du réseau et là aussi, ce fut colossal.

Une fois cet argent mobilisé, beaucoup de chose deviennent possible, loin des usines à gaz administratif.

Alors, votons un moratoire sur la résignation et l’inaction.

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Centrale à Bois de Gardanne : un incinérateur a forets et subventions

 « Errare humanum est perseverare diabolicum ». L’erreur est humaine, mais la persévérance dans l’erreur est diabolique. La centrale de Gardanne est l’EPR du bois : un gouffre financier, mal conçu, mal exécuté, et inutile.

Depuis le lancement de ce projet en 2012, il a principalement brûlé des subventions pour une poignée d’emplois. Nous aurions épargné bien des forêts et de l’argent public si les emplois de cette centrale avaient été financés pour faire ce qu’on veut, mais surtout pas pour s’acharner à produire de l’électricité avec du bois. Quand rien faire coûte moins cher, ne détruit pas, et ne produit pas plus, cela pose le niveau d’inutilité du projet.

 


Je résume : un coût de 800 millions pris sur les factures électriques de tous. La production annuelle de bois de 330 hectares par jour avalés. Le tout pour une poignée d’emplois et une production électrique strictement inutile.

INUTILE

En effet, la production électrique française est surabondante depuis que les centrales nucléaires ont été réparées. De plus la montée en puissance des énergies renouvelables rend cette centrale pensée en 2012 complètement inutile.

Le gouvernement est contraint de ralentir considérablement le déploiement des énergies renouvelables. Elles se développent tellement vite qu’elles pourraient rendre inutiles la construction de centrales nucléaires.

L’EPR de Flamanville ne fonctionne toujours pas à plein régime et ne fonctionnera sûrement qu’épisodiquement, nous avons conçu l’énergie nucléaire intermittente. Mais c’est profitable, il écroulerait un peu plus le prix de l’électricité, ouf.

De plus en plus la production électrique est volontairement diminuée. Nous réduisons celles des centrales nucléaires même si cela les abîme. Nous réduisons aussi parfois celle des centrales PV.   





BILAN CARBONE CATASTROPHIQUE

Le bilan carbone affiché de la centrale est erroné. Un grand mensonge, car il ne tient pas compte de l’impact de la déforestation. Rasé des forets retire du carbone du sol, si l’on tient compte de ses émissions, le kWh de Gardanne devient très mauvais. Mais si on enlève le mythe d’un bilan carbone neutre du bois, construit sur la repousse du bois dans le siècle, alors la réalité est monstrueuse. Il faut émettre le moins de carbone actuellement et pas parier sur une repousse très incertaine de la forêt qui surchauffe et pousse de moins en moins.  En réalité, brûler du bois pour faire de l’électricité entraîne une émission supérieure de carbone que le charbon classique.

Le bilan carbone neutre du bois est controversé. En 2012, peu d’études remettaient en question ce bilan carbone neutre. En 2025, les études démontrant le caractère fictif de ce calcul se sont empilées.  La réalité est que la centrale de Gardanne au bois est sûrement plus polluante en carbone que lorsqu’elle brûlait du charbon.

 


UN INCINÉRATEUR à SUBVENTIONS

En 2012, l’électricité produite à partir du bois était achetée au prix de 11,5 cents par kilowattheure, tandis que l’éolien et le solaire étaient respectivement achetés à 10 et 25 cents par kilowattheure. En 2025, l’éolien est acheté à 6 ou 7 cents par kilowattheure, et le photovoltaïque est acheté à 4 cents par kilowattheure aux particuliers.  En 2025, la centrale de Gardanne se voit proposer un rachat de 24 centimes/kWh, ce qui en fait l’électricité la plus chère de France pour une nouvelle production.

Comment expliquer qu’un particulier à un tarif six fois plus faible qu’un milliardaire pour produire officiellement 10 fois moins polluant 250 g au lieu de 25. Dans la réalité, produire cette électricité chez un particulier est de l’ordre de 40 fois moins polluant.

Cette centrale est un gaspillage d’argent public et une aberration écologique chimiquement pure !

UN INCINÉRATEUR À FORÊT

 


Cette centrale est un incinérateur de forêt et d’argent public : 7 hectares de forêt par jour, 150 000€ par jour, 4 millions par mois.

Sachant qu’une centrale photovoltaïque implantée sur un hectare de foret produit 80 fois de plus d’électricité qu’un hectare de foret brûlé à Gardanne, on bat les largement les néfastes projets de centrales PV rasant les forêts. 80 fois pire, mais 80 fois moins de mobilisation contre.

Face à un projet aussi moisi, il est clair que les considérations environnementales et énergétiques ne sont pas les facteurs principaux dans la prise de décision.

En 2016, nous, membres du collectif opposé au projet, avions proposé une alternative. Il a initié un débat qui a généré un tas de projets : du plus stupide aux réalistes. Nous avons bien compris que l’objectif n’était pas l’argumentation mais l’influence et la politique.

Finalement, la persévérance dans l’erreur a triomphé. Michel Barnier aura pris deux décisions : les Jeux olympiques d’hiver de 2030 et la centrale de Gardanne.

La CGT a fait tout son possible pour obtenir un projet industriel, même au prix de dommages environnementaux considérables. C’est vraiment une honte. Le milliardaire Kretensky, qui possède la centrale, a acquis plusieurs médias déficitaires. Il semble que son pouvoir médiatique ait payé à Gardanne.

Les impacts forestiers ont beau être bien plus importants que des centrales PV implantés sur des forêts, l’opposition de la population est peu marquée : les impacts sont diffus et partagés. Opposition à celui qui polluera visiblement localement et indifférence ont celui qui polluera diffus, invisible mais massif. Les pesticides sont là pour en témoigner.

Entre 2012 et 2025, beaucoup de choses ont changé : l’écologie n’est plus très populaire, les milliardaires sont devenus encore plus puissants.

 

SOYONS FOUS, PROPOSONS UN PROJET UTILE !

Il est pourtant possible de proposer un contre-projet à Gardanne, conciliant écologie et emploi industriel. La centrale de Gardanne est au cœur du réseau électrique de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Cette région développe de nombreuses centrales renouvelables avec des productions variables. De plus en plus, elles produisent davantage d’énergie que le réseau ne peut en absorber. L’électricité est alors gratuite. La nuit, l’électricité est plus chère.

Le black-out en Espagne montre qu’il faut des stockages tampons pour fiabiliser le réseau à forte teneur de soleil et de vent.

 Un centre de stockage d’électricité pourrait être installé. Le stockage de l’électricité peut se faire par un parc de batteries et par stockage thermique. Nous pourrions réutiliser les turbines de la centrale de Gardanne pour générer de l’électricité à partir de la chaleur emmagasinée. Cette chaleur serait produite par l’électricité actuellement gratuite ou non utilisée pendant la journée. La nuit, la chaleur ferait tourner les turbines de la centrale en utilisant la vapeur générée. Les impacts seraient réduits : plus de norias de camions, plus de fumée de combustion.

Cette proposition a un gros défaut, celui de ne pas être complètement absurde. Car cela semble être l’exigence, elle peut difficilement lutter dans cette catégorie.

Elle fait face à l’idée de raser 7 hectares par jour, de les mettre sur des bateaux ou des camions à 30 litres/100 km, de les déchiqueter dans une broyeuse d’un mégawatt, pour le brûler et perdre les deux tiers de l’énergie qui fabrique un nuage de vapeur d’eau. Le tout pour injecter cela dans un réseau à condition d’avoir éteint une centrale a un autre bout du réseau, tout cela pour sauver une poignée d’emploi et enrichir fortement un milliardaire influent.

Cette proposition est une alternative a lune autre proposition des opposants : on arrête tout , on rase les centrales et on construit des lotissements.

La centrale de Gardanne est une dinguerie faite au nom de l’emploi. Nous pouvons conserver l’emploi et faire une centrale de stockage nécessaire pour un réseau à faible teneur en carbone. Nous éviterons ainsi le raisonnement binaire entre emploi et écologie.

Dans la binarité, le perdant c’est l’écologie. Entre des problèmes tout de suite et des gros problèmes plus tard, l’humain choisit rarement l’avenir.

Proposons un chemin de traverse. Cassons l’alliance travailleurs – milliardaires.

Avec 800 millions, le champ du possible est large.

Mobilisons-nous contre ce projet qui dépasse en absurdité et impact, les agrocarburants, les projets d’infrastructures routières inutiles.

Sa force est uniquement due à son invisibilisation et au soutien du monde syndical.

Nous pouvons gagner à deux conditions de faire deux choses en même temps

Hurler contre l’incinérateur a forêt et argent public et proposer un contre-projet utile, donc pérenne.

JP

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PS Je réponds d’avance ceux qui me disent que la transition énergétique n’existe pas que la Chine a, ce trimestre, vu pour la première fois ses émissions de CO2 baisser grâce au soleil et au vent. Petit espoir. Je sais l'extractiviste est dégueulasse, mais commençons par ne plus extraire le CO2, le poison le plus urgent et il en reste tant. 

Je précise avant les commentaires que je souhaite la sortie du capitalisme mais, vu le rapport de force, je pense que, si on sort déjà du capitalisme fossile, tâche titanesque, on aura peut-être un petit espoir d’exister encore pour enfin sortir du capitalisme vert.