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...chroniques post-glaciaires sur l'énergie, le climat , la foret, le nucléaire et tous ce qui va avec comme l'économie, la révolte, la répression
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vendredi 18 octobre 2024
dimanche 13 octobre 2024
Les locataires des HLM ruinés par la privatisation des HLM, les conséquences du hold-up de Macron !
Nous l’appellerons Patricia, elle habite un HLM dans les Hautes-Alpes. Suite à un divorce, elle vit seule avec ses deux enfants. Heureusement le père de ses enfants peut lui payer une petite pension même s'il gagne modestement sa vie.
Son appartement de type T3 est propre, il est lumineux et relativement grand, mais il a été construit dans les années 70. A cette époque, il n’existait pas d’obligation d’isolation alors on construisait des murs avec une fine couche d’isolation. D’autant plus que le fioul coûtait peu. Son immeuble en a donc toujours consommé beaucoup. Les menuiseries, portes et fenêtres, sont en double vitrage rénovées dans les années 90, mais déjà anciennes (20 ans) et peu performantes.
Mais les temps ont changé et le prix du fioul a flambé. Il est enfin évident qu’il faut isoler ces immeubles pour le bien de ses habitants et du climat. L’envolée des prix du pétrole de 2008 a mis cette évidence dans les projecteurs médiatiques. Mais la rechute du pétrole en 2011 a cassé l’urgence. Malgré tout, cahin-caha, l’office d’HLM OPH 05 a mis en place un vaste plan d’isolation en 2016. Pas seulement de l’HLM de Patricia mais de tous ses HLM.
Le plan consistait en une rénovation globale de l’immeuble avec isolation par l’extérieur et changement des menuiseries. De coûteux bureaux d’études sont venus faire des diagnostics. Ils ont longuement étudié les solutions et tous les détails des opérations. Fin 2016, le plan de rénovation était prêt. Isoler un immeuble n'est techniquement pas comparable à envoyer une fusée sur la lune. Les travaux consistent à plaquer de l’isolant sur la façade et à changer les menuiseries en faisant attention aux ponts thermiques. L’opération peut se faire en gardant les locataires dans leur appartement.
L’objectif du plan était simple et clair: en 8 ans, tous les immeubles devaient voir leur consommation de chauffage divisée en 4. Le budget était enfin réuni. L’autofinancement par l’office était important et les économies d’énergies allaient rembourser une bonne part de ces investissements. Mais les aides, quoique minoritaires, étaient nécessaires.
Dans notre monde moderne, nos dirigeants communiquent et réalisent ensuite (ou pas). La communication fut lancée tambour battant. Habitant et administrateur des HLM à l’époque, je travaillais dans le secteur des économies d’énergies. J’étudiais alors le dossier pour le compte d’un syndicat des locataires. Surprise : le plan était propre et précis. Les solutions retenues étaient un bon compromis entre le prix et un choix de matériaux plutôt biosourcés. Les passoires thermiques étaient mises en priorité. Le choix d’une isolation poussée et non au rabais fut un soulagement. Avec ces solutions, quasiment plus besoin de chauffer les gros bâtiments compacts, ni de changer le mode de chauffage et d’installer de coûteuses chaudières au bois. Un chauffagiste me dit même cette phrase: « Après ces travaux, nous ne servirons plus à rien. Une panne de chauffage et le bâtiment mettra deux semaines à se refroidir. » Les appartements mal situés, pleins de ponts thermiques, souvent difficilement chauffables allaient avoir enfin chauds.
Militant depuis 10 ans au sein des HLM pour l’isolation de tous les bâtiments et surtout des passoires thermiques, on me riait au nez quand je parlais d’isolation globale par l’extérieur. « On ne va pas dépenser autant d’argent pour des HLM » me répondait le mépris des gens élus. Beaucoup d’énergie militante pour obtenir une évidence, le rendement n'était certes pas bon, mais enfin on y arrivait. Le conseil d’administration vota à l’unanimité les travaux, je respirais. Aucun élu ne fut contre et je n'entendis personne non plus dire cette célèbre phrase: « c’est trop compliqué et coûteux et pis si les locataires laissaient pas les fenêtres ouvertes!». Les pauvres, c’est bien connu, c’est trop con ! Quand le locataire du Nord hurle de se geler et de payer de lourdes charges, parfois il obtient ses 18 degrés réglementaires. Tandis que celui du Sud a trop chaud et ouvre ses fenêtres juste pour dormir. Transformer un problème collectif en responsabilité individuelle est la marque de la bourgeoisie de droite comme celle de gauche. Mais la bataille culturelle de l’isolation était enfin gagnée!
Les mêmes élus, 10 ans plus tard, paradaient sur la photo du journal local pour annoncer le vaste plan d’isolation.
« Seule une catastrophe naturelle pouvait empêcher sa réalisation », me dit la directrice des HLM de l’époque. Elle avait bataillé ferme pour y arriver. De droite, mais droite et humaine, elle avait mouillé sa chemise avant de partir à la retraite.
L’élection de Macron est sûrement à ranger dans la catégorie de catastrophe.
Arrivé au pouvoir, il avait un vaste plan de baisse d’impôts pour soulager les plus riches et les grandes entreprises de 100 milliards d’impôts. Mais il ne fallait pas trop creuser le déficit, son plan avait une colonne recette. Faire les poches d’un tas d’organismes publics, assurances chômages, collectivités publics, collecteurs d’argent pour la formation professionnelle et organismes HLM. Tous ces organismes avaient des revenus directs et des cagnottes dus à leur bonne gestion.
Ainsi, à peine élu, Macron décida de faire les poches des HLM et d’accélérer leur privatisation rampante qui se faisait lentement car même les élus de droite rechignaient. Il le fit sans faire de bruit. Il prit deux mesures perverses. D'abord, Macron obligea les HLM à se regrouper selon des critères de taille: un office ne pouvait plus faire moins de 15000 logements. Objectif éliminer les petits pour favoriser les gros, souvent privés. Les entreprises privées du sociales avaient été dans ses premiers soutiens.
Pour accélérer le regroupement, il décida de les taxer, mais de manière subtile et vicieuse. Il était politiquement délicat de piquer un milliard aux locataires des HLM directement. Il décida de faire un coup de bonneteau: tu déplaces l’argent de manière complexe et l'argent disparaît. Il décida de supprimer 50€/mois d’allocation logement aux locataires. Mais, astucieusement, il obligea les offices à baisser leurs loyers de 45€/mois. Pour les locataires, le résultat immédiat ne fut que 5€/mois d'augmentation. Le scandale fut immédiat: les 5€/mois coûtèrent politiquement cher à Macron. Mais les 45 euros restants ne lui coûtèrent rien du tout.
Pour les offices HLM, ce fut un lent empoisonnement. Privés de ressources, carrément dévalisés par le Hold-up macronien, ils annulèrent leurs investissements et réduisirent l’entretien basique de leur parc. Pour finaliser la mesquinerie macronienne, l’état doubla la TVA des travaux de réparation et de rénovation des HLM.
Lors du mouvement des gilets jaunes, j’interpellais le député local, macroniste et rapporteur du budget. Je lui criais la honte absolue de cette mesure. Il me répondit en aparté «c’est vrai, c’est nul, mais les HLM gaspillent les subventions et l’argent public doit être bien employé».
Pendant ce temps, l’État lançait de gros budgets d'aides à la rénovation des propriétaires à grand coup de primes et de certificats d’énergies. J’avais travaillé sur les économies d’énergie qui sont un autre grand scandale d’état passé sous les radars. Ce dispositif kafkaïen pensé par des bureaucrates oblige les fournisseurs d’énergie à acheter des certificats d’économie d’énergie. Un intermédiaire certifie à toute personne effectuant certains travaux d’économies d’énergie et lui délivre ces certificats. Le processus est bureaucratique, complexe et déconnecté de la réalité des économies réelles. Les intermédiaires sont en position de force, ils peuvent se gaver. Ceux qui ont pensé ce dispositif ont quitté le ministère pour créer de juteuses sociétés de certificats d’économies d'énergie et ont fait fortune. Il est vrai que prélever directement une taxe sur les fournisseurs et subventionner les HLM ou collectivités ou particuliers, c’était trop simple et efficace, c’est-à-dire « old-school ».
Plus de la moitié de cet argent public s’envola dans des détournements opaques : la cour des comptes a enfin étrillé ce dispositif au bout de 15 ans, son inefficacité se voyait trop !
Les macronistes ne sont scrupuleux que lorsque l'argent atterrit dans la poche des pauvres. Le macronisme c’est la taxation des pauvres aux services de la baisse des impôts des plus fortunés, le tout enveloppé d'une grosse couche de « com » moderne. Parfois cela se voit et parfois l’entourloupe passe crème, comme pour les HLM.
Pour les HLM, le coup de passe-passe fut bien réalisé. La presse n’en parla pas, les partis de gauche non plus. Alors que certains directeurs des HLM furent outrés d’une telle mesure.
Mais la tête du mouvement des HLM se garda de protester vigoureusement, bien trop proche et dépendante du pouvoir. Nous avons essayé d’alerter, mais le mouvement syndical des locataires HLM était moribond et sans soutien. La bourgeoisie de gauche, au sein du PS et de EELV, au pouvoir dans de nombreuses communes et dans des offices HLM, ne trouva rien à redire aux regroupements des offices et à leur privatisation.
De nombreux offices publics ont dû
se regrouper selon la théorie macro-hollandiste qu’« une grosse structure
est mieux gérée qu’une petite » : ce fut faux pour les super
régions et les super communautés de communes. Les offices HLM publics
furent privatisés et les grands groupes HLM se sont constitués. Ce processus
entamé en 2002 par Borloo, continué par Boutin prolongé par Sarkozy, ne fut pas
remis en question par Hollande. Macron, le parachève. Le peu d’échos et la
faible résistance du mouvement HLM s’explique par leur complicité. Emmanuelle
Cosse, ancienne d’EELV version hollande, présidente du mouvement HLM fit un
silence gêné. Comme pour les affaires de harcèlement de son mari Denis Baupin.
Après avoir ruiné les offices, il est facile de les accuser de mauvaise gestion comme les macronistes à Grenoble. Elisa Martin, présidente de l’office sauva la privatisation de l’office. Le maire de Grenoble ne voyait pas trop d’inconvénients.
Détruire un service public avant sa privatisation est indispensable. La bourgeoisie de gauche nous répète alors le fameux « il faut être réaliste, nous sommes la gauche réaliste, le public ne marche pas ! ». Jusque dans les années 80, un logement social était invendable ou alors pour un euro symbolique. A cette époque, les société anonymes HLM n’existaient pas, les banques ne faisaient pas main basse sur le livret A. Les banques ne pouvaient pas être actionnaires de SA HLM, les loyers HLM ne doublaient en 12 ans.
Le pire dans cette histoire est que -contrairement à la rumeur droitarde- le logement se finance lui-même et n’est pas perclus de subventions. Si des aides existent, elles sont incomparables aux financements du logement privé. La promotion immobilière concentrée sur la maison individuelle se voit lourdement assistée. Un logement nécessite des routes, des réseaux électriques, gaz, eau, épuration. Ces lourdes infrastructures sont socialisées. Pour aller au travail, l’habitant de maison individuelle voit ses aménagements de réseaux routiers, eaux, électriques, payés par beaucoup d’argent public. Les aides à la rénovation et aux énergies renouvelables profitent pour des milliards d’euros aux propriétaires. De plus, le logement HLM est le moins gourmand en matériaux et en espace que le logement privé. Il artificialise moins et coûte moins cher en impôts que la maison individuelle. Mais quand ce sont des propriétaires, les médias parlent d’aide, quand ce sont les locataires, il s’agit de l’assistanat !
Mais revenons à nos locataires.
La guerre ukrainienne a mis fin à l’énergie pas chère en Europe. Les factures énergétiques sont payées par les offices HLM. Ils répercutent les augmentations aux locataires avec un an de retard. Face à la flambée des prix de l’énergie et la proximité des élections, le problème de l’augmentation des charges fut mis sous le tapis. La décision a été prise de retarder le paiement de l’augmentation des charges locatives aux offices HLM. Les dirigeants des offices espéraient-ils un geste de l’état qui les lamine depuis 20 ans ?
Ils rêvent, ils ne sont pas une station de ski ! Si Mr Giraud, l’ancien député représentant du lobby de la montagne a su trouver des millions pour payer les factures électriques des stations de ski, les pauvres ne font pas partie de ses préoccupations. Les pauvres n’inspirent pas de craintes aux macronistes, que du mépris.
Huit années plus tard, les factures d’énergie ont flambé. Patricia se voit alors réclamer 800€ de régularisation, elle doit payer. Certains locataires doivent payer 1500 €. Si le plan d’isolation avait été réalisé, elle aurait vu sa facture baisser. Patricia et le climat s’en porteraient mieux.
Un mouvement de protestation est en cours sur les Hautes-Alpes. Soutenu par la France Insoumise locale, il proteste contre cette injustice totale. Le racket de 1 milliard a lieu chaque année. Il doit cesser. Il doit faire partie des priorités du Nouveau Front populaire.
Nous proposons de signer cette pétition : stop au Hold-up des HLM. Un vaste plan de rénovation doit être relancé, toutes les études sont dans les cartons.
Le silence politique de la gauche donne un sentiment d’abandon dans les classes populaires.
Les seules médiatiques protestations furent celles du très macronien président du BTP 05 ! Il protesta contre l’annulation du plan de rénovation des HLM, elle privait le secteur de nombreux chantiers.
Les entreprises du BTP sont très affectées par la baisse des constructions neuves. Elles seraient très heureuses de rénover les HLM comme le serait aussi Patricia. Depuis 2007, je me bats pour cette évidence, la rencontre du social et de l’écologie.
Pour l’instant, la seule chose qui a soulagé les locataires des HLM, c’est la baisse de 30 % des besoins de chauffage en montagne. La cause, le réchauffement climatique !
L’isolation des bâtiments permet aussi un meilleur confort l’été. De plus en plus de passoires thermiques deviennent invivables l’été, même à Gap. Les locataires fragiles, notamment les anciens, n’ont comme unique solution que d’installer une mauvaise climatisation portable et dépensent encore plus d’électricité.
L’indécence est totale de vouloir dépenser des milliards d’euros pour organiser les JO 2030 d’hiver et de faire payer des milliards aux locataires de HLM.
Cette indécence révèle bien le caractère Robin des bois des riches de Macron. Faire tomber cette injustice doit être une priorité pour tous les militants et élus du Nouveau Front populaire.
À l’heure où le gouvernement décide de rendre le chèque d’énergie non systématique et de supprimer les aides aux plans d’isolation des logements sociaux, les locataires doivent être défendus par les partis de gauche.
Dans un pays de 2,88 millions de millionnaires contre 700 000 il y a vingt ans, il est possible de trouver l’argent et de satisfaire les locataires des HLM et le président du BTP 05.
Il est urgent que les médias alternatifs s’emparent et médiatisent le scandale de la privatisation des HLM.
Plus d’une personne sur 6 vit en HLM. Le mal-logement et le prix du logement touchent la moitié de la population.
Il serait intéressant de connaître le nombre d’élus qui sont locataires à droite comme à gauche.
Ici dans les Hautes-Alpes, nous n’avons que des élus propriétaires, de droite comme de gauche.
Il est temps que les locataires se sentent défendus par les partis de gauche.
Cela passe par dénoncer ce scandale et proposer une vraie politique publique du logement !
Cette politique publique passe par la construction de HLM public à 100 %, un financement pérenne de plusieurs milliards d’euros par une taxation des AIRBNB, la taxation des patrimoines, le blocage des loyers, la taxation et la limitation du nombre des résidences secondaires. Et enfin une taxation réduite des travaux d’isolation des logements sociaux.
Toute proposition cosmétique n’est que de la com ou de la manœuvre.
Dans le logement comme dans l’isolation, on fait pour de bon ou on ne fait pas !
Source et lectures :
La marchandisation du logement social en France
Loi privatisant les HLM : pourquoi il sera bientôt encore plus galère de trouver un logement décent
André Castelli : « La privatisation de Valles Habitat est un désastre politique et social »
Mobilisation devant le Conseil départemental du Jura contre la privatisation des offices HLM