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lundi 22 novembre 2021

A quoi reconnait ‘on un syndicaliste efficace, honnête et combatif ?

 En Inde on dit qu’on reconnait un syndicaliste honnête et combatif quand on le retrouve battu à mort dans la rue en rentrant chez lui. En France, les mœurs sont différentes, on le reconnait quand il reçoit une convocation à entretien préalable à licenciement. 

Il est des syndicalistes qui on a la fois la combativité et la méthode. D’esprit frondeur, ils n’agissent pas en soldat de grosse machine, commandé par un général loin du champ de bataille, ils agissent en sniper, en petit groupe, efficaces, pragmatiques appuyant la ou l’injustice est la plus crasse, détricotant l’idéologie adverse, ridiculisant la propagande, s’appuyant sur les colères là ou elles existent, dynamisant la révolte et soufflant sur les braises. Souple, rapide, tenace, pas achetable, en direct, pas négociable car pas dans une bureaucratie syndicale, ces types sont une plaie permanente pour les dirigeants de grandes entreprises qui ont décidés de transformer un service public en major du CAC 40, un cauchemar absolu pour carriériste issus d’école de commerce ou de management.

Mais le pire de ce que l’on reproche est que non seulement ils revendiquent des meilleures conditions de travail mais il on le toupet de questionner l’utilité sociale du modèle de l’entreprise et de proposer un service public, bien commun au service d’une tache vitale pour tous l’électricité dans une logique d’équité et d’efficacité. Non seulement il propose, mais il démontre à longueur de médias l’inefficacité du modèle du « toutpourleprofit » et du managementparlatrouille.

 

Ils ne rêvent pas que de petites augmentations, il casse l’idéologie de leur hiérarchie. Cette hiérarchie est intimement persuadée que leur modèle est le meilleur. La meilleure preuve est que ce sont eux qui la portent, eux les meilleurs. Il attaque une foi religieuse. Pour eux c’est une faute grave.

Alors, en France, faute d’être en Inde ou en Colombie (et a ces détails on reconnait un état de droit à un état mafieux, ce qui n’est pas rien) vient la solution du licenciement pour faute.

Peut être que le tribunal cassera le jugement, et q’EDF sera condamnée plus tard comme le fut pour Véolia, le lanceur d’alerte Jean Claude Touly, peu importe, l’important est de virer le sniper.

Mr André Phillipe est convoqué pour un entretien préalable d’Embauche, nous les Gilets Jaunes du 05 avant lutter avec lui contre la privatisation des barrages et le dénonçons cette atteinte intolérable à la liberté du droit syndicale inscrit dans la constitution. Car si en France on de ne frappe pas à mort les syndicalistes encore le droit d’exercer ce droit peut couter son travail même dans une entreprise fondée par un communiste en 1946 pour fournir un service public de l’électricité et modèle du droit du travail….

Alors pour ceux qui le souhaite et peuvent venez  le deux décembre a Lyon soutenir Philippe André.

 

 


 Lettre de Mr André à son licenciement

Merci à l‘inspection du travail de bien vouloir faire suivre à madame Florence Landois…
 
Madame
 
Je ne vous connais pas.
J’ai reçu hier de votre part une lettre de convocation à entretien préalable, sans savoir le moins du monde, sincèrement, ce qui m’est reproché :
Toujours autant surpris qu’à EDF, « licenciement » soit remplacé par « mise à la retraite d’office », tellement plus poétique, n’est-ce pas ?
Etant détaché à plein temps depuis peu, et avec la liberté dont jouissent les syndicalistes dans notre pays, je me demande bien quelle faute impardonnable j’ai bien pu effectuer ?
Depuis hier midi, ça tourne en boucle, dans ma tête, et je ne trouve pas…
 
Ma requête : je souhaiterai pouvoir bénéficier d’une faveur, et venir avec un.e élu.e de la nation, de l’Assemblée Nationale et/ou du Sénat, idéalement des deux chambres ?
Merci d’avance pour permettre à la représentation nationale de pouvoir assister à la façon dont vous procédez.
L’essentiel de mon travail de ces derniers mois a consisté à défendre les intérêts du service public de l’électricité, donc indirectement d’EDF.
Et la plupart du temps, en lien avec le parlement comme avec les ministères.
 
Comprenez également (et là, je reprends ma casquette de porte-parole fédéral de SUD-ENERGIE) que ne pas fournir au salarié accusé le motif de sa convocation préalable à licenciement (ce qui n’est pas rien, quand même), ne pas connaitre la faute qu’on vous reproche complique objectivement le choix du témoin autorisé à inviter…
Pour illustrer mes propos, dans la situation qui est la mienne :
  • si c’est un tract que vous me reprochez, j’aurais envie de solliciter un porte-parole fédéral de SUD, Jérôme Schmitt ou Anne Debrégeas, en l’occurrence ;
  • si c’est notre position lors de la PPL Gontard du 14 octobre dernier au Sénat, puisque favorable à ce qu’on extraie de l’entreprise les barrages qui constituent une véritable vâche à lait, j’aurais envie de solliciter monsieur le sénateur écologiste Guillaume Gontard ;
  • si c’est le travail que je fais avec nos femmes de ménage bafouées, comme notre inspectrice du travail, plus de 5 mois après le courrier de cette dernière (et plus de 14 mois après ma première demande accompagnée des extraits du code du travail qui l’exigent), nos femmes de ménage n’ont toujours pas de chauffage que vous leur devez dans leur local vestiaire, ni le moindre point d’eau adjacent, j’aurais envie de solliciter monsieur le député insoumis François Ruffin ;
  • si c’est le procès que nous avons gagné contre vous au TGI (dont l’appel est imminent) avec votre façon illicite de refuser les 32 heures collectives et la semaine de 4 jours aux salariés de votre unité, comme le libre accès au temps choisi, les 14 procès aux prud’hommes que les salariés vous ont intenté depuis, avec l’aide de SUD (illicite parce que contraire à l’accord national de 1999 toujours en application à EDF), ou en lien avec la façon tout aussi illicite dont vous avez modifié de force et contre leur gré le contrat de travail de plus de 120 personnes le premier août 2021, j’aurais envie de solliciter mon avocat du travail, maître Pierre Janot ;
  • si c’est en lien avec mes convocations par l’assemblée pour des auditions qui par la commission des affaires économiques, ou par celle de l’aménagement du territoire, j’aurais envie de solliciter madame la députée socialiste Marie-Noëlle Battistel ;
  • si c’est en lien avec votre réorganisation délétère, refusée par 95% de vos agents, et mettant en danger de mort économique notre unité, la DTG, j’aurais envie de solliciter monsieur Rémy Garçon, plus grand expert hydro climato du groupe EDF que vous venez de jeter comme une vieille chaussette pour avoir travaillé avec SUD (dans nos convocations à l’assemblée comme au sénat, ou dans les ministères) et pour avoir dépassé l’âge limite de 60 ans, j’aurais envie de solliciter monsieur Rémy Garçon
  • si c’est en lien avec mes convocations par le sénat pour des auditions par la commission des affaires économiques, j’aurais envie de solliciter madame la sénatrice républicaine Martine Berthet ;
  • si c’est en lien avec nos rendez-vous réguliers avec le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, j’aurais envie de solliciter madame la ministre d’Etat Barbara Pompili ;
  • si c’est en lien avec nos rendez-vous réguliers avec le Ministre de l’Economie et des Finances, j’aurais envie de solliciter monsieur le ministre d’Etat Bruno Le Maire ;
  • si c’est en lien avec les deux alertes danger grave et imminent pour l’ensemble du personnel de la DTG (que notre directrice, madame Emmanuelle Chevennement, harcèle, violente, et détruit, avec des indicateurs clairs et des appels au secours de plus en plus inquiétants et répétés de personnes de plus en plus jeunes et alignées), que j’ai déposées les 10 mai et 18 novembre de cette année, pour éviter que la petite DTG ne devienne un nouveau petit France Telecom, j’aurais envie de solliciter madame la sociologue du travail Danièle Linhart ;
  • si c’est en lien avec le travail de fond que nous menons contre votre projet délétère Hercule et contre l’absurdité de la mise en concurrence du marché électrique, avec des journalistes du Monde Diplomatique, de Médiapart, de Libé, du Monde, du Canard Enchaîné, de Politis, de Reporterre, de Bastamag, de Blast, du Figaro, du Point, de France Télévision, de Radio France, de RTL ou d’ailleurs (pardon pour ceux que j’oublie), j’aurais envie de solliciter la ou le journaliste dont la collaboration pose problème ;
  • si c’est en lien avec l’une des 80 projections / débats de l’excellent documentaire « Barrages, l’eau sous haute tension », de Nicolas Ubelmann, qui pourtant défend les intérêts du service public de l’hydroélectricité, que j’ai co-animées avec mes ami.e.s de la CGT, experts, ou élu.e.s ou anciens cadres dirigeants de l’entreprise, j’aurais envie de solliciter un ancien directeur d’EDF Hydro, Jacques Masson ou Jean-François Astolfi, ou directement le réalisateur Nicolas Ubelmann, pour qu’il puisse raconter comment vous lui avez refusé l’accès aux barrages et usines alors qu’il défendait vos intérêts…
  • tant de sujets à travailler pour vous combattre, que les idées me manquent…
  • … je sèche… mais cette liste n’est nullement exhaustive.
 
Tristement habitué de vos méthode, je sais également que lors de mon conseil de discipline, du fait que mon syndicat n’est pas représentatif nationalement, ni mon avocat, ni mon syndicat, ni moi-même pourrons assister à ce conseil de discipline. Là encore, votre pratique est-elle réellement compatible avec les droits les plus élémentaires de chaque femme et de chaque homme dans notre pays ? En tout cas, c’est bien comme ça que ça s’était déroulé lors de votre première convocation…
 
Au bout de 4 démarches disciplinaires identiques me concernant, d’une convocation ubuesque chez le procureur de la république et de tant d’autres brimades de votre part, en seulement 9 années d’exercice du syndicalisme, avec le plus grand sérieux et la plus grande dévotion, tous deux reconnus comme jamais par les agents que nous représentons, aux vues de ce que vous générez comme burn-out chez la plupart de mes homologues SUD, et je pense en particulier aux délégués syndicaux de Chinon, de St-Alban, de Dampierre, de Chooz… que vous avez littéralement mis sur la touche parce que lanceurs d’alerte, et au document édité par EDF en mars 2012, sur les presses de l’imprimerie Frazier à Paris, dans lequel il est clairement écrit que SUD est le syndicat à combattre, me permettez-vous de vous demander au bout de combien de blâmes obtient-on une image pieuse ? Je précise ici que l’humour, aussi maladroit soit-il, est la politesse du désespoir, n’est-ce pas ? Cette question ne demande pas réponse…
 
Je finirai ce triste mail en vous disant que bien vite, dans mes fonctions, j’ai compris l’animosité que vous portiez à mon syndicat et à notre travail pourtant orienté vers l’intérêt général, la défense des salariés, statutaires comme sous-traitants (illégalement de plus en plus nombreux, puisque contraire à l’article 4 du notre statut des IEG), et le risque que je prenais et faisait prendre à ma famille en continuant de vous combattre, bec et ongle. Eh bien, sachez, madame, que depuis mars 2018, j’ai atteint la plus totale résilience à votre égard, et que quelle que soit la peine que vous saurez m’infliger dans les semaines qui viennent pour une faute dont je n’ai à ce jour, toujours aucune connaissance, vous ne nous atteindrez pas, ni moi, ni mes proches.
 
Bien à vous, et dans l’attende de votre faveur : me permettre 1/ de savoir qui je dois solliciter en m’explicitant la faute supposée commise et 2/ de me faire accompagner qui par un.e expert.e, qui par un ancien dirigeant de l’entreprise, qui par un.e ministre, qui par un.e syndicaliste, qui par un.e député.e, qui par un.e sénateur.trice, pas forcément salarié de l’entreprise, du coup.
 
Merci d’avance pour votre bienveillance et votre diligence, et recevez, madame, l’expression de mes salutations les plus solidaires, et permettez-moi de vous souhaiter un très beau week-end,

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