Du photovoltaïque, oui, mais pas sur des terres agricoles, naturelles ou forestières !
Dans le Buech comme ailleurs, détruire la biodiversité et des espaces naturellement
fixateurs de carbone, pour faire de l’électricité « décarbonée » est un non-sens !
Les signataires de ce document, habitants du Buech, vous invitent à les rejoindre pour défendre nos communs, ces terres considérées à tort comme « pauvres et improductives » alors qu’elles sont une source de biodiversité, ces terres vivantes que certains voudraient convertir en support inerte pour la production d’électricité photovoltaïque.
Nos cibles ne sont pas les élus, municipalités, collectivités et administrations locales,
agriculteurs, etc. qui se sont laissé tenter par le revenu issu de la location de leurs terres pour des installations photovoltaïques à grande échelle. Nous souhaitons au contraire participer à la fédération de tous ces acteurs, qui partagent le même pays, les mêmes paysages et les mêmes sols, pour bâtir une force de résistance locale à ces opérations.
D’autres solutions existent, pour le climat, pour la biodiversité et pour les habitants de notre
région. Explications :
Les constats
Oui, le dérèglement climatique (dont les premières manifestations sont flagrantes) est
un problème majeur et la France est en retard sur ses engagements.
Oui la chute de la biodiversité s'accélère et est un problème tout aussi majeur.
Oui, il est donc impératif de cesser l'artificialisation de nos sols.
Oui, la politique de nos gouvernants nous mène droit dans le mur.
Oui, il est impératif de réduire rapidement l’impact de l’homme sur la planète en
engageant une large réflexion sur nos besoins essentiels compatibles avec ses limites.
Oui le photovoltaïque est l’un des moyens de produire une énergie décarbonée (ou presque) et avec un moindre impact sur l’environnement.
Oui c’est un moyen de réduire progressivement la part du nucléaire, ruineux (Cf l'EPR) et dangereux.
Oui, la fourniture clefs en main de centrales à énergie renouvelable par des entreprises privées est devenue un business florissant et bien au point auprès des particuliers et des collectivités, en minimisant souvent les impacts négatifs.
Nous refusons cependant de voir massivement artificialiser les sols, ici et ailleurs, au nom de cette lutte climatique. En effet :
Les sols sont un bien commun très précieux (source de l'essentiel de notre alimentation et énorme puits de carbone notamment) et une ressource non-renouvelable à l'échelle humaine (il faut un siècle pour constituer naturellement 1 cm de sol).
Ce n’est pas nécessaire car il existe au niveau national suffisamment d’espace sur les toitures, les zones de friche et les parkings pour installer la puissance photovoltaïque suffisante (1). Localement cela reste à étudier en détail (3).
Les principaux motifs de la prolifération de ces installations dans les alpes du sud et notamment dans le Buech sont le bon ensoleillement, l’accessibilité du foncier et l’ « acceptabilité sociale » (2), qui permettent de générer d'importants profits pour les opérateurs privés.
Cela soumettrait nos territoires à la convoitise des grandes entreprises prédatrices dans une nouvelle forme de colonialisme ; l’essentiel des profits générés quitte notre territoire et l'énergie produite ici est principalement consommée dans les grandes agglomérations du sud de la région (avec pour conséquence annexe de nouvelles lignes à haute-tension), les capacités de production installées allant bien au-delà de nos besoins locaux.
En revanche nous demandons :
Qu'en premier lieu soient favorisées les initiatives, à l'échelle régionale et nationale,
pour réduire les besoins en énergie, ce qui est indispensable.
D'inciter à la généralisation à grande échelle de l'autoproduction dans les lieux
d'habitation (individuels et collectifs), les entreprises, les administrations .....
Que soient encouragées et accompagnées les initiatives citoyennes de financement et de création de centrales photovoltaïques comme alternatives à ces projets « hors sol » (notamment les projets collectifs, comme les centrales villageoises).
Que soit effectué un inventaire précis des zones artificialisées propices au
photovoltaïque dans les départements (3) de la région.
Que les décisions prises en matières énergétiques, environnementales et en général de
tout ce qui touche au patrimoine commun des municipalités, soient arbitrées, pour plus
de transparence, sous forme de démocratie participative.
Voici donc en quelques mots ce qui nous préoccupe : voir disparaitre nos paysages et les gites offerts encore à la biodiversité sur notre territoire : un commun que nous voulons continuer à partager avec le reste du monde vivant et non livrer à l’appétit de quelques-uns.
Tout ceci doit être expliqué en détail point par point. Nous le ferons ici et là lors des réunions et des visites « botano-voltaïques » que nous organiserons encore, en partageant connaissances et expertises pour agir plus efficacement.
En même temps nous avons besoin de vos informations sur les projets photovoltaïques à l’étude dont vous auriez connaissance pour en établir une carte participative (4).
Et nous continuerons à nous opposer à tous les projets photovoltaïques sur les terres naturelles, agricoles ou forestières, existants et à venir dans le Buech et ailleurs en PACA, par tous moyens à notre disposition.
Signé : Un collectif citoyen éphémère mais qui espère ne pas le rester ….
(1) Il est prévu dans le schéma régional d’aménagement PACA (SRADDET) 500 MW d’installation Photovoltaïque dans le Buech d’ici 2050, ce qui correspondrait au défrichement de 1500 ha de terres. Si l’ « acceptabilité sociale » le permet, rien n’interdira de poursuivre au-delà de cet objectif. En outre une ligne THT de 225000 volts est envisagée pour desservir le Rosanais.
(2) Cette acceptabilité sociale, veut dire « passivité d’une population rare et vieillissante », et « communes en grand besoin financier du fait de la baisse des dotations globales ».
(3) La SAPN (société alpine de protection de la Nature, Gap) demande aux autorités de faire réaliser une cartographie des terrains artificialisés propice au photovoltaïque. Une demande de bon sens, adressée à la préfecture est restée sans réponse à ce jour. Une telle étude permettrait d’orienter les investisseurs vers des projets certes un peu moins rentables mais plus en cohérence avec les besoins du territoire et le respect de l’environnement.
(4) Chacun est invité à participer à l’établissement d’une cartographie des projets photovoltaïques dans le Buech (celle-ci a été initiée lors du débat sur ce sujet organisé à Montclus le 16 octobre) ; chacun peut y contribuer en questionnant son entourage sur les projets (ou les bruits de projet), en relisant les comptes rendus des conseils municipaux (parfois quelques lignes seulement !), en consultant les demandes de permis de construire à l’affichage municipal, en s’intéressant aux modifications du Plan Local d’Urbanisme (nb : les modifications du PLU peuvent concerner plusieurs motifs, il faut donc trier, éplucher), aux consultations publiques…
Quasiment toutes les communes et les grands propriétaires du Buech ont été sollicités par des opérateurs (Engie, Boralex, Valorem, Neoen, Mulliez, CNR, …). Pendant les négociations, les informations sont souvent protégées par des clauses de confidentialité. Le processus est discret et il est difficile d’être informé à temps pour réagir.
Pour nous écrire : soupesetbobines@orange.fr (objet : Photovoltaïque)
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