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jeudi 27 février 2020

PESTICIDES

PESTICIDES
PAR IVAN DU ROY
Son témoignage est accablant. Catherine habite un petit village de l’Ouest de la France. Sa maison est abritée au creux d’un vallon, bordé de champs. Elle raconte à Basta ! comment elle et sa fille, Enya, ont été empoisonnées, depuis au moins 8 ans, par divers pesticides, dont certains censés être interdits. Cherchant à obtenir la liste des produits épandus près de chez elle, elle se fait littéralement balader par l’État et ses agences pourtant chargés de protéger la santé des citoyens. L’État ne veut pas savoir.
➡️L'histoire de Catherine et Enya, empoisonnées aux pesticides dans l’indifférence de l’État

Car les intérêts en jeu sont énormes : les géants de la chimie – Bayer (qui a racheté Monsanto), Syngenta, BASF… – ont vendu pour 4,36 milliards d’euros de pesticides hautement toxiques en 2018, selon les données révélées récemment par Greenpeace. Ces molécules toxiques empoisonnent les sols, les eaux d’écoulement, les nappes phréatiques mais également l’air que nous respirons, comme l’a récemment montré une autre organisation environnementale, Générations futures.
Ces fabricants de pesticides militent activement contre toute interdiction de leurs produits. Pour eux, cela constituerait une « atteinte excessive à la liberté d’entreprendre protégée par la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 », dixit le lobby français de l’agro-chimie, l’UIPP. Cela nuirait au « commerce international », prévient son alter-ego européen (l’European Crop Protection Association). Et les personnes malades ? Et la crainte que nos enfants soient un jour à leur tour empoisonnés ? Des « messages émotionnels employés par certains groupes » qu’il faudrait « contrer », écrivent les firmes Bayer et Syngenta dans une lettre envoyée au commissaire européen chargé de la santé et de la sécurité alimentaire, et révélée par l’ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory.
Catherine et sa fille ne sont cependant pas seules face à leurs empoisonneurs. Elles sont aidées par un collectif qui se bat aux côtés de ces sacrifiés de l’agrochimie, dont les premiers concernés, les agriculteurs et agricultrices, piégés par un modèle qui les tue à petit feu.
➡️Le combat d’un collectif contre les pesticides, et pour transformer les campagnes

Partout, la colère monte : plus d’un million de personnes ont signé l’appel « Nous voulons des coquelicots », demandant l’interdiction de tous les pesticides de synthèse. Basta ! était aussi allé à la rencontre de ce « lobby heureux qui permet de lutter concrètement contre la crise écologique. ». Des maires et des associations demandent que les pesticides ne soient pas épandus à moins de 150 mètres des habitations. Le gouvernement s’est contenté de cinq petits mètres minimum. Cette décision est contestée devant le Conseil d’État.
➡️Le mouvement des Coquelicots, un « lobby heureux » pour un monde débarrassé des pesticides
Combien de Catherine et d’Enya, combien d’allergies, de problèmes respiratoires, de cancers, de déficiences du système immunitaire faudra-t-il ? L’ensemble de la planète est concernée : ces pesticides hautement toxiques sont encore plus massivement épandus ailleurs, au Brésil, en Inde et aux Etats-Unis notamment. « Aujourd’hui, tous les Antillais sont contaminés par le chlordécone, même ceux qui ne travaillent pas sur les plantations de bananes », rappelle le philosophe martiniquais Malcolm Ferdinand.
➡️« L’abolition de l’esclavage n’a pas mis fin à l’écologie coloniale »
« Sans révolte sociale, ce système perdurera. Il faut que se lève une contestation radicale », estime le journaliste Fabrice Nicolino, qui s’est penché sur un nouveau fongicide toxique, les SDHI.
➡️SDHI, ces pesticides épandus massivement qui s’attaquent à tous les êtres vivants


Sans attendre l’interdiction des pesticides les plus dangereux, des alternatives pour les bannir sont d’ores et déjà possibles et mises en œuvre dans de nombreuses communes, comme Basta ! et Politis vous le racontent dans leur hors-série commun, « L'Atlas des alternatives communales ».

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