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mardi 28 février 2023

JO 2034: C'EST MAINTENANT QU'IL FAUT LUTTER !

 LA RÉGION PACA CANDIDATE POUR LES JEUX OLYMPIQUES D'HIVER 2034 : C'EST MAINTENANT QU'IL FAUT LUTTER !

Renaud Muselier réaffirme sa volonté de voir les Jeux Olypiques d’hiver se tenir dans la région PACA en 2034. Une décision qui serait catastrophique sous plusieurs regards. Mais rien n’est écrit : la lutte contre les jeux peut encore être gagnée !



 
Début janvier 2023, le président de la région PACA Renaud Muselier réitérait son intention de candidater aux Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) d'hiver 2034 ou 2038[1]. Il l'avait déjà exprimé un an plus tôt, également à l'occasion de sa conférence des vœux à la presse. Des discussions semblent être en cours entre le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) et la région.

 Si les Alpes du Sud accueillent réellement les Jeux Olympiques et Paralympiques dans dix ans, c’est une catastrophe sociale, écologique et démocratique qui se prépare pour la région. Et le problème, c’est que c’est possible…

De moins en moins de territoires souhaitent accueillir les Jeux d’hiver, à tel point que le Comité International Olympique (CIO, organisation mafieuse digne de la FIFA) a repoussé d’un an la date limite des candidatures pour les JOP 2030. Étaient en lice : Sapporo, Salt Lake City et Vancouver. Sauf que le Japon est en plein scandale de corruption lié aux JOP d’été 2021, et la ville de Sapporo, sous la pression populaire, a préféré « geler » sa candidature pour le moment. Vancouver s’est retiré il y a quelques semaines, suite au veto du ministère du Tourisme, de la Culture et des Sports de Colombie Britannique : cela coûterait trop cher à la région[2]. Salt Lake City n’est pas une candidate idéale pour le United States Olympic and Paralympic Committee,   car les JOP seraient organisés deux fois de suite aux États-Unis (après Los Angeles en 2028). Le 8 février dernier, la Suède a fait savoir qu’elle envisageait une candidature, mais ce projet reste incertain[3].

 La réticence de plus en plus grande des régions à accueillir les JOP d’hiver est une bonne nouvelle pour le mouvement international anti-olympique[4], mais pas pour la région PACA, qui risque bel et bien de devenir ville hôte des JOP d’hiver tant les candidates se font de plus en plus rares. D’autant plus que le CIO commence pour la première fois à évoquer l’idée d’une « rotation » des Jeux Olympiques d'hiver au sein d’un nombre restreint de régions hôtes, qui devraient avoir « des conditions climatiques fiables »[5] : les Alpes du Sud pourraient alors devenir l’un des lieux privilégiés des Jeux d’hiver…

 QUELLES SERAIENT LES CONSÉQUENCES DES JOP EN RÉGION PACA ?

 La candidature de Paris aux JOP 2024 a été entouré de tout un discours sur les Jeux « les plus verts de l’histoire », léguant un « héritage social » pour les habitant-es de Seine-Saint-Denis. Ce social- et green-washing se répétera sans doute pour la candidature de PACA. Mais un évènement d’une telle ampleur, impliquant des investissements publics et privés aussi massifs, provoque des saccages sociaux, écologiques et démocratiques irréductibles.

 

 En termes de budget public, les JOP n’ont jamais été et ne seront jamais bénéfiques. Après les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver d’Albertville en 1992, la ville a connu un grand déficit budgétaire (le budget des JOP est passé de 3 milliards prévus à 12 milliards de francs). La politique d’austérité qu’a connu la ville les vingt années suivantes a provoqué des fermetures de services publics et une hausse de la taxe d’habitation de 40 %. Accueillir les JOP d’hiver coûte extrêmement cher au territoire-hôte, et il faut croire fermement à la théorie du « ruissellement » pour défendre l’idée d’un développement économique pour les habitant-es. Albertville en tout cas l’attend toujours…


 Les JOP seront l’occasion de « moderniser » les infrastructures touristiques de la région. Il s’agit là d’un type de modernisation à taille olympique, qui accapare les terres et les ressources, souvent au détriment des populations locales les plus précaires, pour un usage limité aux quatre semaines des Jeux ou au mieux réinvesti partiellement pour le loisir des élites. Les Jeux d’hiver impliquent aussi la construction de voies routières pour relier les infrastructures entre elles, voire de nouvelles lignes de train à grande vitesse ou même des aéroports (c’est le souhait par exemple de l’actuelle ministre du tourisme italienne Daniela Santanché pour les prochains Jeux d’hiver à Cortina[6]).

 Pour ce qui est des sites sportifs, les JOP d’hiver impliquent nécessairement de nouvelles constructions, même si la région PACA en a déjà quelques unes. La piste de bobsleigh, les tremplins à ski, la patinoire olympique, font par exemple partie des constructions incontournables et particulièrement polluantes. Pour beaucoup d’anciennes villes hôtes, ces infrastructures sont devenues des « éléphants blancs », des constructions démesurées devenues inutiles et ayant détruit, bétonné et pollué d’immenses pans de montagne. Et c’est sans parler des dégâts écologiques qui vont avec : la neige artificielle (à Pékin en 2022, les athlètes ont skié sur une neige à 100 % artificielle), les produits chimiques pour le bobsleigh…

 Il faut savoir aussi que les JOP permettent de déroger au droit commun sur les projets d’urbanisme.  L’accueil des JO nécessite l’adoption de la loi olympique par le pays hôte pour ensuite signer le contrat ville hôte avec le CIO. Celle-ci implique que les constructions estampillées olympiques pourront être mises en œuvre en passant par des procédures accélérées de consultation et de débat public. Les recours démocratique sur un projet d’urbanisme par les habitant-es devient extrêmement difficile… C’est donc l’occasion de passer des projets contestés, comme le prolongement de l’Autoroute entre Grenoble et Sisteron.

 Enfin, les JOP sont toujours l’occasion d’un bond en avant en termes de déploiement sécuritaire sur le territoire. Et évidemment, les transformations législatives et technologiques initiées pour les JOP restent après l’évènement… Au Japon, la reconnaissance faciale a pu être autorisée grâce aux JOP de Tokyo prévus en 2020. En France, la loi Sécurité Globale et la loi Olympique 2 sont dans le même sillage : il faut autoriser « l’expérimentation » de technologies sécuritaires sur le territoire en amont de 2024, pour qu’elles soient techniquement prêtes et juridiquement approuvées pour les Jeux. Pour les industries des technologies sécuritaires, les JO sont une vitrine pour leurs jou-jous à l’international. Pour les villes, c’est l’occasion inespérée d’un quadrillage plus serré des espaces publics (la ville de Saint Denis passe de 90 à 400 caméras de surveillance pour 2024).

 Il est possible de lutter contre l’arrivée Jeux Olympiques et Paralympiques, et de gagner. Par contre, ces victoires ont toujours eu lieu avant que la ville ou la région soit choisie comme hôte, c’est-à-dire pendant la phase de candidatures. Récemment, des collectifs à Hambourg ont réussi à arrêter la candidature de leur ville aux JO 2024. Les habitant-es des Pyrénées-Catalognes, de leur côté, ont créé une mobilisation tellement massive que la région s’est retirée de sa candidature aux JO d’hiver 2030. Une fois que la région est choisie par le CIO, les luttes victorieuses existent mais sont difficiles et n’arrêtent pas la machine (Jardins d’Aubervilliers[7]).

En clair : même si 2034 paraît loin, c’est maintenant qu’il faut lutter !


 Signé
SACAGE 2024

 

PS : si cette lutte vous parle et que vous avez des questions, n’hésitez pas à contacter le collectif Saccage 2024, en ce moment en lutte contre la préparation et la tenue des Jeux Olympiques de Paris en 2024 : https://saccage2024.noblogs.org/a-propos. Il y a aussi des collectifs en lutte à Milan, qui accueille les prochains JO d’hiver en 2026.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci Faut donc préparer un affichage
Et la caisse nécessaire ! Comment commander les affiches et quel prix