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mardi 8 mars 2022

Le tourisme c'est de l'énergie pas chére: « On va se priver de vacances » : quand le litre de carburant dépasse 2 euros à la pompe en Europe

 Source:

  • AFP
  • parue le

 

À Paris, Francfort ou Londres, nombre d'automobilistes furieux ou fatalistes ont payé deux euros ou plus leur litre de carburant lundi, un niveau jamais vu, conséquence de la guerre en Ukraine qui a fait flamber le prix du pétrole.

Les taxis par exemple préfèrent arrêter de rouler à vide, comme ce chauffeur rencontré près du boulevard périphérique à Paris, qui dit rouler 200 kilomètres par jour. "La seule chose que je puisse faire, c'est limiter les circulations à vide", explique Aziz Brahmi, 38 ans, blasé. "On attend que les clients viennent à nous et on ne les cherche plus."

À Londres, le même phénomène a été observé : les 10 000 fameux taxis noirs de la capitale, qui roulent au diesel, préfèrent attendre. Colin, coursier londonien de 55 ans, est directement touché, avec un plein devenu plus cher et des revenus qui n'augmentent pas. Désormais, il préfère "marcher plutôt que de continuer à perdre de l'argent" face aux prix anglais: 1,61 livre par litre lundi dans sa station-service, soit presque 2 euros.

Les prix des carburants augmentent en continu depuis dix semaines. En France, le sans-plomb 95 a dépassé 1,88 euro en moyenne la semaine dernière. Le litre de gazole a bondi de 14 centimes en une semaine, et coûte désormais 1,8831 euro le litre en moyenne. Mais il ne s'agit que d'une moyenne nationale : à Paris ou sur les autoroutes, les prix dépassent déjà allégrement 2 euros par litre.

Souvent le diesel coûte dorénavant autant que l'essence, comme en Suède où les prix sont les plus hauts enregistrés en Europe. Lundi, le prix du gazole y était signalé au-delà du seuil record des 25 couronnes (2,31 euros) par litre dans de nombreuses stations du royaume. Mêmes hausses mécaniques en Allemagne, où le litre de Super E10, équivalent du sans-plomb 95, coûte désormais en moyenne 1,827 euro, et le gazole 1,756 euro.

Transports en commun et vélo

À la pompe, Sébastien Boudineau, Parisien de 38 ans, fait grise mine : il vient de payer 77 euros pour 38 litres de gazole. Habitant en Ile-de-France, "dans la campagne éloignée", il est employé dans une entreprise d'ascenseurs à Paris. Pour lui, la voiture est indispensable. "C'est un budget en plus, moins d'argent sur la paie et surtout moins de sorties pour compenser cette hausse."

Idem pour Abdellatif Helaoui, ambulancier de 28 ans qui parcourt chaque jour "plus de 25 kilomètres pour venir travailler". "C'est un budget qui fait dans les 200 euros par mois. Alors on va se priver d'autre chose, peut-être de vacances." De son côté, Micheline Pouriel, retraitée de 91 ans, n'a pas encore abandonné le volant mais y songe face à une situation qu'elle juge "catastrophique et démentielle".

"On constate, selon les points de vente, des baisses de 5 à 10% des ventes. Les gens voyagent moins, prennent les transports en commun, font du covoiturage", rapporte Francis Pousse, représentant des stations-service françaises, à l'AFP. "Il peut y avoir des ajouts d'éthanol (dans les voitures à essence). La tentation est grande", indique-t-il.

Certains au contraire relativisent, comme dans cette station près de Francfort en Allemagne. Alexandra Koch, employée de 37 ans venue faire le plein de son SUV, se dit prête à assumer ces augmentations successives. "Si ces prix sont la contribution que je peux apporter à notre indépendance vis-à-vis de la Russie, alors, je suis prête à le faire", assure-t-elle.

Avantage de la vie en zone urbaine, vélo, bus ou trains peuvent parfois y remplacer la voiture individuelle. "En ville, je prends maintenant les transports en commun au lieu de la voiture, à cause des prix. Parce qu'un supplément de 30 euros par réservoir plein, ça fait mal", raconte Marco Senfter, 39 ans, barman, dont l'Audi est restée au garage. Marius Scheidemann, 23 ans, paysagiste, garde sa voiture pour son travail mais essaie de passer au vélo pour ses loisirs... Mais pas pour faire ses courses. "Sinon j'essaie déjà de rouler maximum à 100 km/h sur autoroute", ajoute-t-il, une solution pour réduire sa consommation quand on ne peut pas réduire ses kilomètres.

lundi 24 janvier 2022

La ruine du service public de l’électricité ou le choix du noir et de l'accident.

« Toujours lutter contre les conséquences, jamais contre les causes. » C’est le slogan secret d’Emmanuel Macron dans toutes les matières. Après l’hôpital, voici l’électricité. Le prix de l’électricité s’envole, Macron ruine l’État et EDF, sans toucher aux mécanismes qui ont produit ce résultat. Les conséquences risquent d'être d'un noir absolu...

 
La ruine du service public de l’électricité ou LE CHOIX DE L’ACCIDENT

Petit préambule sur cet article sur l’énergie

Avant, on parlait peu de l’énergie. À mesure que nos ressources se tarissent, le débat sur l’énergie fait rage. Mais il existe des absents de cet indispensable débat : les techniciens de l’énergie, ceux qui construisent, réparent, bref ceux qui font qu’on en a ! C’est comme si on débâtait de l’agriculture, sans jamais donner la parole aux paysans. Les philosophes en parlent, les journalistes, les experts qui n’ont jamais fait autre chose que de l’Excel, les professionnels de l’internet, les fous de réseaux sociaux, les youtubeurs toutologue, le tout avec beaucoup de rhétorique et pas de pratique. Un livre paru dans les années 2000, analysait les « décisions stupides ». Il définissait qu’une décision est stupide, quand elle nuit à beaucoup de personnes, mais aussi à celui qui l’a prise. Il racontait comment la NASA avait lancé la navette spatiale alors que tous les techniciens savaient qu’a -2 °C elle allait exploser. Il passait en revue les décisions stupides qui menaient à la catastrophe, alors que les risques étaient certains. Il remarquait que l’éloignement du terrain provoquait une sous-estimation des risques et des croyances et une incompréhension des problèmes techniques. La catastrophe de Tchernobyl fut provoquée par une décision stupide d’un directeur. Sur le terrain, personne ne voulait faire cette expérimentation, c’est-à-dire emballer la réaction d’un cœur nucléaire en coupant la sécurité. Les philosophes parlent aux philosophes, les sociologues aux sociologues, les techniciens aux techniciens. Vous entendrez, sur les médias de droite ou de gauche (sic), des experts, chercheurs, universitaires, sociologues, élus, responsables, décisionnaires mais jamais de techniciens. Voici de manière confidentielle, la parole d’un technicien des renouvelables, qui parle avec d’autres techniciens du nucléaire….

« Toujours lutter contre les conséquences, jamais contre les causes. »

C’est le slogan secret d’Emmanuel Macron dans toutes les matières. Après l’hôpital, voici l’électricité. Le prix de l’électricité s’envole, Macron ruine l’État et EDF, sans toucher aux mécanismes qui ont produit ce résultat. Les causes sont l’instauration d’un marché spéculatif dans l’électricité et la conversion d’EDF en multinationale. Spéculer sur un marché électrique, où le stockage est nul est stupide. C’est la certitude de faire faire au prix des montagnes russes. L’offre doit correspondre, à la seconde, à la demande : pas de rupture de stock !  Dans « l’idéologie de la loi du marché », ce conte pour enfant, en cas de pénurie, le prix monte. Dans cette légende, de plus en plus d’investisseurs se lancent dans la production et, finalement, l’offre d’électricité augmente. Dans la vraie vie, c’est différent, une centrale de production ne se construit pas en peu de temps ! Mais il faut l’avouer, c’est pratique, les théories. Souvent, en pratique, les théories ne marchent pas, ce qui devrait les rendre caduques, sauf si cette théorie est une croyance religieuse. La théorie de la loi du marché est une croyance religieuse. En pratique, c’est vérifié, elle ne fonctionne pas du tout. La sainte loi du marché efficient est une croyance fondamentaliste, et cela empêche toute remise en question, même quand le réel frappe a la porte, (en psychologie on appelle ça de la dissonance cognitive). Pourtant, le problème est basique, le prix du marché de l’électricité est le prix de la centrale électrique qui arrive au dernier moment, en bout de chaîne, soit la centrale au gaz :  le prix de l’électricité est fabriqué par le prix du gaz ! Peu importe que l’essentiel de la production, en Europe, ne soit pas faite par du gaz, c’est le prix du gaz qui compte. Alors, comme le gaz, russes sont les montagnes ! Vladimir a bon jeu de jouer avec la vanne du robinet ou de souffler sur les braises géopolitiques pour faire monter ou baisser le wagonnet du prix. Basique…

 Dans un contexte de yoyo tarifaire, celui qui désire investir dans la production électrique du mal à y voir clair. Seuls les joueurs de casino s’y risquent et ceux-là ne manquent pas, on leur ouvert un casino avec des règles sympathiques : « Face tu gagnes, pile l’État perd ». Pourtant, la production d’électricité n’est pas un métier de joueurs. Elle demande rigueur, prévoyance, planification, des temps longs. La production d’électricité et sa distribution est technique, rien de bien excitant. Elle demande de lourds investissements sur des décennies (30 à 40 ans) et le taux d’intérêt de l’emprunt est ce qui fait le prix de la centrale. Emprunter à 1 % ou 9 % cela change tout, une centrale qu’elle soit nucléaire ou renouvelable, coûte 4 fois plus cher a 9 % qu’à 1 %. Mais quand le prix change toutes les heures, quand il est impossible de connaitre la météo du prix à plus de trois jours, et quand il faut investir pour 40 ans, le banquier, l’investisseur demande le max, 9 %! Et puis, les adeptes de la religion du marché spéculatif n’aiment pas les temps longs : ils aiment les raids spéculatifs, les retournements d’alliance, les décisions qui surprennent le marché. La « Win », ce n’est pas laborieux, les écoles de commerce leur apprennent qu’ils peuvent faire n’importe quel métier, et changer de poste ou de métier tous les deux ans. La constance du jardinier ne fait pas partie de leur compétence. La « Win » ne parie pas sur 40 ans ! Pourtant, la production d’énergie d’un pays, d’un continent, nécessite la constance d’un jardinier, le sérieux d’un ingénieur. Remettre le choix de fermeture ou d’ouverture des usines électriques à des pressés de l’excédent brut d’exploitation, aux princes du cash-flow, c’est s’exposer à des fermetures brutales, sans concertation, quand le prix est bas, puis à des spéculations quand le prix est haut ! Quand le système merdoie, on demande à l’État de venir épancher le merdier, une fois que tout le monde est bien crotté.

 Cela fait 20 ans que le marché de l’électricité est dérégulé, déplanifié, bordélisé en Europe, petit à petit. Depuis 10 ans, la production nucléaire française est pillée. Il faut du temps pour détruire un service public qui fonctionne. Une tempête arrive et le navire, qui prenait l’eau de toute part, coule. La destruction de l’hôpital a pris une bonne décennie, le Covid a fini de l’achever. La destruction du service public de l’énergie a mis 20 ans, le Covid en révèle l’ineptie. Pour l’instant, tout le monde a de l’électricité chez soi et les coupures ne sont pas encore là. Elles arriveront, c’est une certitude ! Une panne en trop et un grand froid suffiront. Le pillage du service public de l’énergie, ses délirants investissements à l’étranger (des dizaines de milliards perdus par ses brillants PDG), l’ont empêché d’investir depuis deux décennies. Ses centrales de production d’électricité vieillissent. Elles ne sont plus renouvelées, ni maintenant entretenues. Nous aurions pu les remplacer à temps, par des énergies renouvelables, des économies d’énergie, ou même des centrales nucléaires neuves, si l’on savait encore en construire, ce qui n’est plus le cas. L’EPR est construit, mais depuis quelques années, EDF le répare, alors qu’il est neuf ! Imaginez-vous : vous achetez une voiture neuve, et l’emmenez chez le garagiste faire changer la culasse ! Votre garagiste vous annonce, à chaque fois que vous souhaitez la récupérer, qu’il vient de découvrir une pièce de plus à changer...

 C’est basique à comprendre. EDF, non seulement, ne renouvelle plus son parc de production, mais il n’entretient plus correctement ses vieilles centrales. Si EDF était une compagnie de taxi, elle aurait une flotte de R18 et de 404 avec 300 000 km. Elle aurait quelques R25 plus récentes avec des moteurs sortis de l’usine avec de graves défauts de fonderie. Elle aurait acheté une voiture neuve qui serait chez le garagiste depuis son achat. Nous seulement, le parc est vieux mais, les dépenses d’entretien sont réduites. Pourtant, les besoins d’entretien s’envolent avec autant de vielles casseroles. Pour économiser les frais de garagiste, notre compagnie nationale économiserait sur le petit personnel mécano en prenant des précaires mal formés. Elle virerait ceux qui alertent, encouragerait ainsi le mensonge par son mode de gestion ! Une belle assurance d’avoir des pannes à répétitions, voire des accidents. Au lieu de faire les réparations nécessaires sur les véhicules de manière préventive, la compagnie de taxi, pressée par le manque de disponibilités de ses véhicules, choisirait de mettre le problème sous le tapis et de ne réparer que lorsque les pièces lâchent. Le problème de ce choix de maintenance est qu’on joue avec le hasard. Avec une maintenance préventive, vous pouvez programmer les arrêts et gérer la disponibilité. Le choix de la maintenance curative est l’aléa :  parfois les pannes tombent au bon moment, parfois plusieurs véhicules sont en rades en plein départ de vacances dans une période sans marge. Moralité dans un marché où la course de taxi est cotée d’heure en heure, l’offre s’écroule et le prix s’envole.

 Les vieilles centrales sont en bout de course, les plus récentes sont sorties d’usine remplies de défauts. Les premières centrales 100 % françaises livrées dans les années 90 annonçaient, avec leur retard et surcoût, la tragédie de l’EPR.

 Le danger de réduire le coût de l’entretien des vieilles centrales nucléaires est évident. Cette politique nous fait courir un risque immense et ruinant : l’accident sévère, en langage Nuke ; la grosse cata, en langage courant. La force de communication du Nuke est dans sa façon de changer les mots. D’une personne violente et maltraitante, dit-on qu’elle est sévère ?

Actuellement, l’entretien des centrales est effectué par du personnel mal payé et mal formé. Seuls les managers, rivés sur leur tableau Excel, peuvent croire au père Noël. Le père Noël, ici, consiste à croire qu’un travail technique, fait dans des conditions humaines déplorables, vite et à moindre prix, soit un travail de qualité. La réalité est que les techniciens font semblant, on triche, on remplit les papiers, on coche les bonnes cases, on achète les agréments pipeau. Dans la réalité, le travail est bâclé, les problèmes enterrés, la réalité embellie, le mensonge, la règle. Le souci, pour qui connait vraiment la technique (c’est-à-dire pas ceux qui nous dirigent ou communiquent) sont les détails. Un coude dont l’acier a trop d’impuretés, c’est un détail. Il est joli, flambant neuf, sur la photo de l’inauguration, il ne fait pas tâche. La différence se voit des années après. Mais quand les problèmes arrivent, les ronds-de-cuir qui ont signé les papiers de conformité, sont partis dans une retraite confortable. Ils sont de tout manière à l’abri de la leucémie, pas comme un vulgaire précaire.

 Il y a urgence à investir massivement dans l’hôpital, pour que nous soyons encore soignés. Investir dans l’hôpital veut dire investir dans l’humain et pour être même précis, dans le travailleur de terrain, productif, l’aide-soignante, le médecin, l’infirmière, pas dans le manager à tableau Excel, dans son bureau, loin du terrain, chargé de faire des stats et du flicage. De la même façon, pour l’électricité, il est urgent d’investir dans la maintenance de nos centrales, dans le travailleur exposé, dans le soudeur, dans le remplacement préventif de tonnes de tuyauteries à bout de course. Au lieu de cela, l’État assure les profits des traders de l’électricité, qui achètent pour revendre. Il s’attaque aux conséquences d’un casino qui s’emballe, sans le remettre en cause. Les causes s’appellent, en français technocratique, la “libéralisation du marché de l’électricité” ; mais en français technique ? Sa “bordélisation” ! S’attaquer aux causes nécessite une série de recettes déjà employées dans l’histoire, basiques, simples et efficaces, mais coûteuses, politiquement. Il faut en effet s’attaquer aux juteux profits des multinationales de l’énergie :

 - Nationaliser la production d’électricité (nucléaire et renouvelable) comme son transport et sa distribution, et au-delà, la distribution du gaz, c’est indispensable ;

 - Faire voter un choix clair aux français, par référendum : « Préférez-vous du nucléaire ou des renouvelables ? Vous devrez accepter les inconvénients de votre choix ! »  ;

 - Instituer un tarif progressif de l’énergie : plus je consomme, plus je paie. Première tranche pas chère, deuxième tranche prix moyen, troisième trancheà prix élevée. Dernière tranche, très élevée ;

 - Mettre en place un service public des économies d’énergie, financé par cette tarification progressive et l’impôt. Flécher l’épargne des ménages dessus ;

 - Investir immédiatement dans un plan d’urgence de sécurité nucléaire, quel que soit le résultat du référendum : intégration des précaires du nucléaire dans EDF, professionnalisation, suivi médical financement de la réparation des tuyaux défectueux ;

 - Mettre un financement à 0 % des infrastructures de l’énergie, car le taux de financement est la donnée la plus importante en énergie ! C’est basique, vous n’avez pas les bases ;

 - Flécher l’épargne des ménages sur les économies d’énergies.  Sans service public de l’énergie et des économies d’énergie, pas de transition énergétique réussie, donc adieu le climat ;

 Le proverbe légendaire des technocrates est qu’il n’y a pas de problèmes que l’absence de solution finit par résoudre. Les non-choix de ces 10 dernières années nous amènent vers le noir. Le choix de la ruine d’EDF, réalisé hier, et amplifié aujourd’hui, nous amène des conséquences dramatiques : panne généralisé (blackout) comme au Texas – risque fort d’accident nucléaire – pas d’argent pour les économies d’énergies et les renouvelables. Quelle belle idée que de faire une transition énergétique trop lente, dans un pays sans pétrole et gaz, quand les fossiles deviennent rares et chères !

Malheureusement dans le nucléaire, on est plus fort en lobbying qu’en soudure ! Le lobby du nucléaire va de l’ENA à la CGT-ÉNERGIE, en passant par tout la haute administration, et la vieillesse votante et réactionnaire. Ils arrivent même à convaincre la jeunesse angoissée par la catastrophe climatique d’être un remède. Chapeau bas pour le bourrage de crâne. Ce lobby immense est parvenu à freiner le développement des énergies renouvelables et des économies d’énergie. Il craignait que cela enterre sa croyance absolue dans le nucléaire. Abrutis par leurs certitudes, ils n’ont pas vu que le système libéral empêchait, non seulement, la relance du nucléaire, mais qu’il empêchait jusqu’à son entretien, et ruinait leur boutique, en la dépeçant de l’extérieur et à l’intérieur. De l’extérieur, par le marché ; et à l’intérieur, par les délires mégalos qui affectent régulièrement les dirigeants du Nuke, une maladie chronique et hors de prix. Cette folie les a ainsi conduits à ruiner eux même leur propre boutique à coup d’investissement foireux dans des mines sans uranium ou par l’achat à l’étranger de vieilles centrales mal entretenues. Ils ont vendu des centrales neuves EPR mal conçues, avec des garanties de SAV. Au moins, dans le photovoltaïque, les arnaqueurs disparaissent sans laisser de trace. Si vous avez une R18 mal en point ,qui ne vaut rien, il faut la vendre à une compagnie de taxi qui adore les R18, et les achète cher. Les véritables destructeurs du nucléaire, ce sont eux. Ils ont fait bien plus de mal au secteur que tous les antinukes réunis.

 Depuis quelques années, portés par de richissimes et brillants gourous qui ne mettront jamais la main sur une pelle, le nucléaire revient, en jouant toujours sur l’image d’une industrie de pointe, portée par un haut niveau de technologie, nous promettant de nouvelles générations de réacteurs, sans risques, sans déchets (MDR). Le nucléaire est présenté comme un fleuron du progrès scientifique, la fine fleur de la virtuosité technique. Dans la réalité, sur le terrain c’est tout le contraire : ce sont des infrastructures vieillissantes et des mentalités moyenâgeuses chez leur partisans, dirigeants. Les centrales s’effilochent, le prétendu sommet de la technologie humaine se révèle une vulgaire affaire de plomberie. Le mépris pour les ouvriers confine à la féodalité. Les têtes qui protestent ou juste alertent, se font décapiter (exemple 1 - exemple 2 ). Sur place, les opérateurs bricolent au compte-goutte avec des bouts de ficelles. Le pire, dans cette histoire, est que les ronds-de-cuir et leurs gourous, qui décident de toute cette mascarade, ne sont pas ceux qui iront nettoyer le merdier. Ils resteront tranquillement devant leurs tableaux Excel, dans leurs conférences, sur leurs plateaux d’interview. Ils ont ruiné leur service public, ils vont nous mettre dans le noir, ils ruineront bientôt la France, à 500 milliards d’euros minimum l’accident. Actuellement, ils mettent dans des situations humaines et techniques bancales le personnel qui répare. Certes, c’est certain, ce ne sont pas eux qui iront comme au Japon, balancer de la résine mélangée à du papiers journal déchiqueté pour boucher les fuites. Ils n’iront pas pousser avec brouettes, râteau et pelles les débris du fleuron de la technologie française. Ils n’auront pas un dosimètre qui crépite sur le dos. Eux, ils géreront les doses reçues par les travailleurs. Ils affirmeront, péremptoires, qu’en fait, cela ne va pas si mal. Ils raconteront que tout colle dans leurs tableaux, depuis qu’ils ont relevée les normes de dose recevable en y rajoutant un ou deux zéro. Ils mettront en place de compliquées procédures, souvent inutiles, mais toujours bien vendues. Ils se moqueront de ces travailleurs qui picolent, en revenant de l’enfer. Ils raconteront que l’alcool fait plus de dégât que les rayons gamma.

Un ouvrier technicien….

Jean Ganzhorn

PS 1:

Le pire, dans cette histoire tragique, est que tous les lanceurs d’alerte se font laminer, virer. Les managers du Nuke, avec la complicité des grands syndicats maisons bien choyés, font régner l’omerta. Au lieu de les utiliser pour réclamer des moyens supplémentaires, il impose la pensée totalitaire. Boris Cyrulnik en parle brillamment dans cette conférence et ils devraient consulter, un vaste choix de 430 psychothérapies existe.

PS 2 : Le pire est que pour les renouvelables, la loi du marché fait aussi de la merde alors qu’elles sont un des rares espoirs qui nous reste face a la catastrophe climatique qui va nous secouer.

PS3 : Faire des prédictions sur l'avenir c'est casse-gueule mais en se qui concerne une mauvaise maintenance,c'est facile. Je vous reporte sur ce qu'on disait sur le marché électrique, on peut voir qu'on avait vu a peu prés juste:

Hercule à EDF , la vente du réseau électrique et des barrages

Le prix du marché, une absurdité pour les ressources vitales, la preuve par l'électricité et le COVID19

Meme pour les lib"raux la liberalisation de l'electricité fonctionne mal (pas) !


 

dimanche 9 janvier 2022

Des centrales au sol photovoltaïques à la place de nos forêts ?.

 

Des centrales au sol photovoltaïques à la place de nos forêts ?.
Est-on obligé d’être imbécile et destructeurs à chaque fois !

Un choix contestable, des alternatives possibles et pertinentes.

 


La France a un grand retard dans le développement des énergies renouvelables (ENR) et les économies d’énergies. Le manque de volonté public, le fameux laisser faire libéral n’explique pas entièrement ce choix. D’autres pays libéraux se sont lancés dans leur développement. Ne pas faire baisser la consommation permet de ne pas chagriner les multinationales de l’énergie. Ne pas développer les ENR rend le choix du tout nucléaire pertinent. Mais le parc nucléaire vieilli et son renouvèlement est compliqué cher et lent. Si EDF était une compagnie de taxi, elle serait à la tête d’une flotte de R18 et de R16, bien amortie mais dont les disponibilités seraient bien problématiques?  Surtout que face aux vieillissements de son parc cette compagnie de taxi a décidé de rogner sur ses frais de maintenance qui explose et de mal payer ses garagistes. Moralité elle trafiquote les contrôles techniques. La compagnie de taxi est sauvée financièrement par son renflouement public régulier. Son image est sauvegardée par une agence de com brillante et convaincante. Si le nucléaire était une compagnie de taxi, il empêcherait toutes compagnie de bus de se développer pour rendre les R18 indispensables. Mais si l’illusion fait gagner du temps, le réel finit toujours par s’inviter à la table. Nous risquons comme jamais de se retrouver dans le noir ou pire un accident sévère (« c’est sûr, reste à savoir quand ? » disait un responsable de l’énergie en France.

Les multinationales de l’énergie ont toutes décider d’investir dans les énergies renouvelables même EDF qui le fait partout sauf en France ce qui ne manque pas de piquant. En France le lobby proNuke veut nous faire croire et y arrive que l’alternative soit entre du nucléaire avec un peu de déchets et zéro mort même dans les accidents, soit la destruction de l’environnement et des paysages par les énergies renouvelables. Peut-on échapper a ce débat binaire biaisé ? Le développement des énergies renouvelables est fort critiquable : surtout les biocarburants, le bois énergie, les forets coupées par les champs PV, le taux de profit des multinationales, les délocalisations, etc…) Mais peut-on critiquer les modalités, Doit-on rien critiquer de peur de faire le jeu des anti-ENR et pronuke ? Doit-on jeter le bébé avec l’eau du bain ? Ici, nous proposons de critiquer et proposer, de faire débat et d’avancer des arguments au lieu du combat rhétorique pure dont les pronukes et autres idéologues nous enferment.: Quand au partisan du retour à une société énergétique de cueilleurs chasseurs, cela suppose une réduction de 99 % de la population. La taille de notre population passe par une production industrielle d’énergie, qui peut surement être diviser par deux ou trois ou quatre, mais , énormément diviser par deux ou trois, cela donne encore énormément (voir ici article a ce sujet) .

Pour elles, la recherche du profit passe par un cout le plus faible de production. Dans le photovoltaïque, les centrales aux sols sont les moins chères. Moins chers que couvrir les toits. Elles nécessitent plus de matériels et d’énergie mais sont moins onéreuse en main d’œuvre. Dans un pays qui fait supporter les prélèvements sociaux indispensables à la société sur le travail et non le profits ou l’énergie ou la consommation de ressources, le choix est évident : les centrales au sols photovoltaïque permettent d’avoir des couts de production les moins chers, moins chers que le nucléaire. Mais ces centrales nécessitent un bon ensoleillement et un foncier pas cher. Les forets du sud du département du 05 ont les records de productions solaires et le foncier est plus que bon marché. La foret de reconquête sur des terres pauvre dans des régions désertiques valent peau de balle économiquement. En biodiversité ce n’est pas pareil, elles sont infiniment plus riches que des terres agricoles de la Beauce. Dans ces conditions, les projets de centrales photovoltaïque au sol se multiplient dans le 04 et 05. Plus de 1500 hectares de forêts sont voués à la tronçonneuse, l’artificialisation, le gravier. Face a ces projets, des habitants sont mobilisés contre et hurlent légitiment à l’hérésie écologique. Pour l’écologie nous devrions artificialiser des hectares de milieux naturels et chasser une biodiversité déjà bien mal en points dans tout notre pays et détruire les rares endroits où elle est tranquille. Les partisans de ces centrales et leurs promoteurs, les accusent d’être des antitout ce qui est court comme argument. A eux, nous ne répondons rien. D’autres, certains reconnaissent que c’est dommageable mais que nous devons accepter cette destruction car il n’y aurait pas d’alternative. A ceux-là, nous voulons répondre qu’ils se trompent. Nous reconnaissons la nécessité de produire de l’énergie renouvelables en même temps que de réduire nos consommations mais il existe dans ce débat des éléments absents.

Leurs arguments sont que la maison individuelle artificialise bien plus d’hectare que le photovoltaïque. Nous leur disons que vous avez raison sur ce point. Le pavillon artificialise a mort et responsable de la majorité des hectares artificialisés. Mais rajouter une destruction a une autre en prenant comme argument qu’elle est moins importante n’est pas recevable comme argument. Surtout que nous avons des alternatives, utiliser les espaces déjà détruits : les toits de ces maisons et les zones ou la biodiversité ne peut qu’augmenter vu ce qui reste. Simple, non car il faut renoncer à un peu de profits ce qui toujours inacceptable pour les multinationales et faut surtout se mettre d’accord sur ce qu’est un espace détruit.  

Il existe des espaces détruits pour la biodiversité cela s’appelle les biocarburants.

Les surfaces bâti comme les surface agricoles voit ses oiseaux disparaitre, seul la foret tient le choc !

 

D’abord un peu d’historique sur les biocarburants, pour comprendre et ne pas toujours recommencer les mêmes erreurs.

Fin des années 90, l’idée de produire des biocarburants séduits une partie du mouvement écologique et cette idée est promu dans l’opinion par de nombreuses personnalité. Face à la surproduction agricole de l’époque, cela parait un bon moyen de réduire les rejets de CO2. La grosse agriculture industrielle, la FNSEA et son président chérie Chirac s’empare de cette idée et dans les années 2000, elle monte un formidable bisness : faire de l’essence avec du blé ou du colza. Cela fait la fortune du président de la FNSEA. Le hic est que le bilan pour l’environnement est désastreux comme l’est le bilan de la grosse céréaliculture industrielle : destructions des sols qui partent dans les rivières, pollution de l’eau potable qui coute cher a dépollué mais fait aussi un gros business, destruction e la biodiversité. Et tout cela coute très cher, prends énormément de place, un million d’hectare en France, des millions aux USA et au Brésil, en Indonésie. Le pire est que les biocarburants ne réduisent de pas beaucoup les gaz à effets de serre, il faut pour les fabriquer énormément de CO2. Vu la déforestation engendrée par l’huile de palme, on s’aperçoit que le remède est pire que le mal, les biocarburants ont aggravé le réchauffement climatique ! Fin des années 2000, pour le climat, mais nous n’arrêtons pas une industrie florissante comme cela. Avec la crise de 2008, les prix des matières premières agricoles explosent, les émeutes de la faim éclatent, les céréales sont au plus haut. Nous découvrons un bout de la réalité physique, la photosynthèse agricole n peut nous nourrir mais pas remplacer les énergies fossiles, pour cela il faudrait une planète 10 à 20 fois plus grande. Mais les lobbys ne meurent pas juste pour avoir eu tort sur la réalité, surtout dans l’énergie ou l’agriculture. L’Europe demande de réduire la voilure mais la France décide d’un statu quo, une grande surface sera consacrée aux biocarburants inutiles, polluants et gaver de subvention. En même temps, dans les années 2000, le terrain agricole vaut peau de balle, l’agriculture paye mal. Ça tombe bien car nous bétonnons à toute berzingue, les camions toupies prolifèrent. Le nombre de boites à chaussures type supermarchés explose, la France se couvre de pavillons, nous artificialisons 100 000 hectares par an ce sont les années rond-point. On va à fond mais on tourne en rond. Le développement de France périurbaine, multiplie les rocades, agrandie les routes, la surface agricole recule. Apparait alors des luttes contre les plus inutiles artificialisation la Zone a Défendre et le combat de l’opinion est gagné : il faut arrêter de prendre de la surface agricole est un opinion répandue (excepté pour mon pavillon, mais c’est pas grand-chose !).

Le prix du photovoltaïque décroit fortement de 2010 à 2020, diviser par presque dix. Il devient rentable faire des champs photovoltaïques, équiper les toits moins. La décision prise fait consensus : il ne faut pas toucher les terres agricoles pour ne pas renchérir les prix agricoles. Les biocarburants passent au travers car ils étaient la avant la prise de conscience et leur lobby sont puissants, la FNSEA, un état dans l’état.

Il aurait été plus juste de décider de ne pas artificialiser de tout nouvelle surface et de ne pas raser des forêts.


 

Mais nous pouvons nous poser une question fondamentale : « Qu’est-ce qu’une surface artificialisée ? Sa définition est floue et contestable.  Pas une abeille ne vit, pas un oiseau ne survit dans une culture chimique de biocarburants. Alors que les abeilles s’épanouissent dans un champs photovoltaïque planté d’herbes mellifères; La pousse d’herbe est favorable au stockage de CO2, l’herbes pousse bien sous les panneaux, c’est même un plus pface au réchauffement ! Le sol se régénère, les collamboles et les vers de terre reviennent. Un champ de colza jaune industriel fait de belles photos bucoliques mais la réalité de sa biodiversité est un désastre. Nous devons considérer ces champs comme de la surface artificialisée, si nous définissons une surface artificialisée comme une surface dont la biodiversité est détruite. Beaucoup de personnes penses et définissent une surface imperméabilisée*. Un champ agro-chimique entre dans ce cas : un sol mort ne fait plus éponge, il ne retient plus l’eau et amplifie les inondations.

Comme souvent nous jugeons selon les apparences et pas selon la réalité du terrain : ici le terrain est artificialisé, morte et pollué, construire dessus des centrales photovoltaïques serait profitable a tout points : reconstitution de la biodiversité, rétention de l’eau, régénération des sols. La photo bucolique y perdrait beaucoup de son charme, j’avoue par ces temps où on réfléchit visuellement en 14 centièmes de secondes avant un clic c’est un gros handicap. Mais si nous obligions les promoteurs de ces parcs de construire des haies a respecter des critères sévères sur la biodiversité, l’impacts serait fort pour la biodiversité. 50 de remembrement ont tout détruit ce bocage si utile, le refaire vivre serait utile, nous pourrions même obliger les promoteurs à travailler l’aspect esthétique, sommes-nous condamné a construire toujours moches nos zones artificialisée ?

Un dernier détail qui est argument poids lourd, en remplaçant la production de biocarburants chimique par du photovoltaïques, nous produiront à l’hectare entre 20 et 80 fois plus d’énergie. Le rendement de la photosynthèse est faible de l’ordre de 1 % avec beaucoup de perte de conversion (50 à 70 %). Le rendement du PV est de 20 % et les pertes sont faibles (10 à20 %).

La nouvelle génération de panneaux bifaciale qui permettent de produire avec des panneaux à la verticale laissent la place a la culture. Leur développement est une  vrai révolution sur l’occupation de l’espace.

Bien sur l’image bucolique en prends un coup, les panneaux se voit alors que la destruction des insectes du sols est invisibles; Mais l’essentiel est invisible, nous ne devons pas nous laisser abuser par nos biais cognitifs. Oui l’aspect des campagnes sera impacté mais devons-nous rester à la surface des choses ?

Raser des forêts de montagnes juste parce qu’elles sont ensoleillées et pas chères est intolérables. La biodiversité s’écroule de partout, laissez les tranquilles. C’est en plus absurde car on éloigne la production de la consommation, mais surtout une alternative est possible, intelligente : couvrir les toits ( ce qui ne suffira pas mais a faire en priorité) et remplacer les surfaces de biocarburants par des champs photovoltaïque à haute exigence de biodiversité : production d’herbes sous les panneaux, peu de béton, apicultures, régénération des sols, haies bocagères. L’inconvénient est que le foncier agricole est plus onéreux que la foret, situé au nord de la France et que mettre du gravier par terre évite l’entretien. Il y a un cout financier immédiat a pas tout détruire. Il a un gros cout a long terme a tout détruire.

Nous réclamons l’arrêt de ces projets et proposons des alternatives intelligentes pour produire de l’énergie sans faire n’importe quoi. Nous ne pouvons nous permettre de laisser l’hubris de nos multinationales détruire nos paysages préservés, allez plutôt réparer ce que vous avez déjà détruits. 

La montagne est belle et elle est rebelle à vos projets coloniaux imbéciles….

lundi 13 décembre 2021

Photovoltaïque et artificialisation des sols dans le Buech : Invitation à nous rejoindre

 Du photovoltaïque, oui, mais pas sur des terres agricoles, naturelles ou forestières !
Dans  le  Buech  comme  ailleurs,  détruire  la  biodiversité  et  des  espaces  naturellement
fixateurs de carbone, pour faire de l’électricité « décarbonée » est un non-sens !
 



Les signataires de ce document, habitants du Buech, vous invitent à les rejoindre pour défendre nos communs, ces terres considérées à tort comme « pauvres et improductives » alors qu’elles sont une source de biodiversité, ces terres vivantes que certains voudraient convertir en support inerte pour la production d’électricité photovoltaïque.  
Nos  cibles  ne  sont  pas  les  élus,  municipalités,  collectivités   et  administrations  locales,
agriculteurs, etc. qui se sont laissé tenter par le revenu issu de la location de leurs terres pour des installations photovoltaïques à grande échelle. Nous souhaitons au contraire participer à la fédération de tous ces acteurs, qui partagent le même pays, les mêmes paysages et les mêmes sols, pour bâtir une force de résistance locale à ces opérations.
D’autres solutions existent, pour le climat, pour la biodiversité et pour les habitants de notre
région. Explications :
     
Les constats
  Oui, le dérèglement climatique (dont les premières manifestations sont flagrantes) est
un problème majeur et la France est en retard sur ses engagements.
  Oui la chute de la biodiversité s'accélère et est un problème tout aussi majeur.
  Oui, il est donc impératif de cesser l'artificialisation de nos sols.
  Oui, la politique de nos gouvernants nous mène droit dans le mur.
  Oui,  il  est  impératif  de  réduire  rapidement  l’impact  de  l’homme  sur  la  planète  en
engageant une large réflexion sur nos besoins essentiels compatibles avec ses limites.
  Oui  le  photovoltaïque  est  l’un  des  moyens  de  produire  une  énergie  décarbonée  (ou presque) et avec un moindre impact sur l’environnement. 

  Oui c’est un moyen de réduire progressivement la part du nucléaire, ruineux (Cf l'EPR) et dangereux.
  Oui, la fourniture clefs en main de centrales à énergie renouvelable par des entreprises privées est devenue un business florissant et bien au point auprès des particuliers et des collectivités, en minimisant souvent les impacts négatifs.
 
Nous refusons cependant de voir massivement artificialiser les sols, ici et ailleurs, au nom de cette lutte climatique. En effet :   

Les sols sont un bien commun très précieux (source de l'essentiel de notre alimentation et énorme puits de carbone notamment) et une ressource non-renouvelable à l'échelle humaine (il faut un siècle pour constituer naturellement 1 cm de sol).
  Ce n’est pas nécessaire car il existe au niveau national suffisamment d’espace sur les toitures, les zones de friche et les parkings  pour installer la puissance photovoltaïque suffisante (1). Localement cela reste à étudier en détail (3).
  Les principaux motifs de la prolifération de ces installations dans les alpes du sud et notamment dans le Buech sont le bon ensoleillement, l’accessibilité du foncier et l’ « acceptabilité  sociale  »  (2),  qui  permettent  de  générer    d'importants  profits   pour  les opérateurs privés.
  Cela soumettrait nos territoires à la convoitise des grandes entreprises  prédatrices dans une  nouvelle  forme  de  colonialisme ;  l’essentiel  des  profits  générés  quitte  notre territoire  et  l'énergie  produite  ici  est  principalement  consommée  dans  les  grandes agglomérations du sud de la région (avec pour conséquence annexe de nouvelles lignes à haute-tension), les capacités de production installées allant bien au-delà de nos besoins locaux.   
 
 
 En revanche nous demandons :
 Qu'en premier lieu soient favorisées les initiatives, à l'échelle régionale et nationale,
pour réduire les besoins en énergie, ce qui est indispensable.
 D'inciter  à  la  généralisation  à  grande  échelle  de  l'autoproduction  dans  les  lieux
d'habitation (individuels et collectifs), les entreprises, les administrations .....
 Que soient encouragées et accompagnées les initiatives citoyennes de financement et de création  de  centrales  photovoltaïques  comme  alternatives  à  ces  projets  «  hors  sol  » (notamment les projets collectifs, comme les centrales villageoises).
 Que  soit  effectué  un  inventaire  précis  des  zones  artificialisées  propices  au
photovoltaïque dans les départements (3) de la région.
 Que les décisions prises en matières énergétiques, environnementales et en général de
tout ce qui touche au patrimoine commun des municipalités, soient arbitrées, pour plus
de transparence, sous forme de démocratie participative.
 
Voici donc en quelques mots ce qui nous préoccupe : voir disparaitre nos paysages et les gites offerts encore à la biodiversité sur notre territoire : un commun que nous voulons continuer à partager avec le reste du monde vivant et non livrer à l’appétit de quelques-uns.
Tout ceci doit être expliqué en détail point par point. Nous le ferons ici et là lors des réunions et des visites « botano-voltaïques » que nous organiserons encore, en partageant connaissances et expertises pour agir plus efficacement.
En même temps nous avons besoin de vos informations sur les projets photovoltaïques à l’étude dont vous auriez connaissance pour en établir une carte participative (4).  
Et nous continuerons à nous opposer à tous les projets photovoltaïques sur les terres naturelles, agricoles ou forestières, existants et à venir dans le Buech et ailleurs en PACA, par tous moyens à notre disposition.
 
Signé : Un collectif  citoyen éphémère mais qui espère ne pas le rester ….
 
(1)     Il  est  prévu  dans  le  schéma  régional  d’aménagement  PACA  (SRADDET)  500  MW  d’installation Photovoltaïque dans le Buech d’ici 2050, ce qui  correspondrait au défrichement de 1500 ha de terres. Si l’  « acceptabilité sociale » le permet, rien n’interdira de poursuivre au-delà de cet objectif. En outre une ligne THT de 225000 volts est envisagée pour desservir le Rosanais.
(2)    Cette acceptabilité sociale, veut dire « passivité d’une population rare et vieillissante », et « communes en grand besoin financier du fait de la baisse des dotations globales ».
(3)     La  SAPN  (société  alpine  de  protection  de  la  Nature,  Gap)  demande  aux  autorités  de  faire  réaliser  une cartographie  des  terrains  artificialisés  propice  au  photovoltaïque.  Une  demande  de  bon  sens,  adressée  à  la préfecture est restée sans réponse à ce jour. Une telle étude permettrait d’orienter les investisseurs vers des projets certes un peu moins rentables mais plus en cohérence avec les besoins du territoire et le respect de l’environnement.
(4)    Chacun est invité à participer à l’établissement d’une cartographie des projets photovoltaïques dans le Buech (celle-ci a été initiée lors du débat sur ce sujet organisé à Montclus le 16 octobre) ; chacun peut y contribuer en questionnant son entourage sur les projets (ou les bruits de projet), en relisant les comptes rendus des conseils municipaux (parfois quelques lignes seulement !), en consultant les demandes de permis de construire à l’affichage municipal, en s’intéressant aux modifications du Plan Local d’Urbanisme (nb : les modifications du PLU peuvent concerner plusieurs motifs, il faut donc trier, éplucher), aux consultations publiques…
Quasiment toutes les communes et les grands propriétaires du Buech ont été sollicités par des opérateurs (Engie, Boralex, Valorem, Neoen, Mulliez, CNR, …). Pendant les négociations, les informations sont souvent protégées par des clauses de confidentialité. Le processus est discret et il est difficile d’être informé à temps pour réagir.
 
Pour nous écrire :   soupesetbobines@orange.fr   (objet : Photovoltaïque)
 
 
 

mercredi 13 octobre 2021

Tentative de mettre a l'abri les barrages du capitalisme, une occasion ratée au sénat

 

Découvrez d’un bloc ce qui anime l’équipe SUD Hydro le plus clair de son temps depuis début septembre : la saga en 5 épisodes et plus, si affinité, d’une loi construite pour sauver les barrages et les placer dans le domaine 100% public, déposée par les écologistes du Sénat.
 
Premier épisode, le dépôt de la PPL (proposition de projet de loi) par les écologistes
 
 
Le premier septembre dernier, dans l’indifférence générale, le groupe écologiste, emmené par Guillaume Gontard (présent sur toutes nos manifestations barrages, jusqu’à la dernière, le 8 mai dernier, sur le barrage de St Egrève), déposait le projet de loi visant à maintenir les barrages hydroélectriques dans le domaine public. Un projet de loi que SUD attendait depuis 10 ans :
Pour SUD, c’était clair, maintenant que quelqu’un avait dégainé la seule solution euro-compatible pour les sauver, un raz-de-marée conforme à l’unanimité de la classe politique enfin obtenue sur le sujet (même la Macronie le proposait dans Hercule avec EDF Azur) sur le sujet allait enfin débarrasser pour de bon les barrages de cette épée de Damoclès qui fragilise l’entretien des barrages que les opérateurs risquent de perdre, et retarde les investissements nécessaires à la réussite de la transition écologique (STEP, en particulier, sur la Dordogne, avec Rédénat, sur la Truyère, avec Montézic, et en Savoie également).
 
Mais le monde politique est toujours plein de surprise. Alors, période défavorable aidant, car trop proche des présidentielles pour assister à l’union des forces politiques de droite comme de gauche, allait-on assister, médusé, à un rendez-vous manqué avec l’histoire ?
 
Deuxième épisode, l’audition des syndicats (qui donne un avis, souvent décisif…)
 
Le jeudi 23 septembre à 11h15, Patrick Chauvet, sénateur Républicain, rapporteur de la Commission des Affaires Économiques pour l’examen de la PPL déposée le 1er septembre par le groupe Écologiste du Sénat, auditionnait l’intersyndicale d’EDF. Par chance, SUD était conviée ;-)
 
À notre grande surprise, l’ensemble de l’intersyndicale s’est opposée frontalement à ce projet de loi, sans proposition aucune pour l’améliorer. Non. Rejet en bloc. SUD, isolé, dubitatif, et hagard, y lisait son propos liminaire :
 
« SUD se félicite de l’apparition, enfin, de ce projet de loi qui confirme l’essentiel de notre travail sur le sujet.
 
D’abord, les trois piliers pour bien comprendre pourquoi la mise en concurrence des barrages est absurde, et pourquoi ils sont, à plus d’un titre, un bien commun stratégique d’intérêt général (robinets de la France, poumons du système électrique, et objets industriels très dangereux) apparaissent clairement dans ce projet de loi.
 
Ensuite, l’urgence est réelle : depuis 10 ans, la société anonyme EDF gère un parc de barrages dont une bonne partie peut lui être retirée du jour au lendemain pour la concurrence (si la France applique la loi d’aujourd’hui, notamment la loi Sapin 1 de 1993, confortée par le rapport Leteurtrois de 2006, facilitée par le changement de statut d’EDF en Société Anonyme en 2004, comme par la modification de la loi eau de 2006). Cette épée de Damoclès amène nos dirigeants à entretenir les ouvrages menacés avec des bouts de ficelle.
 
EDF a déjà, du milieu des années 1990 au milieu des années 2000, cessé l’entretien des barrages pour afficher des comptes à même de favoriser le succès de sa privatisation partielle. Et au bout d’une décennie, les accidents se sont multipliés, jusqu’à la rupture, une nuit de janvier 2006, d’une vanne du barrage de Tuilières sur la Dordogne, créant un véritable tsunami sur la rivière. Si cet accident avait eu lieu une journée d’été, tout le monde s’en souviendrait comme la plus grosse catastrophe industrielle du pays…
 
La nouvelle incertitude, qui met le moral des salariés de l’hydraulique en berne date de 2010 avec la première liste Borloo des barrages à mettre en concurrence. Une illustration de ce moral en berne est que les salarié.e.s de l’hydraulique sont lanterne rouge du sondage interne MyEDF mesurant le moral des troupes.
 
Si SUD se réjouit qu’aucun autre barrage que celui sur la Séveraisse, un petit affluent du Drac, SUD est profondément inquiet de la durée de cette épée de Damoclès et de ses conséquences sur la politique de maintenance des ouvrages concernés à EDF.
 
Hercule est la preuve que le combat d’idées est gagné : plus aucune force politique pour oser affirmer que la mise en concurrence des concessions hydroélectriques est une bonne idée. Mais l’abandon temporaire d’Hercule maintient le parc des barrages français dans une incertitude que ce projet de loi achève enfin, pour le bien et la sécurité de toute la population française.
 
SUD y est favorable, naturellement, en attendant que le cheminement amène l’ensemble des forces politiques à s’interroger sur l’ensemble du système électrique, dont l’ouverture au marché n’a tenu aucune promesse, et même entraîné, à l’inverse, l’explosion du montant de la facture des usagers en échange de rien : une activité de fourniture inutile, fort chère, et nuisible.
 
Enfin, le développement des énergies renouvelables en France (hors hydraulique déjà quasiment en vitesse de croisière) a été largement subventionné. Mais EDF a choisi (ou pas) de ne pas en être (en 2019, selon le bilan électrique de RTE et les facts and figures d’EDF, EDF ne produit que 2,2% du photovoltaïque national, et 9,5% de l’éolien national), alors que la manne des subventions représente sur 20 ans deux fois les bénéfices cumulés d’EDF ! Et EDF qui invoque des difficultés financières ?! Après avoir, sans raison, raté ce train...
 
Il est démontré que la transition énergétique confiée au privé coûtera beaucoup plus cher que si elle était confiée au public. En avons-nous les moyens ? Le GIEC nous alerte chaque fois un peu plus fort sur l’urgence climatique. Avons-nous vraiment le temps d’attendre ?
 
SUD soutient sans hésitation ce projet de loi.
 
SUD espère que l’ensemble des forces politiques rejoindra ce projet de loi qui n’est qu’une vraie preuve de bon sens, de pragmatisme, et qui prend en compte l’urgence écologique du moment ».
 
Retrouvez l’intégralité de cette audition sur la chaîne YouTube Barrages grâce à la célérité de Seb ici :


 
Si vous préférez la lire, SUD l’a retranscrite pour vous là. Audition intersyndicale transcrite en intégralité :
 
Le rapporteur nous avait également transmis un questionnaire. Retrouvez ci-dessous les réponses de SUD au questionnaire du rapporteur :
Abasourdi par la teneur de cette audition, SUD a décidé de prendre son bâton de pèlerin, et a eu l’opportunité de rencontrer les groupes Communistes puis Socialistes le 6 octobre, et le groupe Républicain le 11 octobre. En parallèle, SUD imagine bien que les trois opérateurs auditionnés également ont sans doute davantage défendu leurs intérêts industriels que l’intérêt général. Mais peut-on vraiment le leur reprocher ?
 
roisième épisode, le passage en Commission (qui donne un avis, souvent décisif…)
 
Deuxième coup de massue sur nos têtes incrédules : la Commission rend un avis négatif à l’unanimité des groupes politiques (à l’exception des écologistes, bien sûr), basé sur :
  • Le rapport du rapporteur, sur lequel il y aurait tant à redire :
  • Pour celles et ceux qui préfèrent sa version courte, la voici :
  • Plus intéressant, le CR des débats (qui, étonnamment, n’ont pas été filmés, damned…) :
 
Parmi les erreurs les plus flagrantes commises par le rapporteur :
  • l’affirmation que « Adopter le dispositif proposé, unilatéral et parcellaire car non négocié en amont, n’éteindrait donc en rien le contentieux en cours ». SUD se permet de transmettre ici ses comptes-rendus de deux rencontres avec la Commission Européenne. La première, le 6 novembre 2019, grâce à Yannick Jadot, avec la DG GROW de Marzena Rogalska, et la seconde, le 23 avril 2021 autour d’eurodéputés LFI et EELV rassemblés autour de Michèle Rivasi, avec la DG COMP (Anna Colucci) et la DG Energy (Catharina Sikow-Magny) :
Pour faire court, SUD se contentera de rapporter les propos de la plus puissante de ces trois DG, la DG concurrence de Margrethe Vestager, en la parole d’Anna Colucci :
  • 1/ Peut-on sortir l’ensemble du système électrique de la concurrence ? Et sous quelles conditions eurocompatibles ?
“Non, on ne peut pas !” (Anna Colucci – le 13 avril 2021)
  • 2/ Peut-on éviter la mise en concurrence des barrages hydroélectriques ? Et sous quelle conditions eurocompatibles ?
“Soit l’État français met en concurrence ses barrages, soit il les en préserve en créant une régie ou une quasi-régie, comme la France l’envisage actuellement, mais ce sera plus compliqué, car le contrôle par l’État sera moins prégnant, ce qui imposera énormément de garde-fous” (Anna Colucci – le 13 avril 2021)
  • Dans son rapport, le rapporteur semble regretter que « l’article supprime le dispositif des sociétés d’économie mixte hydroélectriques (SEMH) ». Des dires de Marie-Noëlle Battistel, ces SEMH ont été conçues par elle pour Ségolène Royale dans une époque bien différente, dans laquelle il s’agissait de limiter la casse. Le problème principal des SEMH est double : 1/ un management évident par le privé, et 2/ SUD l’a démontré dans son rapport barrage : plusieurs opérateurs, même bienveillants, sur les barrages d’un pays, ça désoptimise le placement de l’eau, certes gratuite, mais en quantité limitée et finie, ce qui rend son optimisation délicate, et affaiblie dès qu’on sort d’un monopole public.
  • Troisième et dernier point que SUD critiquera sans hésitation, l’affirmation que les conséquences financières du dispositif de « quasi-régie » sont omises. Pour le Gouvernement, le coût de sa mise en œuvre serait « vraisemblablement de plusieurs milliards d’euros ». De fait, bien des concessions de la SHEM sont déjà en délais glissants (date de fin de concession dépassée), et pour la CNR, par chance, la prolongation de ses concessions n’est pas encore actée, et les concessions du Rhône finissent encore en 2023 ! Les coûts de rachat des années perdues de concession seraient donc exceptionnellement faibles, si on souhaitait tout rassembler CNR, SHEM et EDF Hydro dans la même structure. On pourrait également avantageusement rappeler à la CNR qu’en 2001, quand les concessions d’EDF, déjà engagées jusqu’en 2023, le chèque remis à EDF pour 22 années d’exploitation perdue fut de 0 euros. Un principe qui devrait s’appliquer dans les deux sens, non ? Pour finir, si SUD est bien renseigné, dans l’esprit des législateurs écologistes, il s’agit de transférer dans cette structure uniquement les concessions échues, au fur et à mesure. Le coût imaginé dans leur astucieuse idée serait donc nul, non ?
 
Par un malheureux hasard du calendrier, SUD n’a pu rencontrer les groupes Communistes, Socialistes et Républicains que trop tard. Après l’avis négatif unanime en Commission. Mais SUD ne s’avouant jamais vaincu…
 
Salut à tou.te.s,
 
Découvrez d’un bloc ce qui anime l’équipe SUD Hydro le plus clair de son temps depuis début septembre : la saga en 5 épisodes et plus, si affinité, d’une loi construite pour sauver les barrages et les placer dans le domaine 100% public, déposée par les écologistes du Sénat.
 
Quatrième épisode, le cri d’alarme de SUD face au rejet programmé de la proposition de projet de loi des écologistes
 
Ne sachant plus que faire, face à des délais aussi courts, SUD décide de fournir au Sénat toute la matière à même de les faire réfléchir à leur vote du 14, et le cas échéant, à poursuivre l’aventure unis et soudés, pour aboutir dès que possible à la loi qui mettra enfin un terme à cette épée de Damoclès qui menace les barrages et compromet la transition écologique depuis plus de 10 ans !
 
Le tract souvenir de SUD, qui, on l’espère, ne sera qu’un point d’étape vers la victoire prochaine :
 
En exclusivité pour vous, en attendant leurs discours dans l’hémicycle de demain, la lettre de SUD aux sénatrices et aux sénateurs :
 
Mesdames les Sénatrices,
Messieurs les Sénateurs,
 
Après des années d’investissement intense, nous avons obtenu un consensus politique et syndical très large pour sortir les barrages de la menace de mise en concurrence, y compris au sein du gouvernement. Celui-ci l’a affirmé comme une ligne rouge du projet Hercule. Pour exemple, Barbara Pompili, lors de son audition à l’Assemblée Nationale du 4 février 2021, déclarait : « si on n’aboutit pas sur Hercule, il va falloir trouver un plan B ».[[1] « Le gouvernement explore, parmi d’autres scénarios, une voie, permise par le droit des concessions, consistant à pouvoir renouveler sans mise en concurrence les concessions à une structure dédiée détenue par l’Etat. Ce qui nous permettrait de mettre fin au contentieux européen, de relancer l’investissement, et de conforter les salariés. Ce serait un moyen de sortir de cette incertitude pesante qui n’a que trop duré».
1]
SUD a été moteur dans ce combat (cf. notre site).
 
Notre analyse converge avec ce qui a été dit et répété par les représentants de la Commission Européenne, lors de nos rencontres avec eux, en 2019 et 2021 :  la seule solution compatible avec les textes européens pour écarter rapidement la menace de la mise en concurrence des barrages est la régie ou la quasi-régie, c’est-à-dire le fait de confier l‘exploitation de ces barrages soit directement aux services de l’Etat (régie), soit à une entité 100% publique, EPIC par exemple (quasi-régie). C’est d’ailleurs la solution qu’avait retenue le gouvernement dans Hercule, avec la création de la filiale publique Azur.
 
Le groupe sénatorial EELV a présenté un projet de loi proposant la création d’une quasi-régie hydroélectrique. Mais à notre grand étonnement, malgré le consensus syndical et politique, cette opportunité de mettre enfin les barrages à l’abri de la concurrence a été rejetée en audition le 23 septembre par toutes les organisations syndicales sauf SUD et le 6 octobre en Commission des Affaires Economiques par tous les groupes politiques au Sénat sauf le groupe écologiste. Depuis, lors de nos rencontres avec différents groupes politiques du Sénat (PCF, PS, LR), il est apparu clairement que le positionnement des syndicats avait énormément pesé dans leur décision.
 
Les arguments avancés par les organisations syndicales et les groupes sénatoriaux pour justifier leur refus nous laissent perplexes : ils reprochent principalement au projet de loi de ne pas aller assez loin et de ne pas proposer un retour à une entreprise publique intégrée (et également d’autres critiques que nous détaillons ici). Nous sommes bien sûr d’accord avec la nécessité de sortir du marché de l’énergie et de revenir à un système 100% public : c’est d’ailleurs le sens de la tribune collective que nous avons publié dans le Monde du 31 mai dernier, signé très largement par la classe politique à gauche, par une grande association de consommateurs, par des ONG, des économistes de renom[[2] Dont Thomas Piketty, des personnalités du monde de l’énergie (et à laquelle l’intersyndicale avait refusé de s’associer, sans explication)2]. C’est aussi le travail quotidien que nous menons, avec un rapport, de très nombreux argumentaires, des interventions dans les médias, auprès des élus, des associations, des citoyens (cf. notre site et nos derniers argumentaires sur les hausses de prix). Mais dans l’immédiat, nous ne sommes pas face à un choix entre deux propositions de loi, l’une pour la création d’une structure publique pour gérer les barrage et l’autre pour un retour à un système 100% public ». La sortie du marché n’est pas une option acceptable pour l’instant par la majorité politique, et encore moins par la Commission Européenne. Nous ne pouvons que le regretter, et continuer notre travail d’analyse et de mobilisation pour faire changer les choses.
D’ailleurs, à ce jour, aucune contre-proposition n’est sur la table, et comme le confirment nos échanges avec les groupes politiques, rien ne semble prévu dans les mois qui viennent. Or la situation d’instabilité juridique qui perdure sur les barrages entrave les investissements, tant de développement que de maintenance. Cela devrait tous nous inquiéter tant pour la réussite de la transition énergétique que pour la sûreté du parc. Il y a urgence, surtout pour l’hydroélectricité ! De plus, la période est particulièrement propice à un regroupement des trois opérateurs historiques :
  • La prolongation des concessions de la CNR n’est pas encore actée, et les concessions CNR (23% du productible) s’arrêtent toujours en 2023, garantissant un coût très réduit de rachat du manque à produire ;
  • L’essentiel des concessions de la SHEM (3% du productible)  sont échues ou sur le point de l’être, donc disponibles pour l’Etat.
  • EDF hydro (72% du productible) appartient à près de 85% à l’Etat.
 
Les organisations syndicales et la classe politique ont donc lâché la proie pour l’ombre. Cela est d’autant plus incompréhensible qu’une victoire sur l’hydroélectricité aurait été un point d’appui pour une sortie définitive du marché, et non une entrave.
 
Nous avons fait tout notre possible pour faire revenir syndicats et politiques sur leur décision, sans succès et sans explication. Demain, dans l’hémicycle, la PPL du groupe écologiste qui propose de mettre à l’abri définitivement nos barrages sera massivement rejetée. Si c’est le cas, nous ne pourrons que regretter amèrement cette occasion manquée et nous interroger sur les raisons véritables du choix des organisations syndicales représentatives : défendent-elles le service public, ses salariés et ses usagers ? Ou le périmètre d’EDF SA, de la CNR et de la SHEM  ?
 
SUD appelle l’ensemble des forces politiques convaincues par la nécessité de débarrasser les barrages de cette épée de Damoclès à travailler ardemment et urgemment autour de cette PPL pour voter enfin, dans les deux chambres, la loi dont l’hydroélectricité française a besoin. SUD appelle les syndicats représentatifs à mesurer leur responsabilité dans les positions politiques actuelles, et les invite à expliquer leur position, donner accès à leur plan B, ou rejoindre la table des discussions.
 
SUD demande la tenue d’une réunion rapide de l’ensemble des groupes politiques du Sénat (et pourquoi pas de l’Assemblée) et des syndicats d’EDF pour transformer ce rendez-vous raté en un succès collectif. SUD ne comprendrait pas qu’on prenne collectivement le risque de laisser EDF Hydro dans cette incertitude, de laisser EDF, la CNR et la SHEM continuer de désoptimiser le système par leurs affrontements concurrentiels répétés, de laisser EDF mal entretenir ses barrages en fin de concession et de ne pas investir dans les outils de la transition écologique. La responsabilité de tous les opposants à cette privatisation larvée est engagée !

DTG-SUD-ENERGIE

Pièces jointes00:23 (il y a 7 heures)


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