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vendredi 25 janvier 2019

Lettre à sa majesté le roitelet de la république

Monsieur le Président, hologramme du grand capital


Nous savons tous, qu'au plus près de l'espace sidéral qui nous entoure et que notre soleil plus ou moins réchauffe, 
il n'y a pas de plan B où le Vivant pourra trouver refuge et s'épanouir
quand la barbarie capitaliste qui saigne les veines et empoisonne la vie du plus grand nombre de nos semblables,
aura vidé le dernier baril de pétrole et pompé la dernière goutte d'eau potable,
aura grillé à coup de pesticides le dernier lopin de terre arable
et écrasé d'un sauvage coup de marteau les mains rugueuses des édentés,
aura mis le feu aux paillotes où les rêves de jours heureux se cachaient sous des pavés de fortune
et réduit en palettes et meubles de terrasse les fûts de la dernière forêt tropicale,
aura sublimé le plus ridé des glaciers polaires
et rôti le dernier humain sur le barbecue des changements climatiques en cours. (1)

Et ça vous le savez aussi bien que nous, monsieur le Président, hologramme du grand capital !


II)
La planète brûle encore, et bien davantage qu'hier,
mais les éditocrates courtisans et les faiseurs d'opinion qui cirent les pompes des oligarques au pouvoir,
nous invitent à regarder ailleurs, à passer notre temps de cerveau disponible à jouer à colin-maillard pour mieux intérioriser le sentiment d'impuissance qui nous rends serviles, envieux, résignés, corvéables, égocentriste, dociles, anesthésiés,  (2) 

Les pyromanes et snipers aux manettes n'ont jamais été si puissants pour attiser le feu de l'effondrement qui nous guette en soufflant à plein poumons sur les braises de la régression écologique et sociale qui nous font pleurer de rage, crier de désespoir, rugir d'indicibles souffrances, régressions qui musclent la haine de classe que leurs blessures réveillent et avivent, dangereusement, au cœur de l'homme spolié, humilié, massacré, déplacé ou parqué (2) (3)

Partout,
l'asservissement des agents du pouvoir politique aux multinationales,
depuis 40 ans déjà et indépendamment du terreau où leurs racines partisanes s'abreuvent,
leur commande :
- De lubrifier les engrenages de leurs volontaires démission et compromissions, à l'aide d'avantageuses privatisations, de plans d'ajustement structurel, de l'octroie de permis de chasse pour tirer les profits vers le haut, de passeports pour la mise bas de la casse des services publics,
-  D'enfumer l'horizon à coup  d'onéreux, inutiles et récurrents plans bidons de lutte contre le chômage ou pour l'emploi, pour l'équilibre des caisses de retraite, pour lyophiliser le code du travail, pour dégraisser les mammouths, pour privatiser les routes et les chemins de fer, pour fluidifier l'évasion fiscale, pour engraisser jusqu'au gavage le foie gras des oligarques,
-  De faire semblant de défendre l'intérêt général en donnant des coups d'épée dans les eaux troubles et marécageuses de l'union européenne des trusts et du capitalisme financier,
le tout concourant, sciemment, à l'appauvrissement et à l'endettement de l’État qui se trouve ainsi bien mal pourvu pour affronter et corriger les riantes asymétries et injustices sociales nées de l'inégale partage, entre Capital et Travail, des richesses crées (1) ,

La dégénérescence civique des grands serviteurs de l’État, le discrédit de la parole et de l'action politiques des partis de  gouvernement ont fait de l'abstention (4) le premier parti politique, de la prétendue démocratie représentative une ripouxblique qui défend chèrement la liberté du renard dans la poulailler, et ainsi, de concert ou en dépit de leur plein gré, ils ont ouvert un boulevard aux forces fascisantes de l'extrême droite, depuis toujours la plus fidèle roue de secours des grands prédateurs et saigneurs qui pompent l'air et tout le reste aux gens de peu,


Les écolos de service (5) à force d'avaler sans sourcilier (et d'en être fiers)  tant de plantureuses couleuvres sont incapables d'assurer le service après vente du bien frelaté greenwashing qu'ils cautionnent, discréditant ainsi tout ce dont l'écologie politique était porteuse, à savoir : une critique radicale du capitalisme, qui brutalise la planète, stérilise la biodiversité, viole nos vies à longueur de journée et ouvre grandes les portes de la barbarie au devenir proche de nos sociétés.


Les start-upeurs que vous, monsieur le Président, chérissez tant, ces tueurs-nés, fraîchement sortis de leur batterie d’élevage et qui, imberbes encore, jouent déjà aux généraux en plomb dans les champs de bataille du Tous contre tous et que le meilleur d'entre nous dévore les autres, sont capables du pire pour gagner du galon et monter en grade dans l'aristocratie de l'argent-roi, qui  n'a jamais été aussi puissante, ostentatoire, arrogante, méprisante, prédatrice, nuisible, parasite... mais promise, et vous le savez et le craignez, à la vindicte populaire, autour des feux de joie que les gueux un jour,sans doute, allumeront le soir d'un nouveau 4 août...

Les délires des petites divinités transhumanistes et de leur clergé de la science sans conscience, nous offrent la glorieuses perspective d'avoir à apprendre à marcher à quatre pattes, laisse au cou, dans le merveilleux monde virtuel de demain, grâce à un binaire cerveau reptilien, version 2.0, qui nous permettrai d'atteindre, sans peine  ni efforts, le sommet de l'évolution que serait la robotisation et l'asservissement généralisé des 99 % des humains, pucés à souhait, shootés sans le savoir et parqués mais libres de circuler à l'intérieur d'enclos aux grillages transparents mais dissuasivement survoltés.

Voilà à quel nouveau monde nous vous rattachons quand vous nous parlez, monsieur le Président hologramme du grand capital, en héraut enflammé des valeurs chères aux premiers de cordée, aux fantassins de la race des saigneurs, au clergé et à la garde rapproché des aristocratiques autant que brutaux seigneurs du vieux monde féodal, pré-industriel et colonial, dont vous êtes, sans vouloir vous en donner l'air, l'ambassadeur plénipotentiaire auprès de la foule haineuse. 
Souffrez d'apprendre, monsieur le Président, hologramme du grand capital,
que nous avons la faiblesse de penser que tout embryon de projet,
qui se veut solution structurante et durable, socialement utile et pertinente réponse à la hauteur des enjeux et défis actuels concernant les conditions d'habitabilité de la planète et de sauvegarde des droits les plus élémentaires des générations futures,
doit asseoir sa légitimité dans le respect sans faille des quelques grands principes, tels les suivants :

-  Développer les services publics dans la mesure où ils sont le patrimoine collectif de ceux qui sont rien,
-  Défendre contre vents et marées l'intérêt général, les biens communs stratégiques, le bien-être de la Pacha Mama
-  Faire la promotion du triptyque  Produire moins, Partager davantage, Prélever moins,
-  Coopérer au lieu d'asservir, de rapiner, de concurrencer,
-  Assécher les budgets militaires, qui font la guerre à la Vie, et sevrer les riches et les multinationales des scandaleux cadeaux fiscaux que l’État leur fait, afin de consacrer ces moyens financiers à la vitale et urgente transition énergétique et écologique.

Apprenez donc, monsieur le Président, hologramme du grand capital,
que tout projet qui se veut solution structurante, durable et socialement utile, mais qui ne tient pas en considération ces grands principes, est voué à sa désapprobation par le plus grand nombre et ne fera en rien reculer le mur de la finitude de la planète, seule maison d'accueil de l'aventure humaine.

III)
Voilà deux mois que nous attendons vos réponses
à la hauteur des sujets éminemment politiques que nous avons mis sur la table, sur les tréteaux des ronds point, et qui ont trait :
-  à nos conditions de survie,
-  à l'appauvrissement de l’État,
-  à l’inquiétant délitement social,
-  au congénital dysfonctionnement des institutions,
-  à l'inacceptable et désormais intolérable accaparement et exercice du pouvoir politique par une caste bardée de diplômes et d'expertises en tout genre mais qui roule, bien à droite, pour l'oligarchie,  dont vous êtes, en plus d'ambassadeur plénipotentiaire, le plus zélé des gardiens de la paix ordo-libéral (6)

Seulement après un long et assourdissant silence, et épicé d'un mépris mal feinté, vous avez daigné répondre à la foule haineuse et aux gens qui ne sont rien,  en leur posant 35 questions à discutailler dans le cadre d'un prétendu Grand Débat National pour la tenue duquel toutes les ficelles sont aux mains de vos proches et qui ne poursuit d'autre but que celui de faire diversion et de vous permettre d'entrer en campagne électorale aux frais de la princesse et en cherchant à mobiliser le ban et l'arrière ban de vos obligés institutionnels.

Je tenais à vous dire que décline l'invitation.


IV)
Pour finir,
permettez moi monsieur le Président, hologramme du grand capital et faux ami,
que je vous signale qu'il est grand temps pour vous de quitter votre grotte
afin de mieux entendre les paroles (et la petite musique qui les accompagnait)
qui animaient l'esprit de résistance à l'occupant d'alors :

  Ami, entends tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines,
  Ami, entends tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne,

et dont la dernière version a été remixé par les gilets jaunes (7),
partisans, ouvriers et paysans d'aujourd'hui,
citoyens qui battent le pavé sans s'essouffler depuis dix semaines,
pour, comme vous le savez déjà,
-  davantage de Justice sociale, fiscale, environnementale,
-  mettre au cœur de l'action de l’État le seul intérêt général,
-  enrichir la Démocratie avec plus de pouvoir aux Citoyens,

Sans autres salutations distinguées que celles exigées par le minimum syndical du respect et de la courtoisie qui vous sont dus,

L'invisible insoumis gilet jaune
qui n'est pas votre sujet
ni obligé


(1) articles parus récemment sur le dernier rapport du GIEC
(2)     Articles paru le 20 janvier 2019 dans pas mal de journaux bolcheviques, intitulés, à propos du dernier rapport de l'ONG Oxfam  :   
  Les 26 plus riches ont autant d'argent que la moitié de l'humanité :   La fortune des milliardaires dans le monde a augmenté de 900 milliards de dollars l'an dernier, soit au rythme de 2,5 milliards par jour, alors que celle de la moitié la plus pauvre de la population de la planète a chuté de 11%  
(3)  article sur les fiévreux profits des laboratoires pharmaceutiques : mille milliards d'euros en 20 ans, dont 90 % furent affectés aux dividendes
4)   évolution des taux d'abstention en France, au fil des scrutins, depuis 1958         https://fr.wikipedia.org/wiki/Abstention_%C3%A9lectorale_en_France
(7)  témoignage d'un syndicaliste gardien de la paix   https://www.youtube.com/watch?v=S5CZkNZq7VE&feature=youtu.be

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