Une thèse sur le bois énergie qui confirme ce que nous disons (SOS FORET DU SUD) depuis des années: pas de potentiel énergétique important du bois énergie, peu de ressources, la neutralité carbone complétement artificiel. Je vous livre la conclusion ici
Thèse en entier ici
CONCLUSION:
L’utilisation du bois pour l’énergie peut être un levier de diminution des émissions de gaz à effet de serre, mais la chaîne de production doit être considérée dans son ensemble et la gestion de la ressource a un impact non négligeable sur le bilan environnemental final. Les plantations sylvicoles destinées en priorité à la production de bois d’œuvre ne doivent pas être systématiquement converties et intensifiées. En effet, l’intensification de l’exploitation et le raccourcissement des cycles de croissance diminuent l’effet de puits de carbone de la forêt et donc l’avantage du bois vis-à-vis des énergies fossiles. L’utilisation en cascade des produits bois, avec recyclage puis récupération d’énergie, doit être privilégiée, tout comme l’utilisation prioritaire de ressources locales. A petite échelle, l’effet de la technologie sur l’impact du chauffage au bois est important. Les réseaux de chaleur sont un moyen efficace de développer l’utilisation du bois pour le chauffage, tant du point de vue énergétique qu’économique, si la ressource bois est produite dans la région. Les technologies à granulés ont vu leur popularité augmenter ces dernières années, en raison de leur rendement énergétique élevé et de leur facilité d’utilisation. Ces avantages compensent, pour certains utilisateurs, le fort coût d’investissement de ces systèmes. Les technologies à granulés présentent également une meilleure qualité de combustion que les poêles et chaudières traditionnels à bûches. Les poêles à bûches produisent notamment beaucoup de Composés Organiques Volatils et de particules qui peuvent avoir des impacts importants sur la santé humaine. La production de ces polluants peut varier fortement avec l’humidité du combustible et l’apport d’air, ce qui rend d’autant plus importante une bonne utilisation et un entretien régulier des équipements. Cependant si la biomasse-énergie doit se développer à grande échelle, l’exploitation des forêts et des plantations sylvicoles ne suffira pas à répondre à la demande mondiale, en raison des faibles rendements et des coûts élevés de production. La culture de plantes lignocellulosiques à croissance rapide devra être mise en place dans les régions où les terres sont disponibles, ce qui exclut l’Inde et l’Europe par exemple. Les potentiels de production à l’échelle mondiale sont présents, mais le développement de ces cultures soulève des problèmes d’infrastructure, de compétition avec la production alimentaire, et d’impacts liés au changement d’usage des sols.
Cette thèse montre que l’échelle d’analyse peut être un facteur limitant pour répondre à certaines questions, et est confrontée à des défis spécifiques. Ainsi, l’étude de la filière bois en France ne donne finalement pas beaucoup d’éléments sur la place de la biomasse dans une politique mondiale de réduction des émissions de GES, et une étude menée au niveau de l’Union Européenne n’apporterait pas beaucoup plus de réponses. Les enjeux se situent en effet au niveau des grands réservoirs de production que sont l’Amérique du sud, l’Afrique, et la Russie, avec une place prédominante des cultures dédiées. Réciproquement, l’analyse mondiale ne prend pas en compte des facteurs localisés qui peuvent être décisifs pour l’établissement des filières biomasse ligno-cellulosique, en particulier l’accès au marché. Ceci conduit à des évaluations très optimistes et une production dans des régions où le réalisme de ces filières est limité, comme illustré par les résultats obtenus.
A petite échelle, les questions techniques sont dominantes ; mais l’augmentation des objectifs fait apparaître rapidement les problèmes de disponibilité de la ressource et d’approvisionnement. Un exemple en France est la centrale thermique de Gardanne, dont les besoins s’élèvent à 850.000 tonnes de bois par an. La région n’étant pas capable d’y répondre, la centrale a été alimentée partiellement à partir de bois importé, avant d’être fermée par une décision du tribunal administratif en raison de l’insuffisance des analyses d’impact sur la ressource de la région [Bertrand, 2017; de Broqua, 2017]. Principales avancées de cette thèse Grâce à la modélisation de la combustion basée sur des données d’émissions mesurées en laboratoire, nous avons pu fiabiliser le bilan matière et énergie de l’ensemble de la chaîne de production de la forêt à l’usager final. L’Analyse de Cycle de Vie a démontré l’importance non seulement de la qualité de la combustion, mais aussi des étapes de transformation de la biomasse, notamment l’étape de séchage des granulés de bois. Cette étape pénalise largement les scénarios à granulés, qui par ailleurs bénéficient de rendements énergétiques élevés. Une substitution des énergies fossiles par des énergies à moindre contenu carbone permettrait d’améliorer le bilan environnemental de cette forme de bois-énergie en plein développement. L’ACV a également démontré l’importance du CO 2 biogénique et de sa comptabilisation dans l’impact Changement Climatique des scénarios bois-énergie. Le considérer comme neutre du point de vue du changement climatique abaisse artificiellement l’impact des scénarios basés sur l’exploitation des forêts, en raison de la durée du cycle de réabsorption du carbone.
Par une ACV dynamique, nous avons constaté que l’intensification des itinéraires forestiers, par un raccourcissement des cycles de croissance et/ou par une récolte plus intensive des petits bois et rémanents, entraîne une baisse du stock de carbone dans le sol et une hausse du potentiel global de réchauffement climatique. Cette augmentation des impacts n’est pas suffisamment compensée par l’augmentation de la production de biomasse. Le développement de la filière forestière en France devrait plutôt être orienté sur l’exploitation raisonnée des forêts actuellement à l’abandon, où un excédent de biomasse est disponible. L’analyse technico-économique menée sur les scénarios bois-énergie a démontré l’intérêt des scénarios à réseau de chaleur qui sont les solutions les moins chères pour l’utilisateur final, en raison des économies d’échelle et du faible coût du combustible utilisé. Les technologies à granulés souffrent d’un niveau d’investissement important et donc ne sont pas compétitives. Par contre, les scénarios à bûches sont très bon marché, et peuvent absorber une augmentation conséquente du prix de leur combustible avant de rattraper les scénarios fossiles. Pour avoir une perspective plus large, une modélisation économique à l’échelle mondiale a aussi été menée, avec pour but de simuler la production de bioénergie dans plusieurs scénarios de demande, avec et sans taxe carbone. En l’absence de corrélation entre la localisation de l’offre et de la demande, on constate que la production de biomasse-énergie se base principalement sur des cultures dédiées comme les Taillis à Courte Rotation, et que cette production s’effectue presque exclusivement en Afrique. Ceci soulève des questions à la fois techniques, économiques et éthiques. Le continent africain a certes un large potentiel de production, mais les infrastructures et les liquidités manquent, et des difficultés d’approvisionnement en nourriture sont déjà présentes dans certaines régions.
1 commentaire:
Attention la centrale a biomasse de Gardanne n’est pas fermée. Le Tribunal administrif a invalidé l’enquête publique et a donné 9 mois à Uniper pour proposer un nouveau plan d’approvisionnemen. Le TA a en effet estimé que le plan d’approvisionnement proposé dans l’enquête public était nonn fiable et le périmètre défini bien trop restreint.Pour le moment nous sommes dans un niomensland juridique et l’as centrale fonctionne mais seulement à 28 % de son contrat pour 2018 est à 10 % en 2017.
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