Ils l'affirment de partout et vous le clamer, haut et fort pas de construction dans le golf !
Les Progolfs:
- Pas de construction dans la zone (heu juste un club house) !
Les No Golfs :
- Pourtant un golf est une zone classée artificialisée au lieu d'être classé naturelle. Les permis sont délivré actuellement en priorité sur les zones artificialisés.
Et ce document c'est quoi ? :
Les Progolfs: - C'est pas vrai, dans une une grande partie une zone inondable !
Les NG - Alors pour le Golf , ça craint !
LES PG: Rassurer vous , il y a un système d'alerte pour évacuer la zone si l'impétueux torrent du bosco don débaroule dans le golf et détruit la zone.
Après
quelques actions et de la communication, le projet de golf au bord du
lac de Serre-Ponson commence à être médiatisé. Toutefois seulement les
personnes vivant dans l’embrunais et ses alentours semble vraiment au
courant du projet qui revet une logique de développement touristique se
développant dans une grande partie des Hautes-Alpes. Rencontre avec un
opposant au golf.
Est-ce que tu pourrais présenter le projet ? Qu’est-ce que c’est ? Qui finance ?
C’est un vieux projet qui date depuis des décennies et qui a pour but
d’aménager la garenne des Crots. Plusieurs projets ont été proposés,
aujourd’hui c’est un golf. La garenne est une zone de reconquête
forestière, c’est des terres qui ont été abandonnées après guerre.
Maintenant constitué par, ce que les élu.e.s promoteurs/trices du golf
appelle, de la mauvaise pinède1. En réalité, c’est une zone de
reconquête dans laquelle il y a pas mal de biodiversité, et qui sera une
belle forêt. L’idée est d’exploiter cette zone, car elle est au bord du
lac de Serre-Ponçon et qu’elle n’est pas utilisée économiquement, ni
troupeau, ni agriculture. Dans l’idée d’un développement économique, un
golf ça serait bien, ça permettrait de faire travailler les saisonniers
hors saison, et ça permettrait de monter en gamme, d’attirer des
touristes de haute qualité, sans euphémisme, des riches.
Au début le projet était porté par la commune des Crots, mais maintenant
que les communes n’ont plus trop de pouvoir, c’est la communauté de
commune de Serre-Ponçon qui le porte avec, au départ 3 millions d’euros,
maintenant 4. L’idée initiale était de faire un golf 18 trous, le
minimum acceptable pour le public visé, mais vu que le projet
impacterait les zones agricoles dans ces conditions, c’est-à-dire 50 ou
60 Ha, le projet a été réduit à 9 trous, donc utiliser 35Ha et aménager
que la Garenne des Crots, pas de zone agricole.
Et actuellement où en est le projet ?
C’est un projet qui avance de manière sinueuse et souterraine. De ce
que j’en sais, il a été demandé que les études soient le plus discret
possible et que le public soit au courant du projet au dernier moment
afin que les oppositions ne puissent pas s’organiser. Même les élus
d’opposition, ne sont pas réellement informés de l’avancé du projet.
Mais la stratégie des porteurs du projet est un peu ratée, ils ont pris
beaucoup de temps, ils ont parlé du projet, on fait mine de se rétracter
avant les élections municipales de 2020, alors que 135 000 € d’étude
avait déjà été engagés. Malgré le fait qu’ils ne communiquent pas ces
études, on a réussi à mettre tout ça sur la place publique en faisant
une manifestation pour que les locaux soient au courant. Il y a un réel
déni démocratique, 4M€ d’argent public pourrait être engagé et le but du
jeu c’est que les citoyen.ne.s soit le moins au courant possible. On a
dû obtenir par une fuite, une pièce du dossier qui devrait être public,
alors qu’elle avait été demandée de manière officielle par un membre du
collectif. On a donc lancé une procédure contre la communauté de commune
à la Commission d’accès aux Documents Administratifs. Il y a cette
volonté de pas parler du projet et c’est déjà un des objectifs qu’on a
atteints.
Quelles peuvent être les impacts écologiques du projet ?
La zone se trouve sur le cône de déjection2 du torrent du Boscodon,
c’est pourquoi la reconquête par la pinède est longue et difficile.
C’est une zone peu riche, c’est pour ça qu’elle avait été abandonnée.
Pour l’installation du projet, il faudrait broyer les cailloux, puiser
de la terre dans le lac, arroser la zone. Face aux critiques, les
promoteurs de golf s’adaptent, un label golf pour la biodiversité
a été créé, ce qui concrètement, aurait pour conséquence que la moitié
des 35Ha serait engazonné et le reste serait laissé à la biodiversité.
Il y a un greenwashing qui est fait pour valoriser certains efforts
réels par rapport au golf traditionnel, mais ils prendront quand même de
l’eau dans la nappe phréatique juste à côté, donc dans le lac, pour
arroser via des pompes et faire pousser ce golf.
Comme je l’ai dit précédemment, c’est une zone de reconquête
forestière, bien que certains disent que c’est une zone qui sert à rien,
c’est un mauvais bois, il y a beaucoup d’espèce menacée, un peu comme
partout vu que 40 % des espèces sont en voie de disparition. Il y a une
quinzaine d’espèce protégé sur le site, selon l’étude réalisée par
Ecotonia [1], des espèces végétales, et animales, comme le sonneur à ventre jaune qui est une espèce protégée vivant ici.
Concernant les arbres, actuellement il n’y a pas d’espèce spécifique sur
la zone, la reconquête va se faire, et la zone devrait devenir une
forêt bien plus riche en diversité.
Qu’elles ont été ou sont encore les usages de cet endroit ? Qu’elles peuvent être les risques et les conséquences sociales ?
Je pense aussi que l’espèce qui est menacée c’est le touriste qui
aime les espace sauvages, qui dort en camping-car ou qui plante sa
tente. On voit peu à peu toutes ces zones qui permettent un tourisme de
pauvre, sans dépenser, disparaître. C’est peut-être ça aussi la
motivation sur le projet de golf, pourquoi des personnes viennent
manger, dormir et se baigner gratuitement ?
Sinon sur son usage, cette zone a servi d’entrepôt pendant les années
où des déchetteries sauvages étaient faites. Il y a eu un projet de
kart qui a été abandonné parce que c’est une zone classée Natura 2000 au
sein du parc national des Ecrins. Un mini-golf a été construit, puis
qui a été interdit parce que c’est une zone classée. Et maintenant il y a
un projet de golf, c’est ça qu’est assez drôle.
Actuellement pour les locaux, c’est la promenade du dimanche, c’est
la zone où on fait du vélo, c’est là où les jeunes viennent boire un
coup, faire un pique nique, un barbec… On va repousser ce public encore
ailleurs, alors que c’est un bel endroit. Pour moi, le risque, c’est la
privatisation d’un espace public qui servait beaucoup aux locaux dont je
fais partie, ça c’est clair. On va empêcher une partie de la population
d’accéder à ces endroits-là, il y en a d’autre c’est sur, mais ça
restreindra le nombre de ces endroits. Ça nous entassera l’été pendant
les périodes de fortes affluences. C’est le coin que connaissent les
locaux pour éviter les zones de fortes affluences touristiques l’été.
Est-ce que tu peux nous parler des autres golfs qu’il y a dans le département ? Est ce que tu connais un peu leurs situations ?
Il y a 3 autres golfs dans le coin. Celui de Barcelonette est en
déficit. La cour des comptes l’a épinglé pour ses dettes. Il a été
construit quand l’armée est partie de Barcelonette, il fallait trouver
des idées pour la reconversion touristique.
Il y en a un autre à Montgenèvre, qui se fait sur les pistes de ski
l’été. Maintenant les pistes avec de la neige artificielle ne sont plus
drainées, il n’y a plus de zone humide, et donc plus trop de la
biodiversité. Les stations de ski, c’est de la pelouse artificielle donc
utilisée ça pour le golf, y a pas un impact écologique très fort, c’est
déjà des zones anthropisées.
Ensuite il y a le golf Bayard c’est, je crois, le seul golf qui est
rentable, et encore, il fonctionne avec les pistes de ski de fond
l’hiver, c’est un bon mixte pour eux. Mais il y a aussi un centre
d’oxygénation, et un hôtel.
D’ailleurs, il est bien dit dans l’étude du golf de Serre-Ponçon, qu’il
n’y a pas de viabilité sans hébergement, ce qui n’est pas prévu pour
l’instant. Les élus jurent à grand cri qu’il n’y en aura jamais, soit
ils mentent et ils vont faire un hôtel après, soit ils mentent pas et
ils vont faire un trou.
Est-ce que tu peux nous présenter les élus qui portent le projet ?
Les élu.e.s qui portent vraiment le projet sont pas si
nombreux/euses, mais c’est un peu dur à estimer. C’est la mairie des
Crots qui a lancé le projet, et la majorité est pour. Les élu.e.s
municipaux, depuis la réforme de 2016 de Hollande, sont devenus, s’iels
veulent avoir leurs subventions, des sous-traitants des communautés de
commune, iels ne peuvent pas rentrer en opposition avec, on va dire
l’autorité centrale, de la comcom.
Les élus qui sont contre ne le disent pas. Il y a quand même un petit
collectif très minoritaire qui s’est monté, mais s’il y a un vote, il y
aura une majorité sans problème. Il y a une vision politique, beaucoup
d’élus pensent qu’un golf ça fera un atout pour le coin. Ils ont une
vision de développement, il faut développer l’activité touristique après
le ski.
Normalement le golf devrait attirer entre 300 et 500 personnes qui
payeront plusieurs centaines d’euros par an d’abonnement au golf et
feront tourner les entreprises de restauration et d’hébergement. Pour
les promoteurs du golf, face au réchauffement climatique, il faut
s’adapter, les touristes feront moins de ski et plus de golf. Nous on
pense que c’est un peu court comme analyse. Si le problème du
réchauffement climatique, c’était de passer du ski au golf, on serait
tranquille. En fait, iels voient pas vraiment le problème. Les
promoteurs du projet, c’est des personnes à la retraite qui ont une
vision très 20e siècle d’un développement touristique sans fin. Pour
eux, il faudrait faire un petit îlot touristique, leur modèle c’est
Courchevel. Le but, c’est de monter en gamme comme iels disent, faire du
tourisme de haute qualité, c’est-à-dire des gens riches qui dépensent
beaucoup d’argent, et le golfeur est censé dépenser beaucoup d’argent.
Ce qu’iels semblent oublier c’est qu’il y a déjà un golf 18 trous à
Montgenèvre, il y en a un à Barcelonnette et un autre à Gap, donc ça
fait déjà 3 bel équipement dans le département.
Comment le projet est il porté ? Y aura-t-il un financement municipal, départemental, régional ?
C’est le maire du village des Crots qui portent le projet, mais il
est soutenu par la présidente de la comcom, Mme Eymeoud qui est deuxième
vice-présidente de la région PACA et qui a les moyens d’attirer des
fonds. C’est la région qui va payer. Cela donne l’impression que du
moment que c’est l’argent de l’état, de la région, c’est pas leur
argent, alors que pour nous à partir que c’est de l’argent public, qu’il
vienne de l’Europe ou autre, ça reste notre argent. Nous ce qu’on
dénonce, en plus que de raser, de privatiser cette zone, c’est surtout
qu’il va y avoir 4 millions d’euros gaspillés alors qu’il y a plein
d’urgence à traiter.
Est-ce que tu peux nous présenter les différentes oppositions à ce projet ?
Il y a un collectif d’élu.e.s qui s’est fédéré sur cette opposition
au golf. Même si le groupe existait avant, il prend la lutte contre le
golf pour se lancer dans une opposition sous le nom du collectif Sens
pour Embrun. C’est une forme d’organisation qui n’existait pas à la
comcom et qui a fait une belle vidéo. Cette vidéo résume le projet et
les élus réclament un débat démocratique. Pour le collectif, c’est
presque plus la méthode qui est en cause, il demande un référendum. Si
les gens sont pour, le collectif votera pour et si les gens sont contre
il votera contre, mais iels demandent une transparence d’information
qu’on a pas ainsi qu’un vote populaire. Face à eux, la présidente de la
communauté de commune souhaite rester sur un vote des élu.e.s parce
qu’ils sont représentatifs, et ils vont forcément voter pour le projet.
La seconde opposition, c’est le collectif Non au golf de Serre-Ponçon qui est issu des Soulevements de la terre
et de ces grands projets inutiles. Dans le collectif, on propose de
réorienter l’emploie des 4 millions d’euros. Par exemple, on a beaucoup
besoin d’installation paysanne, en 5 ans, la moitié des paysans partent à
la retraite, il y a un vrai problème d’installation et de foncier dans
les Hautes-Alpes. Il y a aussi un problème d’isolation des bâtiments, on
pourrait créer une conserverie. L’hôpital est à refaire aussi, on lui
reproche 2 millions d’euros de déficit, de dettes cumulées. On est dans
la situation où il y a des fuites dans toit de la baraque, t’as le
chauffage à refaire, t’as la voiture à changer et la première chose
qu’est faite, c’est une piscine ! C’est un gaspillage.
Je pense que plus on retardera ce projet, plus ça va devenir compliqué
pour les élu.e.s. Je pense que dans pas longtemps, la bataille de
l’opinion peut être gagner, c’est pour ça qu’on appuie la proposition de
Sens pour embrun de faire un référendum. C’est aussi aux habitants de
savoir comment on emploie l’argent public.
En termes d’action, on a réalisé un site internet, 2 manifestations, on en a parlé, distribuer des tracts. Le 1er objectif était de dire que ce projet existe au lieu de dire que c’est une étude. Maintenant on lance un appel à contre-projet
pour les 4 millions d’euros, c’est sur le site internet, on peut
déposer son projet. Nous on est plutôt partisan qu’on la laisse cette
zone tranquille, mais 4 millions d’euros… Pour le collectif, si on nous
propose un golf ailleurs à ce prix-là, on sera toujours contre. On va
aussi lancer une tournée d’information dans les villages pour discuter
et débattre avec les habitants. On aimerait faire une grande action en
2022. Nous ce qu’on essaie de dire aux élus, c’est que ce golf, s’ils
arrivent à le faire, il sera célèbre, on aura fait la pub avant.
« Toujours lutter contre les conséquences, jamais contre les causes. » C’est le slogan secret d’Emmanuel Macron dans toutes les matières. Après l’hôpital, voici l’électricité. Le prix de l’électricité s’envole, Macron ruine l’État et EDF, sans toucher aux mécanismes qui ont produit ce résultat. Les conséquences risquent d'être d'un noir absolu...
La ruine du
service public de l’électricité ou LE CHOIX DE L’ACCIDENT
Petit préambule sur cet article sur l’énergie
Avant, on parlait peu de l’énergie. À mesure que nos ressources se tarissent, le débat sur l’énergie fait rage. Mais il existe des absents de cet indispensable débat : les techniciens de l’énergie, ceux qui construisent, réparent, bref ceux qui font qu’on en a ! C’est comme si on débâtait de l’agriculture, sans jamais donner la parole aux paysans. Les philosophes en parlent, les journalistes, les experts qui n’ont jamais fait autre chose que de l’Excel, les professionnels de l’internet, les fous de réseaux sociaux, les youtubeurs toutologue, le tout avec beaucoup de rhétorique et pas de pratique. Un livre paru dans les années 2000, analysait les « décisions stupides ». Il définissait qu’une décision est stupide, quand elle nuit à beaucoup de personnes, mais aussi à celui qui l’a prise. Il racontait comment la NASA avait lancé la navette spatiale alors que tous les techniciens savaient qu’a -2 °C elle allait exploser. Il passait en revue les décisions stupides qui menaient à la catastrophe, alors que les risques étaient certains. Il remarquait que l’éloignement du terrain provoquait une sous-estimation des risques et des croyances et une incompréhension des problèmes techniques. La catastrophe de Tchernobyl fut provoquée par une décision stupide d’un directeur. Sur le terrain, personne ne voulait faire cette expérimentation, c’est-à-dire emballer la réaction d’un cœur nucléaire en coupant la sécurité. Les philosophes parlent aux philosophes, les sociologues aux sociologues, les techniciens aux techniciens. Vous entendrez, sur les médias de droite ou de gauche (sic), des experts, chercheurs, universitaires, sociologues, élus, responsables, décisionnaires mais jamais de techniciens. Voici de manière confidentielle, la parole d’un technicien des renouvelables, qui parle avec d’autres techniciens du nucléaire….
« Toujours lutter contre les conséquences, jamais contre les causes. »
C’est le slogan secret d’Emmanuel Macron dans toutes les matières. Après l’hôpital, voici l’électricité. Le prix de l’électricité s’envole, Macron ruine l’État et EDF, sans toucher aux mécanismes qui ont produit ce résultat. Les causes sont l’instauration d’un marché spéculatif dans l’électricité et la conversion d’EDF en multinationale. Spéculer sur un marché électrique, où le stockage est nul est stupide. C’est la certitude de faire faire au prix des montagnes russes. L’offre doit correspondre, à la seconde, à la demande : pas de rupture de stock ! Dans « l’idéologie de la loi du marché », ce conte pour enfant, en cas de pénurie, le prix monte. Dans cette légende, de plus en plus d’investisseurs se lancent dans la production et, finalement, l’offre d’électricité augmente. Dans la vraie vie, c’est différent, une centrale de production ne se construit pas en peu de temps ! Mais il faut l’avouer, c’est pratique, les théories. Souvent, en pratique, les théories ne marchent pas, ce qui devrait les rendre caduques, sauf si cette théorie est une croyance religieuse. La théorie de la loi du marché est une croyance religieuse. En pratique, c’est vérifié, elle ne fonctionne pas du tout. La sainte loi du marché efficient est une croyance fondamentaliste, et cela empêche toute remise en question, même quand le réel frappe a la porte, (en psychologie on appelle ça de la dissonance cognitive). Pourtant, le problème est basique, le prix du marché de l’électricité est le prix de la centrale électrique qui arrive au dernier moment, en bout de chaîne, soit la centrale au gaz : le prix de l’électricité est fabriqué par le prix du gaz ! Peu importe que l’essentiel de la production, en Europe, ne soit pas faite par du gaz, c’est le prix du gaz qui compte. Alors, comme le gaz, russes sont les montagnes ! Vladimir a bon jeu de jouer avec la vanne du robinet ou de souffler sur les braises géopolitiques pour faire monter ou baisser le wagonnet du prix. Basique…
Dans un contexte de yoyo tarifaire, celui qui désire investir dans la production électrique du mal à y voir clair. Seuls les joueurs de casino s’y risquent et ceux-là ne manquent pas, on leur ouvert un casino avec des règles sympathiques : « Face tu gagnes, pile l’État perd ». Pourtant, la production d’électricité n’est pas un métier de joueurs. Elle demande rigueur, prévoyance, planification, des temps longs. La production d’électricité et sa distribution est technique, rien de bien excitant. Elle demande de lourds investissements sur des décennies (30 à 40 ans) et le taux d’intérêt de l’emprunt est ce qui fait le prix de la centrale. Emprunter à 1 % ou 9 % cela change tout, une centrale qu’elle soit nucléaire ou renouvelable, coûte 4 fois plus cher a 9 % qu’à 1 %. Mais quand le prix change toutes les heures, quand il est impossible de connaitre la météo du prix à plus de trois jours, et quand il faut investir pour 40 ans, le banquier, l’investisseur demande le max, 9 %! Et puis, les adeptes de la religion du marché spéculatif n’aiment pas les temps longs : ils aiment les raids spéculatifs, les retournements d’alliance, les décisions qui surprennent le marché. La « Win », ce n’est pas laborieux, les écoles de commerce leur apprennent qu’ils peuvent faire n’importe quel métier, et changer de poste ou de métier tous les deux ans. La constance du jardinier ne fait pas partie de leur compétence. La « Win » ne parie pas sur 40 ans ! Pourtant, la production d’énergie d’un pays, d’un continent, nécessite la constance d’un jardinier, le sérieux d’un ingénieur. Remettre le choix de fermeture ou d’ouverture des usines électriques à des pressés de l’excédent brut d’exploitation, aux princes du cash-flow, c’est s’exposer à des fermetures brutales, sans concertation, quand le prix est bas, puis à des spéculations quand le prix est haut ! Quand le système merdoie, on demande à l’État de venir épancher le merdier, une fois que tout le monde est bien crotté.
Cela fait 20 ans que le marché de l’électricité est dérégulé, déplanifié, bordélisé en Europe, petit à petit. Depuis 10 ans, la production nucléaire française est pillée. Il faut du temps pour détruire un service public qui fonctionne. Une tempête arrive et le navire, qui prenait l’eau de toute part, coule. La destruction de l’hôpital a pris une bonne décennie, le Covid a fini de l’achever. La destruction du service public de l’énergie a mis 20 ans, le Covid en révèle l’ineptie. Pour l’instant, tout le monde a de l’électricité chez soi et les coupures ne sont pas encore là. Elles arriveront, c’est une certitude ! Une panne en trop et un grand froid suffiront. Le pillage du service public de l’énergie, ses délirants investissements à l’étranger (des dizaines de milliards perdus par ses brillants PDG), l’ont empêché d’investir depuis deux décennies. Ses centrales de production d’électricité vieillissent. Elles ne sont plus renouvelées, ni maintenant entretenues. Nous aurions pu les remplacer à temps, par des énergies renouvelables, des économies d’énergie, ou même des centrales nucléaires neuves, si l’on savait encore en construire, ce qui n’est plus le cas. L’EPR est construit, mais depuis quelques années, EDF le répare, alors qu’il est neuf ! Imaginez-vous : vous achetez une voiture neuve, et l’emmenez chez le garagiste faire changer la culasse ! Votre garagiste vous annonce, à chaque fois que vous souhaitez la récupérer, qu’il vient de découvrir une pièce de plus à changer...
C’est basique à comprendre. EDF, non seulement, ne renouvelle plus son parc de production, mais il n’entretient plus correctement ses vieilles centrales. Si EDF était une compagnie de taxi, elle aurait une flotte de R18 et de 404 avec 300 000 km. Elle aurait quelques R25 plus récentes avec des moteurs sortis de l’usine avec de graves défauts de fonderie. Elle aurait acheté une voiture neuve qui serait chez le garagiste depuis son achat. Nous seulement, le parc est vieux mais, les dépenses d’entretien sont réduites. Pourtant, les besoins d’entretien s’envolent avec autant de vielles casseroles. Pour économiser les frais de garagiste, notre compagnie nationale économiserait sur le petit personnel mécano en prenant des précaires mal formés. Elle virerait ceux qui alertent, encouragerait ainsi le mensonge par son mode de gestion ! Une belle assurance d’avoir des pannes à répétitions, voire des accidents. Au lieu de faire les réparations nécessaires sur les véhicules de manière préventive, la compagnie de taxi, pressée par le manque de disponibilités de ses véhicules, choisirait de mettre le problème sous le tapis et de ne réparer que lorsque les pièces lâchent. Le problème de ce choix de maintenance est qu’on joue avec le hasard. Avec une maintenance préventive, vous pouvez programmer les arrêts et gérer la disponibilité. Le choix de la maintenance curative est l’aléa : parfois les pannes tombent au bon moment, parfois plusieurs véhicules sont en rades en plein départ de vacances dans une période sans marge. Moralité dans un marché où la course de taxi est cotée d’heure en heure, l’offre s’écroule et le prix s’envole.
Les vieilles centrales sont en bout de course, les plus récentes sont sorties d’usine remplies de défauts. Les premières centrales 100 % françaises livrées dans les années 90 annonçaient, avec leur retard et surcoût, la tragédie de l’EPR.
Le danger de réduire le coût de l’entretien des vieilles centrales nucléaires est évident. Cette politique nous fait courir un risque immense et ruinant : l’accident sévère, en langage Nuke ; la grosse cata, en langage courant. La force de communication du Nuke est dans sa façon de changer les mots. D’une personne violente et maltraitante, dit-on qu’elle est sévère ?
Actuellement, l’entretien des centrales est effectué par du personnel mal payé et mal formé. Seuls les managers, rivés sur leur tableau Excel, peuvent croire au père Noël. Le père Noël, ici, consiste à croire qu’un travail technique, fait dans des conditions humaines déplorables, vite et à moindre prix, soit un travail de qualité. La réalité est que les techniciens font semblant, on triche, on remplit les papiers, on coche les bonnes cases, on achète les agréments pipeau. Dans la réalité, le travail est bâclé, les problèmes enterrés, la réalité embellie, le mensonge, la règle. Le souci, pour qui connait vraiment la technique (c’est-à-dire pas ceux qui nous dirigent ou communiquent) sont les détails. Un coude dont l’acier a trop d’impuretés, c’est un détail. Il est joli, flambant neuf, sur la photo de l’inauguration, il ne fait pas tâche. La différence se voit des années après. Mais quand les problèmes arrivent, les ronds-de-cuir qui ont signé les papiers de conformité, sont partis dans une retraite confortable. Ils sont de tout manière à l’abri de la leucémie, pas comme un vulgaire précaire.
Il y a urgence à investir massivement dans l’hôpital, pour que nous soyons encore soignés. Investir dans l’hôpital veut dire investir dans l’humain et pour être même précis, dans le travailleur de terrain, productif, l’aide-soignante, le médecin, l’infirmière, pas dans le manager à tableau Excel, dans son bureau, loin du terrain, chargé de faire des stats et du flicage. De la même façon, pour l’électricité, il est urgent d’investir dans la maintenance de nos centrales, dans le travailleur exposé, dans le soudeur, dans le remplacement préventif de tonnes de tuyauteries à bout de course. Au lieu de cela, l’État assure les profits des traders de l’électricité, qui achètent pour revendre. Il s’attaque aux conséquences d’un casino qui s’emballe, sans le remettre en cause. Les causes s’appellent, en français technocratique, la “libéralisation du marché de l’électricité” ; mais en français technique ? Sa “bordélisation” ! S’attaquer aux causes nécessite une série de recettes déjà employées dans l’histoire, basiques, simples et efficaces, mais coûteuses, politiquement. Il faut en effet s’attaquer aux juteux profits des multinationales de l’énergie :
- Nationaliser la production d’électricité (nucléaire et renouvelable) comme son transport et sa distribution, et au-delà, la distribution du gaz, c’est indispensable ;
- Faire voter un choix clair aux français, par référendum : « Préférez-vous du nucléaire ou des renouvelables ? Vous devrez accepter les inconvénients de votre choix ! » ;
- Instituer un tarif progressif de l’énergie : plus je consomme, plus je paie. Première tranche pas chère, deuxième tranche prix moyen, troisième trancheà prix élevée. Dernière tranche, très élevée ;
- Mettre en place un service public des économies d’énergie, financé par cette tarification progressive et l’impôt. Flécher l’épargne des ménages dessus ;
- Investir immédiatement dans un plan d’urgence de sécurité nucléaire, quel que soit le résultat du référendum : intégration des précaires du nucléaire dans EDF, professionnalisation, suivi médical financement de la réparation des tuyaux défectueux ;
- Mettre un financement à 0 % des infrastructures de l’énergie, car le taux de financement est la donnée la plus importante en énergie ! C’est basique, vous n’avez pas les bases ;
- Flécher l’épargne des ménages sur les économies d’énergies. Sans service public de l’énergie et des économies d’énergie, pas de transition énergétique réussie, donc adieu le climat ;
Le proverbe légendaire des technocrates est qu’il n’y a pas de problèmes que l’absence de solution finit par résoudre. Les non-choix de ces 10 dernières années nous amènent vers le noir. Le choix de la ruine d’EDF, réalisé hier, et amplifié aujourd’hui, nous amène des conséquences dramatiques : panne généralisé (blackout) comme au Texas – risque fort d’accident nucléaire – pas d’argent pour les économies d’énergies et les renouvelables. Quelle belle idée que de faire une transition énergétique trop lente, dans un pays sans pétrole et gaz, quand les fossiles deviennent rares et chères !
Malheureusement dans le nucléaire, on est plus fort en lobbying qu’en soudure ! Le lobby du nucléaire va de l’ENA à la CGT-ÉNERGIE, en passant par tout la haute administration, et la vieillesse votante et réactionnaire. Ils arrivent même à convaincre la jeunesse angoissée par la catastrophe climatique d’être un remède. Chapeau bas pour le bourrage de crâne. Ce lobby immense est parvenu à freiner le développement des énergies renouvelables et des économies d’énergie. Il craignait que cela enterre sa croyance absolue dans le nucléaire. Abrutis par leurs certitudes, ils n’ont pas vu que le système libéral empêchait, non seulement, la relance du nucléaire, mais qu’il empêchait jusqu’à son entretien, et ruinait leur boutique, en la dépeçant de l’extérieur et à l’intérieur. De l’extérieur, par le marché ; et à l’intérieur, par les délires mégalos qui affectent régulièrement les dirigeants du Nuke, une maladie chronique et hors de prix. Cette folie les a ainsi conduits à ruiner eux même leur propre boutique à coup d’investissement foireux dans des mines sans uranium ou par l’achat à l’étranger de vieilles centrales mal entretenues. Ils ont vendu des centrales neuves EPR mal conçues, avec des garanties de SAV. Au moins, dans le photovoltaïque, les arnaqueurs disparaissent sans laisser de trace. Si vous avez une R18 mal en point ,qui ne vaut rien, il faut la vendre à une compagnie de taxi qui adore les R18, et les achète cher. Les véritables destructeurs du nucléaire, ce sont eux. Ils ont fait bien plus de mal au secteur que tous les antinukes réunis.
Depuis quelques années, portés par de richissimes et brillants gourous qui ne mettront jamais la main sur une pelle, le nucléaire revient, en jouant toujours sur l’image d’une industrie de pointe, portée par un haut niveau de technologie, nous promettant de nouvelles générations de réacteurs, sans risques, sans déchets (MDR). Le nucléaire est présenté comme un fleuron du progrès scientifique, la fine fleur de la virtuosité technique. Dans la réalité, sur le terrain c’est tout le contraire : ce sont des infrastructures vieillissantes et des mentalités moyenâgeuses chez leur partisans, dirigeants. Les centrales s’effilochent, le prétendu sommet de la technologie humaine se révèle une vulgaire affaire de plomberie. Le mépris pour les ouvriers confine à la féodalité. Les têtes qui protestent ou juste alertent, se font décapiter (exemple 1 - exemple 2 ). Sur place, les opérateurs bricolent au compte-goutte avec des bouts de ficelles. Le pire, dans cette histoire, est que les ronds-de-cuir et leurs gourous, qui décident de toute cette mascarade, ne sont pas ceux qui iront nettoyer le merdier. Ils resteront tranquillement devant leurs tableaux Excel, dans leurs conférences, sur leurs plateaux d’interview. Ils ont ruiné leur service public, ils vont nous mettre dans le noir, ils ruineront bientôt la France, à 500 milliards d’euros minimum l’accident. Actuellement, ils mettent dans des situations humaines et techniques bancales le personnel qui répare. Certes, c’est certain, ce ne sont pas eux qui iront comme au Japon, balancer de la résine mélangée à du papiers journal déchiqueté pour boucher les fuites. Ils n’iront pas pousser avec brouettes, râteau et pelles les débris du fleuron de la technologie française. Ils n’auront pas un dosimètre qui crépite sur le dos. Eux, ils géreront les doses reçues par les travailleurs. Ils affirmeront, péremptoires, qu’en fait, cela ne va pas si mal. Ils raconteront que tout colle dans leurs tableaux, depuis qu’ils ont relevée les normes de dose recevable en y rajoutant un ou deux zéro. Ils mettront en place de compliquées procédures, souvent inutiles, mais toujours bien vendues. Ils se moqueront de ces travailleurs qui picolent, en revenant de l’enfer. Ils raconteront que l’alcool fait plus de dégât que les rayons gamma.
PS 2 : Le pire est que pour les renouvelables, la loi du marché fait aussi de la merde alors qu’elles sont un des rares espoirs qui nous reste face a la catastrophe climatique qui va nous secouer.
PS3 : Faire des prédictions sur l'avenir c'est casse-gueule mais en se qui concerne une mauvaise maintenance,c'est facile. Je vous reporte sur ce qu'on disait sur le marché électrique, on peut voir qu'on avait vu a peu prés juste:
Après
avoir testé plus de 6 000 volontaires sur tout le territoire français,
le plus large échantillon européen, l'association Campagne glyphosate
confirme le très fort taux d'exposition du pays à cet herbicide,
notamment des enfants.
Une population française largement contaminée par le glyphosate,
partout et au quotidien, y compris les consommateurs de bio : c'est ce
que laisse apparaitre une étude de l'association Campagne Glyphosate,
publiée dans la revue Environmental Science and Pollution Research,
ce mois de janvier. Mené sous l'égide d'un comité scientifique,
comprenant notamment la chercheuse à l'Etablissement français du sang
Julie Di Cristofaro, le directeur de recherche à l'Inserm Denis Lairon
ou le statisticien Christian Paroissin, ce programme a mobilisé
6 848 participants volontaires issus de 84 départements, entre juin 2018
et janvier 2020. Des prélèvements d'urine ont été effectués sous
contrôle d'huissier pour chacun, puis analysés, via la méthode Elisa,
par un laboratoire allemand unique : Biochek.
Des résultats sans appel
« L'objectif était d'évaluer la fréquence et le niveau de
contamination au glyphosate de la population française, à l'échelle
nationale, en essayant de déterminer les associations possibles entre
ces niveaux et un certain nombre de facteurs comme les saisons, les
caractéristiques biologiques des participants, leurs modes de vie, leurs
habitudes alimentaires ou leur profession », explique le
mathématicien Daniel Grau, l'un des scientifiques responsables de
l'étude. Résultats de ces tests : des traces de la molécule ont été
trouvées dans les fluides corporels de 99,8 % des participants, avec un
taux moyen de 1,19 nanogramme par millilitre (ng/ml), pour un maximum de
7 ng/ml. « C'est dix fois le maximum autorisé dans l'eau de boisson », indique Denis Lairon.
Les hommes et les enfants d'abord
C'est dix fois le maximum autorisé dans l'eau de boisson
Denis Lairon, Inserm et membre du comité scientifique de Campagne glyphosate
L'étude confirme une présence plus importante de l'herbicide chez les
hommes, les fumeurs, les consommateurs de bière et les agriculteurs,
particulièrement chez les viticulteurs, gros utilisateurs de glyphosate.
Ce taux décroit avec l'âge – les enfants font donc partie des plus
vulnérables – et chez les adeptes du bio. En revanche, l'enquête révèle
qu'il augmente pour les consommateurs d'eau du robinet, de source
naturelle ou de puits. Il s'accentue pour tous au printemps et en été,
période d'épandage durant laquelle on retrouve aussi plus de ce produit
dans les eaux souterraines et de surface. Les experts de Campagne
glyphosate regrettent l'absence de prise en compte par les autorités des
effets d'une exposition permanente des personnes à cette molécule, tout
comme l'effet cocktail particulièrement toxique généré par
l'association du glyphosate avec d'autres composés chimiques, largement
négligé de leur point de vue.
Les évaluations officielles encore mises en doute
Même si, de l'avis même de ses responsables, cette enquête très
factuelle mériterait d'être complétée par d‘autres études plus précises,
sur la question des épandages ou la contamination de l'eau par exemple,
elle constitue une pierre de plus dans le jardin de l'Agence européenne
des produits chimiques (Echa) et de l'Autorité européenne de sécurité
des aliments (Efsa) : les deux institutions chargées des évaluations de
l'herbicide en vue du renouvellement de son autorisation par la
Commission européenne, déjà très critiquées pour leurs méthodes.
En ciblant le glyphosate, herbicide le plus utilisé dans le monde, en
France en particulier, l'association espère, par ailleurs, alerter
l'opinion et les pouvoirs publics sur le niveau de contamination des
personnes par l'ensemble de ces pesticides. Une exposition confirmée par
l'étude Esteban, publiée, cette fois, par Santé publique France, le 21 décembre dernier.
Des plaintes déposées
« La question qui se pose maintenant, c'est : on fait quoi ? Il
est quand même étonnant que dans un pays comme la France, ce soient les
citoyens qui se mobilisent et financent une étude que personne n'avait
faite jusqu'à maintenant », s'indigne Denis Lairon. Et de rappeler,
au passage, l'existence de plusieurs autres études de l'Inserm, en 2013
et 2021 notamment, sur les pathologies associées à ces pesticides. Entre
fin 2017 et début 2018, plus de 5 000 plaintes individuelles ont été
déposées au pénal, au pôle de Santé publique, pour « mise en danger de
la vie d'autrui », « atteinte à l'environnement » et « tromperie
aggravée ». Visant non pas les organismes eux-mêmes, ou les fabricants
de produits ou l'Agence nationale de sécurité sanitaire de
l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), mais les
personnes en charge de ces organismes, ces plaintes sont en cours
d'instruction. La Campagne glyphosate, qui accompagne ces démarches,
espère que son étude incitera le tribunal à s'en saisir. Elle s'est, par
ailleurs, associée à la coalition de 29 ONG à l'origine de la campagne Secrets toxiques dénonçant les carences des pouvoirs publics dans l'évaluation d'une dizaine d'herbicides distribués en jardineries.
La pousse de l'herbe favorisée par les panneaux agrivoltaïques
Source:
https://www.actu-environnement.com/blogs/
Elise Camplo, responsable du pôle
environnement au cabinet de recrutement Rethic, mentionne les résultats
préliminaires d’une étude de l’Inrae concernant les répercussions des
infrastructures d’énergies renouvelables sur la croissance des cultures.
Publié le 17/01/2022
Même s'il semble essentiel dans le monde
d'aujourd'hui de produire toujours plus d'énergie et idéalement de
l'énergie verte, il est essentiel de toujours bien évaluer l'impact
environnemental de nos installations et innovations.
Ainsi, l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) a mené une étude[1] pour évaluer l'impact des panneaux agrivoltaïques sur la pousse de l'herbe[2], en association avec deux producteurs d’énergies, Photosol[3] et Jp Énergie Environnement[4].
Le constat est bien agréable et incite donc à poursuivre les projets dans ce secteur[5].
Deux sites ont été sélectionnés : l'un dans l’Allier, à 300 mètres d’altitude, et le second dans le Cantal à 900 mètres d’altitude[6].
Grâce en effet à un maintien de l'humidité et des températures de 4 à
6° inférieures, la croissance de l'herbe a été de 125 à 200 %
supérieure lors de cette étude menée sur l'été 2020, avec de surcroit un
indice de végétation également supérieur, selon Catherine
Picon-Cochard, directrice de l’unité de recherche sur l’écosystème
prairial à l’Inrae.
_________________________________________________
[1] NDLR : Inrae, Vers des systèmes agrivoltaïques conciliant production agricole et production d’électricité, projet Sun’Agri : accès à l’article. Vidéo explicative du projet Sun’Agri, par JP Énergie Environnement : accès à la vidéo. Projet Sun’Agri : accès au site.
[2] NDLR, Article de Bernard Deboyser, Prairies agrivoltaïques : quel est l’impact des panneaux sur la croissance de l’herbe ?, sur le site Révolution Énergétique : accès à l’article.
[5] NDLR : Article Félix Gouty, Agrivoltaïsme : les panneaux solaires faciliteraient la pousse de l'herbe, sur le site Actu-environnement : accès à l’article.
[6] NDLR : Article de Gwénaëlle Deboutte, Premiers résultats de l’étude menée par l’Inrae, Jpee et Photosol sur l’impact de l’agricoltaïsme sur l’herbe, accès à l’article.
« Nous avons financé le reboisement des forêts françaises pour se faire piller par l’étranger »
«
On s’estime complètement délaissés par les gestionnaires de forêt,
qu’ils soient publics ou privés. Comme toutes les autres, notre scierie a
contribué via cette taxation au reboisement et à l’entretien des
massifs forestiers. Cela a permis de reboiser le Morvan et le Vercors
avec succès, qui sont actuellement totalement dépouillés par l’étranger,
tandis que nous sommes obligés de fermer pour au moins un an. Nous
sommes très inquiets pour l’avenir des forêts françaises. » confie
Fabrice Foulon pour La Relève et La Peste
3
ans après la Commission d’Enquête Parlementaire Barbara POMPILI les
salariés sous-traitants souffrent toujours autant face à l’inaction des
pouvoirs publics ! La sécurité et sûreté des installations en est de
fait lourdement dégradée.
Au
tour des Sénateurs de s’interroger sur le niveau de sécurité et sûreté
nucléaire de nos installations en cette période très compliquée de
disponibilité des réacteurs sur l’ensemble du parc , c’est Bérangére
ABBA secrétaire d’Etat à la biodiversité chargé de répondre aux
questions sur : LA SOUS-TRAITANCE ? ATTRACTIVITE DE LA FILIERE ?
COMPETENCES NECESSAIRES ? PPI ? MIX ENERGETIQUE ?
Deux anciens chefs de la sûreté nucléaire contestent la pertinence de l'atome comme réponse au climat
Tandis
que le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, plaide
pour 500 milliards pour les centrales de nouvelle génération, des
responsables de haut niveau émettent des doutes sur les coûts et les
délais inhérents à la filière.
Les centrales nucléaires européennes de nouvelle génération nécessiteront un investissement de « 500 milliards [d'euros] d'ici à 2050 », estime Thierry Breton dans un entretien au Journal du dimanche du 9 janvier. Le commissaire européen au Marché intérieur juge « crucial » d'ouvrir la labellisation verte au nucléaire dans le cadre de la transition énergétique et de la taxonomie européenne.
« Les centrales nucléaires existantes, à elles seules,
nécessiteront 50 milliards d'euros d'investissements d'ici à 2030. Et
500 milliards d'ici à 2050 pour celles de nouvelle génération ! » affirme le commissaire français. Pour Thierry Breton, « inclure
le nucléaire dans la taxonomie est donc crucial pour permettre à la
filière d'attirer tous les capitaux dont elle aura besoin ».
Depuis la présentation du projet de taxonomie par la Commission
européenne, les prises de position s'enchaînent. Dans un communiqué daté
du 3 janvier, quatre experts, parmi lesquels deux anciens chefs
d'autorités de sûreté nucléaire,
Greg Jaczko, ancien président de la Commission de réglementation
nucléaire des États-Unis, et Wolfgang Renneberg, ancien chef de la
sûreté des réacteurs, de la radioprotection et des déchets nucléaires en
Allemagne, soulignent « le caractère extrêmement coûteux » de la
filière. Vulnérable aux défauts internes, mais aussi aux impacts
externes comme l'élévation du niveau de la mer, les tempêtes et les
inondations, le nucléaire est « risqué pour l'investissement sur les
marchés financiers, et donc dépendant de subventions publiques et de
garanties de prêts très importantes ».
Une réponse coûteuse et hors délai
Ces anciens responsables de haut niveau soutiennent que « pour
apporter une contribution pertinente à la production mondiale
d'électricité, jusqu'à plus de dix mille nouveaux réacteurs seraient
nécessaires, selon le type de réacteurs ».
Ils soulignent que le nucléaire est « plus cher que les énergies renouvelables en termes de production d'énergie et de réduction des émissions de CO2, même en tenant compte des coûts des outils de gestion du réseau comme le stockage d'énergie ».
Le nucléaire est plus cher que les énergies renouvelables en termes de production d'énergie et de réduction des émissions de CO2
Greg Jaczko et Wolfgang Renneberg
Ils affirment que le nucléaire en tant que stratégie contre le changement climatique est « trop
lourd et complexe pour créer un régime industriel efficace pour les
processus de construction et d'exploitation des réacteurs dans le délai
de construction prévu et la portée nécessaire à l'atténuation du
changement climatique ».
Outre les problèmes techniques et de sécurité non résolus « associés à de nouveaux concepts non éprouvés », « il
est peu probable qu'il apporte une contribution pertinente à
l'atténuation du changement climatique nécessaire d'ici les années 2030
en raison des délais de développement et de construction extrêmement
longs du nucléaire et des coûts de construction écrasants du très grand
volume de réacteurs qui seraient nécessaires pour faire la différence »,
estiment Greg Jaczko et Wolfgang Renneberg, appuyés par Bernard
Laponche, ancien directeur général de l'Agence française pour la
maîtrise de l'énergie (AFME, ancêtre de l'Ademe), et Paul Dorfman, secrétaire du comité du gouvernement britannique CERRIE (Committee Examining Radiation Risks of Internal Emitters), comité examinant les risques de radiation des sources d'émission internes au pays.
Si vous souhaitez témoigner de vos difficultés d’accès aux soins
(spécialistes, dentistes, généralistes...) c'est maintenant qu'il
faut le faire en cliquant sur ce lien:
Vous êtes patient, aidant d’un proche
malade ou en situation de handicap. Vous avez besoin d’être suivi
régulièrement par un médecin ou un spécialiste, vous avez besoin de
soins dentaires ou optiques. Vous êtes un citoyen soucieux de l’avenir
de notre système de santé.
La Mutualité Française vous donne la parole et vous propose de partager votre expérience sur l’accès aux soins dans notre pays.
Entretien avec Claude Bourguignon (Pièces et main-d’œuvre)
A
ce stade de la complexité des questions soulevées par notre rapport
actuel à l’environnement, à l’Agriculture, il est utile d’écouter
maintenant ce que Claude Bourguignon nous expliqua en 1991, lors d’une
rencontre-entretien réenrichie en 1994. Claude Bourguignon est docteur
es-sciences, directeur du Laboratoire d’Analyse Microbiologique des sols
(analyse sur le terrain et au laboratoire, sur le plan chimique et
biologique des sols agricoles afin d’aider les agriculteurs dans leur
gestion sol en France, en Europe, en Amérique et en Afrique), ingénieur
agronome (INA PG), membre de la Société d’Ecologie, membre de la Société
Américaine de Microbiologie, enseignant à la première Chaire Française
de Pédologie et de Microbiologie du sol (Beaujeu), auteur du livre : "Le
sol, la terre et les champs" (Ed. La Manufacture/Sang de la Terre.
1989.), expert du sol auprès de la CEE. Le passage constant du terrain
au laboratoire, de la politique au fondamental, lui permet d’avoir une
approche globale du sol
En tant que spécialiste de la vie
des sols, pouvez-vous estimer le pourcentage des sols de France
atteints par la pollution (et dans quelle proportion) .?
Claude
Bourguignon : 10% des sols sont pollués par des métaux lourds. 60% sont
frappés d’érosion. 90% ont une activité biologique trop faible et en
particulier un taux de champignons trop bas. Idem dans le monde. De plus
le phénomène de fatigue des sols (chute de rendements) se fait sentir
en maraîchage et en culture betteravière.
Qu’est-ce que c’est pour vous, un sol ?
C.
Bourguignon : Le sol est une matière vivante complexe, plus complexe
encore que l’eau ou l’atmosphère qui sont des milieux relativement
simples. Vous savez, le sol est un milieu minoritaire sur notre planète :
il n’a que 30 centimètres d’épaisseur en moyenne. C’est le seul milieu
qui provienne de la fusion du monde minéral des roches-mères et du monde
organique de la surface - les humus. Je vais être obligé d’être un peu
technique pour vous expliquer...
Sur trente centimêtres
d’épaisseur, le sol héberge 8O % de la biomasse vivante du globe. Et
dans ce sol, très mince, il y a beaucoup plus d’êtres vivants que sur le
reste de la surface de la terre. Cela ne se voit pas. C’est un monde
microbien que l’on a d’autant plus négligé qu’il ne coûte rien...Un
énorme tabou pèse sur le microbe. Il est extrement mal vu dans notre
société. Il est source centrale de mort dans la vision pasteurienne. Les
microbes sont fondamentaux pour la vie. Sans ces intermédiaires, les
plantes ne peuvent pas se nourrir. L’industrie de l’homme, dans son
fonctionnement, ne fait que copier le microbe. Le problème, c’est
l’énergie phénoménale que cela coûte. Les bactéries des sols fixent
l’azote de l’air pour faire des nitrates. Gratuitement ! L’homme, lui,
utilise 10 tonnes de pétrole pour fixer une tonne d’azote. Qu’il vend.
Cher. En oubliant de dire que les molécules chimiques ne fabriquent pas
un sol. C’est le paysan qui la fabrique de ses mains, ce sol. Alors
évidemment, l’industrie a eu intérêt à remplacer le modèle traditionnel
de l’agriculture Française... Et, lorsque j’ai mis au point ma méthode
de mesure de l’activité biologique des sols, je me suis rendu compte de
la réalité. Les agriculteurs biologiques ou biodynamiques ont des sols
beaucoup plus actifs que ceux qui travaillent en conventionnel. Des sols
vivants.
C’est le moment où vos ennuis commencent avec l’Inra ?
Claude
Bourguignon : Exactement. L’Inra a rejeté en bloc l’agriculture
biologique, bio-dynamique, sans l’avoir jamais étudiée ! C’est une faute
professionnelle grave de la part de cet Institut face à la déontologie
scientifique. C’est là où il a perdu sa liberté. Ce n’est plus
réellement un Institut d’état. C’est un Institut au service des grandes
entreprises marchandes d’engrais. Plus de la moitié des commandes de
thèses de l’Inra proviennent d’elles. Et il n’y a pas que l’Inra.
L’ensemble des instituts mondiaux se sont finalement laissés dominer par
les marchands. Mais cela ne veut pas dire que les chercheurs de l’Inra
soient heureux. Un certain nombre d’ailleurs le vivent mal...
Aujourd’hui, l’Inra prend peur parce que le monde agricole, entre
autres, lui réclame des comptes. Hier, les recherches favorisant
l’environnement n’étaient pas un créneau porteur. Aujourd’hui elles le
sont puisqu’il y a des budgets CEE et des marchés à saisir. Je pense que
dans dix ans l’Inra affirmera qu’il a toujours été pour l’agriculture
biologique. Dans trente ans, il rappellera qu’il a toujours soutenu la
bio-dynamie.
Et tant mieux. Ce sera la preuve que nous serons
enfin parvenus à travailler ensemble pour régler le vrai problème : la
pollution de la planète.
Quelle a été votre démarche au début de vos recherches ?
Claude
Bourguignon : J’ai essayé de comprendre pourquoi certains sols étaient
plus vivants que d’autres. Cela varie en fonction des modes de cultures
choisis.
Traditionnellement, on fertilisait le sol avec de
l’humus, l’argile était marnée et on utilisait un liant, le calcium
souvent. On mélangeait l’ensemble au compost que l’on répandait sur le
sol. Les engrais verts, eux, favorisaient les microbes minéralisateurs.
Les microbes "intermédiaires" vivants près des racines des plantes
étaient fertilisés par la rotation des espèces végétales cultivées.
Enfin les microbes vivants près des roches mères étaient stimulés par
les roches broyées. Aujourd’hui, ces étapes n’existent plus. On donne
dans la monoculture... On ne pratique plus la fertilisation. Ce mode de
production nie la vie microbienne. Et aujourd’hui, la production stagne
quand elle ne régresse pas. Mes relevés d’activité biologique indiquent
que les sols cultivés avec les engrais chimiques meurent, peu à peu.
Quelle est votre vision du rapport de l’homme à la terre, et à l’agriculture ?
Claude
Bourguignon : L’agriculture est d’abord l’histoire tragique de 15 000
ans de famine. Dans la période de la cueillette, l’homme respecte la
terre comme sa mère nourricière. Plus tard naît l’agriculture. Mais elle
ne commence à nourrir les hommes qu’au XVIIIe siècle. L’empire romain
naît puis disparaît, ses sols détruits. Cinq siècles plus tard, l’Europe
s’unifie sous Charlemagne et s’attaque alors à son grand bloc forestier
à peu près intact, de la Gaule à la Pologne. En peu de temps, 70 % des
forêts disparaissent... Des tas de manuscrits du début du XIVe siècle
décrivent des orages terrifiants venant de la mer, provoqués par la
disparition des forêts qui tamponnaient le climat. Au XVIIe siècle,
l’Europe sort de ce cauchemar écologique à travers la pratique du
labourage et du pasturage. On remplace les jachères par la culture des
légumineuses qui fixent l’azote. Chose que l’on ne savait pas à
l’époque. Cela donne un abondant fourrage qui va nourrir le bétail. Mais
il faut le garder pour qu’il cesse d’errer sur les terres cultivées.
Alors on invente la haie. Les haies ont un rôle remarquable de
rééquilibrage du climat. En fait, on crée la forêt maillée. Et de ces
bêtes immobilisées dans les champs on récupère les excréments qui,
mélangés à la paille des céréales, donnent le fumier. Ce fumier est
composté puis répandu sur les terres. C’est ce qu’on appelle
l’amendement de la terre. On cesse alors de mourir de faim en Europe.
Mais
au me moment où l’on résout le problème écologique en réintroduisant
l’animal dans le système agricole, l’industrie arrive et fout tout par
terre. Aujourd’hui, nous perdons en moyenne 10 tonnes de sol par hectare
et par an. Les paysans Français utilisaient 120 millions de tonnes de
fumier pour 30 millions d’hectares. 4 tonnes de fumier par hectare
donnent 2 tonnes d’humus. La tâche de liaison avec l’argile est assurée.
Les sols sont équilibrés et continuent à s’améliorer au fil des ans.
Le
sol est une matière vivante. Aujourd’hui nous perdons en moyenne 10
tonnes de sol par hectare et par an. Vous faites le calcul et dans trois
siècles, c’est le Sahara. Il faut réagir maintenant. La nature réagit
très fortement. Ce n’est pas grave. Ce n’est pas la fin du monde. Je ne
crois pas aux fins du monde. Il y a des civilisations qui naissent,
atteignent leur apogée et meurent. D’autres prennent la relève. Je crois
que telle que cette civilisation est structurée, elle sera incapable de
faire face au problème numéro 1 qui est le problème de l’Environnement
et de la Terre. Avant le problème était celui des choix politiques, de
l’homme, de l’existence des classes sociales. Mais notre grand problème à
nous est unique. C’est la Terre. Et la civilisation ne change pas, me
face à sa mort prochaine.
Continuer à nier ce fait nous mène droit
à la catastrophe. L’agriculture écologique au plan mondial est la
garantie d’un rapport juste entre l’homme et son environnement, pour une
alimentation saine et une juste rétribution du travail de chacun. Et la
culture bio-dynamique, ça veut dire sauver les pays du Tiers-Monde de
la famine, oui les sauver !!! Mais actuellement, cela va trop vite. Un
Ministre de l’Environnement ne peut rien faire face à Rhône-Poulenc qui
cherche à vendre ses molécules de synthèse. Il faut les amortir. Dans la
recherche c’est très net. Vous êtes payés par des contrats. Imaginez
que j’aille chez Rhône-Poulenc pour leur dire : J’ai un projet de
recherches que j’aimerais que vous financiez et qui montre que vos
produits détruisent la vie des sols...Ils éclateraient de rire !!! Mais
s’ils connaissaient le coût réel de leur éclat de rire, ils
reprendraient leur sérieux et ils accepteraient tout de suite...
Un autre problème soulevé est la capacité de retraitement de l’azote industriel par l’activité microbienne du sol...
CB
: Le problème de la circulation d’un élément dans le sol est lié à sa
concentration. Si la concentration d’un élément est très faible, par
exemple s’il n’y a plus d’azote dans les sols, la mobilité de l’élément
sera surtout une mobilité biologique c’est-à-dire que la Vie va se jeter
dessus parce qu’il est rare. La vie ne va surtout pas le laisser
passer. Par contre, si un élément devient très abondant, il y aura une
mobilité physique dominante, c’est- à dire qu’il peut suivre l’eau tout
simplement. Parce que la vie en a trop, elle ne va pas s’amuser à tout
prendre ! Donc elle laisse passer et l’environnement se trouve pollué.
L’avantage du microbe c’est qu’il travaille au fur et à mesure des
besoins de la plante puisqu’il travaille en me temps que la plante.
Quand le sol est sec les microbes s’arrêtent et les plantes ne pompent
plus le sol. Quand il fait trop froid, les microbes ne travaillent pas
mais les plantes ne poussent pas. Comme c’est un système vivant, que les
bactéries sont aussi des plantes, ils travaillent en symbiose totale.
L’homme de l’agriculture chimique met son azote à n’importe quelle
saison ; il ne le fractionne pas comme le microbe, donc il pollue. Ce
qui fait que, "curieusement", la grande majorité des agronomes ne
connaissent rien à la microbiologie des sols. Parce qu’il n’y a pas
d’enseignement. Il n’y a aucune chaire officielle de microbiologie des
sols en France depuis la disparition du secteur microbiologie des sols
de l’Institut Pasteur. l’Inra a confié son secteur à un professeur qui
s’intéressait surtout à la microbiologie industrielle qui est très à la
mode, d’où l’ignorance des agronomes en matière de cycles microbiens,
pour la plupart.
Pour eux, sans engrais chimiques, sans NPK, c’est
la mort ... du sol ! Pour eux, le sol est d’ailleurs un simple support
inerte sur lequel il suffit de répandre des solutions chimiques magiques
! Alors que le fondateur de l’agriculture chimique, Justus Van Liebig
n’a jamais dit ça. On a mal interprété ses paroles. Ses écrits ont été
complètement déformés par l’industrie des produits chimiques.
Liebig
a montré sous quelles formes les plantes absorbaient les éléments ; il a
montré que la plante ne pouvait pas prendre l’azote autrement que sous
la forme nitrates, forme fabriquée par les microbes. Il n’a jamais dit
qu’il fallait mettre des nitrates dans les sols. Il a montré que la
plante attendait que les microbes aient fabriqué des nitrates pour les
prendre. Il a montré qu’elle attendait la forme phosphate, sulfate. Les
plantes attendent toujours des formes électronégatives et cela, pour des
problèmes de stratégie d’absorption. Contrairement à nous, le gros
ennui de la plante c’est qu’elle se nourrit d’un support d’origine
minérale où domine essentiellement la silice (56% des roches mères), le
fer, l’aluminium. La plante, elle, est très pauvre en fer, en silice et
en aluminium. Par contre la plante est riche en azote, en phosphore et
en sulfate, éléments qui manquent dans la terre. La plante est donc
obligée de développer une stratégie très astucieuse d’absorption,
"l’absorption active". Elle ne peut se laisser traverser par les lois de
la chimie qui disent que toute substance tend à s’égaliser de part et
d’autre d’une membrane vivante. Si la plante se laissait faire par cette
loi là, elle aurait la me
concentration que le sol. Ce qui n’est pas du tout le cas.
Alors
comment fait-elle ? Elle utilise un système d’une remarquable
intelligence, système utilisé d’ailleurs par l’ensemble de la vie dès
qu’il y a des problèmes d’échange électrique à opérer. La première série
des éléments du tableau de Mendeleieff sont ce qu’on appelle les
cations monoatomiques. Ce sont des atomes qui sont porteurs d’une charge
positive. Ces éléments ne sont jamais constitutifs du matériel vivant
sauf l’hydrogène qu’on met en dehors du tableau de Mendeleieff parce
qu’il possède un comportement très spécial.
C’est un peu de la triche, lui ! C’est le Numéro 1 ! L’Hydrogène !
CB
: Oui c’est le numéro 1. Et bien sûr il fonctionne différemment. Mais
si vous prenez lithium, sodium, potassium, rubidium, césium, ils sont
tous parfaitement équivalents et ils servent à la plante à se charger
positivement. Donc la plante a des pompes qui consomment de l’énergie
accumulée en quantité par la photosynthèse. Elle dépense son énergie
pour charger ses cellules racinaires positivement avec ses cations
monoatomiques qui ne fabriquent aucune molécule vivante. Il n’existe
aucune cellule vivante contenant du potassium, contenant du sodium, du
lithium. Mais par contre, cela rentre très facilement à travers les
membranes. D’ailleurs cela fait partie des très rares atomes que nous
pouvons manger, nous les humains, à l’état pur, sans passer par la forme
organique. Il en est de me pour l’avant-dernière colonne du tableau de
Mendeleieff, celle des anions monoatomiques (chlore, fluor, iode). Tous
ces éléments nous pouvons les manger purs. Nous pouvons manger du NaCl -
du sel - et nous l’absorberons très bien. Nous pouvons prendre du
chlorure de potassium, idem. Ce sont les seules formes et tous les êtres
vivants peuvent le faire.
Donc la plante se charge positivement
et une fois qu’elle est plus, que fait-elle ? Une fois qu’elle est
devenue une pile positive, elle attend que les microbes fabriquent du
"moins". Cela va pouvoir entrer me si les concentrations sont faibles à
l’extérieur parce qu’elle va créer une force électrique tellement forte
que ça va attirer un ion négatif alors qu’il est très rare à l’extérieur
et c’est ainsi que les plantes se nourrissent.
Alors les microbes
ont deux techniques pour fabriquer des éléments négatifs. Ils ont la
technique de l’oxydation. Ils oxydent l’azote en nitrate, le phosphore
en phosphate, le soufre en sulfate, le sélénium en sélénate, le calcium
en oxyde de calcium, etc. Mais il y a des éléments oxydés qui sont
insolubles, tel l’oxyde de fer. Comment la Vie a-t-elle résolu ce
problème ? Par un système très astucieux : la chélation de l’élément ...
par le microbe !
Il prend l’élément et l’attache sur une molécule
organique. Quelle molécule organique utilise-t-il ? Un acide organique
qui est une fonction chimique de type CO-O, fonction négative qui pourra
rentrer dans la plante. C’est une sorte de pince si vous voulez qui va
entraîner l’élément dans la plante, qu’elle capte électriquement. On
appelle cela la "chélation".
Nous ne faisons que copier la
Nature. Avec industrie et finances en prime. Justus Van Liebig avait
pourtant rappelé que la boîte de conserves de Nicolas Appert était une
nourriture militaire, pour temps de guerre, d’épreuves, transitoire mais
nullement préférable à une nourriture fraîche.
CB : Oui, de
secours. D’ailleurs que l’on ait extrait de l’huile à chaud pendant la
dernière guerre mondiale, parce qu’on n’avait pas d’huile à donner aux
Français, on comprend tout à fait. Mais que les huiliers aient gardé le
procédé d’extraction à chaud alors que c’était interdit avant la guerre,
là c’est scandaleux. Là, ils font de l’argent sur le dos des gens et
cela ne correspond plus du tout à un problème de survie. C’est devenu un
problème de gros sous.
C’est exactement comme à la sortie de la
guerre de 14-18. Pourquoi a-t-on violé les agriculteurs avec les
nitrates ? C’est que les nitrates avaient été fabriqués par Haber, en
1913. Haber trouve enfin la technique qui permet de prendre l’azote de
l’air et de fabriquer des nitrates. C’est cette découverte qui permet à
l’Allemagne de déclencher une puissance de feu phénoménale : les
nitrates de synthèse permettent de fabriquer des bombes en remplaçant le
salpêtre. L’Allemagne va avoir de l’azote à profusion, tant qu’elle
veut. L’azote, c’est 79% de l’atmosphère. La vie microbienne du sol et
certaines plantes captent l’azote de l’air, gratuitement. L’industrie,
elle, développe ses usines qui coûtent horriblement chères. Et
l’Occident va ainsi fabriquer ces nitrates avec ces techniques et cela
va être une grande guerre mondiale. A la sortie de cette guerre, il va
bien falloir pacifier ces usines qui ont coûté si chères. On ne peut pas
les fermer comme ça ! Il faut les amortir !! Et comme Justus Van Liebig
avait montré que c’est sous la forme de nitrates que les plantes se
nourrissent, ils ont fait tout de suite l’interface.
Et au début
on a été raisonnable, comme dans la plupart des interventions humaines.
Entre les deux guerres, on préconise 20 à 30 kilos d’azote à l’hectare.
On ne viole pas les sols. Les rendements augmentent de façon
spectaculaire. Et puis la loi du commerce augmentant, on est passé à 50,
puis 100, et maintenant on en est à 248 kilos d’azote à l’hectare
Aujourd’hui, c’est du délire.
Je n’ai pas les positions extras des
tenants les plus radicaux de l’Agriculture Biologique. Je trouve normal
que par son intelligence l’homme comprenne les mécanismes vivants et
les perfectionne. Mais quand on en arrive à mettre 248 kg d’azote à
l’hectare sur le blé on délire. Du délire commercial. On abîme
l’environnement et on abîme la santé des gens. Et là je ne suis plus
d’accord. Et en tant que scientifique, je m’oppose à cette pratique là.
On doit demander à un sol ce qu’il est capable de produire en fonction
de sa fertilité naturelle. Tout le monde veut faire 100 quintaux à
l’hectare en France. Cela ne tient pas debout ! On ne roule pas à 240
km/h avec une 2 CV !!
C’est pareil avec les sols. La première chose : regardons notre sol et travaillons en fonction de son potentiel de départ.
C’est là où vous intervenez. Comment évaluez-vous la fertilité d’un sol ?
CB
: J’ai développé cette technique à partir d’une idée fort simple : le
sol est un système dynamique souvent profond d’environ trente
centimètres, ce qui n’est pas très épais. Parfois, on analyse des sols
qui sortent directement de la roche-mère, que l’on touche en sondant le
sol. Mais d’autres sols sont si profonds qu’on ne peut pas toucher la
roche-mère, tel Roissy où trente-trois mètres de profondeur de limons
fertiles ont été recouverts par du béton et du goudron !
Bon.
Quand vous étes en Bourgogne, sur la Côte d’Or, si vous voulez
reconnaître l’état d’un sol, vous allez jusqu’à la roche mère. Je
prélève le sol à différentes profondeurs et emplacements. Je vais
jusqu’à la roche et je prélève les différentes couches. Pour moi, les
différentes couches du sol c’est un peu comme des strates dans une forêt
équatoriale avec ses différents niveaux écologiques et ses microbes
variés. De multiples situations biologiques. Je peux alors étudier
l’évolution des argiles, leur qualité, leur surface interne de la roche
mère jusque vers la surface. Je compare avec la partie travaillée par
l’agriculteur. Je compare le travail accompli par la Nature et celui de
l’homme. Je vais comparer la qualité des argiles. En analyse chimique,
je vais comparer les choses classiques (degré d’acidité en pH, pHO,
pHKCL). Je vais comparer la capacité des charges captioniques. Je vais
regarder l’activité biologique des sols. Comment elle évolue dans la
profondeur du sol.
Je connais aujourd’hui beaucoup de sols sur
tous les continents de notre planète. La conclusion générale est la
suivante : normalement, les sols en bon équilibre ont une activité
biologique qui baisse avec la profondeur jusqu’à environ 30 centimètres,
pour ensuite rester parallèle à la roche mère. On a deux grands groupes
microbiens : en surface ceux de la matière organique. On est en
présence de l’atmosphère. On a les groupes les plus actifs, le gros de
l’énergie vivante qui se déploie. Ensuite, la seconde couche, des
profondeurs, aboutit un substrat purement minéral jusqu’aux organismes
dévoreurs de pierres, les chimio-lithotropes.
Avec l’ensemble de
cette approche physique, chimique et biologique entre ce que fait
l’agriculteur, ce qu’il a donné au sol, je peux déterminer le dynamisme
du sol à venir. Si par exemple je vois de bonnes argiles au fond et que
je ne retrouve que de mauvaises argiles à la surface ? Le sol est en
train de s’abîmer. Les humus sont de mauvaises qualités. Mon activité
biologique n’est pas plus forte en surface que dans la partie minérale ?
Mon sol est en train de se minéraliser jusqu’à la surface. Ce sol est
mort.
C’est en faisant ces relevés et comparaisons que j’ai
constaté des faits importants. Tout le monde constate que la matière
organique baisse dans les sols. Mais personne ne s’est jamais occupé de
la qualité de cette matière organique. J’ai étudié la capacité de charge
cationique des agricultures conventionnelles. Elle est deux ou trois
fois plus importante. Hélas cet aspect qualitatif est peu étudié car
nous sommes encore dans une société du quantitatif qui se refuse encore à
comprendre que les sols sont en train de mourir en Occident. Ce sont
eux qui nous nourrissent, ne l’oublions pas. Alors si votre sol est
déséquilibré, ce n’est pas en lui apportant les éléments NPK que vous
allez recharger les choses. La plante prend environ 28 éléments dans le
sol. Ce n’est pas en lui en apportant trois que vous allez lui rendre la
santé. Alors la plante tombe malade. Le NPK fait grossir la plante par
les éléments de la turgescence. C’est d’ailleurs pour cela que ces 3
éléments ont été retenus. Mais ils ne suffisent pas à la plante. La
nature est sans pitié. Dès qu’il y a quelque chose de carencé, les
parasites se jettent dessus pour l’éliminer. Il ne doit pas faire de
progéniture, il doit disparaître. Donc les plantes tombent malades. Que
font les agriculteurs ? Ils traitent. Comme ils traitent, ils massacrent
le peu de microflore et microfaune qui reste dans le sol. Les plantes
sont encore plus carencées. L’agriculteur rachète encore plus de
pesticides.
Et comme ce sont les mes firmes qui font les engrais,
les pesticides, et qui ensuite font les médicaments. Alors pour les gens
qui mangent ces plantes carencées ce n’est pas prêt de s’arrêter.
D’autant que les marchands d’engrais ont des marges de plus en plus
faibles sur leurs engrais et que les vraies marges, c’est sur les
pesticides et les produits phytosanitaires qu’ils les font. Donc, ils
n’ont pas du tout envie, pas du tout du tout, que cette manne s’arrête.
Rééquilibrer nos sols, rééquilibrer nos plantes, ça voudrait dire aussi
baisser les charges de Sécurité Sociale dans les sociétés occidentales.
Ce que personne ne veut voir ! Parce que toute l’industrie
pharmaceutique est là . Absurde.
Si on laisse faire, quelle est la perspective ?
CB
: Nul besoin d’être prophète. Tout ce que les écologistes sérieux ont
avancé depuis trente ans se vérifie aujourd’hui. Nous jouons à l’heure
actuelle l’avenir de notre civilisation. Nous sommes en train de vivre
l’Austerlitz de l’Occident. Que va-t-il se passer si on laisse faire ?
L’Occident va s’écrouler parce qu’il n’y a plus de critiques, plus de
remises en cause. Et nous allons mourir comme toutes les civilisations
par destruction des sols. Comme l’empire romain, les mayas...
L’humus
c’est le mot humanité. Nous avons surtout notre malheur en nous-mêmes.
C’est notre civilisation qui est dangereuse car elle porte sa mort en
elle. Elle est en train de s’auto-détruire en criant un grand cocorico
de victoire. La science peut nous tuer car la morale ne suit pas. Nous
avons une morale biblique et une technologie du XXIe siècle. Les
scientifiques sont devenus les nouveaux prêtres., au XIIe siècle ils
étaient moines !! Le commun des mortels est coupé de la culture
scientifique, technique et industrielle que manipulent les spécialistes
distanciés. Et cela fait très peur. Regardez le pilote d’avion qui
dirige sa bombe avec un laser sur des objectifs ! Il fait une guerre
propre. La preuve ? Il ne voit pas le résultat de son geste sur son
écran T.V. !!! La science occidentale moderne distancie essentiellement
les choses. Elle le fait de tout.
Et au niveau alimentaire de l’Occident ?
CB
: La distanciation au niveau alimentaire est claire. Les gens ne
veulent plus savoir qu’ils mangent la mort d’un animal. En conséquence,
on leur propose une espèce de viande carnée, congelée, mise en sachet
dans un bac. Les poissons ? Ils sont déjà panés. Les abattoirs sont
présentés comme très hygiéniques. Les bêtes n’y souffrent plus... Il n’y
a plus la moindre trace de meurtre. La personne peut donc manger la
viande comme si c’était de la purée. Elle n’a pas l’impression de
participer à un crime. Le steak haché type hamburger il faut beaucoup
d’imagination pour rapprocher cela de la viande. Donc l’homme se sent
complètement déculpabilisé et à ce moment il peut accepter que les bêtes
soient élevées comme elles le sont : dans des camps de concentration
absolument monstrueux. J’estime que tous les lycéens de France devraient
aller voir au moins une fois comment on traite les cochons, les
poulets, les veaux, etc. dans l’industrie intensive. Et ils devraient
aller ensuite visiter un abattoir. C’est très impressionnant de voir des
bêtes qui arrivent vivantes et qui, en moins de 15 mètres,
sont déjà complètement saignées. La vitesse de transformation de la bête vivante.
C’est extraordinairement choquant !
Sans
faire du passé un âge d’or, la notion de fête est perdue. Autrefois, la
mort d’un animal était rare et festive. L’animal était un compagnon et
sa mort était vécue, acceptée, transcendée, transformée par un acte
touchant la vie et la mort. La source du sacré. L’animal était complice
de la vie de l’homme, lorsque ceux-ci entretenaient un rapport d’amour
respectueux de la nature. Maintenant la viande est devenue un produit
totalement banal et pour pouvoir donner de la viande de façon banale à
tout le monde, tous les jours de la semaine, on fait des camps d’élevage
atroces. Les bêtes sont piquées tous les jours. Si on ne pique pas les
cochons industriels aux tranquillisants ils meurent de crise cardiaque,
etc. Ce qu’on arrive à faire dans les élevages industriels, c’est à
vomir. A vomir. Et c’est accepté en toute impunité de la science, de
l’hygiène, de la technologie. Vous savez je pense qu’une société qui
traite la vie comme cela ne peut pas se traiter elle-même correctement.
La société fait des guerres propres. C’est comme l’agriculteur qui passe
dans son champ avec ses produits de mort à 400 grammes l’hectare. Après
il a un champ nickel-chrome. Il n’y a plus un seul coquelicot pour le
blé. Plus une mauvaise herbe. Propre. Rationnel. Enfin quelque chose de
propre ! La mort est d’une grande beauté...
Quelles solutions alors ?
CB
: Comme le disait très bien Kant, une chose est morale quand elle est
généralisable à l’ensemble de l’humanité. Notre agriculture industrielle
n’est pas généralisable. S’il fallait simplement pour l’azote
industriel apporter à l’ensemble des terres cultivées la quantité
d’azote que mange la France, la totalité de la flotte mondiale ne
suffirait pas transporter l’azote en question. C’est impossible. Ce
n’est pas généralisable. Donc il faut changer d’agriculture. Car on se
garde bien de dire aux Français qu’avec notre système alimentaire il
faut un hectare de terre cultivée pour manger dans les pays riches.
Tandis qu’il ne reste que 2600 m2 de terres cultivées par habitant.
Alors ? Si nous consommons un hectare, c’est qu’il y a des êtres humains
qui ne mangent pas. C’est une simple mathématique, mais elle est vraie.
Et il faut continuer. Il reste 3 hectares par habitant à l’heure
actuelle sur la planète Terre, toutes terres confondues, Sahara, Pôles.
Tout. Sur ces trois hectares on prélève de quoi s’habiller, faire notre
maison, notre voiture, etc. Et sur ces terres il reste 2600m2 cultivés,
pour manger. Et il en disparaît à l’heure actuelle l’équivalent de la
surface de la France tous les ans par érosion. Les rendements sont en
train de stagner en Europe. On parle de fatigue des sols. Avant c’était
tranquille, les engrais solubles étaient déversés et on augmentait de 3
quintaux/hectare/an. Tout le monde criait victoire. L’INRA annonçait
déjà 150 quintaux à l’hectare dans le début des années 80. Aujourd’hui,
on remet sérieusement en doute cela. On voit des agriculteurs habitués à
leurs 100 quintaux qui tombent à 40 quintaux. Par fatigue des sols...
Or
si vous comparez la teneur en éléments des sols telle qu’elle se
pratique dans les méthodes d’analyse conventionnelle, les sols
d’agriculture biologique ont souvent moins d’éléments solides que les
sols en conventionnel ; donc selon les critères retenus par
l’agriculture conventionnelle, ils sont moins fertiles. Par contre en
tant que milieu "sol", les sols en agriculture conventionnelle sont
déséquilibrés. Cela dit, il y a des gens en "Bio" qui travaillent très
mal. Certains ont simplement remplacé les engrais chimiques par des
engrais organiques. Ce n’est pas cela l’agriculture.
L’agriculture vivante est celle qui amende ses sols.
Amender
? Restituer. C’est l’équivalent pour l’agriculteur de l’entretien du
matériel productif par l’industriel ; le sol est ce qui produit, donc il
faut l’entretenir.
La fertilisation (ou l’amendement donc)
possède trois volets. Traditionnellement, on fabriquait de l’humus en
compostant. Pour les argiles, on marnait : on apportait des argiles
calcaires et on les mélangeait à un liant, la plupart du temps le
calcium. Le tout était mélangé au compost et on épandait sur le sol. On
entretenait ainsi tous les ans son matériel de production. Et on
l’améliorait.
Second volet de l’amendement : la fertilisation des
microbes. Les microbes vont nourrir les plantes, donc il faut les
fertiliser. On fertilise les deux grands groupes : le groupe de la
matière organique et celui de la chimie lithotrophe. Le groupe de la
matière organique se divise en trois.
a) le groupe de l’humification que l’on fertilise par le compost.
b) le groupe de la minéralisation qui est fertilisé par les engrais verts.
c)
le groupe de la rhizosphère (les microbes qui vivent contre les racines
des plantes et qui les nourrissent), est entretenu par la rotation des
cultures. En effet, chaque espèce de plantes stimule une certaine
microflore. Et enfin il y a le groupe des chimiolithotrophes, c’est-à
dire
celui des roches mères. On les nourrit par des roches broyées. Si on
est en terrain calcaire, on broie du granit et on équilibre ce que la
géologie a mal distribué.
Et puis enfin le dernier volet : la
fertilisation des plantes. Elle consiste à apporter ce que l’on a
exporté pour ne pas appauvrir son sol en éléments nutritifs. Vous
prélevez 50 kg d’azote ? Vous restituez 50 kg d’azote. Maintenant avec
l’agriculture industrielle, les deux premiers volets n’existent plus. On
fait de la monoculture. On ne fait plus que la fertilisation des
plantes. Et dès qu’on a un système non généralisable qui se généralise
c’est la mort garantie à très brève échéance, dans n’importe quel groupe
humain. On ne donne pas trente ans à cette civilisation en analysant
les sols.
Quand vous voyez l’Afrique ! C’est AFFOLANT ! AFFOLANT
!! Les pays comme l’Ethiopie et le Soudan ont coupé 95% de leur surface
forestière depuis 1960 ! Négociés en 30 ans ! Et maintenant c’est une
marée humaine de crève-la-faim. Les boat people vont être le gros
problème de l’Occident. On ne pourra pas faire face, surtout si on
limite à la peur, le rejet et la force. Allez en Indes, c’est le
cauchemar l’Inde ! Et on a fait croire que le problème allait être
résolu techniquement. Mais le problème n’est pas technique. Le problème
est bien plus subtil que cela. La Terre est quelque chose de très
subtil. Nourrir les hommes, ce n’est pas simple.
On a cru qu’en
vendant des engrais aux Hindous et en mettant des variétés à haut
rendement, on allait régler le problème. On a érodé des millions
d’hectares aux Indes depuis les années 70 par les techniques dites de la
Révolution Verte. Les résultats de cette Révolution Verte qui a valu à
son promoteur, Norbert Borlaug, un prix Nobel, s’annoncent aujourd’hui
en toute clarté : des millions de vies exterminées par cette Révolution
Verte.
Tous les pays du Maghreb étaient à peu près autosuffisants
jusqu’en 1945. Ils sont maintenant importateurs à 85% de leur
alimentation. Alors ils s’amusent à faire pousser de la luzerne dans le
désert sous plastique noir. Je veux bien ! En Arabie Saoudite, on fait
pousser du blé dans le désert qui coûte 45 fois le prix mondial, quelque
chose comme Marie-Antoinette qui fait la promenade des moutons. Inepte.
Indigne de l’homme et de la Femme. Non. La seule chose qui puisse
sauver l’humanité des grandes catastrophes c’est l’agriculture
biologique & la biodynamie. L’Amour. Un nouvel Art de la Science. Le
Bon Sens.
Quelles sont les solutions adaptées que vous préconisez ?
CB : Il faut :
a) Replanter des haies en maillage de 20 hectares.
b) Reboiser les zones sensibles.
c)
Gérer la matière organique des villes à part des gadoues industrielles
afin de pouvoir remonter le taux de matière organique des sols.
La biodynamie ?
CB
: Je pense qu’à l’heure actuelle la seule et unique solution pour le
Tiers-Monde est l’agriculture biodynamique. L’agriculture biodynamique
ne coûte rien. Elle se fait uniquement avec des préparations manuelles.
Elle peut être enrichie des savoir locaux. Elle est d’une simplicité
extraordinaire. L’agriculture biodynamique correspond de plus
parfaitement à la mentalité des pays du Tiers-Monde qui ne sont pas
choqués de travailler avec des notions de forces cosmiques.
Mon
point de vue scientifique sur l’agriculture biodynamique c’est que
d’évidence c’est spécial. Les préparations biodynamiques font plus
penser à des grimoires médiévaux de recettes de sorcellerie qu’à de la
science propre. Et pourtant, j’ai étudié quelques préparations et il y
en a qui m’ont totalement époustouflé. En particulier la préparation de
bouses de cornes.
La bouse de cornes au microscope c’est
hallucinant ce que cela peut entretenir comme vie microbienne ! Or,
normalement, dans la bouse de vache il n’y a pas grand chose. Et Steiner
lui nous fait enterrer une corne de génisse à la St Michel, puis la
déterrer à la St Jean. C’est carrément de la sorcellerie du Moyen-Age.
Ou d’antiques connaissances, d’anciennes sciences de la nature. Et
ensuite ce qui est hallucinant, c’est le résultat.
Qu’est-ce qui
se passe ? Je n’en sais rien du tout. Je ne sais pas quel type d’énergie
touche la biodynamie mais en tant que scientifique je me garde bien
d’en rire. Je dis simplement que je n’ai pas d’explication. Mes
appareils de mesure ne voient rien, n’ont pas accès à la fréquence des
énergies actionnées par la biodynamie. La seule chose que j’observe
c’est que leurs sols sont plus actifs. Par exemple les composts évoluent
trois semaines plus tôt quand ils sont traités avec les préparations
biodynamiques de Rudolf Steiner. Et effectivement, il y a des
préparations qui ont des activités biologiques remarquables. C’est tout
ce que je peux dire. Mais je ne peux pas mesurer les activités de la
biodynamie. Si j’étais à la tète d’un Institut, je ferai faire des
expériences pour voir ce qu’il y a derrière cela. Avec une vision
scientifique. Telles la naissance ces dix dernières années de plusieurs
chaires de biodynamie dans un certain nombre d’universités américaines,
et également allemandes. Le dossier de l’agriculture biologique débouche
sur la vision de la naissance de véritables universités écologiques
rurales et urbaines.
La grande fracture dissimulée là par toute
notre histoire culturelle est le rapport à la Terre, à la Femme. La
Terre a besoin de respect. La Terre manque de bras pour être cultivée
avec le soin qu’elle demande mais hélas les hommes ne veulent plus la
travailler car être paysan est devenu dégradant. La destruction des sols
agricoles est le problème majeur auquel l’humanité va être confrontée
au siècle prochain. Il faut arrêter l’érosion des sols cultivés.
L’urgence de l’urgence c’est la vie des sols.