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mercredi 9 mars 2016

FAIRE TOURNER LE MODE DE TRANSPORT LE PLUS ENERGIVORE A LA BIOMASSE

Air Canada souhaite commencer à mettre du biocarburant dans ses avions afin de réduire son empreinte écologique. Le hic : dans un avenir rapproché, personne au Canada ne semble pouvoir lui fournir ce type de carburant en quantités suffisantes et à bon prix.
C'est la conclusion d'une étude de faisabilité réalisée par deux chercheurs ontariens à la demande d'Air Canada et d'Airbus.
« Produire des biocarburants dont le prix peut concurrencer celui du carburant actuel est un réel problème », explique à La Presse Affaires Warren Mabee, spécialiste des biocarburants à l'Université Queen's et l'un des auteurs de l'étude, qui présentera ses résultats au congrès international de la Biotech Industry Organization à Montréal ce mois-ci.
Air Canada s'est engagée à plafonner ses émissions de gaz à effet de serre dès 2020. L'entreprise souligne que le biocarburant pour les avions pourrait être acheté de sources internationales.
« Notre objectif est de trouver une source de biocarburants canadienne socialement responsable et économiquement viable. », soutient la direction d'Air Canada, dans une déclaration écrite transmise à La Presse Affaires.
Selon le chercheur Warren Mabee, ce sont les résidus forestiers, les résidus agricoles et des déchets municipaux qui forment la matière première la plus prometteuse pour fabriquer de grandes quantités de biocarburant d'avion. Peu dispendieux et abondants, ces déchets pourraient produire chaque année plus de 10 milliards de litres de biocarburant d'avion, soit plus que les ventes actuelles de carburant d'avion conventionnel (6,8 milliards de litres en 2012).
Nombreux défis
Sauf que transformer ces matières en biocarburants exige des investissements que personne n'a faits jusqu'à maintenant au Canada.
« Il reste des défis techniques et économiques à surmonter », écrivent les chercheurs, qui jugent cette option irréaliste pour 2020.
Les experts ont ensuite voulu voir si Air Canada pourrait se tourner vers les huiles végétales comme celles de soja ou de maïs pour générer du carburant d'avion. Le processus de transformation de ces huiles en carburant est bien compris. Mais ici, ce sont le prix des matières premières et la concurrence pour les sols qui risquent de miner les efforts.
Conclusion : selon les auteurs, Air Canada risque fort de se retrouver le bec à l'eau si elle veut s'approvisionner en biocarburants canadiens.
« C'est dommage parce que les biocarburants sont l'une des rares options vraiment efficaces pour réduire les émissions des entreprises aériennes », dit M. Mabee. Selon lui, la seule façon de faire débloquer les choses serait que le gouvernement intervienne pour favoriser l'essor de cette nouvelle filière.
« Si nous voulons voir le biocarburant utilisé à grande échelle par l'industrie aérienne, il faudra un programme quelconque - un prix sur le carbone ou un autre incitatif - afin de permettre aux producteurs de franchir la barrière de prix qui les empêche actuellement d'être concurrentiels », dit-il.
Air Canada, de son côté, dit demeurer optimiste même si la filière ne semble pas « viable » à l'heure actuelle. « Nous croyons qu'il y a un futur pour les biocarburants fabriqués au Canada », dit l'entreprise.

United fait le saut

Le transporteur américain United a annoncé cette semaine que, dès cet été, certains de ses avions voleront en utilisant du carburant produit avec des déchets de ferme et des gras d'animaux. L'entreprise a annoncé du même coup un investissement de 30 millions US dans Fulcrum BioEnergy, un fabricant de biocarburants d'avion.
United utilisera un mélange incluant 30 % de biocarburants dans ses vols entre Los Angeles et San Francisco. British Airways et Southwest Airlines font partie des autres transporteurs qui ont fait des investissements importants dans les biocarburants.

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