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vendredi 31 mars 2017

Les habitants du Golfe de Fos victimes de la pollution industrielle



Les habitants de Fos-sur-Mer et Port-Saint-Louis-du-Rhône vivent dans un environnement
pollué qui les expose à de nombreuses maladies. C'est ce que révèle une étude indépendante (FOS EPSEAL), financée par l'Agence nationale de la sécurité sanitaire (Anses). Menée depuis juin 2015 par des chercheurs américains et français, elle révèle que 63% de la population interrogée rapporte au moins une maladie chronique contre 36,6% en France. Les résultats montrent une évolution «de l'asthme cumulatif chez les adultes» (15,8% de prévalence contre 10% en France), et des cancers, notamment chez les femmes où trois fois plus ont eu un cancer du col de l'utérus ces derniers mois. Enfin, les diabètes de tout types sont présents chez deux fois plus de personnes (11,6% contre 6% dans le reste de l'Hexagone).«Si ce n'est pas la pollution alors qu'est-ce que c'est ?»
Yolaine Ferrier, chargée de l'étude FOS EPSEAL.
«Ce sont des résultats à prendre vraiment au sérieux», explique Yolaine Ferrier, chargée de l'étude FOS EPSEAL et anthropologue au Centre Norbert Elias à Marseille, contactée par Le Figaro. «Ils ont souvent été dissimulés aux habitants de la région. On leur expliquait que la pollution n'est pas pire ici qu'ailleurs. Mais si ce n'est pas la pollution alors c'est quoi?», s'interroge la chercheuse.
Situées dans une des zones les plus industrialisées d'Europe, les deux villes sont notamment exposées à la pollution venant de l'étang de Berre. En effet, c'est là que sont implantés les raffineries et les hauts-fourneaux d'Arcelor Mittal. Un port pétrolier ainsi qu'un incinérateur de déchets se dressent également autour du port de Fos. Parmi les polluants, les perturbateurs endocriniens sont émis de manière massive. Tout comme la pollution atmosphérique aux particules ultrafines ou encore le dioxyde de soufre. «Il y a plus d'une centaine de polluants dans l'air qui interagissent et provoque un effet ‘cocktail'», affirme Yolaine Ferrier.
Une nouvelle étude en préparation
L'étude a été menée en deux temps. De juin à décembre 2015 d'abord, les chercheurs ont fait du porte-à-porte dans les deux villes auprès de 816 répondants. Après la communication des premiers résultats, des ateliers d'analyse ont été mis en place jusqu'en décembre 2016. Une méthodologie utilisée pour la première fois en Europe et importée des États-Unis, qui intègre les habitants. «Cette méthode nous permet d'obtenir des résultats plus pertinents et plus rigoureux. Elle a été éprouvée et institutionnalisée outre Atlantique», précise Yolaine Ferrier.
Pour les habitants des deux villes c'est un soulagement qu'une étude scientifique prouve, en chiffre, leurs inquiétudes. «Enfin on a une étude qui montre la vérité quant à la santé des citoyens des deux villes. Ça fait plus de 15 ans qu'on dit que nous sommes pollués mais jusqu'à présent l'État a toujours cherché à dédramatiser la situation. Il y a bien sûr un intérêt économique derrière mais ça ne doit pas être au détriment de la santé publique», déclare au Figaro Daniel Moutet, président de l'association de Protection du Littoral de Fos. Il souhaite que l'État prenne en considération ces résultats et mette en place des mesures pour faire diminuer la pollution dans la zone.
Une seconde étude a été lancée en septembre par l'Institut éco citoyen pour la connaissance des pollutions (IECP). «On arrive coup sur coup à deux études majeures sur un territoire qui en faisait la demande depuis plus de 40 ans. Cette étude permettra de connaître la nature et la quantité de polluants présents dans l'organisme des habitants de la zone par rapport à une population témoin», explique Philippe Chamaret, directeur de l'IECP. Elle sera complémentaire de celle financée par l'Anses. En effet, les chercheurs de l'IECP vont eux travailler à partir d'échantillons de sang et d'urine. «Nous sommes en contact avec eux et nous rassemblerons nos résultats dans une étude commune», déclare Yolaine Ferrier. Les premiers résultats sont attendus pour le troisième trimestre 2017.


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