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mercredi 16 décembre 2020

Triste comme la pluie sur la neige fraîche à la montagne en décembre !

A quelques jours de noël,  il fait un temps de mars, comme mars dieu de la guerre.

 
 J'ai toujours été triste de voir la pluie tombée sur la neige en montagne au printemps. Ces jours tristes et peu ensoleillés annonçaient la fin de l'hiver lumineux , froid et secs. La neige réfléchit tellement le soleil que l'éclat du jour rend l'hiver chaleureux le jour et le froid, brutale la nuit. On sort le jour comme convoqué par la beauté, la lumière et l'éphémère de ces conditions idéales. Avant de rentrer se terrer à la tombée du jour, on reste un peu, pour admirer la beauté du coucher. La lumière rasante qui rebondit entre le ciel et et le sol et nous fait un spectacle pyrotechnique fait de rose, d'orange et de rougeoyance. 
 

On sent la piqure du froid sec venir et annoncer l'arrivée de la glaçante nuit. Tout est en train de se figer, comme une suspension du temps. Le changement de couleur du paysage est bloqué jusqu'au retour du roi soleil. Les ruisseaux s'arrêtent de couler, les rivières suspendent leurs bruits et l'on rentre chez soi en se disant, que nous aussi on doit se coucher. Du paysage et de ces hivers , je suis tombé amoureux, il y a vingts ans lors de mon passage à la montagne. J'y ai déposé mes valises et ne suis jamais reparti. Parfois l'envie de fuir me prenait, lors des printemps pluvieux. On y voit la neige se rétrécir comme peau de chagrin, laminée par la pluie. L'absence de lumière plusieurs jours après de long mois d'addiction provoque une débâcle de la bonne joie et des envies de fuites. C'est temporaire, cette débâcle est une transition bénéfique, comme la mort est le berceau de la vie. La neige dans sa lente agonie sous la pluie, nourrit le sol et le transforme en éponge. Sous la tristesse du temps et de ces jours mélancoliques se prépare un retour de phénix, un flamboyant printemps. Sous le désespoir, une poussée de sève est en cours.  Le retour du soleil provoque l'éclatement de toute ses préparations souterraines, un bourgeonnement incroyable et le paysage monochrome de la transition pluvieuse se transforme en vert, il se colore de toute les folies dont la nature a les secrets.

Mais ce temps est révolu, 10 000 ans s’achève, il pleut sur la neige à Noël en montagne. Nous avons tout déréglé , cette belle mécanique régulière qui  nous offrait une splendide beauté lumineuse. La neige est arrivée comme une année normale, rassurant les craintes de ne plus la voir que nous avons, comme pour une amante excitante qui nous fait des infidélités. Mais la réalité est cruelle, comme l'assoiffé voyant la fontaine sans pourvoir boire, la neige est chassée par la pluie aussitôt. 


 

La tristesse du spectacle est double. A celle habituelle, se rajoute l'absence de ce sentiment, que la mort de la neige est le berceau du printemps. Ne plus voir les forets poudrés à Noël, nous enlève la magie du lieu et nous montre que nos folies détruisent d'abord la beauté avant de passer à nous. 


Croire qu'on pourrait négocier avec de telles forces est une folie. La guerre climatique a bien commencé. Jeter toute ces forces dans la bataille est la seule issue pour garder un peu d'espoir. Mais pour continuer a satisfaire le 20 ème siècle , on sacrifie le 21 ème, on proroge, on dénie.



La beauté du monde part au tout à l'ego du capitalisme qui a formaté l'individu moderne. Il ne veut rien sacrifier de son confort, ni de sa pensée , de son esprit rectiligne de l'avenir. On file donc droit vers les précipices. L’absence d'actions, l'angoisse sourde est compensé par le discours bruyants, les rumeurs ou la pratique quasi-religieuse de gestes sans importance sensés être magiques. La race supérieure de nos élites, de nos classes supérieures convaincus de leur supériorité se vautrent dans la dissonance cognitive et l'entêtement malgré la flagrance des faits. Les psychologues ont clairement documentés ce qu'il appelle la théorie de l'engagement. A avoir trop cru, a voir servi et être servi par le capitalisme, ils ne peuvent le remettre en question et persiste et insiste fortement. Une remise en question serait trop lourde en perte d'égo et en déprime. 

Portant la déprime peut amener le printemps nous enseigne la pluie sous la neige. Voir mourir ses certitudes n'est jamais une partie de plaisir, mais cela libère la place et enlève les chaines à l'esprit. Il  peut alors partir ailleurs dans le meilleur comme le pire.

Il est vital que ces certitudes fondent comme la neige sous la pluie et prépare un printemps fulgurant. Cela rendrait la tristesse du spectacle plus supportable.

6 commentaires:

raymond a dit…

Grand Merci

Violette a dit…

vague à l'âme et fureur de vivre... jusqu'à étouffer les faiseurs de mort qui ont pris toute la place.

pierryy a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
pierryy a dit…

Tellement d'accord, vous le dites tellement plus joliment que moi...

Puis-je partager votre texte ?

PHL

JOSE PLUKI a dit…

Pas de problem vous pouver

immortelle a dit…

Avec nos yeux nous pouvons pleurer, mais nous pouvons aussi voir, dans ceux de nos proches,l'instinct de vie qui nous anime, celui qui peut nous procurer la force de lutter pour sauver ce que l'on peut encore sauver
Nous devons être moins cigales pour être plus fourmis...