Mais ce temps est révolu, 10 000 ans s’achève, il pleut sur la neige à Noël en montagne. Nous avons tout déréglé , cette belle mécanique régulière qui nous offrait une splendide beauté lumineuse. La neige est arrivée comme une année normale, rassurant les craintes de ne plus la voir que nous avons, comme pour une amante excitante qui nous fait des infidélités. Mais la réalité est cruelle, comme l'assoiffé voyant la fontaine sans pourvoir boire, la neige est chassée par la pluie aussitôt.
La tristesse du spectacle est double. A celle habituelle, se rajoute l'absence de ce sentiment, que la mort de la neige est le berceau du printemps. Ne plus voir les forets poudrés à Noël, nous enlève la magie du lieu et nous montre que nos folies détruisent d'abord la beauté avant de passer à nous.
Croire qu'on pourrait négocier avec de telles forces est une folie. La guerre climatique a bien commencé. Jeter toute ces forces dans la bataille est la seule issue pour garder un peu d'espoir. Mais pour continuer a satisfaire le 20 ème siècle , on sacrifie le 21 ème, on proroge, on dénie.
La beauté du monde part au tout à l'ego du capitalisme qui a formaté l'individu moderne. Il ne veut rien sacrifier de son confort, ni de sa pensée , de son esprit rectiligne de l'avenir. On file donc droit vers les précipices. L’absence d'actions, l'angoisse sourde est compensé par le discours bruyants, les rumeurs ou la pratique quasi-religieuse de gestes sans importance sensés être magiques. La race supérieure de nos élites, de nos classes supérieures convaincus de leur supériorité se vautrent dans la dissonance cognitive et l'entêtement malgré la flagrance des faits. Les psychologues ont clairement documentés ce qu'il appelle la théorie de l'engagement. A avoir trop cru, a voir servi et être servi par le capitalisme, ils ne peuvent le remettre en question et persiste et insiste fortement. Une remise en question serait trop lourde en perte d'égo et en déprime.
Portant la déprime peut amener le printemps nous enseigne la pluie sous la neige. Voir mourir ses certitudes n'est jamais une partie de plaisir, mais cela libère la place et enlève les chaines à l'esprit. Il peut alors partir ailleurs dans le meilleur comme le pire.
Il est vital que ces certitudes fondent comme la neige sous la pluie et prépare un printemps fulgurant. Cela rendrait la tristesse du spectacle plus supportable.
6 commentaires:
Grand Merci
vague à l'âme et fureur de vivre... jusqu'à étouffer les faiseurs de mort qui ont pris toute la place.
Tellement d'accord, vous le dites tellement plus joliment que moi...
Puis-je partager votre texte ?
PHL
Pas de problem vous pouver
Avec nos yeux nous pouvons pleurer, mais nous pouvons aussi voir, dans ceux de nos proches,l'instinct de vie qui nous anime, celui qui peut nous procurer la force de lutter pour sauver ce que l'on peut encore sauver
Nous devons être moins cigales pour être plus fourmis...
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